211. Filmer la guerre, la solitude et le temps : Onoda, avec Arthur Harari

L’invité : Arthur Harari, cinéaste

 Le film : Onoda, 10.000 nuits dans la jungle (2021)

La discussion :

  • L’histoire réelle de Hiroo Onoda (1:30)
  • Le phénomène plus général des derniers combattants japonais après 1945 (4:00)
  • L’origine du film et la découverte de cette histoire (6:40)
  • Un projet difficile avec un tournage en Asie (9:30)
  • Les questions de traduction en japonais et la complexité de la direction d’acteurs (11:30)
  • Quelle place pour les références à d’autres films, et aux œuvres sur la guerre du Pacifique en particulier (14:40) ainsi qu’à Aguirre de Herzog (18:30)
  • L’ambiguïté fondamentale d’Onoda sur le plan idéologique et moral (20:40)
  • La distance avec le Japon, condition d’une réflexion sur l’ambiguïté dans la Seconde Guerre mondiale ? (24:40)
  • Le travail sur la temporalité, clef du film : comment faire sentir le passage de trente années ? (28:45)
  • Une scène clef, lorsque les personnages « décodent » la radio pour penser que la guerre continue (35:20)
  • La manière de filmer la violence (38:00)
  • La rareté des contrepoints : les villageois philippins, le jeune Suzuki parti chercher Onoda (42:00)
  • À quoi pense Onoda en quittant l’île de Lubang ? (46:30)

Les films mentionnés dans la discussion (par ordre chronologique) :

  • Objectif Burma (Raoul Walsh, 1945)
  • Distant drums (Raoul Walsh, 1951)
  • The naked and the dead (Raoul Walsh, 1958)
  • Feux dans la plaine (Kon Ichikawa, 1959)
  • Hell in the Pacific (John Boorman 1968)
  • Aguirre, der Zorn Göttes (Werner Herzog, 1972)
  • Lacombe Lucien (Louis Malle, 1974)
  • The thin red line (Terrence malick, 1998)
  • Letters from Iwo Jima (Clint Eastwood, 2006)

Les ouvrages mentionnés :

  • Bernard Cendron et Gérard Chenu, Onoda, Seul en guerre dans la jungle, 1944-1974, Paris, Arthaud, 2020 [1974]
  • Hiroo Onoda, No Surrender: My Thirty-Year War,  Translated by Charles S. Terry, New York, Dell Publishing, 1974.
  • Pierre-François Souyri, Nouvelle histoire du Japon, Paris, Perrin, 2010.

 

 

126. Histoires de Tintin #3 : Le Lotus Bleu, avec David Serfass

L’invité : David Serfass, maître de conférences en histoire de la Chine et de l’Asie orientale contemporaine à l’Inalco et chercheur à l’IFRAE (Institut français de recherche sur l’Asie de l’Est).

L’album : Le Lotus Bleu, publié à partir de 1935

La discussion :

  • Le synopsis de l’album (1’15)
  • La conception de l’album, transformée par les contacts entre Hergé et des étudiants chinois, dont Tchang Tchong-Jen (2’50)
  • La volonté de déconstruire les clichés orientalistes… sans y parvenir tout à fait (4’20)
  • L’offre de service faite à Hergé par le Kuomintang en 1939 (8’10)
  • Une représentation outrée des Japonais (9’)
  • Des clichés sur la Chine répadus à l’époque ? (10’50)
  • La manière dont Shanghai est représentée, avec la présence des britanniques, les contrôles des papiers… (12’25)
  • La diversité de Shanghai, et l’impérialisme britannique représenté dans la BD (15’35)
  • Le contrôle des espaces, des papiers, dans les différentes juridictions (17’50)
  • Les inscriptions chinoises figurant dans la ville, avec un certain nombre de slogans politiques (19’)
  • La représentation de la Chine « ordinaire » dans l’album (22’40)
  • Les inondations de 1931 et leur importance (23’34)
  • La représentation du Japon et de son impérialisme informel puis formel (27’10)
  • L’incident de Moukden (18 septembre 1931) et sa transposition dans l’album (30’)
  • La Mandchourie et Shanghai concernées par l’occupation japonaise (33’)
  • Un Japon présenté comme supérieur technologiquement, à l’aide notamment du télégraphe (35’)
  • Le rôle de la presse internationale et de la « guerre médiatique » où Tintin joue lui-même un rôle (38’)
  • La Société des Nations un peu ridiculisée, le rôle du Japon y étant plus complexe (40’)
  • La Chine représentée comme n’ayant pas d’État ou de gouvernement, mais des sociétés secrètes (44’50)
  • Le rôle de l’opium à cette période, utilisé par le Japon, et la sociabilité des fumeries d’opium (47’30)
  • La postérité de l’album (53’50)

Bibliographie

  • Sources

League of Nations, Report of the Commission of Inquiry, 1er octobre 1932.

League of Nations, Japan’s Case in the Sino-Japanese Dispute [discours de Matsuoka Yôsuke, déc. 1932-fév. 1933, pdf], 1933.

 

  • Travaux sur les thèmes abordés

BERGÈRE, Marie-Claire, Histoire de Shanghai, Paris : Fayard, 2002.

BICKERS, Robert A., Empire made me: an Englishman adrift in Shanghai, London : Allen Lane, 2003.

BIROLLI, Bruno, Ishiwara : l’homme qui déclencha la guerre, Paris : Armand Colin, 2012. Documentaire Arte

BROOK, Timothy ; WAKABAYASHI, Bob T. (dir.), Opium Regimes: China, Britain, and Japan, 1839-1952, Berkeley : University of California Press, 2000.

BURKMAN, Thomas W., Japan and the League of Nations: Empire and world order, 1914-1938, Honolulu, T.H. : University of Hawaiʾi Press, 2008.

COURTNEY, Chris, The Nature of Disaster in China: The 1931 Yangzi River Flood, Cambridge : Cambridge University Press, 2018.

ELLEMAN, Bruce A. ; KOTKIN, Stephen (dir.), Manchurian railways and the opening of China : an international history, Armonk : M.E. Sharpe, 2010.

GROSSER, Pierre, L’histoire du monde se fait en Asie : une autre vision du XXe siècle, [2017] Paris : Odile Jacob, 2019.

HENRIOT, Christian, Virtual Shanghai : https://www.virtualshanghai.net/

ORBACH, Danny, Curse on this Country: The Rebellious Army of Imperial Japan, Ithaca : Cornell University Press, 2017.

PAULÈS, Xavier, L’Opium : une passion chinoise (1750-1950), Paris : Payot, 2011.

PAULÈS, Xavier, La République de Chine (1912-1949) : Histoire générale de la Chine, Paris : Les Belles lettres, 2019.

WEI Shuge, News under Fire: China’s Propaganda against Japan in the English-Language Press, 1928-1941, Hongkong : Hong Kong University Press, 2017.

YANG Daqing, Technology of empire: telecommunications and Japanese expansion in Asia,1883-1945, Cambridge, Mass. : Harvard University Asia Center, 2010.

YIN Cao, From Policemen to Revolutionaries: A Sikh Diaspora in Global Shanghai, 1885-1945, Leiden: Brill, 2017.

  • Publications sur le Lotus bleu

COBLENCE, Jean-Michel ; TCHANG Yifei,  Tchang!: Comment l’amitié déplaça les montagnes, Bruxelles : Éditions Moulinsart, 2003.

GODDEERIS, Idesbald, « Racism for beginners: construction of Chinese in twentieth-century Belgian comics », in KOWNER, Rotem ; DEMEL, Walter (dir.), Race and racism in modern East Asia: Western and Eastern constructions, Leiden : Brill, 2013, vol.1 p.231-259.

MÉRAND, Patrick ; LI Xiaohan, Le Lotus bleu décrypté, Saint-Maur-des-Faussés : Éditions Sépia, 2009, avec des versions partielles en ligne ici et ici

MOUNTFORT, Paul, « ‘Yellow skin, black hair … Careful, Tintin’: Hergé and Orientalism », Australasian Journal of Popular Culture, vol. 1, n°1, 2012, p. 33-49.

  • Œuvres de fiction

MALRAUX, André, La Condition humain, Paris : Gallimard, 1933.

MAO Dun, Minuit, trad. par Zi Ye [1933] Paris : Robert Laffont, 1972.

https://www.themodernnovel.org/asia/other-asia/china/maodun/midnight/

PRATT, Hugo, Corto Maltese en Sibérie, [1974-77] Paris : Casterman, 1979.

TAKAMI Jun, Haut le cœur, trad. par Marc Mécréant, [1960-63] Arles : Picquier, 2006 (Poche). http://www.editions-picquier.com/ouvrage/haut-le-coeur/

YOKOMITSU Riichi, Shanghai : a novel ; translated with a postscript by Dennis Washburn, [1928-31] Ann Arbor : Center for Japanese Studies, University of Michigan, 2001.

https://scholarspace.jccc.edu/cgi/viewcontent.cgi?article=1012&context=lib_pp

 

 

92. L’antiquité grecque au Japon, avec Michael Lucken

L’invité : Michael Lucken, professeur à l’INALCO

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Le livre : Le Japon grec. Culture et possession, Paris, Gallimard, 2019.

La discussion :

  • L’origine du livre et de l’enquête (1’15)
  • Des connexions repérées entre Grèce et Japon dès le XIXe siècle, par des savants européens et japonais (3′)
  • Des voyageurs qui analysent les analogies, de forme (colonnes en architecture…) (4’05)
  • Les différents types de corrélations imaginées entre Grèce et Japon, permettant d’imaginer un contre-récit à celui d’un début de l’histoire en occident (5’50)
  • Le contexte de la modernisation à partir de l’ère Meiji (1868) qui permet de comprendre ce regard porté sur la Grèce (8’40)
  • Le référent grec qui permet aussi de se positionner face à la Chine (10′)
  • La structuration des études classiques et helléniques au Japon au début du XXe siècle (11’30)
  • Le paradoxe d’un philhellénisme japonais sans voyages en Grèce, fondé sur les textes (13’20)
  • La formation de néologismes japonais fondés sur le grec, comme « théologie » / « shingaku » (15’05)
  • L’importance de la médiation allemande dans l’émergence du « Japon grec » (17′)
  • Les usages nationalistes de l’antiquité dans la période de l’expansionnisme japonais, des années 1895-1945
  • Les épisodes du passé grec qui sont particulièrement utilisés : un parallèle entre le Japon et Thèbes en particulier ; puis des usages fascisants de Platon (18’25)
  • Les analogies établies entre guerriers grecs et samouraïs japonais, compliquées par la question du corps (22’30)
  • Une « table rase » du rapport à la Grèce en 1945 (24’55)
  • Le patrimoine architectural néoclassique japonais, en grande partie détruit durant la Seconde Guerre mondiale (27’10)
  • Un rapport au théâtre grec qui s’établit après la guerre (29’05)
  • La place de la référence grecque pour l’écrivain Mishima (30’50)
  • Un Japon grec présent en filigrane dans la culture populaire, à travers les films de Miyazaki notamment (32’10)
  • La question de l’appropriation culturelle, possible avec du travail : le Japon peut être grec (34’25)

Les références citées dans le podcast, et le conseil de lecture :

  • Anthony Andurand, Le mythe grec allemand. Histoire d’une affinité élective, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2013.
  • Johann Chapoutot, Le national-socialisme et l’antiquité, Paris, PUF, 2008.
  • Jean-Paul Demoule, Où sont passés les indo-européens ? le mythe d’origine de l’occident, Paris, Seuil, 2014.
  • Pierre-François Souyri, Moderne sans être occidental. Aux origines du Japon d’aujourd’hui, Paris, Gallimard, « Bibliothèque des histoires », 2016.
  • Nakai Masakazu, Introduction à l’esthétique, Dijon, Presses du réel, à paraître.

Fronton néoclassique et colonnade de l’ancien bâtiment de la monnaie à Osaka

4. L’Asie dans les conflits du premier XXe siècle, avec Pierre Grosser

L’invité : Pierre Grosser, professeur agrégé à Sciences Po, chercheur en histoire des relations internationales

Le livre : L’Histoire du monde se fait en Asie. Une autre vision du XXe siècle, Paris, Odile Jacob, 2017.
La discussion : les origines du travail et l’intérêt pour l’Asie en tant qu’historien internationaliste (3′), le défi mais la possibilité d’écrire une histoire de l’Asie sans parler les langues de la région (4′), les renouvellements historiographiques récents de l’histoire de l’Asie et les biais de ces travaux qu’il faut savoir décoder (5’30), la vogue actuelle de l’histoire mondiale en France, et le retard ou les limites de ces approches qui ignorent souvent les relations internationales (7’30), l’importance pour les relations internationales aux XIXe-XXe siècles de la zone située entre Chine et Russie (10’40), l’issue de la première guerre mondiale en Asie et les frustrations de la Chine et du Japon, pour la “clause d’égalité raciale” notamment (13′), la discrétion diplomatique de la France dans la région (15′), le lien entre questions extérieures (et asiatiques) et politique intérieure, pour l’URSS en particulier (16’10), les raisons pour lesquelles la guerre URSS-Japon n’a (presque) pas eu lieu, qui aurait pu constituer le tournant de la seconde guerre mondiale (18’30), les lectures renouvelées de la capitulation japonaise en 1945, entre bombes atomiques et offensive soviétique (20′), la périodisation de la seconde guerre mondiale, qu’on peut faire débuter en 1937 ou 1931 en Asie, et les sous-entendus historiographiques, politiques et mémoriels dans le choix de ces dates (22′).

Les références citées dans le podcast :
– Sylvain Venayre et Pierre Singaravélou, Histoire du monde au XIXe siècle, Paris,Fayard, 2017.
– Jürgen Osterhammel, La transformation du monde au XIXe siècle , Paris, Nouveau monde éditions, 2017.
– Christopher Bayly, La naissance du monde moderne (1780-1914), Paris, Les Éditions de l’Atelier – Le Monde diplomatique, 2007

Le conseil de lecture : Odd Arne Westad, La guerre froide globale, Payot, 2007