76. Relire Le Fromage et les vers de Carlo Ginzburg, avec Marie Lezowski et David Dominé-Cohn

Les invité-e-s : Marie Lezowski (maîtresse de conférences en histoire moderne à l’université d’Angers), David Dominé-Cohn (professeur d’histoire et doctorant en histoire médiévale)

Le livre : Carlo Ginzburg, Le Fromage et les vers. L’univers d’un meunier au XVIe siècle, Paris, Aubier, 1980 [1976].

La discussion :

  • Résumé du livre : le procès d’inquisition de Domenico Scandella, dit Menocchio, un meunier à la cosmogonie originale et contredisant les enseignements de l’Église (1’45)
  • La forme originale de l’ouvrage, personnelle, éclatée, suivant la logique du dossier d’inquisition (4’45)
  • La thèse forte de Ginzburg sur les idées de Menocchio nées du croisement entre l’imprimerie et un fond de croyances paysannes (6’50)
  • Comment ce livre est devenu un classique de l’historiographie, et comment les invité-e-s ont rencontré le livre (8’10)
  • Le contexte d’écriture du livre, et la figure de Carlo Ginzburg (11’30)
  • Une attention, à travers Menocchio, aux dominés et aux persécutés (14’20)
  • La remise en cause partielle de l’histoire des « mentalités » (17’00)
  • L’influence de Marc Bloch sur Carlo Ginzburg (18’20)
  • Une idéalisation du monde paysan chez l’auteur (20’)
  • La méthode philologique de Carlo Ginzburg, et sa lecture très particulière des sources inquisitoriales (21’50)
  • Le travail de Carlo Ginzburg sur les écarts entre questions des inquisiteurs et réponses de Menocchio (25’35)
  • Les rapports entre Menocchio et ses voisins de village ou son auditoire, en lien avec le rôle social d’un meunier (29’15)
  • Comment un meunier du Frioul sait-il lire ? Quels livres, et comment les lit-il ? (31’45)
  • Présentation de la microstoria, les liens qu’elle fait entre « cas » et contexte, sa capacité à « prendre au sérieux l’anomalie » (35’10)
  • Menocchio, un personnage dont les conceptions religieuses propres entrent en résonance avec des thèmes issus de la Réforme protestante (38’15)
  • La mise en scène narrative opérée par Carlo Ginzburg, qui a songé écrire ce livre à la façon des Exercices de style de Queneau (39’45)
  • Quel regard porter aujourd’hui sur le cas Menocchio ? (41’40)
  • Un rapprochement entre Menocchio, et Louis-François Pinagot, ce sabotier de l’Orne étudié par Alain Corbin ? (43’)
  • Un livre admirable mais dont les conclusions sur un « substrat oral » d’une culture paysanne sont fragiles (43’45)
  • La postérité du livre, pour l’étude des croyances « hors normes » (46’30)

Les conseils de lecture :

  • Samir Boumediene, La colonisation du savoir. Une histoire des plantes médicinales du « Nouveau Monde » (1492-1750), Vaulx-en-Velin, Éditions des Mondes à faire, 2016.
  • Carlo Ginzburg, « Signes, traces, pistes : racines d’un paradigme de l’indice », Le Débat, 6, 1980, p. 3-44.

Les références bibliographiques (par ordre alphabétique) :

  • Patrick Boucheron, « Préface », Le Fromage et les vers, Paris, Flammarion, coll. Champs, 2018.
  • Jean Boutier et Philippe Boutry, « L’invention historiographique. Autour du dossier Menocchio », Enquête, 3, 1996, mis en ligne le 11 juillet 2013.
  • Alain Corbin, Le monde retrouvé de Louis-François Pinagot, sur les traces d’un inconnu, 1798-1876, Paris, Flammarion, 1998
  • Andrea Del Col, ed., Domenico Scandella detto Menocchio : i processi dell’Inquisizione (1583-1599), Pordenone, Edizioni Biblioteca dell’Immagine, 1990.
  • Lucien Febvre, Le Problème de l’Incroyance au XVIe siècle. La Religion de Rabelais, Paris, Albin Michel, coll. « L’évolution de l’Humanité », 1942 ; Autour de l’Heptaméron. Amour sacré, Amour profane, Paris, Gallimard, 1944.
  • Carlo Ginzburg, Les Batailles nocturnes, Lagrasse, Verdier, 1980 [1966] ; Le fil et les traces. Vrai faux fictif, Lagrasse, Verdier, 2010 [2006].
  • Emmanuel Le Roy Ladurie, Le Carnaval de Romans. De la Chandeleur au mercredi des Cendres : 1579-1580, Paris, Gallimard, 1979.
  • Robert Muchembled, La Sorcière au village, XVe-XVIIIe siècle, Paris, Gallimard, 1979.
  • Jacques Revel (dir.), Jeux d’échelles. La micro-analyse à l’expérience, Paris, Gallimard et Le Seuil, coll. Hautes Études, 1996
  • Martin Rueff, « L’historien et les noms propres », Critique, 2011/6-7 (n° 769-770), p. 514-532.