324. Climat, environnement et révolution (les mercredis des révolutions, 10 janvier 2024)

Première séance pour la 7e saison des “mercredis des révolutions”,  l’Université populaire de la société d’histoire de 1848 à la mairie du XVIIIe arrondissement de Paris, en partenariat avec Mediapart, Politis et Paroles d’histoire.

La question climatique est devenue obsédante, recouvrant de son ombre les innombrables crises écologiques qui caractérisent la période contemporaine, et ouvrant sur une ère d’instabilités et d’incertitudes politiques et sociales. Le surgissement de la question environnementale met à mal les découpages politiques habituels, rythmés par les évènements révolutionnaires, tout en invitant à repenser ces derniers. L’exploitation accrue de la nature est contemporaine des grandes révolutions atlantiques de la fin du 18e siècle et des transformations qu’elles induisent dans le droit et le fonctionnement de l’État, elle ouvre des bouleversements qu’on peut à bon droit penser comme révolutionnaires.

Aujourd’hui, alors que les questions écologiques ont envahi les champs intellectuel et politique, façonnant des langages et des répertoires d’action protestataires– pensons au rôle des ZAD et aux luttes autour des infrastructures comme celles des Soulèvements de la terre ou d’Extinction Rebellion – de plus en plus de travaux se tournent vers l’écologie des révolutions et tentent de (re)penser les liens qui relient les dynamiques révolutionnaires et environnementales, hier comme aujourd’hui.

La prise en compte des enjeux écologiques éclaire en effet les expériences révolutionnaires qui, en retour, sont souvent des moments décisifs de réagencement de ce qu’on nomme “nature” et “société”. Ces questions retiennent de plus en plus l’attention et invitent à questionner comment les révolutions déstabilisent les représentations dominantes de la nature et remodèlent les partages nature/artifice ? Comment les discours politiques mobilisent les entités naturelles et les êtres vivants ? Comment les dynamiques révolutionnaires remodèlent l’écologie des sociétés ? Mais aussi comment l’essor de l’histoire environnementale invite à relire et questionner les dynamiques révolutionnaires ? Dans quelle mesure l’essor des luttes écologiques contemporaines peut-il être considéré comme révolutionnaire ?

Séance enregistrée le 10 janvier 2024, animée par François Jarrige (MCF, université de Bourgogne)

Anne-Claude Ambroise-Rendu, professeure d’histoire contemporaine à l’Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines et auteure de Une histoire des luttes pour l’environnement – XVIIIe-XXe siècles trois siècles de débats et de combats (avec Steve Hagimont, Charles-François Mathis et Alexis Vrignon, Textuel, 2021), et de Une histoire des conflits environnementaux, luttes locales, enjeu global, (dir. avec Anna Trespeuch-Berthelot et Alexis Vrignon, Limoges, Pulim, 2018) ;

Jade Lindgaard, journaliste à Mediapart. Elle enquête notamment sur les injustices environnementales, les pollutions industrielles et a publié plusieurs livres sur ces enjeux dont : Eloge des mauvaises herbes. Ce que nous devons à la ZAD (Les Liens qui libèrent, 2018), Je crise climatique. La Planète, ma chaudière et moi (La Découverte, 2014).

316. Les jardins botaniques, microcosmes impériaux, avec Hélène Blais

Émission enregistrée en public le 14 décembre 2023 au salon de lecture Jacques Kerchache du Musée du Quai Branly

© musée du quai Branly – Jacques Chirac, photo Julien Brachhammer

L’invitée : Hélène Blais, professeure d’histoire à l’ENS

Le livre : L’empire de la nature. Une histoire des jardins botaniques coloniaux (Fin XVIIIe siècle – années 1930), Seyssel, Champ Vallon, 2023.

La discussion :

  • Introduction (00:00)
  • Qu’est-ce qu’un jardin botanique colonial ?(1:30)
  • Coopérations entre empires et circulation des plantes (9:00)
  • Des vitrines des empires (12:00)
  • Quel public pour ces jardins ? (24:40)
  • Succès et échecs de l’acclimatation des plantes (31:00)
  • Un monde très masculin (38:00)
  • La fin progressive des jardins botaniques (40:00)
  • Quels jardins visiter ? (45:00)
  • Questions du public (50:30)

282. Pêcher à Venise au XVIIIe siècle, avec Solène Rivoal

L’invitée : Solène RIVOAL, MCF à l’université d’Albi

Le livre : Les marchés de la mer. Une histoire sociale et environnementale de Venise au XVIIIe siècle, Rome, Collections de l’Ecole Française de Rome, 2022.

La discussion :

  • Introduction (00:00)
  • Les origines de la recherche (1:30)
  • Le terrain historiographique vénitien (3:45)
  • L’École française de Rome comme cadre pour la recherche (8:40)
  • La materia del pesce vénitienne (10:45) et ses contours larges (13:30)
  • Des sources judiciaires pour saisir les interactions et les normes (14:40)
  • Le vocabulaire vénitien et les savoirs de la lagune (16:20)
  • La tension entre ressource vitale et produit marchand (22:20)
  • La pisciculture vénitienne (26:30)
  • Pêcher, est-ce affirmer la puissance vénitienne ? (30:00)
  • Biographies et ancrage social des pêcheurs (35:00)
  • Des communautés masculines (41:30)
  • Quelle capacité d’action pour les pêcheurs ? (44:00)
  • Une ville soucieuse de son environnement et de ses ressources (48:00)
  • Quels plats de poisson sont emblématiques ou importants ? (51:00)

Le conseil de lecture : Claire Judde de Larivière, L’ordinaire des savoirs. Une histoire pragmatique de la société vénitienne (XVe-XVIe siècles), Paris, EHESS, coll. « En temps & lieux », 2023.

131. L’invention des plages californiennes, avec Elsa Devienne

L’invitée : Elsa Devienne, maîtresse de conférences à l’Université de Northumbria

Le livre : La ruée vers le sable, Une histoire environnementale des plages de Los Angeles au XXe siècle, Éditions de la Sorbonne, 2020.

La discussion :

  • La question des plages, devenue visible durant le confinement (1’15)
  • L’origine de cette recherche : la ségrégation des lieux de loisir ; puis la découverte des espaces spécifiques des plages de Californie du sud (5’)
  • Quelles archives pour l’histoire des plages ? (9’15) complétées par des sources privées comme l’album photo  de Verna Williams (13’15)
  • Une ville qui tourne initialement le dos à la mer, avant de construire un rapport intense au littoral et aux plages (14’35)
  • L’invention d’une culture de plage californienne, dès les années 1930, synthétisant différentes influences (19’10)
  • Le besoin de mise en ordre de la plage, du point de vue social et racial (22’50), et les petits espaces de liberté des Africains-Américains (Inkwell, Bruce’s beach) (26’)
  • Un « lobby des plages » qui cherche à remédier à la « crise » des plages dans les années 1930 (27’30)
  • Une transformation des plages de Los Angeles plutôt réussie, et qui vient nuancer la vision noire léguée par le livre de Mike Davis, City of Quartz (34’)
  • La  plage californienne, modèle pour l’Amérique des années 1950… (37’30)
  • …au prix de la suppression d’Ocean Park, et ses sous-cultures, noire, gay, ouvrière et du body-building (39’20)
  • Une volonté de re-privatiser les plages dans les années 1970, en lien avec l’émergence de  la nouvelle droite américaine (46’)
  • Conseils de lecture et de visionnage (49’)

Les conseils de lecture, de films, et les références citées durant l’émission :

  • Alain Corbin, Le territoire du vide: l’Occident et le désir du rivage, 1750-1840, Paris, Aubier, 1988.
  • Mike Davis, City of Quartz, 1990
  • Rayner Banham, Los Angeles, l’architecture des quatre écologies, 1971
  • John Fante, La route de Los Angeles, 1985
  • The Dude face à la police de Malibu
  • Gidget (1959), l’un des premiers « films de plage »
  • Le match de foot américain sur la plage dans Point Break
  • The Long Goodbye de Robert Altman
  • Premier épisode de la série Terriers