142. Statues contestées #3 : Antilles, États-Unis, les épicentres de la contestation

Depuis mai 2020, à travers le monde, les statues et monuments ayant un lien avec le passé colonial et esclavagiste sont contestées et parfois renversées. Une irruption des enjeux mémoriels dans l’espace public qui fait l’objet de cinq émissions du podcast:

1. Tempête mémorielle dans l’espace public

2. Aux sources de l’iconoclasme

3. Antilles, États-Unis, les épicentres de la contestation

4. Tour du monde des statues renversées

5. Déboulonner, et après ?

La liste des textes, interviews et articles sur les statues contestées est à consulter ici, ainsi que cette liste établie par Liesbeth Corens

Liste des intervenantes et des intervenants :

127. Histoires de Tintin #4 : Fétiches et musées dans Tintin, avec Vincent Guigueno

L’invité: Vincent Guigueno, historien, conservateur du patrimoine au Musée du quai Branly

Le thème: Tintin et les musées, Tintin au musée

La discussion :

  • Les musées, une question centrale pour Tintin, avec une « double incorporation » : des musées dans l’œuvre d’Hergé, mais aujourd’hui de cette œuvre et de Tintin aux musées (1’)
  • Le contexte des années 1920 et 1930, marqué par une fascination pour les musées et les explorateurs, et une évolution des musées (4’20)
  • Les différents musées présents dans Tintin, ainsi que les collections, les réserves, et la profusion des objets dans l’œuvre (8’40)
  • L’oreille cassée, dont toute l’intrigue repose sur le vol d’un objet dans un musée ethnographique (13’50)
  • Tintin et le code du patrimoine (18’)
  • La biographie de la statuette Chimu représentée dans l’Oreille cassée (20’)
  • Le mot « fétiche » et son sens, et le jeu très complexe sur les valeurs de l’objet qu’il implique (22’)
  • Valeur marchande et vol (28’)
  • Le personnage de Ridgewell, figure emblématique de l’ethnologue tel qu’on se le représente alors (33’)
  • Le fétiche démultiplié et reproduit en série (37’)
  • Ce qu’on trouve dans le « musée ethnographique » de l’album (41’)
  • Le « fétiche » du Trésor de Rackham le rouge (42’50)
  • La salle de marine du château de Moulinsart, et la collecte des objets (46’)
  • Le parcours historique de rémémoration du capitaine Haddock (49’)
  • La façon dont Hergé est entré au musée, à Angoulême puis à Bruxelles (54’)
  • Des planches de BD qui suscitent des recherches : l’exemple des momies (59’)
  • La muséification d’Hergé, et la valeur marchande de Tintin (1’00’30)
  • La dimension nostalgique de Tintin, qui peut être contrebalancée par une universalisation de la bande dessinée, de la BD extra-européenne (1’05’00)

Références bibliographiques

98. Héroïsmes ordinaires et méconnus : Harriet Tubman et Rick Rescorla

Deux figures héroïques, ordinaires et relativement méconnues, en France du moins:

Harriet Tubman (1822-1913)

Rick Rescorla (1939-2001)

Pour aller plus loin:

Portrait de Rick Rescorla

Synthèse historiographique sur l’Underground railroad

Musique de fin: I will survive, version prof / coronavirus, par Michael Bruening

 

 

94. Défendre le service public de l’enseignement et de la recherche, avec Aurélia Michel, Florent Piton et Clyde Plumauzille

Les invité-e-s: Aurélia Michel (maîtresse de conférences, Université Paris-Diderot), Florent Piton (doctorant et ATER, Université Paris-Diderot) et Clyde Plumauzille (Chargée de recherche au CNRS)


Affiche par Fred Sochard

Le thème : La Loi de Programmation Pluriannuelle sur la Recherche, en cours de rédaction

La discussion :

  • Ce qu’on connaît du projet de loi : pilotage et compétition, dans la lignée de politiques menées depuis une quinzaine d’années
  • La question de l’évaluation au cœur de ces enjeux
  • La course à la publication provoquée par ce modèle
  • L’idée d’une loi « darwinienne » défendue par le président du CNRS
  • Les problèmes posés par une conception instrumentale de la recherche
  • La précarité accrue à l’horizon de la loi LPPR
  • La seule solution possible et urgente : créer des postes fixes et pérennes
  • Les menaces portant sur les revues
  • L’ampleur inédite du mouvement, les formes de mobilisation envisagées

Liens et ressources :

93. Inquiétantes restrictions sur les archives contemporaines, avec Isabelle Neuschwander et Maurice Vaïsse

Les invité-e-s

  • Isabelle Neuschwander, chercheuse et archiviste, ancienne directrice des Archives Nationales
  • Maurice Vaïsse, historien, professeur émérite à sciences-po, spécialiste d’histoire internationale de la Ve République

La discussion

  • Le cadre légal de la communication des archives en France : la loi de 2008 (intégrée au Code du Patrimoine) et ses principes
  • Les différents délais de communicabilité, leurs raisons d’être, les possibilités de dérogation
  • Les dispositions critiquables de la loi, s’agissant de ce qui concerne le nucléaire, avec des archives définitivement incommunicables
  • Une loi qui s’applique à différentes institutions et différents dépôts d’archives
  • Le cœur du problème actuel : l’Instruction Générale Interministérielle (IGI) 1300 de 2011
  • La façon dont Maurice Vaisse s’est vu opposer le refus de consultation de certaines archives en vertu de ce texte
  • Les contradictions entre l’IGI 1300 et le Code du Patrimoine quant à la classification « secret » des documents
  • Le problème de la hiérarchie des normes : la loi de 2008 et le Code du Patrimoine devraient prévaloir sur l’IGI 1300
  • Un surcroît de travail inutile pour les archivistes
  • Des exemples concrets de recherches bloquées par ces dispositions
  • La question de l’historicité du « secret » et de ses catégories
  • Une comparaison avec les pratiques archivistiques américaines et le Freedom of Information Act (1966)
  • Le principe français de respect des fonds, que l’IGI 1300 risque de fragiliser

Références

Cadre légal

Tribunes et articles

  • « Archives et transparence, une ambition citoyenne », La Gazette des archives, n° 255 (2019-3)
  • Lettre des historiens américains au président Macron (11 février 2020)
  • Tribune d’historien-ne-s dans Le Monde (13 février 2020)
  • Tribune d’historien-ne-s étrangers dans Le Monde (13 février 2020)
  • Tribune de l’Association des archivistes français (19 février 2020)
  • Dossier en ligne sur le site Histoirecoloniale.net

Analyses

  • Gilles Morin,”Archives : entre secret et patrimoine“,  Histoire@Politique, N°5, mai-août 2008
  • Maurice Vaïsse, « Un historien face au secret des archives », 20 & 21. Revue d’histoire, 2019/3 N° 143, p. 149 à 155
  • Marion Veyssière, « La communication des archives publiques en France », 20 & 21. Revue d’histoire, 2019/2 N° 142, p. 141-151
  • Blog “Droit(s) des archives”

 

91. Révolution et roman, avec Michèle Audin et Judith Lyon-Caen

Quatrième séance des “mercredis des révolutions“ (édition 2019-2020), université populaire organisée à la mairie du XVIIIe arrondissement par la Société d’histoire de la révolution de 1848, en partenariat avec “Paroles d’histoire”.

Les invitées: Michèle Audin est écrivaine et amatrice d’histoire. Son roman Comme une rivière bleue (Gallimard, 2017) a pour cadre (et pour personnage) Paris pendant la Commune de 1871. Elle a aussi rassemblé et présenté les textes du communard Eugène Varlin (Libertalia, 2018).
Judith Lyon-Caen, historienne, enseigne à l’École des hautes études en sciences sociales. Elle explore les relations entre histoire et littérature au xixe et au xxe siècles. Dans La Griffe du temps (Gallimard, 2019), elle réfléchit à ce que l’histoire peut dire de la littérature en enquêtant sur une nouvelle des Diaboliques de Barbey d’Aurevilly (1874).

Discussion animée par Thomas Bouchet

87. Autour de Jean Delumeau, avec Guillaume Cuchet et Isabelle Poutrin

Le thème : Jean Delumeau (1923-2020), son œuvre et sa place dans l’historiographie

Jean Delumeau dans “Apostrophes” en 1978

Les invité-e-s : Isabelle Poutrin, Professeure d’histoire moderne à l’université de Reims ; Guillaume Cuchet, Professeur d’histoire contemporaine à l’université de Paris-est Créteil.

La discussion :

  • La place majeure tenue par Jean Delumeau dans l’historiographie (1’)
  • Un parcours universitaire qui conduit à Rome et à l’histoire moderne (4’)
  • À l’origine, loi du religieux, un historien de l’économie et de la société, sur les lancées de Fernand Braudel (6’)
  • Extrait : Jean Delumeau et l’alun de Rome (8′)
  • Un historien des grands mouvements et de la longue durée (11’30)
  • Extrait : le choix d’écrire un volume de la Nouvelle Clio sur la Réforme (13′)
  • Un historien soucieux d’œcuménisme (15’)
  • Jean Delumeau participant de la construction d’une légitimité de l’histoire religieuse, longtemps marginale ou cléricale (16’)
  • Un historien des « mentalités » (18’)
  • Un talent du texte et de la citation (21’)
  • Comment articuler l’histoire des croyances, et celles des pratiques sociales ? (25’)
  • Une carrière singulière, au Collège de France, avec des enquêtes collectives (29’)
  • Extrait : la peur en occident (introduction de la 2e partie, lue par Héloïse Chéronnet, 28’30)
  • Un historien de la peur, mais pas seulement, en lien dialectique avec une dimension rassurante de l’Église et du paradis (31’)
  • Des prolongements aux idées de Delumeau, sur le « contexte panique » du XVIe siècle, chez Denis Crouzet ou Caroline Callard (33’)
  • Jean Delumeau, essayiste catholique, aux prises avec la « déchristianisation » (34’)
  • Les liens entre passé et présent dans son œuvre, et la question du degré de christianisation du Moyen âge (37’)
  • Les critiques adressées par Jean Delumeau à l’Église et à son rigorisme (39’)
  • Une (légère) ouverture à l’histoire des femmes (42′)
  • Un livre collectif questionnant L’historien et la foi (1996) (44′)
  • Quelle postérité ?

Liens et bibliographie :

Références citées durant l’émission et prolongements :

83. Polices politiques du bloc de l’est, avec Emmanuel Droit

L’invité : Emmanuel Droit, professeur d’histoire à Sciences Po Strasbourg

Le livre : Les polices politiques du bloc de l’est, à la recherche de l’internationale tchékiste 1955-1989, Paris, Gallimard, 2019.

La discussion :

  • Le projet de réaliser une histoire transnationale des polices politiques du bloc de l’est (1’45)
  • Les lacunes documentaires liées aux destructions d’archives (4’)
  • Les défis pratiques de l’histoire transnationale : apprendre la langue polonaise pour lire les sources ! (5’30)
  • Le travail spécifique sur des sources bureaucratiques à la fois arides et révélatrices (8’)
  • La notion de « bloc de l’est » qu’il faut en partie questionner, ou déconstruire (10’)
  • La Tchéka, née en 1917, et référence mobilisée dans les années 1950 afin notamment de mettre à distance les politiques répressives staliniennes (11’40)
  • La mise en place des polices politiques en Europe de l’est après 1945, de façon différenciée suivant les pays
  • L’image du tchékiste, parfait communiste
  • L’articulation entre dimensions socialiste, policière et patriotique de leur identité (20’)
  • Le tournant de la fin des années 1960, après le Printemps de Prague et avec la hausse des voyages au sein du bloc de l’est (22’30)
  • Une période qui remet en question l’image d’immobilisme ou de stagnation à l’est dans les années 1970, si l’on essaie de penser les futurs non advenus et de ne pas raconter l’histoire par la fin (26’)
  • L’exportation des pratiques policières dans le Tiers-Monde, au temps de la guerre froide globale : Cuba, Nicaragua, Yemen… (28’30)
  • Le défi du terrorisme international dans les années 1970, et l’ambiguïté des pays de l’est à son égard (31’)
  • La tension dans la pratique tchékiste entre le secret et l’affichage (33’)
  • Le fossé mémoriel entre Russie et Europe de l’est sur a question (35’)
  • Comment penser le passé de la RDA aujourd’hui, sans nostalgie ni simplifications faisant de la Stasi la seule composante de cette expérience ? (38’30)

Le conseil de lecture : Chris Kraus, La fabrique des salauds. Trad. de l’allemand par Rose Labourie. Belfond, 2019.

79. L’histoire en chansons sur l’Histgeobox, avec Julien Blottière

L’invité : Julien Blottière, professeur d’histoire-géographie et animateur de l’Histgeobox

La discussion :

 

77. Faire l’histoire médiévale du “Saint Suaire”, avec Nicolas Sarzeaud

L’invité : Nicolas Sarzeaud, médiéviste, doctorant à l’EHESS

Négatif de la photographie du suaire prise en 1898 par Secondo Pia

L’objet : le suaire conservé à Turin, et les controverses qu’il alimente

La discussion :

  • Le statut et la façon de nommer l’objet connu comme « suaire de Turin », et les problèmes de qualification que cela pose : suaire, linceul, relique, drap, image, « saint suaire »… ?
  • L’existence d’une « discipline » propre à l’étude de cet objet, la « sindonologie », qui vise à prouver que le suaire est authentiquement celui qui entourait le Christ, avec des méthodes para- ou pseudo-scientifiques
  • La page wikipédia du suaire de Turin, reflet de cette tension entre partisans de l’authenticité, et chercheurs attachés à la datation établie au XIVe siècle
  • Un débat paradoxal : l’objet est très bien connu, beaucoup plus que beaucoup d’autres artefacts du Moyen âge, et très peu « mystérieux » en réalité
  • Le nombre étonnant des reliques du Christ au Moyen âge : environ 80 suaires !
  • Un débat dont les données se nouent à la toute fin du XIXe siècle, à travers les photographies du suaire par Secondo Pia qui ont assuré sa popularité, en tant que « négatif » de l’image du Christ, à un moment déterminant pour l’histoire des images
  • La remise en cause de l’authenticité du suaire par Ulysse Chevalier au début du XXe siècle, avec les outils de la critique documentaire, et les violents débats que cela suscite
  • Les stratégies discursives des « sindonologues » pour étayer l’idée de l’authenticité du suaire
  • Pour « remédiévaliser » le suaire, tour d’horizon des sources contemporaines du XIVe siècle, et des premiers conflits qui entourent l’objet
  • Des conflits qui impliquent le roi de France et la papauté
  • La valeur de l’objet et les litiges qui continuent de l’entourer au XVe siècle
  • Comment inscrire le suaire dans un questionnement plus général sur les reliques médiévales ?

Bibliographie (établie par Nicolas Sarzeaud) :

Pour les italianophones, l’ouvrage le plus complet sur l’histoire du saint Suaire depuis le xive siècle est celui d’Andrea Nicolotti, Storia e leggende di una reliquia controversata, Turin, Einaudi, 2015. Il a aussi produit plusieurs autres livres sur les théories sindonologiques, notamment en anglais From the Mandylion of Edessa to the Shroud of Turin. The Metamorphosis and Manipulation of a Legend, Leyde, Brill, 2014.

En français, les références sont plus anciennes mais on peut lire la très belle réflexion d’Odile Cellier sur l’histoire du saint Suaire et sa place dans le catholicisme contemporain, Le Signe du linceul, Paris, Cerf, 1992. Une synthèse en ligne ancienne mais de très bonne qualité a été publiée par l’archiviste André Perret, « Essai sur l’histoire du Saint Suaire du XIVe au XVIe siècle. De Lirey (Aube) à Chambéry », Mémoires de l’Académie Des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Savoie, IV, 1960, p.49-121 :

L’étude du saint Suaire dans une perspective d’histoire sociale est récente et en pleine expansion. On peut citer pour l’époque moderne un ouvrage italien de Paolo Cozzo, La geografia celeste dei duchi di Savoia. Religione, devozioni e sacralità in uno stato di età moderna, Bologne, Mulino, 2006 et la publication d’un colloque récent : Paolo Cozzo, Andrea Merlotti, Andrea Nicolotti (dir.), The Shroud at Court. History, Usages, Places and Images of a Dynastic Relic, Leyde, Brill, 2019

Pour se pencher sur un autre suaire à l’œuvre au Moyen Âge, celui de Cadouin-Toulouse a été remarquablement étudié par Michelle Fournié dans plusieurs articles, notamment celui-ci : «Les miracles du suaire de Cadouin-Toulouse et la folie de Charles VI », Revue d’Histoire de l’Église de France, t. 99, Paris, 2013, p. 25-52.  A l’heure de l’enregistrement du podcast se tenait un colloque sur la Sainte-Coiffe de Cahors, autre suaire méridional, dont on attend la publication.

Sur la question de la position de l’historien face aux croyances, Jean-Claude Schmitt a écrit des articles fondamentaux, notamment « Les “superstitions” », dans Jacques Le Goff et René Rémond (dir.), Histoire de la France religieuse, tome I, Des dieux de la Gaule à la papauté d’Avignon, Paris, Éditions du Seuil, 1988, p. 425 ou encore « ‘Religion populaire’ et culture folklorique (note critique) », Annales, 31e année, n°5, 1976, p.941-953. Un merveilleux exemple de cette démarche au travail est Le saint lévrier. Guinefort, guérisseur d’enfants depuis le XIIIe siècle, Paris, Flammarion, 2004 (1ère éd. 1979).

A propos des croyances contemporaines et de la difficulté qu’ont les sciences humaines à se saisir sans préjuger des dévotions du proche, le sociologue Pierre Lagrange donne un point de vue stimulant dans, “Pourquoi les croyances n’intéressent-elles les anthropologues qu’au-delà de deux cents kilomètres ?”, Politix, 2012/4 (n° 100), p. 201-220.

Les autres références citées dans l’émission :

  • Roland Barthes, La chambre claire. Note sur la photographie, Paris, gallimard, 1980.
  • Pierre-Olivier Dittmar, « La mécanique des suaires », 2012
  • Patrick J. Geary, Le vol des reliques au Moyen âge : furta sacra, Paris, Aubier, 1993.
  • Andrea Nicolotti, Il processo negato. Un inedito parere della Santa Sede sull’autenticità della Sindone, Rome, Viella, 2015.
  • Catherine Vincent, Fiat Lux. Lumière et luminaires dans la vie religieuse du XIIIe au XVe siècle, Paris, Cerf, 2004.