313. La colonisation alphabétique, avec Serge Gruzinski

L’invité : Serge Gruzinski, directeur de recherche émérite au CNRS

Le livre : Quand les Indiens parlaient latin. Colonisation alphabétique et métissage dans l’Amérique du XVIe siècle, Paris, Fayard, 2023.

La discussion :

  • Introduction (00:00)
  • Une « colonisation alphabétique » au XVIe siècle et ses liens avec la révolution numérique (2:00)
  • Les ambivalences du rapport colonial et du projet scolaire espagnol au Nouveau Monde (9:30)
  • La centralité du latin dans les apprentissages coloniaux (24:00)
  • Christianiser des rites indigènes, apprendre la langue nahuatl (32:30)
  • Un parcours d’imprimeur au Nouveau Monde (40:30)
  • Un personnage d’indien latinisé et hétérodoxe : Carlos Ometoxchin (43:00)

Texte de la Psalmodia Christiana (1583)

Conseil de lecture : les Essais de Montaigne

297. Les résonances mondiales de 1848

Les invité-e-s:

  • Fabrice Bensimon (Professeur, Paris-Sorbonne)
  • Edward Blumenthal (MCF, Sorbonne Nouvelle)
  • Julie Marquet (MCF, Université du littoral-Côte-d’Opale)
  • M’hamed Oualdi (Professeur, Sciences Po Paris)
  • Emmanuelle Perez-Tisserand (MCF, université de Toulouse)
  • Romy Sanchez (CR au CNRS)

Le livre: Q. Deluermoz, E. Fureix, C. Thibaud (dir.), Les mondes de 1848. Au-delà du Printemps des peuples, Champ Vallon, 2023.

La discussion :

  • Introduction (00:00)
  • Cuba en 1848 avec Romy Sanchez (2:00)
  • Les résonances de 1848 en Amérique latine avec Edouard Blumenthal (7:40)
  • Les chartistes, l’empire britannique et 1848 avec Fabrice Bensimon (13:00)
  • Les établissements français de l’Inde en 1848, avec Julie Marquet (20:00)
  • L’empire ottoman en 1848, avec M’hamed Oualdi (30:50)
  • Le 1848 californien, avec Emmanuelle Perez-Tisserand (36:00)

 

286. Les enjeux raciaux des révolutions (les mercredis des révolutions)

 Les mercredis des révolutions, Université populaire de la société d’histoire de 1848 en partenariat avec Politis, Mediapart et Paroles d’histoire. Retrouvez tout le programme de la 6e saison (2022-2023).

Des soulèvements d’esclaves aux luttes anti-racistes, catégories raciales et mouvements insurrectionnels ont une longue histoire commune.

Dès les premiers temps de la traite esclavagiste atlantique au XVIe siècle, des révoltes traduisent l’opposition des individus mis en esclavage aux Amériques à la déshumanisation dont ils font l’objet. À la fin du XVIIIe siècle, la révolution haïtienne devient la première et la seule insurrection dite servile à être victorieuse et à déboucher sur la création d’un État indépendant dirigé par d’anciens esclaves. Pour autant, le monde des esclavages et de la traite atlantique avec ses héritages n’épuise pas le thème des connexions entre question raciale et insurrection. L’histoire de ce lien est aussi celle des luttes pour l’égalité civile des personnes racisées et celle des oppressions auxquelles elles sont confrontées, tout au long de la période contemporaine.

Qu’il s’agisse des réflexions sur les discriminations raciales des années 1930, ou des mouvements révolutionnaires des années 1960 et 1970, des civil rights aux Black Panthers, les épisodes qui mêlent émancipation et racialisation racontent l’histoire du monde euro-américain dans toute sa violence et sa complexité. Deux historien.nes des Amériques, Sarah Fila-Bakabadio (Université de Cergy) et Alejandro Gómez (Université Paris III Sorbonne Nouvelle) explorent les ressorts et les étapes de cette relation entre « race » et insurrection, de la Saint-Domingue coloniale à Black Lives Matter.

Séance animée par Romy Sanchez, enregistrée le 1er mars 2023.

239. Révolutions latino-américaines (les mercredis des révolutions)

Avec l’historienne Geneviève Verdo et le journaliste Maurice Lemoine

Séance animée par l’historien Edward Blumenthal, dans le cadre des Mercredis des révolutions en partenariat avec Politis

L’Amérique latine a souvent été associée à des expériences révolutionnaires dans l’imaginaire populaire et historiographique, depuis les guerres d’indépendance au début du XIXe siècle jusqu’au début du XXIe siècle. Bien que les langages et les revendications concrètes aient changé considérablement, certains enjeux ont continué à s’exprimer dans les mouvements sociaux jusqu’à aujourd’hui. L’égalité républicaine, les contours de la souveraineté populaire dans des sociétés marquées par des hiérarchies socio-ethniques, la distribution de la terre, des questions territoriales -entre autres-, véhiculent la mémoire des indépendances.

La discussion :

  • Introduction par Edward Blumenthal (00:00)
  • Présentation par Geneviève Verdo : quelles idées reçues sur les indépendances hispano-américaines ? (2:00)
  • Présentation de la Révolution mexicaine et des révolutions du XXe siècle par Maurice Lemoine (16:00)
  • Est-ce qu’il y a un atavisme révolutionnaire en Amérique latine ? (29:00)
  • La question du « populaire » dans les révolutions de la région (41:00)
  • La question des inégalités économiques et sociales (51:00)

238. Chefs révolutionnaires, avec David A. Bell

L’invité : David A. Bell, professeur à l’université Princeton

Le livre : Le culte des chefs. Charisme et pouvoir à l’âge des révolutions, Paris, Fayard, 2022.

La discussion :

  • Introduction (00:00)
  • Pourquoi étudier ensemble cinq « hommes à cheval » de la fin du XVIIIe siècle ? (1:20)
  • Le paradoxe d’hommes autoritaires nés de révolutions dites démocratiques (4:45)
  • Pourquoi une conception moderne du charisme émerge-t-elle dans cette période ? (10:00)
  • Un charisme construit et véhiculé par l’imprimé (14:00)
  • En quoi les conceptions du charisme changent après 1750 ? (16:00)
  • Que rôle joue l’apparence physique dans la construction du charisme ? (19:40)
  • Le charisme entendu comme une relation entre un chef, un entourage et un public (23 :00), avant tout pour les élites lettrées ? (24:00)
  • Quel lien entre sécularisation religieuse et culte des chefs ? (26:00)
  • Un modèle de virilité caractéristique de la période (28:40)
  • Robespierre, contre-exemple de la démonstration ? (30:30)
  • La construction charismatique de Toussaint Louverture compliquée par son origine d’esclave africain (35:05)
  • Un livre qui permet d’historiciser le phénomène Trump et la politique contemporaine ? (39:20)
  • Quelle place du « grand homme » dans l’historiographie ? (43:15)

Les références citées dans l’émission :

  • Table ronde de H-Diplo sur le livre de David Bell
  • Benedict Anderson, L’imaginaire national. Réflexions sur l’origine et l’essor du nationalisme, Paris, La découverte, 2006 [1983]
  • Robert B. Palmer, The Age of the Democratic Revolution: A Political History of Europe & America, 1760-1800, Princeton, Princeton University Press, 1969.
  • Jean-Claude Monod, Qu’est-ce qu’un chef en démocratie ? Politiques du charisme, Paris, Seuil, 2012.
  • Cristina Soriano, Tides of Revolution. Information, Insurgencies, and the Crisis of Colonial Rule in Venezuela, Albuquerque, University of New Mexico Press, 2018.

Le conseil de lecture : Antoine Lilti, Figures publiques. L’invention de la célébrité, 1750-1850, Paris, Fayard, 2014

203. Justiciers sommaires, avec Laurent Gayer et Gilles Favarel-Garrigues

Les invités : Laurent Gayer et Gilles Favarel-Garrigues, directeurs de recherche au CNRS (CERI-Sciences Po)

Le livre : Fiers de punir. Le monde des justiciers hors-la-loi, Paris, Seuil, 2021.

La discussion :

  • Le sujet du livre, l’auto-justice et ses différentes formes, pratiquée par des acteurs variés (1:40)
  • Un exemple de ces figures de « justicier », un encounter specialist de la police de Karachi, Rao Anwar (4:30)
  • Des actes d’auto-justice entre secret et médiatisation (6:50)
  • La violence punitive comme phénomène global aujourd’hui, avec des traductions en France (9:40)
  • Des éléments historiques pour penser ces actes : le charivari (11:30), l’« économie morale » (14:30)
  • Le double phénomène né aux États-Unis du lynchage (16:00) et du vigilantisme (21:20)
  • L’auto-justice, absente des États solidement installés, ayant réussi à obtenir le « monopole » weberien de la violence légitime ? (26:40)
  • Le recours à des peines ou supplices spectaculaires, en rupture avec la « sobriété punitive » identifiée par Michel Foucault ? (34:00)
  • Les contextes d’épuration et de sortie de guerre, propices à des formes d’auto-justice ? (35:50)
  • Les années 1970, moment de diversité maximale des « justiciers » autoproclamés (39:00)
  • Les déclinaisons culturelles de ces figures : Foxy Brown, Taxi Driver, The Punisher… dont les créateurs ont pris leurs distances avec les usages délétères du personnage (42:30)
  • Racines et logiques du vigilantisme contemporain, d’abord en Amérique latine (47:30) puis avec le tournant numérique (51:00)

Les références citées durant l’émission (par ordre alphabétique) :

  • James Allen (et. al.), Without Sanctuary – Lynching Photography in America, Palms Publishers, 2000
  • Tal Bruttmann et André Loez, « Watchmen, l’envers de l’histoire américaine », Paroles d’histoire n° 110, 15 avril 2020.
  • Michel Foucault, Surveiller et punir. Naissance de la prison, Paris, Gallimard, 1975.
  • Laurent Fourchard, Trier, exclure et policer. Vies urbaines en Afrique du Sud et au Nigeria, Presses de Sciences Po, « Académique », 2018.
  • David Garland, The Culture of Control : Crime and Social Order in Contemporary Society, Oxford, Oxford University Press, 2001.
  • Romain Le Cour Grandmaison, « « Vigilar y Limpiar ». Identification et auto-justice dans le Michoacán, Mexique [1] », Politix, 2016/3 (n° 115), p. 103-125. URL :
  • Dominique Linhardt, “Un monopole sous tension: les deux visages de la violence d’Etat”, 2019
  • Harel Shapira, Waiting for José: The Minutemen’s Pursuit of America, Princeton, N.J.: Princeton University Press, 2013.
  • Edward P. Thompson, « The moral economy of the English crowd in the Eighteenth Century », Past & Present, 50, 1971, p. 76-136, trad., « L’économie morale de la foule dans l’Angleterre du XVIIIe siècle », dans E. P. Thompson, Florence Gauthier, Guy-Robert Ikni et al. (éd.), La guerre du blé au XVIIIe siècle : la critique populaire contre le libéralisme économique, Montreuil, Éditions de la passion, 1988, p. 31-92; cf. D. Fassin « Les économies morales revisitées », Annales. Histoire, Sciences Sociales, 2009/6 (64e année), p. 1237-1266.
  • Edward P. Thompson, « “Rough Music” : le charivari anglais », Annales. Économies, Sociétés, Civilisations, 27ᵉ année, n°2, 1972, p. 285-312.

Les conseils de nos invités :

  • Atreyee Sen, Shiv Sena Women. Violence and Communalism in a Bombay Slum, Indiana University Press, 2007.
  • Mathew Heineman, Cartel land, film documentaire de 2015.

186. Historiographies d’ailleurs, avec Nathalie Kouamé, Aurélia Michel et Anne Viguier

Les invitées : Nathalie Kouamé (PR Université Paris), Aurélia Michel (MCF Université Paris), Anne Viguier (MCF Inalco)

Le livre : Nathalie Kouamé, Éric P. Meyer et Anne Viguier (dir.), Encyclopédie des historiographies : Afriques, Amériques, Asies ; Volume 1 : sources et genres historiques (Tome 1 et Tome 2), Paris, Presses de l’Inalco, 2020.

La discussion :

  • Les origines et les buts de l’Encyclopédie des historiographies (1:30)
  • Le rôle de l’INALCO et de ses presses dans la genèse du projet (6:00)
  • Le contenu du premier volume de cette Encyclopédie : « genres et sources », dans la variété des écritures non occidentales de l’histoire (8:45)
  • La variété des notices et des types de notices (9:45)
  • La tension entre conception occidentale des « sources » et la nature des récits du passé non occidentaux (11:00)
  • La place (réduite) des récits ou archives émanant de l’occident (15:00)
  • Les équilibres géographiques au sein du projet (21:35)
  • Des notices encyclopédiques classiques, et d’autres relevant plus d’une démarche de recherche (27:00)
  • Le cadre géographique large du projet (28:40)
  • La place donnée à des périodisations non occidentales ? (32:20)
  • Les objets comme sources (37:20)
  • Les traces du passé des sociétés dites sans écriture (38:45)
  • Le second volume du projet, à venir, consacré aux débats historiographiques (40:20)

 

139. Histoires de Tintin #13 : Tintin en Amérique latine, avec Fadi El Hage

L’invité : Fadi El Hage, historien moderniste, tintinophile, contributeur du site « cases d’histoire »

Le temple du soleil (c) Hergé /Moulinsart

Les albums :

  • L’Oreille cassée (1935-1937)
  • Le Temple du Soleil (1946-1948)
  • Tintin et les Picaros (1976)

La discussion :

  • La place de l’Amérique latine dans l’œuvre d’Hergé, mêlant pays réels et imaginaires (1’30)
  • Les paysages et leur place dans la narration (5′)
  • Des sociétés métissées (10′) et militarisées (13′)
  • L’Oreille cassée, et la transposition de la guerre du Chaco et des trafics d’armes de Zaharoff (17′), et des renversements de pouvoir dépourvus de sens idéologique (22’30)
  • Le Temple du Soleil et son hommage à la civilisation Inca (27’45)
  • Tintin et les Picaros et son traitement maladroit de l’actualité (37′)

Pour aller plus loin:

86. Esclavage et révolution, avec Emmanuel Fureix, Romy Sanchez et Ary Gordien

Les intervenants:

  • Emmanuel Fureix, professeur à l’Université Paris-est Créteil
  • Romy Sanchez, docteure en histoire
  • Ary Gordien, docteur en anthropologie, Chargé de recherches à l’Université de Paris/LARCA
  • Avec une contribution de Myriam Cottias, directrice de recherche au CNRS

Le débat: Esclavage et révolution, seconde séance des “mercredis des révolutions“, université populaire organisée à la mairie du XVIIIe arrondissement par la Société d’histoire de la révolution de 1848, en partenariat avec “Paroles d’histoire”.

65. Bibliothèque idéale et participative (2) : Temps modernes

Second épisode d’une série réalisée grâce aux contributions des auditrices et des auditeurs du podcast, qui ont envoyé un bref éloge d’un livre d’histoire les ayant marqués. Dans ce deuxième volet est évoquée dans sa diversité ce qu’on a coutume d’appeler l’époque moderne : les Espagnols au “nouveau monde”, l’esclavage aux Antilles, la Fronde, les guerres de religion, l’affaire Calas…

Vous pouvez écouter la première émission portant sur l’histoire antique et médiévale, et la troisième sur l’époque contemporaine et l’historiographie.

Les livres conseillés:

  • Bartolomé et Lucile Bennassar, 1492, Un monde  nouveau ?, Paris, Perrin, 1991 (par Stéphane Descazeaux)
  • Bernal Diaz del Castillo, Histoire véridique de la conquête de la Nouvelle-Espagne, Paris, La Découverte, 2009 (par Marc Jégou)
  • Nathan Wachtel, La vision des vaincus. Les Indiens du Pérou devant la conquête espagnole, 1530-1570 (par André Loez)
  • Frédéric Régent, La France et ses esclaves, de la colonisation aux abolitions (1620-1848), Paris, Grasset, 2007 (par Muriel Descas-Ravoteur)
  • Tyler Anbinder, La cité des rêves. New York, une histoire de 400 ans, Paris, Fayard, 2018 (par tolosamedia2)
  • Mike Dash, L’archipel des hérétiques. La terrifiante histoire des naufragés du Batavia, Paris, JC Lattès, 2002  (par Vincent Truffier-Blanc)
  • Robert Mandrou, Introduction à la France moderne 1500-1640, Paris, Albin Michel, 2e éd. 1998 (par Olivier Jandot)
  • Arlette Jouanna, Le devoir de révolte. La noblesse française et la gestation de l’État moderne, 1559-1661, Paris, Fayard, 1989 (par Fabien Lévy)
  • Janine Garrison, L’Affaire Calas, miroir des passions françaises, Paris, Fayard, 2004 (par Julie Duprat)
  • Lucien Bély, La société des princes, Paris, Fayard, 1999 (par Noémie Arnaud)
  • Sophie Vergnes, Les Frondeuses. Une révolte au féminin (1643-1661), Seyssel, Champ Vallon, 2013 (par Clara Coudon)
  • Edmond Dziembowski, La guerre de sept ans, Paris, Perrin, 2015 (par Gwendal Piégais)