182. Maus dans l’histoire de la BD et l’historiographie de la Shoah, avec Tal Bruttmann

L’invité: Tal Bruttmann, historien, spécialiste de la Shoah

Le livre: Art Spiegelman, Maus, NY, Pantheon Books, 1986-1991

La discussion:

  • La première rencontre avec Maus, à la fin des années 1980 (1:30)
  • La vie d’Art Spiegelman, auteur et éditeur de comics avant Maus (2:50)
  • Le contexte de création de Maus, au moment où le feuilleton Holocauste est diffusé à la télévision américaine (4:30)
  • Un livre d’une grande complexité, à l’opposé de l’« Holokitsch » (7:40)
  • Les recherches préparatoires d’Art Spiegelman, fondées sur des enregistrements de conversations avec son père, et la consultation de dessins et d’ouvrages (10:00)
  • Le dessin, source pour l’histoire, dans ce travail de documentation et pour Ma us (13:00)
  • Les difficultés de publication de Spiegelman (14:00)
  • Les incertitudes de la réception : « fiction » ou « non-fiction » ? quelle légitimité pour la BD comme représentation de l’histoire ? (17:45)
  • Un livre qui n’est pas seulement consacré à la Shoah, mais aussi et surtout sur la transmission familiale, avec une mise en abyme du témoignage, et un récit de « seconde génération »  (22:40)
  • Un trait « tenu » du début à la fin de l’œuvre (26:00)
  • Un livre qui n’embellit pas la réalité ni le témoin (27:00)
  • Un travail qui montre de façon rare les conditions de recueil du témoignage (29:00)
  • Extrait audio : Vladek Spiegelman témoigne (31:00)
  • Le parcours singulier de Vladek et Anja durant la Seconde Guerre mondiale (32:00)
  • Le caractère « transactionnel » de la survie durant la Shoah dans le récit de Vladek Spiegelman (38:00)
  • Les langues de Maus : anglais, allemand, yiddish, polonais… (40:00)
  • Le choix de représenter les Juifs en souris, et le caractère « reconnaissable » des Juifs en Pologne (42:30)
  • La question des choix, et des dilemmes pour les protagonistes dans l’incertitude des protagonistes (45:00)
  • Les choix graphiques de Maus : animaux, bichromie… en lien avec la culture graphique d’Art Spiegelman (48:00)
  • la position particulière de Maus dans les débats sur la représentation de la Shoah, et ses sources visuelles (51:00)
  • la plasiticité du medium BD (57:00)
  • un « avant » et un « après » Maus dans la représentation de la Shoah en BD (1:02:00)
  • Conseils de lecture (1:04:00)

Albums cités dans l’entretien (par ordre chronologique):

  • Pierre-Edmond Calvo, Victor Dancette & Jacques Zimmermann, La Bête est morte ! Fascicule premier. Quand la bête est déchaînée, Paris, Editions GP, 1944
  • Will Eisner, A contract with God : and other tenement stories, New York , Baronet, 1978.
  • Frank Miller, Batman: The Dark Knight Returns, DC Comics, miniseries (4), February-June 1986.
  • Alan Moore & Dave Gibbons, Watchmen, DC Comics, limited series (12) September 1986-October 1987.
  • Joe Kubert, Yossel. April 19, 1943: a story of the Warsaw Ghetto Uprising, New York: Ibooks : Distributed by Simon & Schuster, 2003.

Bibliographie sélective:

  • Tal Bruttmann, « The Holocaust through Comic Books » in Aukje Kluge et Benn E. Williams (eds.), Re-examining the holocaust through literature, Newcastle upon Tyne, Cambridge Scholars Pub., 2009, p. 173-200.
  • Mary S. Costanza, The Living Witness: Art in the Concentration Camps and Ghettos, New York, Free Press, 1982.Deborah R. Geis (ed), Considering Maus : approaches to Art Spiegelman’s “Survivor’s tale” of the Holocaust, Tuscaloosa, University of Alabama Press, 2003.
  • Anne Hélène Hoog, Didier Pasamonik et Edward Portnoy, De Superman au Chat du rabbin. Bande dessinée et mémoires juives, Paris, Musée d’art et d’histoire du judaïsme, 2007
  • Serge Klarsfeld (ed.), David Olère: un peintre au sonderkommando à Auschwitz, New York, The Beate Klarsfeld Foundation, 1989.
  • Agnieszka Sieradzka, Le Carnet de croquis d’Auschwitz, Oswiecim, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, 2014.
  • Art Spiegelman, Metamaus, Pantheon Books, 2011

Conseils de lecture:

  • José-Luis Bocquet et Arno, Anton Six, Paris, Albin Michel, 1987.
  • Miriam Katin, Seules contre tous, Paris, Seuil, 2006.
  • Greg Pak et Carmine Di Giandomenico, Magneto : Le testament, 2009

178. Archéologie du genre, avec Isabelle Algrain

L’invitée : isabelle Algrain, archéologue, chercheuse à l’Université Libre de Bruxelles

Le livre : Archéologie du genre. Construction sociale des identités et cultures matérielles, Bruxelles, Université des femmes, 2021.

La discussion :

  • Le genre, un outil conceptuel pour les sciences sociales et l’archéologie en particulier (1:00)
  • L’archéologie du genre, un champ de recherches né dans le monde anglophone dans les années 1970 (3:30)
  • La question du sexisme dans la discipline archéologique, et la féminisation partielle du métier (4:50)
  • Des questions qui se sont posées plus tardivement dans le monde francophone (7:20)
  • Le parcours de recherche d’Isabelle Algrain et ce qui l’a conduite à ces questions (8:50)
  • La lecture genrée des rôles et des objets, ancienne dans l’archéologie (10:50)
  • Relire les résultats de l’archéologie funéraire grâce aux analyses du sexe biologique des individus (12:15), comme pour la tombe de Vix (13:00)
  • Un champ de recherche qui vient parfois compliquer des raisonnements circulaires (16:00)
  • La tombe de Birka en Suède et la « guerrière viking » supposée (16:50)
  • Le genre, critère d’analyse qui n’est pas forcément l’outil principal ou le plus pertinent de l’étude (19:00)
  • Les « amants de Modène » qui n’en sont pas (20:00)
  • L’association textes / fouilles au prisme du genre (21:20)
  • Comment la question du genre peut se poser dans d’autres contextes que celui de l’archéologie funéraire (24:40)
  • La place de la comparaison dans ces questionnements (27:20)
  • Le réflexivité nécessaire dans ce champ de recherche pour ne pas plaquer des présupposés archéologiques sur le passé (30:30)
  • L’archéologie du genre est-elle prise au sérieux aujourd’hui dans la discipline ? (31:50)

Les références citées dans l’émission

174. Femmes et familles du Quattrocento, avec Christiane Klapisch-Zuber

L’invitée : Christiane Klapisch-Zuber directrice d’études honoraire à l’EHESS

Le livre : Mariages à la florentine. Femmes et vie de famille à Florence (XIVe-XVe siècle), Paris, EHESS / Gallimard / Seuil, coll. « Hautes études », 2020.

La discussion :

  • Un parcours de recherche orienté par Fernand Braudel, de l’histoire économique et sociale vers l’anthropologie historique  (1’10)
  • Un travail fondamental sur le catasto florentin (3’20)
  • Les gisements documentaires extraordinaires de la ville (4’15)
  • L’accès aux familles patriciennes comme à des couches sociales plus modestes (5’)
  • Contrastes et différences entre Florence et Venise (6’15)
  • Le recueil d’articles construit comme un livre ordonné, montrant la vie des femmes mariées (8’20)
  • La notion de « marché matrimonial » à Florence au XVe siècle (9’25)
  • Les calculs familiaux, destinés à marier ou à vouer à l’Église certains enfants (10’40)
  • Des mariages célébrés devant le notaire, plus que devant l’Église (13’30)
  • La dot, clé des relations sociales et matrimoniales (15’15)
  • Le sens à donner aux images de femmes parées et habillées, dans l’iconographie (18’15)
  • Les choix des épouses par leurs futures belles-mères (20’30)
  • Les cycles de vie particuliers des marchands florentins (23’)
  • La chambre nuptiale, ses objets, ses représentations (24’45)
  • Le nombre de naissances, l’importance de la mortalité infantile (27’50)
  • Quels sentiments familiaux, envers les enfants ? (30’)
  • Quel statut pour une veuve, et son « matrimoine » dans la société florentine ? (32’)
  • Quelle transmission du nom par les femmes ? (35’40)
  • La sépulture des femmes et ses enjeux (37’30)
  • Que voir, à Florence, comme traces de cette histoire ? (39’)

Entretien avec Didier Lett retraçant la carrière de Christiane Klapisch-Zuber

Bibliographie et références citées dans l’émission

  • Bellavitis, Anna, « Dot et richesse des femmes à Venise au XVIe siècle », Clio, HFS, 6, 1998, p. 91-100.
  • Chabot, Isabelle, La dette des familles. Femmes, lignage et patrimoine à Florence aux XIVe et XVe siècles, Ecole française de Rome, 2011, coll. de l’EFR 445.
  • Chabot, Isabelle & Anna Bellavitis, « A proposito di ‘Men and Women in Renaissance Venice’ di Stanley Chojnacki », Quaderni storici,  2005, p. 203-238.
  • Frugoni, Chiara, Une journée au Moyen âge, Paris, Les Belles lettres, 2013.
  • Guglielmotti, Paola (dir.), Donne, famiglie e patrimoni a Genova e in Liguria nei secoli XII e XII, Gênes, Società Ligure di storia patria, 2020.
  • Kirshner, Julius, « Pursuing honor while avoiding sin. The Monte delle doti of Florence », Milano, Giuffrè, 1977.
  • Lett, Didier, L’enfant des miracles. Enfance et société au Moyen Âge (XIIe-XIIIe s.), Paris, Aubier, 1997.
  • Molho, Anthony, Marriage alliance in late medieval Florence, Cambridge (Mass.), Harvard University Press, 1994.

Texte de Dante cité à la fin de l’émission

Dante Alighieri, La divine comédie, t. III, Le Paradis, chant XV, v. 97-108, Paris, Flammarion, 1990, trad. Jacqueline Risset. Dante rencontre son trisaïeul Cacciaguida qui lui loue l’état de Florence au XIIe siècle :

« Florence en son antique enceinte

où elle sonne encore la tierce et la none,

était en paix, sobre et pudique.

Elle n’avait ni habits brodés ni ceinture

qui fussent plus à voir que la personne.

La fille, en naissant, ne faisait pas encore

peur à son père, car l’âge et la dot

ne dépassaient ni l’un ni l’autre la mesure.

Elle n’avait pas de maison sans familles,

on n’y rencontrait pas encore Sardanapale,

pour montrer ce qui est permis en la chambre. »

Inscription citée à la fin de l’émission

Epitaphe, Florence, Santa Maria Novella

« Heic jacet in requie Domini/ Septima puella ornatissima/ ***mi de Rubeis Melocchiis patr. pist.  eq. Steph./ et Felicis Mazzettiae flor.  f. /quae virile ingenium studio adepta/ annum agens secundum supra vigesimum/ diuturna hidatidi abdominali ingruente/dum ferrum a quo spes erat salutis/ sensit in sui perniciem conversum/ constans animi et religione potens/ e vita migravit/ III non. Octob. a. r. s. CIϽIϽCCCVII »

Traduction : « Ici repose dans le Seigneur la septième fille très distinguée de ****mo dei Rossi Melocchi son père, chevalier pistoiais de [l’ordre de] Saint-Etienne, et de Felice Mazzetti de Florence, laquelle — ayant acquis par l’étude une intelligence virile, [mais] attaquée à l’âge de vingt-deux ans par une hytadis (infection ?) abdominale persistante, quand le fer où résidait l’espoir de son salut devint sa perte — quitta cette vie le 3 des nones d’octobre 1807. »

*NB : inscription partiellement illisible

173. Super-héros et guerres mondiales, avec Alexandre Jubelin

Une discussion avec Alexandre Jubelin, producteur du podcast Le Collimateur, autour des films Captain America: First Avenger (Joe Johnston, 2011) et Wonder Woman (Patty Jenkins, 2017).

La question des super-héros a fait l’objet d’un entretien avec William Blanc (ép. 36)

158. Royalistes de tous les pays, unissez-vous ! le carlisme au XIXe siècle avec Alexandre Dupont

L’invité : Alexandre Dupont, maître de conférences à l’université de Strasbourg

Le livre : Une internationale blanche. Histoire d’une mobilisation royaliste entre France et Espagne dans les années 1870, Paris, éditions de la Sorbonne, 2020.

La discussion :

  • Comment devient-on historien du légitimisme et du royalisme ? (1’)
  • Le paradoxe d’une étude sur des « vaincus » de l’histoire (2’) qui mobilise le concept d’« économie morale » (3’15)
  • Qu’est-ce que le « carlisme » espagnol, avec sa vision du monde contre-révolutionnaire au XIXe siècle ? (5’15)
  • L’Espagne est-elle à contretemps des évolutions politiques européennes à l’époque ? (8’)
  • Le contexte des années 1870 et l’arrière-plan de tentatives monarchistes en France (10’)
  • Le concept d’« internationale blanche » et son insertion dans les logiques transnationales du XIXe siècle (11’45)
  • L’importance fondamentale du catholicisme dans cet internationalisme monarchiste (13’40)
  • Une mobilisation appuyée sur des réseaux d’exilés (16’45)
  • Comment on franchit la frontière pyrénéenne au XIXe siècle, notamment pour la contrebande d’armes, observatoire de l’illégalité (18’15)
  • Les éclairages apportés par le travail sur la question des politisations populaires au XIXe siècle (21’30)
  • L’engagement de familles de la noblesse dans le carlisme (24’20), lié notamment à l’expérience des zouaves pontificaux dans les années 1860 (25’40)
  • La difficile quantification de groupes qui entendent peser sur l’opinion publique (27’15)
  • Quels regards, quelles éventuelles complicités, des autorités françaises vis-à-vis du carlisme ? (29’30)
  • Une mobilisation carliste qui a plus d’argent que l’internationale ouvrière ! (31’)
  • Les engagements armés en Espagne et la déception qu’ils suscitent parfois (33’30)
  • La mémoire de 1808 et les ambiguïtés des relations franco-espagnole au XIXe siècle (35’20)
  • Comment expliquer l’échec de ce mouvement monarchiste ? (37’)
  • Dans quelle mesure le franquisme, en 1936, s’appuie-t-il sur ces traditions politiques ? (38’40)
  • Conseils de lecture (40’)

 

Les références citées dans l’émission :

  • Sylvie Aprile, Le siècle des exilés. Bannis et proscrits, de 1789 à la Commune, Paris, CNRS Éditions, 2010
  • Maurice Agulhon, La République au village, Paris, Seuil, 1979.
  • Luc Boltanski, La souffrance à distance. Morale humanitaire, médias et politique, Paris, Gallimard, « Folio », 2e éd., 2007.
  • Jordi Canal, « Guerres civiles en Europe au XIXe siècle, guerre civile européenne et Internationale blanche » dans Zúñiga Jean-Paul (dir.), Pratiques du transnational. Terrains, preuves, limites, Paris, Centre de Recherches Historiques, 2011, p. 57-77.
  • Nicolas Delalande, La Lutte et l’entraide. L’Âge des solidarités ouvrières, Paris, Seuil, « L’univers historique », 2019.
  • Delphine Diaz, Un asile pour tous les peuples ? Exilés et réfugiés étrangers dans la France du premier XIXe siècle, Paris, Armand Colin, 2014.
  • Arthur Hérisson, « Une mobilisation internationale de masse à l’époque du Risorgimento : l’aide financière des catholiques français à la papauté (1860-1870) », Revue d’Histoire du XIXe siècle, 52, 2016/1, p. 175-192.
  • Hervé Mazurel, Vertiges de la guerre. Byron, les philhellènes et le mirage grec, Paris, Les Belles lettres, 2013
  • Jeanne Moisand, « Que faire d’exilés indésirables ? Les cantonalistes espagnols en Algérie française (1874) », Diasporas, 33 | 2019, 159-172.
  • Florencia Peyrou, « The role of Spain and the Spanish in the creation of Europe’s transnational democratic political culture, 1840–70 », Social History, 40/4, 2015, p. 497-517.
  • Simon Sarlin , Le Légitimisme en armes. Histoire d’une mobilisation internationale contre l’Unité italienne, Rome, École française de Rome, coll. B.E.F.A.R., 2013.
  • Edward P. Thompson, « The Moral Economy of the English Crowd in the Eighteenth Century  », Past and Present, n°50, 1971
  • Eugen Weber, La fin des terroirs. La modernisation de la France rurale (1870-1914), Paris, Fayard, 1983.

Les conseils de lecture :

156. Portrait de l’historien en traducteur, avec Jacques Dalarun

L’invité: Jacques Dalarun, directeur de recherches au CNRS

Jacques Dalarun | École nationale des chartes

Jacques Dalarun (photo (c) Ecole des Chartes)

Le thème: l’activité de traduction en histoire (écouter le premier volet de l’entretien avec Jacques Dalarun, sur le livre de William Chester Jordan)

La discussion:

  • Le manque de traductions, et l’enfermement dans des écoles historiques nationales qui en résulte (1’)
  • Le manque de reconnaissance, pour la carrière, du travail sur les sources et des traductions, à l’inverse (3’45)
  • Une expérience de traducteur qui vient du travail depuis le latin, sur les sources franciscaines (5’)
  • Qu’est-ce qu’un bon traducteur ? (7’)
  • Des traductions – collaborations avec les collègues ayant écrit les ouvrages (8’30) et les liens forts qui se créent à l’occasion (11’30)
  • La technicité de l’opération de traduction, s’agissant des citations de sources dans les livres d’histoire (13’)
  • La méthode de travail et de lecture, « à blanc » (15’) et l’écueil de l’ennui pour un travail chronophage (16’)
  • Les langues et surtout les auteurs plus difficiles à traduire que d’autres (19’45)
  • Le caractère littéraire de la traduction (22’)
  • La traduction comme nécessité et vertu pour les historiens (25’)

Ouvrages traduits par Jacques Dalarun et cités durant l’émission:

  • François d’Assise au miroir de la liturgie, textes édités et présentés par Marco Bartoli, Jacques Dalarun, Timothy J. Johnson, Paris, Les Éditions franciscaines, 2015.

  • Saul Friedländer, Où mène le souvenir : ma vie, Paris, Éditions du Seuil, 2016.

  • Roberto Bizzocchi, Les sigisbées : comment l’Italie inventa le mariage à trois, XVIIIe siècle, Pris, Alma, 2016.

  • Peter Heather, Rome et les barbares : histoire nouvelle de la chute d’un empire, Paris, Alma, 2016.

  • Sanjay Subrahmanyam,  Leçons indiennes. Itinéraires d’un historien : Delhi-Lisbonne-Paris-Los Angeles, Paris, Alma, 2015.
  • Francesco Berti, Voyage avec l’ami. Mort et vie de Giuliano Benassi, Paris, Gallimard, 2013.
  • Robert Lerner, Ernst Kantorowicz, une vie d’historien, Paris, Gallimard, 2019.

 

154. Relire Christopher Browning sur la Shoah, avec Nicolas Mariot

L’invité : Nicolas Mariot, directeur de recherche au CNRS

Le livre : Christopher R. Browning, Ordinary Men: Reserve Police Battalion 101 and the Final Solution in Poland, New York, Harper Collins, 1992, trad. fr. par Elie Barnavi : Des hommes ordinaires, le 101e bataillon de la police allemande et la Solution finale en Pologne, Paris, Les belles lettres, 1994.

La discussion :

  • Pourquoi il s’agit d’un livre important dans l’historiographie des guerres, des violences extrêmes et de la Shoah (1’30)
  • L’ouverture, à la suite de l’ouvrage, d’un champ d’études : la Täterforschung, recherche sur les bourreaux (3’10)
  • Le parcours pas tout à fait linéaire de Christopher Browning (4’)
  • Un champ historiographique initialement très peu structuré (6’)
  • Des travaux qui s’inscrivent dans les débats naissants entre « intentionnalistes » et « fonctionnalistes » (8’20)
  • Le rôle de Christopher Browning comme expert dans des procès (10’50)
  • Le livre, monographie sur un bataillon de police (12’)
  • Un travail quasi expérimental, proche de la microstoria (14’)
  • Le déplacement géographique et interprétatif majeur dont le livre est un signe, vers l’est de l’Europe, et vers ce qu’on appellera (parfois abusivement) la « Shoah par balles » (16’20)
  • Les choix d’écriture marquants du livre (20’45), et sa structure argumentative qui alterne entre « comment » et « pourquoi » (22’40)
  • Les descriptions denses de Christopher Browning (26’), montrant les processus de violence et leur perfectionnement
  • Les refus de participer aux tueries, et leur interprétation (30’50)
  • Les sources, et les problèmes qu’elles posent (33’15)
  • L’impunité presque totale des criminels dans les années 1960-1970 (35’)
  • Les divergences méthodologiques entre Browning et Goldhagen (36’), et les prolongements de l’enquête
  • Tout le monde peut-il devenir un tueur ? (40’30)
  • Les transpositions possibles de ces questionnements sur d’autres terrains, comme celui du génocide des Tutsi au Rwanda (45’)

 

Les références citées durant l’émission (par ordre alphabétique) :

  • Christopher R. Browning, The Final Solution and the German Foreign Office : a study of Referat D III of Abteilung Deutschland, 1940–43, New York, Holmes & Meier, 1978.
  • Christopher R. Browning, The origins of the Final Solution : the evolution of Nazi Jewish policy, September 1939-March 1942, Jerusalem/Lincoln, Yad Vashem/University of Nebraska Press, 2004
  • Christopher R. Browning, « Postface » rédigée en 1998 sous le titre « Ordinary Men or Ordinary Germans? » et publiée en français dans la réédition de Des hommes ordinaires. Le 101e bataillon de réserve de la police allemande et la solution finale en Pologne, Paris, Les Belles Lettres, 2002.
  • Christopher R. Browning, « Bourreaux allemands. Comportements et mobiles à la lumière de nouveaux documents », chapitre VI de Politique nazie, travailleurs juifs, bourreaux allemands, Paris, Le Belles Lettres, 2002 [2000].
  • Christopher R. Browning, « The Personal Contexts of a Holocaust Historian: War, Politics, Trials and Professional Rivalry », in Holocaust Scholarship. Personal Trajectories and Professional Interpretations, Basingstoke, Palgrave Macmillan, 2015, p. 48-66.
  • Lucy Dawidowicz, The War against the Jews, 1933-1945, New York, Holt, Rinehart and Winston, 1975.
  • François Furet (éd.), L‘Allemagne nazie et le génocide juif, Paris, Gallimard, 1985.
  • Daniel Jonah Goldhagen, Hitler’s willing executioners. Ordinary Germans and the Holocaust, New York, Alfred A. Knopf, 1996.
  • Jan Gross, Les Voisins : 10 juillet 1941, un massacre de Juifs en Pologne, Paris, Fayard, 2002.
  • Raul Hilberg, The Destruction of the European Jews, Chicago, Quadrangle Books, 1961.
  • Christian Ingrao, Jean Solchany, « La “Shoah par balles”. Impressions historiennes sur l’enquête du père Desbois et sa médiatisation », Vingtième siècle. Revue d’histoire, n°102, 2009/2, p. 3-18.
  • Nicolas Mariot, « Faut-il être motivé pour tuer ? Sur quelques explications aux violences de guerre », Genèses, 2003/4 (n°53), p. 154-177.
  • Nicolas Mariot et Claire Zalc, Face à la persécution. 991 Juifs dans la guerre, Paris, Odile Jacob, 2010
  • Jean Solchany, « De la régression analytique à la célébration médiatique: le phénomène Goldhagen », Revue d’histoire moderne et contemporaine, 44/3, 1997, p. 514-529

149. La géographie scolaire et ses enjeux, avec Caroline Leininger-Frezal

L’invitée : Caroline Leininger-Frezal, maîtresse de conférences à l’Université de Paris, membre du LDAR

Johannes Vermeer, Le géographe, 1669

Le thème : la géographie scolaire, enjeux, programmes, méthodes

La discussion :

  • Les origines du travail sur la didactique de la géographie (1’)
  • Le paradoxe d’une discipline enseignée avant tout par des historiennes et des historiens (4’)
  • Des ressources (web, livres) permettant aux collègues de se former dans la matière (5’15)
  • Quelles difficultés liées à cette formation parfois lacunaire ? (6’)
  • Penser l’espace, un enjeu à l’heure des outils numériques ordinaires (GPS etc.) ? (8’)
  • Des programmes d’une ambition conceptuelle souvent élevée (9’30)
  • La dimension politique des programmes de géographie, généralement sous-estimée (13’)
  • Quelles possibilités de transmettre autre chose qu’une géographie de la compétition et de la puissance ? (16’)
  • L’étude de cas, pilier de la géographie scolaire, et les problèmes que cela pose (17’40)
  • Comment « bien » enseigner les études de cas ? (22’)
  • Le croquis : ses bienfaits éventuels, ses limites fréquentes (24’)
  • La nomenclature des pays dans la géographie scolaire : développement, PED… et son origine (29’)
  • L’IDH (32’) et la division « nord-sud » qui complètent cette vision (33’)
  • L’origine des « pays émergents » et « BRICS » (35’30)
  • En finir avec « tigres », « dragons », etc. (39’)
  • Une tendance de fond qu’on peut observer :le vocabulaire de la « métropolisation » et des « villes mondiales », signe d’une vision néolibérale de l’espace (40’)

Les références citées dans l’émission et le conseil de lecture :

  • Site Géoconfluences
  • Marie-Claire Robic et Muriel Rosemberg, Géographier aujourd’hui : Enseigner la géographie au collège et au lycée, Adapt Editions, 2016.
  • Pascal Clerc, Géographies. Épistémologie et histoire des savoirs sur l’espace, Paris, Armand Colin, 2019.
  • Pascal Clerc, La culture scolaire en géographie. Le monde dans la classe, Rennes, PUR, 2002.

142. Statues contestées #3 : Antilles, États-Unis, les épicentres de la contestation

Depuis mai 2020, à travers le monde, les statues et monuments ayant un lien avec le passé colonial et esclavagiste sont contestées et parfois renversées. Une irruption des enjeux mémoriels dans l’espace public qui fait l’objet de cinq émissions du podcast:

1. Tempête mémorielle dans l’espace public

2. Aux sources de l’iconoclasme

3. Antilles, États-Unis, les épicentres de la contestation

4. Tour du monde des statues renversées

5. Déboulonner, et après ?

La liste des textes, interviews et articles sur les statues contestées est à consulter ici, ainsi que cette liste établie par Liesbeth Corens

Liste des intervenantes et des intervenants :

127. Histoires de Tintin #4 : Fétiches et musées dans Tintin, avec Vincent Guigueno

L’invité: Vincent Guigueno, historien, conservateur du patrimoine au Musée du quai Branly

Le thème: Tintin et les musées, Tintin au musée

La discussion :

  • Les musées, une question centrale pour Tintin, avec une « double incorporation » : des musées dans l’œuvre d’Hergé, mais aujourd’hui de cette œuvre et de Tintin aux musées (1’)
  • Le contexte des années 1920 et 1930, marqué par une fascination pour les musées et les explorateurs, et une évolution des musées (4’20)
  • Les différents musées présents dans Tintin, ainsi que les collections, les réserves, et la profusion des objets dans l’œuvre (8’40)
  • L’oreille cassée, dont toute l’intrigue repose sur le vol d’un objet dans un musée ethnographique (13’50)
  • Tintin et le code du patrimoine (18’)
  • La biographie de la statuette Chimu représentée dans l’Oreille cassée (20’)
  • Le mot « fétiche » et son sens, et le jeu très complexe sur les valeurs de l’objet qu’il implique (22’)
  • Valeur marchande et vol (28’)
  • Le personnage de Ridgewell, figure emblématique de l’ethnologue tel qu’on se le représente alors (33’)
  • Le fétiche démultiplié et reproduit en série (37’)
  • Ce qu’on trouve dans le « musée ethnographique » de l’album (41’)
  • Le « fétiche » du Trésor de Rackham le rouge (42’50)
  • La salle de marine du château de Moulinsart, et la collecte des objets (46’)
  • Le parcours historique de rémémoration du capitaine Haddock (49’)
  • La façon dont Hergé est entré au musée, à Angoulême puis à Bruxelles (54’)
  • Des planches de BD qui suscitent des recherches : l’exemple des momies (59’)
  • La muséification d’Hergé, et la valeur marchande de Tintin (1’00’30)
  • La dimension nostalgique de Tintin, qui peut être contrebalancée par une universalisation de la bande dessinée, de la BD extra-européenne (1’05’00)

Références bibliographiques