325. Histoire politique des cathédrales, avec Mathieu Lours

L’invité : Mathieu Lours, responsable du champ disciplinaire histoire de l’architecture à l’Ecole de Chaillot, professeur en CPGE.

Le livre : Les cathédrales dans le monde. Entre religion, nation et pouvoir, Paris, Folio histoire, 2024.

La discussion :

  • Introduction (00:00)
  • L’origine de la « cathédrale » au sens contemporain du terme (1:30)
  • Notre-Dame, cathédrale du pouvoir politique en France (11:00)
  • Cathédrales, Révolution, Napoléon (13:30)
  • Cathédrales, Romantisme, nations (17:30)
  • Cathédrales et colonisation (34:10)
  • Cathédrales et guerres contemporaines, de la Grande Guerre à l’Ukraine (41:30)

Le conseil de lecture : Pascal Magnat, Olivier Bobineau, L’Empire. Une histoire politique du christianisme (Les Arènes)

265. Nabucco, un opéra dans l’histoire, avec Antonin Durand

L’invité : Antonin Durand, MCF à Sorbonne université

Le livre : Le chœur des esclaves. Un chant qui a fait l’histoire, Paris, Buchet/Chastel, 2022.

La discussion:

  • Introduction (00:00)
  • La légende de Nabucco comme opéra patriotique à sa création en 1842 (1:15)
  • Les travaux ayant revisité ce mythe (2:30)
  • Extrait: « Oh mia patria… » (3:45)
  • Temistocle Solera, librettiste de Verdi (4:10)
  • Le contexte de création de l’œuvre (4:45)
  • Le thème biblique de l’opéra (7:30)
  • Verdi en 1848 et le rapport musique / politique chez lui (8:40)
  • Extrait: « Viva Italia » de La battaglia di Legnano (10:45)
  • Un opéra qui n’est pas central dans le répertoire au XIXe siècle (11:30)
  • La réception internationale de Nabucco à l’époque (12:45)
  • Les méthodes du travail autour de la réception (15:00)
  • La cristallisation du mythe verdien à la fin du XIXe siècle (16:30)
  • Lectures garibaldiennes et socialistes du « Va pensiero » (19:45)
  • Extrait: hymne au 1er mai (22:30)
  • Verdi, élément clef dans la construction de la nation italienne (23:00)
  • Le concert de Trieste en 1913 (24:45)
  • Nation et musique début XXe siècle: Verdi vs Wagner (28:00)
  • Un chant patriotique, mais pas tout à fait assez martial pour la Grande Guerre (30:00)
  • Le rapport du fascisme à Verdi, et à travers lui au Risorgimento (31:00)
  • Un air chanté par des Hébreux, injouable tel quel dans l’Allemagne nazie… (33:00)
  • …mais utilisable dans une lecture sioniste en Israël (35:45)
  • « Va pensiero » folklorisé dans la seconde moitié du XXe siècle (38:00), notamment au cinéma (Sissi face à son destin, 1957)
  • Extrait: Nana Mouskouri, je chante avec toi Liberté (41:15)
  • Faire du « Va pensiero » un hymne national ? (42:15)
  • Un usage à fronts renversés de l’air par la Ligue du nord dans les années 2000 (44:50)
  • Quelle version écouter ? (48:20)

Les conseils de lecture :

  • Esteban Buch, La Neuvième de Beethoven. Une histoire politique, Gallimard, coll. Bibliothèque des Histoires, Paris, 1999.
  • Gilles Pécout, Naissance de l’Italie contemporaine, 1770-1922, Paris, Armand Colin, 2004.

Paroles du “Va pensiero”

Va, pensiero, sull’ali dorate;

Va, ti posa sui clivi, sui colli,

Ove olezzano tepide e molli

L’aure dolci del suolo natal!

Del Giordano le rive saluta,

Di Sionne le torri atterrate…

Oh mia patria sì bella e perduta!

Oh membranza sì cara e fatal!

Arpa d’or dei fatidici vati,

Perché muta dal salice pendi?

Le memorie nel petto riaccendi,

Ci favella del tempo che fu!

O simile di Solima ai fati

Traggi un suono di crudo lamento,

O t’ispiri il Signore un concento

Che ne infonda al patire virtù!

          Traduction française

Va, pensée, sur tes ailes dorées ;

Va, pose-toi sur les pentes, sur les collines,

Où embaument, tièdes et suaves,

Les douces brises du sol natal !

Salue les rives du Jourdain,

Les tours abattues de Sion …

Oh ma patrie si belle et perdue !

Ô souvenir si cher et funeste !

Harpe d’or des devins fatidiques,

Pourquoi, muette, pends-tu au saule ?

Rallume les souvenirs dans le cœur,

Parle-nous du temps passé !

Semblable au destin de Solime

Joue le son d’une cruelle lamentation

Ou bien que le Seigneur t’inspire une harmonie

Qui nous donne le courage de supporter nos souffrances !

Paroles de l’hymne au 1er mai de Pietro Gori

Vieni o Maggio t’aspettan le genti

ti salutano i liberi cuori

dolce Pasqua dei lavoratori

vieni e splendi alla gloria del sol

Squilli un inno di alate speranze

al gran verde che il frutto matura

a la vasta ideal fioritura

in cui freme il lucente avvenir

Disertate o falangi di schiavi

dai cantieri da l’arse officine

via dai campi su da le marine

tregua tregua all’eterno sudor!

Innalziamo le mani incallite

e sian fascio di forze fecondo

noi vogliamo redimere il mondo

dai tiranni de l’ozio e de l’or

Giovinezze dolori ideali

primavere dal fascino arcano

verde maggio del genere umano

date ai petti il coraggio e la fè

Date fiori ai ribelli caduti

collo sguardo rivolto all’aurora

al gagliardo che lotta e lavora

al veggente poeta che muor!

 

243. Faire de l’histoire en Belgique, avec Pieter Lagrou et Amandine Lauro

Émission enregistrée le 17 mars 2022 à l’Université Libre de Bruxelles. Merci à Margaux van Uytvanck et Maxime Jottrand pour l’organisation de l’enregistrement.

Les invité-e-s :

  • Pieter Lagrou, professeur à l’ULB
  • Amandine Lauro, chercheuse au FNRS

La discussion :

  • Introduction (00:00)
  • Les études d’histoire de Pieter Lagrou et Amandine Lauro (1:00)
  • L’internationalisation des carrières, condition devenue naturelle pour faire de l’histoire en Belgique (3:00)
  • Un paysage universitaire encore marqué par la division entre établissements catholiques et « libres » (6:30)
  • Une évolution parallèle avec celle de l’université française, avec précarité et recherches sur projet (7:30)
  • Une historiographie au contact des traditions universitaires allemande et française (10:40)
  • Le paysage éditorial belge francophone: éditeurs, revues… (13:00)
  • Un monde universitaire avec très peu de chercheurs (17:00)
  • Le clivage linguistique français / néerlandais et ses origines (19:20)
  • Le bilinguisme en pratique et dans les cursus (24:50)
  • Un clivage linguistique qui n’a paradoxalement pas de traduction historiographique (30:00)
  • Un clivage à nuancer par l’histoire locale et celle des identités régionales (32:05)
  • L’essor de l’histoire coloniale en Belgique (36:05) et les débats publics qui l’accompagnent (38:30)
  • Le rôle public des historiennes et des historiens en Belgique (41:00)
  • Qu’est-ce qui fait consensus dans le paysage historique belge ? (48:00)

Les conseils de lecture :

  • Jennifer Richards, Il est à toi ce beau pays
  • Sophie de Schaepdrijver, De Groote Oorlog (NB contrairement à ce qui a été dit dans l’émission, l’ouvrage existe en traduction française : La Belgique et la Première Guerre mondiale, Peter Lang, 2004)
  • série d’émissions Statues contestées

 

 

224. L’empire russe et soviétique, avec Sabine Dullin

L’invitée : Sabine Dullin, professeure des universités à Sciences Po Paris

Le livre : L’ironie du destin. Une histoire des Russes et de leur empire (1853-1991), Paris, Payot, 2021.

La discussion :

  • Où en sont les études russes en France aujourd’hui ? (1:30)
  • Une lecture impériale et continuiste de l’histoire russe (4:40)
  • Les choix d’écriture du livre, une synthèse maniable (7:10)
  • La guerre de Crimée, révélatrice des dilemmes structurants de l’histoire russe : réformer, conquérir (9:15)
  • L’antisémitisme et la question juive, un enjeu récurrent de part et d’autre de la Révolution (13:00)
  • Les contestations de l’empire à la fin du XIXe siècle, politiques et nationales à la fois (19:00)
  • La décennie précédant la Grande Guerre, et l’espoir d’une stabilisation (22:00)
  • La parenthèse démocratique de 1917 et l’assemblée constituante (26:15)
  • La fragilité de la frontière ouest de l’URSS après la guerre civile telle que les bolcheviks la perçoivent (29:00)
  • Les origines extérieures du « Grand Tournant » stalinien, et l’imbrication entre réformes internes et politique étrangère (33:30)
  • La Seconde Guerre mondiale, remporté malgré Staline, ou grâce à lui ? (37:00)
  • Une « puissance pauvre » au lendemain de la guerre (41:30)
  • Gorbatchev, réformateur mais aveugle aux enjeux nationaux (45:35)
  • Conseil littéraire (48:35)

Références citées dans l’émission, et conseil de lecture :

  • Bibliographie en ligne établie par Sabine Dullin (pdf)
  • Oleg Khlevniuk, Staline, Paris, Gallimard, « Folio histoire », 2019.
  • L’ironie du sort (Elgar Riazanov 1975)
  • Vassili Axionov, Une saga moscovite

213. La fabrique du Mexique, avec Emmanuelle Perez-Tisserant et Romain Robinet

Les invité-e-s : Emmanuelle Perez-Tisserant, MCF à l’université de Toulouse ; Romain Robinet, MCF à l’université d’Angers

Le thème : bicentenaire de l’indépendance et colloque « fabrique du Mexique »

 

La discussion :

  • Les buts du colloque « la fabrique du Mexique » en lien avec un calendrier commémoratif, bicentenaire de l’indépendance et cinquième centenaire de la conquête (2:30)
  • Le complexité des commémorations et de leurs dates : 1810, 1821 ? (5:00)
  • Un parallèle indépendance grecque / indépendance mexicaine (10:00)
  • L’importance pour le Mexique des événements survenus en Espagne : occupation napoléonienne, constitution de Cadix (12:00)
  • Quelles formes commémoratives dans le Mexique contemporain ? (17:00)
  • Intermède musical : Agustin Lara, Vera Cruz (21:45)
  • Organiser un colloque au temps du coronavirus, inventer des formes d’interactivité à distance et en numérique (22:45)
  • Qui sont les « mexicanistes » et quel est leur ancrage géographique ? (28:00)
  • Une historiographie qui enjambe les coupures traditionnelles entre périodes et disciplines ? (31:00)
  • Des catégories comme « indigènes » à questionner (35:00)
  • Quels effets de la situation difficile du Mexique contemporain, du point de vue de la criminalité notamment, sur la recherche ? (37:00)
  • Intermède musical : Mexican Institute of Sound, Mexico (40:00)
  • La force des modèles narratifs issus du XIXe siècle (41:00) et réinterprétés au XXe siècle (42:00)
  • L’importance de l’identité indigène et métissée au Mexique (44:00)
  • Vers une « histoire partagée » Mexique / États-Unis ? (46:30)

Les conseils de lecture :

  • Annick lampérière, entre dieu et le roi la république
  • Jérôme baschet, défaire la tyrannie du prédent
  • Magazine Nexos « el mito de la conquista »
  • Dicta blanda politics work culture in mexico 1938

162. Quand l’empire napoléonien volait les archives, avec Maria Pia Donato

L’invitée: Maria Pia Donato, directrice de recherche au CNRSLe livre: Les archives du monde. Quand Napoléon confisqua l’histoire, Paris, PUF, 2020.

La discussion :

  • Le thème du livre, l’énorme opération de concentration des archives européennes à Paris sous l’empire napoléonien (45’)
  • La continuité entre spoliation et vol d’œuvres d’art, et ce qui concerne les archives (2’30)
  • L’ampleur des confiscations : plusieurs centaines de milliers de documents (5’30)
  • Un moment de l’histoire où dans les archives il y a aussi des livres, des médailles, des spécimens, des objets – on est à un moment de grande porosité, qui n’a pas entièrement disparu – entre archives, musées et bibliothèques (7’55)
  • Dans quelle mesure Napoléon Ier s’est impliqué lui-même dans le projet, est-ce que cela renvoie à des conceptions personnelles de l’empereur ? (11’)
  • Le passage d’une vision « utilitaire » de ces confiscations d’archives à un projet aux dimensions symboliques beaucoup plus fortes (16’)
  • Un des signes les plus forts de cette volonté de faire des archives un symbole du pouvoir impérial : le projet de palais des archives à Paris (19’30)
  • L’idée d’utiliser les archives comme armes politiques, notamment contre la papauté quandd les relations se dégradent, en utilisant des documents comme les procédures contre Galilée et les archives de l’Inquisition (22’)
  • Des archives à la fois dégradées, et reconditionnées, suite à ce transport (26’45)
  • Le long et complexe processus de restitution de ces archives après 1814-1815 (31’)
  • Comment restituer des archives à des instances qui ont disparu ? La « nationalisation » des archives qui en résulte (34’45)
  • Les enjeux civiques de cette enquête, la nécessité de débattre des archives, dans un monde où l’héritage matériel du passé se transforme à grande vitesse (38’)
  • Conseil de lecture (42’30)

Le conseil de lecture: John Henderson, Florence under siege. Surviving the plague in an early modern city, Yale, Yale UP, 2019.

63. Un autre Risorgimento. L’Italie du sud au premier XIXe siècle, avec Pierre-Marie Delpu

L’invité: Pierre-Marie Delpu, chercheur au laboratoire Telemme

Le livre: Un autre Risorgimento.La formation du monde libéral dans le Royaume des Deux-Siciles (1815-1856), École française de Rome, 2019.

La discussion:

  • Le Royaume des Deux-Siciles, un espace politique original au sud de l’Italie (1′)
  • Les paradoxes de la Restauration en 1815, qui n’efface pas entièrement le passé du decennio francese (3′)
  • La question des sources : comment étudier sociétés secrètes et conspirations ? (9’50)
  • La façon de tirer parti historiquement des Mémoires de révolutionnaires comme Guglielmo Pepe (12’45)
  • L’exil et la prison, deux expériences politiques fondamentales pour les libéraux du XIXe siècle, avec la construction de la figure du « martyr » (14’10)
  • La question de la politisation populaire du XIXe siècle : « descente vers les masses » de la politique ou autonomie des pratiques et représentations ? (20′)
  • La place des martyrs politiques dans la politisation populaire (22’20)
  • L’articulation entre grandes révolutions et épisodes en apparence plus ordinaires ou routiniers (24’20)
  • Les images attachées au mezzogiorno, et son supposé déficit de « modernité », dès le XVIIIe siècle, et qui alimente des préjugés très durables (27’35)
  • Quels autres possibles en 1860 que le rattachement au Royaume d’Italie ? (33’20)

Les conseils de lecture :
– Emmanuel Fureix, L’œil blessé. Politiques de l’iconoclasme après la Révolution française, Champ Vallon 2019.
– Olivier Grenouilleau, Nos petites patries. Identités régionales et État central, en France, des origines à nos jours, Paris, Gallimard, « Bibliothèque des histoires », 2019.

62. La construction des nations au XIXe siècle, avec Pierre-Marie Delpu

L’invité: Pierre-Marie Delpu, chercheur au laboratoire Telemme

Le thème: L’Europe entre restauration et révolution / La France et la construction de nouveaux États par la guerre et la diplomatie (programmes de Première 2019), à travers le chapitre dans le livre d’historiographie dirigé par Sébastien Cote et Emmanuelle Picard.

La discussion :

  • Quelles réactions d’un historien du XIXe siècle à ces nouveaux programmes, assez franco-centrés ? (1′)
  • Le vocabulaire de la « nation » et du « nationalisme » au XIXe siècle (4’15)
  • Le passage d’une conception historiographique de « l’éveil » des nationalités à la « construction » des nations, à travers l’exemple du « Risorgimento » (6’30)
  • Les désaccords et conflits au sein de chaque projet national (modèle monarchique, fédératif, républicain…) (9′)
  • L’importance paradoxale des circulations transnationales pour construire les projets nationaux au premier XIXe siècle, avec la Grèce pour « laboratoire » (11’30)
  • Les expériences militaires napoléoniennes réinvesties dans les luttes libérales dans les années 1820 (15’20)
  • La question polonaise, grande cause nationale et libérale au XIXe siècle, qui conduit aussi à relativiser le rôle initiateur de la France dans les révolutions européennes (18’20)
  • Réinscrire la question nationale dans une longue durée, à travers le « long Risorgimento » par exemple (22’30)
  • Le rattachement de la Savoie à la France, « point de passage et d’ouverture » du programme de Première (25′)
  • Difficultés, inachèvement, résistances à la construction nationale, à travers notamment l’exemple des mafias en Italie méridionale (28’30)
  • Bismarck et sa conception de la nation allemande (32’10)
  • L’intérêt pour les collègues d’utiliser l’iconographie au moment où les images jouent un rôle majeur dans l’acculturation politique et nationale des populations (35’30)

Les références citées dans le podcast :

– Benedict Anderson, L’imaginaire national. Réflexions sur l’origine et l’essor du nationalisme, Paris, La Découverte, 1996 [1983].
– Walter Bruyère-Ostells, La grande armée de la liberté, Paris, Tallandier, 2009
– Olivier Grenouilleau, Nos petites patries. Identités régionales et État central, en France, des origines à nos jours, Paris, Gallimard, « Bibliothèque des histoires », 2019.
– Sandrine Kott, Bismarck, Paris, Presses de la Fondation nationale des Sciences politiques, collection « Facettes », 2003
– Anne-Marie Thiesse, La création des identités nationales. Europe, XVIIIe-XXe siècle, Paris, Seuil, 1999