Présentation bio-bibliographique d’André Loez
Ce podcast est né au croisement de trois terrains d’activité : l’enseignement, la recherche et l’histoire publique. Cette page présente plus en détail mes activités dans ces trois domaines afin de préciser « qui parle » dans l’émission.
Après un diplôme de Sciences-Po Paris (1998) j’ai passé l’agrégation d’histoire (2000) et enseigné au lycée (jusqu’en 2011) puis en classes préparatoires littéraires (hypokhâgne et depuis 2022 khâgne), avec également une charge de cours semestrielle à Sciences Po en histoire du XIXe siècle. J’ai été membre des jurys de l’agrégation interne et de l’agrégation externe d’histoire.
Le métier d’enseignant m’a conduit à plusieurs travaux ou réflexions de nature pédagogique, et à participer aux manuels de 2nde et Terminale Nathan (collection Sébastien Cote). Dans un souci de collaboration entre celles et ceux qui enseignent l’histoire à tous les niveaux, j’ai également lancé une liste participative de ressources documentaires pour l’enseignement de l’histoire, une liste participative de films historiques sur le XIXe siècle, une liste participative de livres d’histoire accessibles (à des lycéen-ne-s ou non-professionnels), et une liste participative de documentaires historiques visibles en ligne. On trouvera aussi en ligne des éléments de réflexion sur la place des ordinateurs dans la salle de classe, sur l’instrumentalisation des programmes scolaires au nom du « roman national », sur la méthode de la dissertation, sur le choix d’un plan (chronologique ou thématique) et sur la vidéosurveillance des examens.
Ce schéma vise à clarifier le choix de plan pour une dissertation:
J’ai également réalisé ou adapté deux schémas permettant de situer l’histoire publique comme activité et comme type de supports au sein de la profession historienne:
Qu’est-ce que l’histoire? (d’après Lisa Gilbert)Typologie des publications historiquesDu côté de la recherche, j’ai avant tout travaillé sur les combattants français de la Grande Guerre, sujet de mon premier livre coécrit avec Rémy Cazals en 2008, mettant en avant les témoignages ordinaires par opposition à ceux des intellectuels très souvent cités à l’époque. Ma thèse, “Si cette putain de guerre pouvait finir” Histoire et sociologie des mutins de 1917, a porté sur les mutins de 1917 dans l’armée française. Soutenue en 2009 sous la direction de Frédéric Rousseau à Montpellier-III, elle a été publiée dans une version abrégée en 2010, et constitue l’aboutissement d’une réflexion sur la place nécessaire de l’histoire sociale de la Grande Guerre, face aux problèmes posés par l’histoire culturelle et certains de ses concepts simplificateurs que j’ai cherché avec d’autres, au sein du Crid 14-18 en particulier, à remettre en cause (« culture de guerre », « consentement », brutalisation »). Ce travail sur la ténacité combattante, ponctué par un colloque publié en 2008, a également débouché sur une synthèse en anglais sur la question, ainsi qu’à la codirection du numéro de la revue Agone L’ordinaire de la guerre, issue d’un séminaire de recherche coaimé plusieurs années durant avec Nicolas Mariot, François Buton et Philippe Olivera. Le travail sur la Grande guerre, également mené au sein de la Mission du Centenaire, a conduit à plusieurs livres de vulgarisation : une synthèse, un abécédaire, et un ouvrage illustré (coécrit avec Nicolas Offenstadt). J’ai récemment dirigé un volume de synthèse illustré sur les Mondes en guerre (1870-1945). On trouvera en ligne sur HAL-SHS certains de ces textes.
Cette activité autour de 1914-1918 a aussi une dimension d’histoire publique : contribution au rapport de la commission Prost sur les fusillés, synthèse sur les mutineries pour la mission du centenaire, participation comme commentateur à la cérémonie du 11 novembre 2018, participation comme conseiller historique (ponctuée par des désaccords croissants avec les réalisateurs et producteurs) à la série documentaire Apocalypse, coordination de hors-séries 1914-1918 pour les journaux Le Monde et Le 1.
Au-delà de la Grande Guerre, les usages et mésusages publics de l’histoire m’ont conduit à prendre par moments des positions dans l’espace public : contre la réédition « papier » de Mein Kampf, contre la réédition des pamphlets antisémites de Céline, contre la présence de Maurras et Chardonne dans le livre des commémorations nationales, et plus largement contre les usages voyeuristes du passé nazi ou vichyste. J’ai participé à une controverse publique avec quatre économistes suite à leur travail de recherche erroné les ayant conduit à présenter un lien statistique entre Verdun et Vichy, et récemment publié une tribune appelant à diminuer la place de l’histoire dans la campagne présidentielle de 2022.
L’histoire publique, c’est également le travail régulier de recension des parutions dans le Monde des Livres, avec des coups de cœur (livres de Guillaume Lachenal, Aurélia Michel, Etienne Anheim, Pierre Laborie, Ludivine Bantigny, Alexander Werth, Laurent Joly…), des portraits (Antoine Prost, Mary Beard, Jacques Rougerie), et des critiques (livre de C. Barbier sur les Glières, biographie d’Hitler par C. Ingrao et J. Chapoutot assortie de commentaires suite à la controverse suscitée par ce compte-rendu). En dehors du supplément, trois textes critiques qui me tiennent à coeur: sur la sociologie des rêves de Bernard Lahire, sur Claire Andrieu, sur le “Linguistic turn”.
Ma présence sur les réseaux sociaux me conduit parfois à proposer de brefs éclairages du point de vue historien, sur George Orwell, Churchill, la (non) réhabilitation des fusillés, les mutineries de 1917, les romans de Patrick O’Brian, les problèmes posés par un podcast de France Inter niant la torture de J.-M. Le Pen en Algérie… L’intérêt pour la fiction historique, sensible dans la rubrique « films et séries » du podcast, m’a aussi conduit à commenter au micro d’autres émissions les films 1917 et Glory et la série The Americans.
En décembre 2022 j’ai réalisé un “calendrier de l’avent des controverses historiographiques” pour présenter 24 discussions marquantes, sur le fond ou la forme, pour la discipline.
André Loez (mise à jour octobre 2023)