15. Femmes et prostitution durant la Révolution, avec Clyde Plumauzille

L’invitée : Clyde Plumauzille, chargée de recherches au CNRS, membre du LabEx EHNE

Le livre : Prostitution et révolution. Les femmes publiques dans la cité républicaine (1789-1804), Paris, Champ Vallon, 2016.

La discussion : un état des lieux de l’univers prostitutionnel à Paris à la veille de la Révolution, et son cadre légal contraignant (2’), la place spécifique de la prostitution dans les cahiers de doléances (4’45), les caractéristiques sociales des femmes arrêtées comme prostituées sous la Révolution (5’50) et l’importance méthodologique de ne pas réifier la catégorie « prostituées », d’envisager un « continuum de pratiques » (6’50), une filiation historiographique qui n’est pas seulement celle d’Alain Corbin, mais aussi de Jill Harsin, pour en faire une histoire sociale (9’30), l’intégration de l’histoire de la prostitution dans une histoire du travail (10’50), comment combiner une “agency” (capacité d’agir) de ces femmes, avec l’existence de contraintes et de dominations (13’), l’univers social dans lequel évoluent ces femmes, avec des clients / amants / amis / souteneurs (ces derniers assez rares) (14’55), la source très rare que constitue le journal d’Alexandre Brongniart racontant ses relations avec des prostituées (17’30), le Palais-Royal comme lieu central de la prostitution sous la Révolution (18’30), les plaintes des riverains attestant d’une « lutte des places » parmi les classes populaires dans l’espace urbain (20’30), le contrôle policier adossé à une crainte des maladies vénériennes (22’30), le paradoxal silence des législateurs révolutionnaires sur la prostitution, avec une dépénalisation silencieuse (24’35), un tournant hostile à la prostitution et plus largement aux femmes dans l’espace public en 1793 (27’50), une distinction entre droit de cité et droit à la cité qui montre la citoyenneté « diminuée » de femmes désignées comme prostituées, encore vérifiable aujourd’hui (31’), face à ces contraintes, la ressource de l’écriture, pour des femmes incarcérées après la Terreur (33’45).

Les références citées dans le podcast :
Gérard Noiriel, Introduction à la socio-histoire, Paris, La découverte », « Repères », 2006.
– Alain Corbin, Les filles de noce, Misère sexuelle et prostitution (XIXe et XXe siècles), Paris, Aubier Montaigne, 1978.
– Jill Harsin, Policing Prostitution in Nineteenth Century Paris, Princeton, Princeton University Press, 1985
– Arlette Farge, La vie fragile, violences, pouvoirs et solidarités à Paris au XVIIIe siècle, Paris, Hachette, 1986.
– Anne Simonin, Le déshonneur dans la République. Une histoire de l’indignité 1791-1958, Paris, Grasset, 2008.
-Emmanuel Blanchard, La police parisienne et les Algériens (1944-1962), Paris, éd. Nouveau monde, 2011, 448 p.

Le conseil de lecture : Park Mun-wung, Mémoires d’un frêne, d’après une nouvelle de Choi Yong-tak, Rue de l’échiquier, 2018.

 

6. Ouvriers britanniques à Paris au XIXe s., avec Fabrice Bensimon

L’invité : Fabrice Bensimon, professeur d’histoire et de civilisation britanniques à l’université Paris-IV, membre du Centre d’Histoire du XIXe siècle

Le livre : Les sentiers de l’ouvrier. Textes de John Colin, Charles Manby Smith et William Duthie, traduits par Sabine Reungoat, présentés par Fabrice Bensimon, Paris, éditions de la Sorbonne, 2018, 136 p. , 15€.

La discussion : comment les historiens ont recherché et fait émerger des autobiographies issues des classes populaires (2’), qui écrit mais aussi qui n’écrit pas dans les classes populaires britanniques au XIXe siècle (5’50), les logiques migratoires de la Grande-Bretagne vers la France, où se trouve notamment un marché noir de l’édition à l’époque (8’10), le décalage de qualification entre Britanniques et Français au début de l’industrialisation (10’), liberté de circulation vs. contrôle des passeports et des déplacements (13’), le rapport distant des ouvriers britanniques à l’effervescence politique française des années 1830-1848 (15’45), à propos de politisation, « the » question : pourquoi pas de révolution en Grande-Bretagne en 1848 ? (18’20), les sociabilités populaires et ouvrières dans le Paris des années 1830-1840 (22’45), la « Saint lundi » et les résistances aux rythmes accrus du travail (24’30), l’intégration de ces ouvriers dans la société française, entre ouverture et fermeture avec l’émergence d’un « langage de la nationalité » (27’).

Les références citées dans le podcast :

Martin Nadaud, Mémoires de Léonard, maçon de la Creuse, présentation, notes et bibliographie de Jean-Pierre Rioux, Paris, Vendémiaire, 2012 [1895]

Agricol Perdiguier, Mémoires d’un compagnon, Paris, Maspero, 1977 [1854-1855]

Edward P. Thompson, La Formation de la classe ouvrière anglaise, Paris, Seuil, « Points », 2012 [1963]

Jacques-Olivier Boudon, Le Plancher de Joachim. L’histoire retrouvée d’un village français, Belin, 288 pp., 24 €.

Le conseil de lecture : Jill Lidington et Jill Norris, Histoire des suffragistes radicales, Paris, Libertalia, 2018 [1978].