285. Alger 1516, La dernière reine, avec M’hamed Oualdi

L’invité : M’hamed Oualdi, professeur d’histoire à Sciences Po

Le film : La dernière reine (Adila Bendimerad et Damien Ounouri, 2022)

 La discussion :

  • Introduction et présentation du film (00:00)
  • Une période peu vue à l’écran (2:25)
  • Le contexte du Maghreb au début du XVIe siècle (5:00)
  • Une « république » d’Alger avant la régence ottomane idéalisée (10:00)
  • Une évocation de la tension sédentaires / nomades identifiée par Ibn Khaldun ? (13:00)
  • Le personnage d’Aroudj Barberousse (15:00), allusion aux islamistes contemporains ? (18:30)
  • Un film sur la mixité des langues et des populations (22:00)
  • Zaphira, reine imaginaire, évoquée par Laugier de Tassy en 1725: lecture par Matthieu de Oliveira (26:45)
  • La question de l’agency féminine à travers la figure de Zaphira (31:00)
  • Une évocation de la naissance de la nation algérienne ? (37:00)
  • Le livre de M’hamed Oualdi, Un esclave entre deux empires (Seuil, 2023)

Les références citées dans l’émission :

  • Jocelyne Dakhlia, Lingua franca. Histoire d’une langue métisse en Méditerranée, Actes Sud, Arles, 2009.
  • Travaux d’Isabelle Grangaud
  • Travaux de Salma Warscheid-Hargal
  • Nordine Amara, Faire la France en Algérie : émigration algérienne, mésusages du nom et conflits de nationalités dans le monde : de la chute d’Alger aux années 1930, thèse, 2019.

278. Algérie 1871, la dépossession des terres à la loupe, avec Didier Guignard

L’invité : Didier Guignard, chargé de recherches au CNRS

Le livre : L’Algérie sous séquestre. Une coupe dans le corps sociale (XIXe-XXe siècles), Paris, éditions du CNRS, 2023.

La discussion :

  • Introduction (00:00)
  • L’enjeu du livre, approcher la complexité du séquestre des terres algériennes après la révolte de 1871 (1:30)
  • Un parcours de recherche amenant à l’Algérie coloniale via les archives d’outre-mer à Aix-en-Provence (4:30)
  • Un livre né d’une enquête de terrain sur une ferme de la région des Issers (6:00)
  • La question de la terre, au cœur de débats historiographiques sur la déstructuration de la société paysanne algérienne, dans la lignée des travaux de Pierre Bourdieu et Abdelmalek Sayad (9:45)
  • La place de la langue arabe, et des entretiens, dans la recherche (13:00)
  • L’inscription du livre dans un programme de recherche plus large sur les confiscations de terres et les changements du rapport à la propriété (17:30)
  • La contradiction fondamentale du séquestre, opéré par une République qui défend au même moment la propriété « inviolable et sacrée » (21:30)
  • L’origine de la révolte algérienne de 1871 (24:30)
  • Un historien pionnier sur la période, André Nouschi (27:30)
  • Les contradictions pratiques du séquestre, entre la décision de confisquer des terres et la difficulté de l’opérer (31:00)
  • Le décalage entre le droit français et la myriade de situations du droit foncier local (34:30)
  • Quels savoir-faire des administrateurs coloniaux pour réaliser ces opérations ? (37:00)
  • Le résultat du séquestre et les ressentiments durables qui en résultent (40:15)
  • Le rejeu du séquestre sanglant dans un fait divers de 1890 (45:00)
  • L’opposition et l’articulation entre la montagne et la plaine, structurante dans la longue durée de l’histoire algérienne (47:20)

Le conseil de lecture: Neil MacMaster, War in the Moutains: Peasant Society and Counterinsurgency in Algeria, 1918-1958, Oxford, Oxford University Press, 2020.

259. Informations incertaines dans l’Algérie coloniale, avec Arthur Asseraf

L’invité : Arthur Asseraf, maître de conférences à Cambridge

Le livre : Le désinformateur. Sur les traces de Messaoud Djebari, Algérien dans un  monde colonial (Fayard, 2022)

La discussion :

  • Introduction (00:00)
  • Qui était Messaoud Djebari, le « désinformateur » ? (00:45)
  • Un personnage qui participe d’une culture de la célébrité et de l’information de la « belle époque » (3:45)
  • Djebari, Pinagot, Menocchio (4:50)
  • Une figure d’intermédiaire caractéristique du moment colonial (7:00)
  • Premier avatar de Djebari: une histoire de société secrète en 1881 (9:00)
  • Seconde apparition: un explorateur en Afrique centrale (13:00)
  • Algérie, Afrique centrale, métropole: un décentrement historiographique (15:45) et géographique (17:30)
  • Les « survivants de la mission Flatters » (20:45) et le livre de Djebari (23:00)
  • Un colonisé parlant au nom de la colonisation (27:30)
  • L’antisémitisme travaillant la société coloniale algérienne (31:00)
  • Les choix d’écriture du livre (34:20)
  • Un livre du temps du covid (38:00)
  • Les hasards de la recherche (40:30)
  • La place de la langue arabe dans la recherche et dans le livre (42:50)
  • Regard d’un historien de l’Algérie coloniale sur les positions du président Macron (45:00)

Les conseils de lecture :

  • Fanny Colonna, Le meunier, les moines et le bandit. Des vies quotidiennes dans l’Aurès (Algérie) du XXe siècle, Sindbad, Actes Sud, 2010.
  • Joe Sacco, The fixer : Une histoire de Sarajevo, Rackham, 2004.

231. L’année 1962 en Algérie, avec Malika Rahal

L’invitée: Malika Rahal, chargée de recherche au CNRSLe livre: Algérie 1962. Une histoire populaire, Paris, La découverte, 2022.

La discussion:

  • Quel sens a le terme d’histoire « populaire » appliquée à l’Algérie en 1962 ? (1:00)
  • L’historiographie insatisfaisante du cinquantenaire (3:00)
  • La part personnelle du projet (4:30)
  • Ce que disent les entretiens sur l’année 1962 (7:15)
  • Le type d’archives mobilisées (11:30)
  • Comment équilibrer le récit entre les différents acteurs en cette fin de guerre ? (16:00)
  • Les différentes temporalités de l’année 1962 (19:40)
  • Les outils de la comparaison et de l’histoire des guerres contemporaines appliquées à la guerre d’indépendance algérienne (23:15)
  • Conflits, tensions ou malentendus parmi les Algériens (28:00)
  • L’émergence d’un nouveau pouvoir et les rapports pas seulement d’affrontement avec les Français d’Algérie (31:45)
  • Des possibles et des espaces qui s’ouvrent pour les Algériens, acteurs d’une liesse révolutionnaire (37:00)
  • Les craintes des dirigeants algériens d’un scénario catastrophe au moment de l’indépendance : partition, famine, maintien de la lutte contre l’OAS… (41:40)
  • Les slogans de l’indépendance (46:00)
  • Les regards portés aujourd’hui en Algérie sur 1962 (51:25)
  • Quelles perspectives pour les commémorations ? (56 :20)

Le conseil de visionnage: Comme la pierre est à la pierre (film de 1962)

 

164. Ouvriers en révolution, avec Omar Benlaala et François Jarrige (les mercredis des révolutions)

Les invités :

  • Fabrice Bensimon, professeur d’histoire à l’Université Paris-Sorbonne, modérateur
  • Omar Benlaala, écrivain
  • François Jarrige, maître de conférences à l’Université de Bourgogne

Le thème : « Ouvriers en révolution », première séance de l’Université populaire « Les mercredis des révolutions » organisée par la Société d’histoire de 1848 en partenariat avec Politis et Paroles d’histoire, à la mairie du XVIIIe arrondissement de Paris (et en visioconférence en période de confinement). Séance préparée par Philippe Darriulat.

La discussion :

  • Présentation des invités (1’)
  • Les accidents du travail, enjeu récurrent pour les ouvriers du bâtiment hier et aujourd’hui (4’)
  • Pour Omar Benlaala, d’abord un livre sur son père, fier d’avoir été maçon malgré la fatigue puis la maladie (5’)
  • Le travail de chantier, un travail d’équipe (8’20)
  • Un père électricien pour François Jarrige (9’)
  • Les ouvriers et leur famille, entre honte et fierté (10’30)
  • Les conditions de travail des ouvriers du bâtiment au XIXe siècle, avec des risques qui s’accentuent au milieu du XIXe siècle (12’20)
  • Un secteur resté peu mécanisé (14’)
  • L’expérience de la migration, qui traverse les époques (15’20)
  • Les tensions au sein même des travailleurs algériens au XXe siècle (16’30)
  • La question de la xénophobie au XIXe siècle (19’)
  • Les engagements (syndicaux, révolutionnaires…) des ouvriers (25’)
  • Se loger pour un ouvrier algérien à Paris au XXe siècle (26’)
  • L’acquisition de la langue, nécessaire pour encadrer la famille, passant aussi par le syndicalisme (27’)
  • Le flou du terme « ouvrier » pour le XIXe siècle, modelé par la pluri-activité (29’)
  • La ville, lieu clef pour la politisation des ouvriers au XIXe siècle (31’45)
  • Expériences socialistes et révolutionnaires de Martin Nadaud (33’)
  • Quelles traces pour aborder ces expériences ouvrières ? (36’)
  • Des ateliers d’écriture, à la rencontre d’ouvriers retraités (38’)
  • La mémoire ouvrière des femmes (39’)
  • Les sources et témoignages du monde ouvrier au XIXe siècle (41’)
  • L’expérience des migrations, et son lien avec l’activisme révolutionnaire (42’)
  • Vivre mai 68 en tant qu’ouvrier immigré (45’)

Les livres:

  • Martin Nadaud, Mémoires de Léonard
  • Omar Benlaala, Tu n’habiteras jamais Paris, Paris, Flammarion, 2018.
  • François Jarrige, Au temps des “tueuses de bras”. Les bris de machines à l’aube de l’ère industrielle (1780-1860), Rennes, PUR, 2009.

 

 

150. Familles à l’épreuve de la guerre d’Algérie, avec Raphaëlle Branche

L’invitée : Raphaëlle Branche, professeure à l’université de Nanterre

Le livre : « Papa, qu’as-tu fait en Algérie ? » Enquête sur un silence familial, Paris, La découverte, 2020.

La discussion :

  • Quel regard sur la mission confiée à Benjamin Stora concernant la guerre d’Algérie (1’)
  • La question des archives classifiées et difficilement accessibles en raison de l’IGI 1300 (2’30)
  • Les archives psychiatriques et la difficulté de les consulter pour ce livre (5’)
  • À l’origine de cette recherche : « ils n’en ont jamais parlé », ce discours sur le silence dès les années 1990 (7’)
  • La fausse évidence du « silence » sur cette guerre (10’)
  • Le traumatisme de guerre, loin d’être la seule catégorie pertinente pour appréhender le retour d’Algérie (12’)
  • Une expérience algérienne éclatée, aux antipodes de la mobilisation générale de 1914 par exemple (15’50)
  • Les ressemblances et différences avec l’expérience des Américains au Vietnam (18’)
  • Le déni officiel de la « guerre » en Algérie et son poids (21’40)
  • Une difficulté à se dire combattant, avec un poids des guerres mondiales qui tend à écraser l’expérience algérienne (24’40)
  • Une « désynchronisation » de retour d’Algérie (28’20)
  • Les modalités d’une enquête reposant notamment sur des témoignages et questionnaires, donnant leur place aux adelphies (groupes de frères et sœurs) (31’)
  • Le recours aux archives pour combler ou compenser trous ou biais des témoignages (36’)
  • Les documents personnels et leur apport (38’50)

Le conseil de film :

  • Les parapluies de Cherbourg (Jacques Demy, 1964)

143. Statues contestées #4 : tour du monde des statues renversées

Depuis mai 2020, à travers le monde, les statues et monuments ayant un lien avec le passé colonial et esclavagiste sont contestées et parfois renversées. Une irruption des enjeux mémoriels dans l’espace public qui fait l’objet de cinq émissions du podcast:

1. Tempête mémorielle dans l’espace public

2. Aux sources de l’iconoclasme

3. Antilles, États-Unis, les épicentres de la contestation

4. Tour du monde des statues renversées

5. Déboulonner, et après ?

La liste des textes, interviews et articles sur les statues contestées est à consulter ici, ainsi que cette liste établie par Liesbeth Corens

Liste des intervenantes et des intervenants :

141. Statues contestées #2 : aux sources de l’iconoclasme

Depuis mai 2020, à travers le monde, les statues et monuments ayant un lien avec le passé colonial et esclavagiste sont contestées et parfois renversées. Une irruption des enjeux mémoriels dans l’espace public qui fait l’objet de cinq émissions du podcast:

1. Tempête mémorielle dans l’espace public

2. Aux sources de l’iconoclasme

3. Antilles, États-Unis, les épicentres de la contestation

4. Tour du monde des statues renversées

5. Déboulonner, et après ?

La liste des textes, interviews et articles sur les statues contestées est à consulter ici, ainsi que cette liste établie par Liesbeth Corens

Liste des intervenantes et des intervenants :

93. Inquiétantes restrictions sur les archives contemporaines, avec Isabelle Neuschwander et Maurice Vaïsse

Les invité-e-s

  • Isabelle Neuschwander, chercheuse et archiviste, ancienne directrice des Archives Nationales
  • Maurice Vaïsse, historien, professeur émérite à sciences-po, spécialiste d’histoire internationale de la Ve République

La discussion

  • Le cadre légal de la communication des archives en France : la loi de 2008 (intégrée au Code du Patrimoine) et ses principes
  • Les différents délais de communicabilité, leurs raisons d’être, les possibilités de dérogation
  • Les dispositions critiquables de la loi, s’agissant de ce qui concerne le nucléaire, avec des archives définitivement incommunicables
  • Une loi qui s’applique à différentes institutions et différents dépôts d’archives
  • Le cœur du problème actuel : l’Instruction Générale Interministérielle (IGI) 1300 de 2011
  • La façon dont Maurice Vaisse s’est vu opposer le refus de consultation de certaines archives en vertu de ce texte
  • Les contradictions entre l’IGI 1300 et le Code du Patrimoine quant à la classification « secret » des documents
  • Le problème de la hiérarchie des normes : la loi de 2008 et le Code du Patrimoine devraient prévaloir sur l’IGI 1300
  • Un surcroît de travail inutile pour les archivistes
  • Des exemples concrets de recherches bloquées par ces dispositions
  • La question de l’historicité du « secret » et de ses catégories
  • Une comparaison avec les pratiques archivistiques américaines et le Freedom of Information Act (1966)
  • Le principe français de respect des fonds, que l’IGI 1300 risque de fragiliser

Références

Cadre légal

Tribunes et articles

  • « Archives et transparence, une ambition citoyenne », La Gazette des archives, n° 255 (2019-3)
  • Lettre des historiens américains au président Macron (11 février 2020)
  • Tribune d’historien-ne-s dans Le Monde (13 février 2020)
  • Tribune d’historien-ne-s étrangers dans Le Monde (13 février 2020)
  • Tribune de l’Association des archivistes français (19 février 2020)
  • Dossier en ligne sur le site Histoirecoloniale.net

Analyses

  • Gilles Morin,”Archives : entre secret et patrimoine“,  Histoire@Politique, N°5, mai-août 2008
  • Maurice Vaïsse, « Un historien face au secret des archives », 20 & 21. Revue d’histoire, 2019/3 N° 143, p. 149 à 155
  • Marion Veyssière, « La communication des archives publiques en France », 20 & 21. Revue d’histoire, 2019/2 N° 142, p. 141-151
  • Blog “Droit(s) des archives”

 

90. Mémoires de la guerre d’Algérie, avec Benjamin Stora et Alexandra Badea (les mercredis des révolutions)

Troisième séance des “mercredis des révolutions“, université populaire organisée à la mairie du XVIIIe arrondissement par la Société d’histoire de la révolution de 1848, en partenariat avec “Paroles d’histoire”.

Les invité-e-s : Benjamin Stora (historien), Alexandra Badea (dramaturge) ; discussion animée par Philippe Darriulat

Image

La discussion :

  • Première question de Philippe Darriulat : la mémoire de la guerre d’Algérie dans la société française actuelle
  • Benjamin Stora (5’) : un rappel des exactions coloniales, et de la façon dont la plupart des pays européens esquivent cette mémoire
  • L’absence de la question coloniale dans la mémoire entretenue par la construction européenne
  • Une « bonne conscience coloniale » qui se perpétue de nos jours
  • La question coloniale, constitutive de la question nationale en France
  • Alexandra Badea (23’) : la mémoire encore compliquée du 17 octobre 1961, et du massacre de Thiaroye
  • Benjamin Stora (40’) : les premières résurgences mémorielles du 17 octobre 1961, et sa place mémorielle aujourd’hui, puisqu’on ne peut plus parler de méconnaissance ou d’occultation
  • Le rapport entre connaissance historique et reconnaissance mémorielle (51’)
  • La réappropriation récente, en Algérie, d’une part oubliée de l’histoire : Messali Hadj, Ferhat Abbas, le mouvement algérien dans toute sa pluralité

Pour aller plus loin :

Bibliographie de Benjamin Stora

Présentation du travail sur Thiaroye d’Alexandra Badea au Théâtre de la Colline

Entretien avec Cédric Maurin, professeur d’histoire, sur le projet d(atelier théâtral autour des “récits manquants”