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L’invitée : Charlotte Guichard, directrice de recherches au CNRS
Le livre : La griffe du peintre, Paris, Seuil, « Univers historique illustré », 2018.La discussion : le titre du livre, la « griffe » entre métaphore animale, geste auctorial, et dispositif technique (1:40) ; la signature médiévale ou renaissante comme marque de l’atelier (4:15) ; le monogramme de Dürer, affirmation de l’auteur mais pas encore autographe (5:45) ; les raisons qui font émerger la signature dans le tableau au XVIIIe siècle (6:55) ; les transformations du statut de « l’auteur » dans la période, et sa manifestation dans la signature (7:45) ; l’émergence d’un public qui sait regarder différemment les tableaux et leurs signatures (10:20) ; en retour, la complexité des choix d’emplacements pour les signatures, chez Chardin ou Boilly (11:50) ; les conditions nouvelles de la notoriété des peintres via les Salons notamment (13:05) ; le jeu de la singularité et de la répétition pour de mêmes tableaux (15:30) ; un jeu de répétitions et d’échos encore compliqué par la gravure (18:00) ; la peinture de Fragonard comme « performance » visible dans sa signature (20:10) ; la signature, “signe défaillant” et indice non fiable, suivant les analyses de Carlo Ginzburg (23:00) la nouveauté de la logique du nom au XVIIIe siècle, en l’absence de cartel ou de cartouche sur le cadre, et le contexte « démocratique » de la naissance du cartel au moment de la Révolution française (24:10) ; la « forme tableau » elle-même non encore stabilisée au XVIIIe siècle, qui n’est pas seulement une image, et dont il faut faire l’histoire (26:25) ; signer de son nom, une forme d’émancipation pour un artiste d’atelier, à travers l’affaire Casanova-Loutherbourg (29:45) et la signature de femmes pourtant mineures juridiquement comme Élisabeth Vigée-Lebrun (33:30), la signature monumentale et personnelle à la fois de David (36:15) ; les réorganisations révolutionnaires du rapport au nom et à la signature (39:40) ; plus largement la nécessité de faire dialoguer l’histoire de l’art avec une histoire matérielle et sociale de la culture, où les artistes contribuent à définir la valeur de leurs œuvres (43:20).
Les références citées dans le podcast :
– Pierre Bourdieu, Yvette Delsaut, « Le couturier et sa griffe : contribution à une théorie de la magie », Actes de la Recherche en sciences sociales, n°1, janvier 1975
– Béatrice Fraenkel, La Signature. Genèse d’un signe, Paris, Gallimard, 1992.
– Carlo Ginzburg, « Signes, traces, pistes. Racines d’un paradigme de l’indice », Le débat (nov. 1980), p. 3-44.
– Pierre-Michel Menger, Portrait de l’artiste en travailleur, Paris, République des Idées & Seuil, 2003.
– Luc Boltanski et Arnaud Esquerre, Enrichissement : une critique de la marchandise, Paris, Gallimard, coll. « NRF Essais », 2017.
Les conseils de lecture :
– Svetlana Alpers, L’Art de dépeindre. La peinture hollandaise au XVIIᵉ siècle, Paris, Gallimard, « Bibliothèque illustrée des histoires », 1990
– Svetlana Alpers, L’atelier de Rembrandt. La liberté, la peinture et l’argent, Paris, Gallimard, 199
– Roger Chartier, Lectures et lecteurs dans la France d’Ancien Régime, Paris, Seuil, 1987.
– Sophie Cras, L’économie à l’épreuve de l’art, Art et capitalisme dans les années 1960, Dijon, Presses du Réel, 2018.