294. Michel Borwicz et l’écriture de la Shoah, avec Judith Lyon-Caen

L’invitée : Judith Lyon-Caen, directrice d’études à l’EHESS

Le livre : Michel Borwicz, Écrits des condamnés à mort sous l’occupation nazie, Paris, Gallimard, « Tel », 2023 [1954].

La discussion :

  • Introduction. Un livre oublié ? (00:00)
  • Une bifurcation polonaise dans un parcours de recherche ? (2:00)
  • Préparer l’édition critique du livre de Michel Borwicz (8:00)
  • La vie de Michel Borwicz avant l’occupation nazie (11:45)
  • Les nazis à Lwow, l’enfermement et l’entrée en résistance (17:45)
  • La collecte d’informations sur le génocide dans la Pologne de 1944-1945 (29:00)
  • La Shoah, la langue et la poésie (33:00)
  • Départ vers la France et choix de la sociologie (39:00)
  • Un livre qui évoque la résistance ET montre la spécificité du sort des Juifs (44:00)
  • La réception de la thèse et du livre (47:30)
  • Une figure de l’émigration polonaise et de la mémoire de la guerre (52:00)

Les références citées dans le podcast et le conseil de lecture :

  • Dinah Ribard, Judith Lyon-Caen, L’historien et la littérature, Paris, La découverte, « Repères », 2010.
  • Annette Wieviorka, L’ère du témoin, Paris, Plon, 1998.
  • Laura Jockusch, Collect and Record ! Jewish Holocaust Documentation in Early Postwar Europe, Oxford, Oxford University Press, 2012.
  • Simon Perego, Pleurons-les. Les Juifs de Paris et la commémoration de la Shoah (1944-1967), Champ Vallon, 2020.
  • Pierre Seghers, La résistance et ses poètes, 2 vol. Seghers, 2022.

284. Sciences sociales et mémoires collectives (discussion enregistrée en public le 7 avril 2023)

Discussion enregistrée en public le 7 avril 2023 à Sciences-Po

Les intervenantes et intervenants :

  • Sarah Gensburger, sociologue, CNRS (codirectrice du livre)
  • Alexandra Oeser, sociologue, université Paris-Nanterre
  • Gérôme Truc, sociologue, CNRS, université Paris-Nanterre
  • Philippe Mesnard, littérature comparée, université Clermont-Auvergne
  • Audrey Célestine, politiste, Université de Lille
  • Fabien Jobard, politiste, CNRS, université Paris-Saclay

Le livre : Sarah Gensburger, Sandrine Lefranc, La mémoire collective en question(s), Paris, PUF, 2022.

 

La discussion :

  • Introduction (00:00)
  • Présentation du livre par Sarah Gensburger (2:00)
  • Y-a-t-il une mémoire collective des attentats ? par Gérôme Truc (8:40)
  • La mémoire collective est-elle une chose sérieuse ? par Alexandra Oeser (12:00)
  • Le tourisme de mémoire est-il nécessairement macabre ? par Philippe Mesnard (17:45)
  • Qui porte la mémoire de l’esclavage ? par Audrey Célestine (27:30)
  • Quelle mémoire des violences policières et des mobilisations dans les banlieues ? par Fabien Jobard (35:00)
  • Est-ce que les chercheurs et chercheuses peuvent ou doivent prescrire des politiques mémorielles ? (45:00)
  • Comment enquêter sur la mémoire avec les outils des sciences sociales ? (58:00)
  • La mémoire d’une institution comme la police, et celle de la mort de Malik Oussekine (1:10:20)
  • La dimension spatiale et locale des études de mémoire (1:14:00)
  • L’internationalisation des enjeux mémoriels (1:17:30)

 

254. L’histoire de la guerre d’Espagne face aux falsifications, avec Pierre Salmon et Mercedes Yusta Rodrigo

Affiche, 1936, Vidal, Editions Tierra y Libertad, Barricades CNT FAI
Affiche de Toni Vidal pour la CNT-FAI, 1936

Les invitées :

  • Pierre Salmon, ENS Ulm
  • Mercedes Yusta Rodrigo, professeure à l’université Paris-8

Le thème : la guerre d’Espagne et la diffusion par le Figaro histoire des thèses néofranquistes de Pio Moa

La discussion:

  • Introduction (00:00)
  • La polémique lancée à l’été 2022 par le « Figaro histoire » (1:30)
  • Qui est Pio Moa, polémiste d’extrême droite et faux historien ? (2:20)
  • Un discours néofranquiste discrédité en Espagne (4:00)
  • Le contexte de publication: l’essor médiatique de lectures réactionnaires de l’histoire en Europe (6:35)
  • Quel positionnement pour les historiens et historiennes de métier face aux mensonges et aux outrances ? (9:25)
  • Attention: s’opposer à Pio Moa n’est pas faire le récit enchanté d’une gauche espagnole non violente ou irréprochable (12:30)
  • La présentation fallacieuse de Pio Moa comme ancien « homme de gauche » (16:40)
  • Décryptage de la vidéo en ligne d’Isabelle Schmitz (20:15): la responsabilité prétendument « totale » de la gauche dans la guerre civile
  • Calvo Sotelo, tout sauf un leader de la droite « modérée » (22:45)
  • L’influence de Staline grossièrement exagérée (25:10)
  • Le coup d’état nationaliste de juillet 1936 présenté fallacieusement comme « légitime défense » (27:30)
  • Le prétendu positivisme de Pio Moa et sa nullité méthodologique (29:45)
  • Le négationnisme pur et simple: le massacre de Badajoz et les violences nationalistes (32:00)
  • L’incroyable régression historiographique que tout cela représente, après l’établissement des faits dans les années 1980-1990 (34:30)
  • Pourquoi le discours néofranquiste trouve un écho dans la société espagnole ? (38:30)
  • Les autorités espagnoles et l’histoire de la guerre, avec la loi de 2007 dite de « mémoire historique » (41:50)
  • L’amnistie de 1977 en question (47:00)
  • Suggestions bibliographiques (48:40)

Note sémantique

  • Le terme « révisionnisme » utilisé à plusieurs reprises dans l’entretien vient du fait qu’il désigne, dans le contexte espagnol, une lecture faussée de l’histoire de la guerre d’Espagne allant à l’encontre du consensus scientifique. Longtemps employé en France pour qualifier de façon erronée les négationnistes de la Shoah, il est aujourd’hui largement écarté dans la mesure où toute écriture de l’histoire « révise » des certitudes antérieures, cf. école « révisionniste » en histoire soviétique, et discussion à (13:43).

 

Bibliographie

Présentation historiographique

Sur la guerre civile et la répression

  • Julián Casanova, De la calle al frente: el anarcosindicalismo en España 1931 – 1939, Barcelona, Crítica, 1997, 265 p.
  • Godicheau, François. La guerre d’Espagne: République et révolution en Catalogne (1936-1939). Odile Jacob, 2004.
  • Godicheau, François. Les mots de la guerre d’Espagne. Presses Univ. du Mirail, 2003.
  • Gomez Bravo, Gutmaro, Geografía humana de la represión franquista. Del golpe a la guerra de ocupación (1936-1941), Madrid, Cátedra. 2017
  • Bourderon Roger, La guerre d’Espagne. L’histoire, les lendemains, la mémoire, Paris, Taillandier, 2007.
  • Corrado, Danielle, et Viviane Alary, eds. La Guerre d’Espagne en héritage: entre mémoire et oubli, de 1975 à nos jours. Presses Univ Blaise Pascal, 2007.
  • Ledesma José Luis, « Qué violencia para qué retaguardia o la República en guerra de 1936 », Ayer. Revista de Historia Contemporánea, 2009, vol. 76, no 4, p. 83‑114.
  • Richards, Michael. A time of silence: civil war and the culture of repression in Franco’s Spain, 1936-1945. Cambridge university press, 1998.
  • Juliá, Santos (coord.), Víctimas de la guerra civil, Temas de Hoy, 1999
  • Espinosa Maestre, Francisco et al. (Coord.), Violencia roja y azul. España 1936-1950, Barcelona, Critica, 2010.
  • Preston Paul, The Spanish holocaust: inquisition and extermination in twentieth-century Spain, Londres, HarperPress, 2012, 700 p.
  • Graham Helen, The Spanish Republic at War, 1936-1939, Cambridge / New York, Cambridge University Press, 2002, 472 p. (existe aussi en espagnol)

Sur les femmes et la guerre civile:

  • Nash Mary, Rojas. Las mujeres republicanas en la guerra civil, Barcelona, Taurus, 1999.
  • Sill, Édouard, ed. ¡ Solidarias!: Les volontaires étrangères et la solidarité internationale féminine durant la guerre d’Espagne (1936-1939). Presses universitaires de Rennes, 2022.

Sur les communistes et l’Union soviétique en Espagne :

  • Elorza Antonio et Bizcarrondo Marta, Queridos camaradas: la Internacional Comunista y España ; 1919 – 1939, Barcelone, Planeta, 1999, 532 p.
  • Hernández Sánchez Fernando, Guerra o revolución: el Partido Comunista de España en la Guerra Civil, Barcelone, Crítica, 2010, 574 p.
  • Kowalsky Daniel, La Unión Soviética y la Guerra Civil española : una revisión crítica, Barcelone, Crítica, 2004, 534 p.

Sur le « révisionnisme » en Espagne et en Europe :

 

228. Menaces sur Memorial, usages politiques de l’histoire en ex-URSS, avec Eric Aunoble

L’invité : Eric Aunoble, historien, université de Genève

Le thème : l’association Memorial et les usages du passé en Russie et en Ukraine

La discussion :

  • Les menaces pesant sur l’association Memorial (1:20)
  • Le sens et le rôle de cette association née pendant la Perestroïka (3:05)
  • La fin des années 1980, moment de passion pour les révélations sur le passé soviétique (7:00)
  • Quels sont les acteurs à l’origine de Memorial ? (8:20)
  • Le rôle fondamental de Memorial pour documenter noms, lieux, archives de la terreur d’État soviétique (11:20), avec des bases de données (13:00)
  • Les résistances à ce travail, en Russie comme en Ukraine (17:00), avec un contre-récit nationaliste russe (18:30)
  • Le travail de Memorial sur les atteintes contemporaines aux droits de l’homme, à travers les guerres de Tchétchénie en particulier, sur fond de crise économique (23:20)
  • Les soutiens à Memorial de la communauté académique internationale (27:30), et les dilemmes des libéraux en partie coupés de la société russe (29:30)
  • L’inscription de l’affaire Memorial dans un contexte plus large d’usages du passé en Russie (32:00) avec des mélanges mémoriels (33:15)
  • Les déclinaisons ukrainiennes de ces enjeux mémoriels (34:00) avec la figure de Makhno et ses usages (35:15)
  • Quelle réception du « roman national » russe et poutinien dans la société ? (38:00)
  • Quels effets dans le champ académique ? (46:30)

Les références citées dans l’émission :

Conseil de lecture: Iegor Gran, Les Services compétents, Paris, P.O.L., 2020

Générique de fin : Bérurier noir, Makhnovtchina

188. Histoire et mémoire du spartakisme, avec Nicolas Offenstadt

L’invité: Nicolas Offenstadt (MCF HDR Université Paris-I)

Le livre: Gilbert Badia, Le spartakisme. Les dernières années de Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht, Ivry, éditions Otium, 2021 [1967]

La discussion :

  • Pourquoi lire cette réédition d’un livre de 1967 ? (1:00)
  • Le parcours de Gilbert Badia, germaniste, résistant, militant communiste, passeur de la RDA en France… (4:00)
  • Quelle position pouvait avoir un intellectuel communiste dans les années 1950-1980 dans le monde universitaire ? (8:30)
  • Les rapports de Gilbert Badia au régime de la RDA et à ses organes de sécurité (12:10)
  • Un livre marqué par les questionnements politiques des années 1960 sur la révolution et l’organisation révolutionnaire (17:30)
  • À l’arrière-plan de l’ouvrage, le questionnement sur la « trahison » de la social-démocratie (21:15)
  • Le spartakisme, né du rejet de la Grande Guerre (24:30)
  • La figure marquante de Karl Liebknecht (27:00)
  • La naissance du spartakisme et son développement à partir de 1916 (29:30)
  • Nuancer la place des spartakistes dans la révolution allemande (34’)
  • Le rôle des socialistes majoritaires en partie réévalué (38:30)
  • Les commémorations de la révolution allemande en 2018-2019 (42:00)
  • Quelles traces, quels monuments du spartakisme dans l’Allemagne contemporaine ? (51:00)

Principaux ouvrages de de Gilbert Badia:

  • La fin de la République allemande, 1929-1933, éditions sociales, Paris, 1958.
  • Histoire de l’Allemagne contemporaine, 2 volumes, éditions sociales, 1962, rééd. 1964, 1975.
  • Les spartakistes, 1918, l’Allemagne en révolution, Collections archives, Julliard, 1966.
  • Le Spartakisme, les dernières années de Rosa Luxemburg et de Karl Liebknecht, L’Arche, 1967.
  • Rosa Luxemburg : Journaliste, polémiste, révolutionnaire, éditions sociales, 1975.
  • (dir.) Les barbelés de l’exil, Presses universitaires de Grenoble, 1979.
  • Feu au Reichstag : l’acte de naissance du régime nazi, éditions sociales, 1983.
  • (dir.) Les Bannis de Hitler, EDI-Presses universitaires de Vincennes, 1984.
  • Clara Zetkin, féministe sans frontières, Éditions de l’Atelier, 1993.
  • Rosa Luxemburg, épistolière, Éditions de l’Atelier, 1995.
  • Ces Allemands qui ont affronté Hitler, Éditions de l’Atelier, 2000.

Notice biographique de Gilbert Badia

La chanson de fin: Ernst Buch, Das Lied der Matrosen, tiré du film du même nom, par Kurt Maetzig et Günter Reisch (1958)

 

182. Maus dans l’histoire de la BD et l’historiographie de la Shoah, avec Tal Bruttmann

L’invité: Tal Bruttmann, historien, spécialiste de la Shoah

Le livre: Art Spiegelman, Maus, NY, Pantheon Books, 1986-1991

La discussion:

  • La première rencontre avec Maus, à la fin des années 1980 (1:30)
  • La vie d’Art Spiegelman, auteur et éditeur de comics avant Maus (2:50)
  • Le contexte de création de Maus, au moment où le feuilleton Holocauste est diffusé à la télévision américaine (4:30)
  • Un livre d’une grande complexité, à l’opposé de l’« Holokitsch » (7:40)
  • Les recherches préparatoires d’Art Spiegelman, fondées sur des enregistrements de conversations avec son père, et la consultation de dessins et d’ouvrages (10:00)
  • Le dessin, source pour l’histoire, dans ce travail de documentation et pour Ma us (13:00)
  • Les difficultés de publication de Spiegelman (14:00)
  • Les incertitudes de la réception : « fiction » ou « non-fiction » ? quelle légitimité pour la BD comme représentation de l’histoire ? (17:45)
  • Un livre qui n’est pas seulement consacré à la Shoah, mais aussi et surtout sur la transmission familiale, avec une mise en abyme du témoignage, et un récit de « seconde génération »  (22:40)
  • Un trait « tenu » du début à la fin de l’œuvre (26:00)
  • Un livre qui n’embellit pas la réalité ni le témoin (27:00)
  • Un travail qui montre de façon rare les conditions de recueil du témoignage (29:00)
  • Extrait audio : Vladek Spiegelman témoigne (31:00)
  • Le parcours singulier de Vladek et Anja durant la Seconde Guerre mondiale (32:00)
  • Le caractère « transactionnel » de la survie durant la Shoah dans le récit de Vladek Spiegelman (38:00)
  • Les langues de Maus : anglais, allemand, yiddish, polonais… (40:00)
  • Le choix de représenter les Juifs en souris, et le caractère « reconnaissable » des Juifs en Pologne (42:30)
  • La question des choix, et des dilemmes pour les protagonistes dans l’incertitude des protagonistes (45:00)
  • Les choix graphiques de Maus : animaux, bichromie… en lien avec la culture graphique d’Art Spiegelman (48:00)
  • la position particulière de Maus dans les débats sur la représentation de la Shoah, et ses sources visuelles (51:00)
  • la plasiticité du medium BD (57:00)
  • un « avant » et un « après » Maus dans la représentation de la Shoah en BD (1:02:00)
  • Conseils de lecture (1:04:00)

Albums cités dans l’entretien (par ordre chronologique):

  • Pierre-Edmond Calvo, Victor Dancette & Jacques Zimmermann, La Bête est morte ! Fascicule premier. Quand la bête est déchaînée, Paris, Editions GP, 1944
  • Will Eisner, A contract with God : and other tenement stories, New York , Baronet, 1978.
  • Frank Miller, Batman: The Dark Knight Returns, DC Comics, miniseries (4), February-June 1986.
  • Alan Moore & Dave Gibbons, Watchmen, DC Comics, limited series (12) September 1986-October 1987.
  • Joe Kubert, Yossel. April 19, 1943: a story of the Warsaw Ghetto Uprising, New York: Ibooks : Distributed by Simon & Schuster, 2003.

Bibliographie sélective:

  • Tal Bruttmann, « The Holocaust through Comic Books » in Aukje Kluge et Benn E. Williams (eds.), Re-examining the holocaust through literature, Newcastle upon Tyne, Cambridge Scholars Pub., 2009, p. 173-200.
  • Mary S. Costanza, The Living Witness: Art in the Concentration Camps and Ghettos, New York, Free Press, 1982.Deborah R. Geis (ed), Considering Maus : approaches to Art Spiegelman’s “Survivor’s tale” of the Holocaust, Tuscaloosa, University of Alabama Press, 2003.
  • Anne Hélène Hoog, Didier Pasamonik et Edward Portnoy, De Superman au Chat du rabbin. Bande dessinée et mémoires juives, Paris, Musée d’art et d’histoire du judaïsme, 2007
  • Serge Klarsfeld (ed.), David Olère: un peintre au sonderkommando à Auschwitz, New York, The Beate Klarsfeld Foundation, 1989.
  • Agnieszka Sieradzka, Le Carnet de croquis d’Auschwitz, Oswiecim, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, 2014.
  • Art Spiegelman, Metamaus, Pantheon Books, 2011

Conseils de lecture:

  • José-Luis Bocquet et Arno, Anton Six, Paris, Albin Michel, 1987.
  • Miriam Katin, Seules contre tous, Paris, Seuil, 2006.
  • Greg Pak et Carmine Di Giandomenico, Magneto : Le testament, 2009

176. Les 150 ans de la Commune, avec Michel Cordillot et Julien Lucchini

Les invités : Michel Cordillot (professeur émérite à l’université Paris-8), Julien Lucchini (responsable « histoire » aux éditions de l’atelier)

Le livre : La Commune de Paris 1871. les acteurs, l’événement, les lieux, Ivry, éditions de l’Atelier, 2021.

La discussion :

  • Les origines du projet et le choix des auteurs (2:00)
  • Un volume de 1400 pages, véritable challenge éditorial (7:30)
  • Quel paysage historiographique en 2021, par rapport au centenaire de 1971 ? (9:30)
  • La complexification du vocabulaire et des approches, sur le plan sociologique (10:40) et idéologique (12:40)
  • La part de la contingence dans l’histoire brève de la Commune (14:00)
  • Le choix des biographies incluses dans l’ouvrage, complémentaires de celles figurant sur le site (15:00), se voulant représentatif de la diversité des Communards (19:00)
  • La place des femmes dans l’ouvrage (19:50)
  • Annexes, listes, outils de travail présents dans le livre (22:00)
  • Les pistes de recherche futures qui pourront être suivies (23:00)
  • L’iconographie et son intégration (24:00), reflétant la culture visuelle de la période (26:20)
  • La Commune de Paris et ses liens avec le reste du pays et du monde (28:30) et la place des étrangers dans l’événement (30:00)
  • Les sections thématiques du livre, et la place donnée aux controverses historiographiques (32:00), et les aspects moins attendus de l’événement (35:00)
  • Comment concilier sympathies communardes et rigueur historique ? (37:00)
  • Qu’attendre du 150e anniversaire ? (39:00)
  • Quelles résonances actuelles de l’événement ? (40:00)

Voir les compléments du livre en ligne sur le site Maitron.

Chanson d’ouverture: La  Commune est en lutte, de Jean-Roger Caussimon

 

150. Familles à l’épreuve de la guerre d’Algérie, avec Raphaëlle Branche

L’invitée : Raphaëlle Branche, professeure à l’université de Nanterre

Le livre : « Papa, qu’as-tu fait en Algérie ? » Enquête sur un silence familial, Paris, La découverte, 2020.

La discussion :

  • Quel regard sur la mission confiée à Benjamin Stora concernant la guerre d’Algérie (1’)
  • La question des archives classifiées et difficilement accessibles en raison de l’IGI 1300 (2’30)
  • Les archives psychiatriques et la difficulté de les consulter pour ce livre (5’)
  • À l’origine de cette recherche : « ils n’en ont jamais parlé », ce discours sur le silence dès les années 1990 (7’)
  • La fausse évidence du « silence » sur cette guerre (10’)
  • Le traumatisme de guerre, loin d’être la seule catégorie pertinente pour appréhender le retour d’Algérie (12’)
  • Une expérience algérienne éclatée, aux antipodes de la mobilisation générale de 1914 par exemple (15’50)
  • Les ressemblances et différences avec l’expérience des Américains au Vietnam (18’)
  • Le déni officiel de la « guerre » en Algérie et son poids (21’40)
  • Une difficulté à se dire combattant, avec un poids des guerres mondiales qui tend à écraser l’expérience algérienne (24’40)
  • Une « désynchronisation » de retour d’Algérie (28’20)
  • Les modalités d’une enquête reposant notamment sur des témoignages et questionnaires, donnant leur place aux adelphies (groupes de frères et sœurs) (31’)
  • Le recours aux archives pour combler ou compenser trous ou biais des témoignages (36’)
  • Les documents personnels et leur apport (38’50)

Le conseil de film :

  • Les parapluies de Cherbourg (Jacques Demy, 1964)

90. Mémoires de la guerre d’Algérie, avec Benjamin Stora et Alexandra Badea (les mercredis des révolutions)

Troisième séance des “mercredis des révolutions“, université populaire organisée à la mairie du XVIIIe arrondissement par la Société d’histoire de la révolution de 1848, en partenariat avec “Paroles d’histoire”.

Les invité-e-s : Benjamin Stora (historien), Alexandra Badea (dramaturge) ; discussion animée par Philippe Darriulat

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La discussion :

  • Première question de Philippe Darriulat : la mémoire de la guerre d’Algérie dans la société française actuelle
  • Benjamin Stora (5’) : un rappel des exactions coloniales, et de la façon dont la plupart des pays européens esquivent cette mémoire
  • L’absence de la question coloniale dans la mémoire entretenue par la construction européenne
  • Une « bonne conscience coloniale » qui se perpétue de nos jours
  • La question coloniale, constitutive de la question nationale en France
  • Alexandra Badea (23’) : la mémoire encore compliquée du 17 octobre 1961, et du massacre de Thiaroye
  • Benjamin Stora (40’) : les premières résurgences mémorielles du 17 octobre 1961, et sa place mémorielle aujourd’hui, puisqu’on ne peut plus parler de méconnaissance ou d’occultation
  • Le rapport entre connaissance historique et reconnaissance mémorielle (51’)
  • La réappropriation récente, en Algérie, d’une part oubliée de l’histoire : Messali Hadj, Ferhat Abbas, le mouvement algérien dans toute sa pluralité

Pour aller plus loin :

Bibliographie de Benjamin Stora

Présentation du travail sur Thiaroye d’Alexandra Badea au Théâtre de la Colline

Entretien avec Cédric Maurin, professeur d’histoire, sur le projet d(atelier théâtral autour des “récits manquants”

88. Quand le Parlement européen (ré)écrit l’histoire, avec Christine Cadot et Sarah Gensburger

Les invitées: Christine Cadot, Maîtresse de conférences en science politique à l’Université Paris 8; Sarah Gensburger, Chargée de recherche au CNRS, directrice adjointe de l’Institut des sciences sociales du politique

Le sujet : Résolution du Parlement européen du 19 septembre 2019 sur l’importance de la mémoire européenne pour l’avenir de l’Europe

La discussion :

  • Une résolution du Parlement européen qui écrit de façon confuse l’histoire de la Seconde Guerre mondiale (1’50)
  • La journée commémorative du 23 août « en hommage aux victimes des régimes totalitaires », peu connue, (3’35)
  • Les « bonnes » intentions derrière ces dispositifs mémoriels (5’10)
  • Les changements mémoriels avec l’élargissement à l’est de l’Union européenne en 2004, qui conduit à inclure le communisme dans le « plus jamais ça » européen (6’30)
  • Le « pilier mémoriel » de l’élargissement de l’Europe, et les effets contre-productifs de certaines politiques mémorielles (9’30)
  • L’idée que la mémoire européenne ferait une appartenance européenne commune (13’30)
  • Une autre journée commémorative européenne, pour les attentats, le 11 mars (14’15)
  • Le rapport compliqué à la Russie actuelle dont témoigne le texte du Parlement européen (16’15)
  • La façon dont les instances européennes s’emparent des enjeux mémoriels, comme réponses à la crise de légitimité de l’UE (20’)
  • La sociologie des eurodéputés, qui les rend propices à se saisir de ces enjeux (23’10)
  • Quel statut juridique pour le texte du Parlement européen, qui n’a pas tout à fait force de « loi » ? (28’20)
  • Les dangers portés par ce texte en termes de relativisation des crimes nazis (32’30)
  • Problèmes et omissions du texte (37′)
  • Les limites plus générales des politiques de mémoire (40’)
  • Quelles mémoires doivent fabriquer les musées, les enseignants ? (44’)

Les références pour aller plus loin :

Christine Cadot, Mémoires collectives européennes, Presses universitaires de Vincennes, 2019.

Sandrine Lefranc, Sarah Gensburger, A quoi servent les politiques de mémoire? Paris, Presses de Sciences Po, 2017.

Article des “Décodeurs” (Le Monde) sur cette résolution

Article de Charles Heimberg critiquant cette résolution