145. Histoire de l’Afrique et de la colonisation, avec Camille Lefebvre (programme ENS 2020-2021)

L’invitée : Camille Lefebvre, chargée de recherche au CNRS

Lettre de l’émir des Touaregs Ibrahim Dassouk (ʾamīr tūāriq Ibrāhīm Dasūq) au colonel (al-Kulīnil), 1901, AN Niger, 7 B 1. 1, sous chemise Damergou, photo C. Lefebvre.

La question : « La France et l’Afrique, 1830-1962 » (programme 2020-2021 des concours d’entrée aux ENS, voir la lettre de cadrage de la question)

La discussion :

  • Un programme assez classique, au regard des renouvellements en histoire africaine et coloniale (1’)
  • Un champ de l’histoire très internationalisé (5’)
  • Les sources de l’histoire africaine, et l’importance des sources écrites locales, longtemps négligées (6’45), ouvrant sur la question des intermédiaires culturels, interprètes… (7’30)
  • Les questions de genre en situation coloniale (9’30)
  • La question clef de l’esclavage pour le XIXe siècle africain (14’)
  • Les enjeux spatiaux dans l’écriture de cette histoire (18’40)
  • Maghreb et Afrique subsaharienne : des historiographies artificiellement séparées ? (22’)
  • Une périodisation qui inclut la période 1830-1890, antérieure à la colonisation de la majeure partie de l’Afrique, moment de transformation profonde en Afrique de l’ouest (27’)
  • Conseils de lecture (30’)
  • La nécessité de réfléchir au vocabulaire de l’histoire coloniale (36′)

Bibliographie (proposée par Camille Lefebvre)

Pascale BARTHÉLÉMY, « « Je suis une Africaine… j’ai vingt ans ». Écrits féminins et modernité en Afrique occidentale française (c. 1940-c. 1950) », Annales. Histoire, Sciences Sociales, 2009/4, p. 825-852.

Hélène BLAIS, « Les enquêtes des cartographes en Algérie, ou les ambiguïtés de l’usage des savoirs vernaculaires en situation coloniale », Revue d’histoire moderne & contemporaine, 2007/4 (n° 54-4), p. 70-85

Frederick COOPER, Ann Laura STOLER, Repenser le colonialisme, traduction de l’anglais par Christian Jeanmougin, Paris, Payot, 2013.

Frederick COOPER, L’Afrique depuis 1940, Paris, Éd. Payot & Rivages, 2012.

Mamadou DIAWARA, « Les recherches en histoire orale menées par un autochtone, ou L’inconvénient d’être du cru », Cahiers d’études africaines, vol. 25, n°97, 1985. p. 5-19;

Benjamin N. LAWRANCE, Emily Lynn OSBORN, Richard L. ROBERTS, Intermediaries, interpreters, and clerks : African employees in the making of colonial Africa, Madison, University of Wisconsin Press, 2006.

Joël GLASMAN, « « Connaître papier ». Métiers de police et État colonial tardif au Togo », Genèses, 2012/1 (n° 86), p. 37-54.

Isabelle GRANGAUD et M’hamed OUALDI, « Tout est-il colonial dans le Maghreb ? Ce que les travaux des historiens modernistes peuvent apporter », L’Année du Maghreb, n° 10, 2014, p. 233‑254.

Camille LEFEBVRE, « Le temps des lettres. Échanges diplomatiques entre sultans, émirs et officiers français, Niger 1899-1903 », Monde(s), n°5, (1/2014), p. 57-80.

Isabelle SURUN, « L’exploration de l’Afrique au xixe siècle : une histoire pré coloniale au regard des postcolonial studies », Revue d’histoire du XIXe siècle, 2006/1 (n° 32), p. 21-39.

Jean-Paul ROTHIOT, « Une chefferie précoloniale au Niger face aux représentants coloniaux, naissance et essor d’une dynastie », Cahiers d’histoire. Revue d’histoire critique [En ligne], 85 | 2001, mis en ligne le 01 janvier 2004. URL : http://chrhc.revues.org/1747

Benedetta ROSSI, « Périodiser la fin de l’esclavage. Le droit colonial, la Société des Nations et la résistance des esclaves dans le Sahel nigérien, 1920-1930 », Annales. HSS, 2017/4 (72e année), p. 983-1021.

Jean-Louis TRIAUD, « 13 : Politiques musulmanes de la France en Afrique subsaharienne à l’époque coloniale », in Pierre-Jean Luizard, Le choc colonial et l’islam, La Découvert, 2006, p. 271-282.

 

Algérie :

James Macddougal, A History of Algeria, Cambridge, Cambridge UP, 2017, deux jeunes chercheurs viennent de sortir des livres importants Charlotte Courreye, Augustin Jaumier.

Sur les femmes : la maternité, le genre : Anne Hugon, Pascale Barthélémy, Barbara Cooper, Nancy Rose Hunt

 

Coté fiction ou pseudo-fiction :

Amadou Hampathé Bâ, Amkoulel l’enfant peul, Oui mon commandant ou l’étrange destin de Wangrin

Maurice Delafosse, Broussard ou les états d’âme d’un colonial, suivis de ses propos et opinions, Paris, Emile Larose, 1909, 89 p.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k49679w/f4.image.r=maurice%20delafosse%20broussard

 

 

 

 

 

 

68. Pouvoir et religion dans le monde romain (218 av. J-C / 235 ap. J-C, question d’agrégation 2020), avec Meriem Sebaï

L’invitée: Meriem Sebaï, maître de conférences à l’université Paris-I

Préparatifs d’un sacrifice à Mars. Bas-relief dit de Domitius Ahenobarbus, fin du IIe s. av. J.-C., Musée du Louvre.

Le thème : nouvelle question au programme de l’agrégation d’histoire pour 2020 : « Religion et pouvoir dans le monde romain de 218 avant notre ère à 235 de notre ère »
Consulter l’émission portant sur la question d’histoire médiévale.

Avertissement : l’entretien, réalisé à titre individuel, et les conseils donnés, ne reflètent pas une position officielle du jury de l’agrégation externe d’histoire.

La discussion :

  • Une question d’histoire religieuse reflétant une historiographie à maturité (1’00)
  • Le sens du cadre chronologique donné pour le programme, avec l’importance de la date de 212 à la fin de la période (3’05)
  • Une question qui n’est pas centrée sur la christianisation de l’empire (6’45)
  • La césure de la période augustéenne (7’45) et la notion de « culte impérial » (8’30)
  • La tension entre nouveautés religieuses et retour aux traditions à Rome (10’10)
  • La spécificité du vocabulaire romain en matière de cultes, centrés sur des pratiques (11’45)
  • Le cadre géographique de la question, dont la définition n’est pas  entièrement nette (15’15)
  • L’arrivée à Rome de cultes et de divinités venues d’ailleurs (17’00)
  • Des tensions et réticences envers ces nouveautés comme lors des Bacchanales (20’30)
  • Les effets religieux des guerres civiles (21’30)
  • Les rapports entre Rome et les monothéismes (23’10)
  • La place de John Scheid et de ses travaux dans l’historiographie de la question (24’35)
  • Quelles sources aborder pour se confronter à la question ? (29’30)
  • Conseils de lecture (33’)

Les conseils de lecture :
– John Scheid, La religion des Romains, Paris, Armand Colin, « Cursus », 3e éd., 2017.
– John Scheid, Religion et piété à Rome, Paris, Albin Michel, 2001.
– François Jacques et John Scheid, Rome et l’intégration de l’Empire. 44 av. J.-C- 260 ap. J.-C., Tome 1. Les structures de l’empire romain, Paris, PUF, « Nouvelle clio » 1990
– William Van Andringa, Quotidien des dieux et des hommes : la vie religieuse dans les cités du Vésuve à l’époque romaine, Rome, École française de Rome, 2009.
– Audrey Bertrand, La religion publique des colonies dans l’Italie républicaine et impériale (Italie médio-adriatique, IIIe s. av. n.è.-IIe s. de n.è.), Rome, École française de Rome, 2015
– Yann Berthelet, Gouverner avec les dieux. Autorité, auspices et pouvoir, sous la République romaine et sous Auguste, Belles Lettres, collection « Mondes anciens », Paris, 2015

67. Écrit, pouvoirs et société en occident XIIe-XIVe s. (question d’agrégation 2020), avec Antoine Destemberg

L’invité : Antoine Destemberg, maître de conférences à l’université d’Artois

Charte de Philippe Auguste, 1203, commentée en ligne sur le site THELEME

Le thème : nouvelle question au programme de l’agrégation d’histoire et du CAPES d’histoire-géographie pour 2020 : « écrit, pouvoirs et société en occident début XIIe fin XIVe (France, Angleterre, péninsule italienne, péninsule ibérique) »
Consulter l’émission portant sur la question d’histoire antique.

Avertissement : l’entretien, réalisé à titre individuel, et les conseils donnés, ne reflètent pas une position officielle du jury de l’agrégation externe d’histoire.

La discussion :

  • Une histoire à la fois sociale, culturelle et politique de l’écrit, qui a connu de forts renouvellements (1’45)
  • La coupure entre lettrés et illettrés désormais relativisée suite aux travaux de Jack Goody notamment (3’01)
  • Le lien entre accroissement du recours à l’écrit et affirmation des pouvoirs (5’40)
  • La perte des archives de Philipe Auguste à la bataille de Fréteval (1194) comme marqueur d’une prise de conscience d’une importance de l’écrit pour le pouvoir royal (7’40)
  • L’importance du droit et de l’outil juridique s’insérant dans les relations sociales à partir du XIIe s. (9’10)
  • Le recours de l’Église et des pouvoirs laïcs à des professionnels de l’écrit souvent formés dans les universités et les écoles (11’40)
  • Des compétences scripturaires encore rares dans une « société du manuscrit » (14’15)
  • Les différents types d’écoles qui ouvrent l’accès à l’écrit (15’20)
  • Différentes cultures de l’écrit dans les différents espaces géographiques au programme ? (17’15)
  • L’impossibilité de quantifier le recours à l’écrit, même si on réévalue à la hausse la proportion de la population urbaine lettrée (20’50)
  • L’accès au texte sacré de la Bible comme enjeu de pouvoir au Moyen âge (22’10)
  • L’écrit hagiographique comme enjeu, à travers l’exemple de François d’Assise (24’45)
  • Quelle périodisation pour cette question ? Pour la « révolution de l’écrit », l’essor de l’écrit pratique, du papier ? (27’)
  • Conseils de lecture (33’)

Les références citées et les lectures suggérées :

Manuels généraux et par espaces géographiques
– Histoire de France (collection Belin, volumes de Florian Mazel, Jean-Christophe Cassard, Boris Bove)
– Franck Collard, Pouvoirs et culture politique dans la France médiévale (Ve-XVe siècle), Paris, Hachette, « Carré histoire », 1999.
– Philippe Contamine, Histoire de la France politique, Paris, Seuil, coll. »Points », 2006.
– Jean-Pierre Delumeau et Isabelle Heullant-Donat, L’Italie au Moyen âge, Ve-XVe siècle, Paris, Hachette, « Carré histoire », 2000.
– François Menant, L’Italie des communes, 1100-1350, Paris, Belin, 2005.
– Denis Menjot, Les Espagnes médiévales, 409-1474, Paris, Hachette, « Carré histoire », 1996.
– Jean-Philippe Genet, Les îles britanniques au Moyen âge, Paris, Hachette, « Carré histoire », 2005.

Manuels et synthèses permettant d’aborder la question
Jean-Philippe Genet, La mutation de l’éducation et de la culture médiévales. Occident chrétien (XIIe-milieu du XVe siècle), 2 vol., Paris, Seli Arslan, 2000.
– Nathalie Gorochov et Cédric Giraud, Histoire culturelle du Moyen âge en occident, Paris, Hachette, 2019.
– Michel Sot, Anita Guerreau-Jalabert, Jean-Patrice Boudet, Histoire culturelle de la France, t. 1 : Le Moyen âge, Paris, Seuil, coll. « Points », 2005.

Articles
Paul Bertrand, « À propos de la révolution de l’écrit (Xe-XIIIe s.). Considérations inactuelles »
– Pierre Chastang, « L’archéologie du texte médiéval. Autour des travaux récents sur l’écrit au Moyen âge »
– Joseph Morsel, « Ce qu’écrire veut dire au Moyen âge. Observations préliminaires à une étude de la scripturalité médiévale »

Ouvrages spécialisés, approches des sources
Antoine Destemberg, L’honneur des universitaires au Moyen Âge. Étude d’imaginaire social, Paris, PUF, «Le nœud gordien», 2015.
– Paul Bertrand, Les écritures ordinaires : Sociologie d’un temps de révolution documentaire (entre royaume de France et Empire, 1250-1350), Paris, Publications de la Sorbonne, 2015.
– Michael T. Clanchy, From Memory to written record. England 1066-1337, Oxford, Blackwell, 1979.
– Étienne Anheim, Clément VI au travail. Lire, écrire, prêcher au xive siècle, Paris, Publications de la Sorbonne, 2014 (compte-rendu par Marie Lezowski)
– Didier Lett, Un procès de canonisation au Moyen Âge. Essai d’histoire sociale, Paris, Presses Universitaires de France («  Le nœud gordien  »), 2008 (compte-rendu par A. Destemberg)
– Olivier Guyotjeannin, Les sources de l’histoire médiévale, Paris, Le livre de poche, 1998.
– Olivier Guyotjeannin, Jacques Pycke et Benoît-Michel Tock, Diplomatique médiévale, Turnhout, Brepols, 1993, rééd., 2006.

Sites internet :

MENESTREL
Theleme (Techniques pour l’historien médiéviste)
Base des manuscrits enluminés
Le livre médiéval, exposition virtuelle de la BNF