306. Redécouvrir Henri Pirenne (1862-1935)

L’invitée : Geneviève Warland, professeure d’histoire publique et d’historiographie à l’université de Louvain-la-Neuve

Le livre : Henri Pirenne, Histoires de l’Europe. Œuvres choisies, Paris, Gallimard, Quarto, 2023.

La discussion :

  • Introduction (00:00)
  • Comment et pourquoi rééditer Pirenne (1:30)
  • Un historien et une pensée au croisement de la France et de l’Allemagne (7:45)
  • La Grande Guerre, rupture biographique considérable (12:45)
  • Lecture par Matthieu de Oliveira : journal de guerre, 21 février 1915
  • Son Histoire de l’Europe à visée générale dans une longue durée (20:30)
  • Après la Grande Guerre : le refus du « germanisme » académique (25:00)
  • Lecture par Matthieu de Oliveira : « de l’influence allemande sur le mouvement historique contemporain » (1923)
  • La thèse originale de Pirenne sur la fin de l’antiquité, en opposition à la rupture supposée des invasions germaniques (30:00)
  • Pourquoi (et peut-on) lire Pirenne aujourd’hui ? (35:10)
  • Une conception non essentialiste de la nation (39:00)
  • L’économie médiévale vue par Pirenne, et son influence sur Marc Bloch et Lucien Febvre (41:00)

Les autres émissions évoquées:

273. Le Moyen Âge de Claude Gauvard

Seconde partie d’un double entretien portant aussi sur tout le parcours de Claude Gauvard. Cliquer ici pour la première partie. Voir aussi un entretien de 2018 autour du précédent livre sur la peine de mort, et les livres de Claude Gauvard (dont sa thèse) en ligne.

L’invitée: Claude Gauvard, professeure émérite d’histoire médiévale à l’université Paris-IEnregistrement d’une lettre de rémission de 1447 dans les registres du Trésor des Chartes, ANF, JJ 179, n° 30, fol. 13 v°

La discussion:

  • Introduction (00:00)
  • Deux professeurs à l’origine d’une vocation de médiéviste (01:00)
  • Un drôle de recrutement par Jean Favier, et la misogynie ordinaire à l’université dans les années 1960 (5:10)
  • Une génération bénéficiant de l’appel d’air universitaire à la fin des années 1960 (6:25)
  • Parmi les lectures et références, Marc Bloch (9:20)
  • Le choix du sujet de thèse et la découverte de l’anthropologie (10:15)
  • Le rapport à Georges Duby et Jacques Le Goff (14:25)
  • L’étude du bas Moyen Âge par rapport aux conceptions de Huizinga (18:00)
  • L’informatique, à ses débuts, comme outil pour la thèse (20:25)
  • Le rapport à l’histoire quantitative (22:30)
  • Le jury de thèse en 1989, reflétant le paysage des médiévistes (26:00)
  • La question de l’honneur, et des différences minimes entre nord et sud du royaume, comme résultat fort de la thèse (28:30)
  • L’internationalisation de la recherche dans les années 1980 (31:30)
  • Le programme de recherche sur la construction de l’État moderne comme aiguillon de recherche (33:15)
  • Idées et engagements politiques et anticoloniaux (35:30)
  • Être une femme dans un monde académique masculin et souvent misogyne (38:15)
  • Une historienne des institutions, à la tête d’institutions (40:45)
  • Le goût du Moyen Âge: architecture, sculpture, musée de Cluny (43:15)

272. Les procès de Jeanne d’Arc, avec Claude Gauvard

Première partie d’un double entretien portant aussi sur tout le parcours de Claude Gauvard. Cliquer ici pour la seconde partie. Voir aussi un entretien de 2018 autour du précédent livre sur la peine de mort, et les livres de Claude Gauvard (dont sa thèse) en ligne.

L’invitée: Claude Gauvard, professeure émérite d’histoire médiévale à l’université Paris-ILe livre: Jeanne d’Arc, héroïne diffamée et martyre, Paris, Gallimard, 2022

La discussion:

  • Introduction (00:00)
  • Jeanne d’Arc, précipité de Moyen âge (1:40)
  • La découverte d’un document inédit montrant les clivages politiques toujours suscités par la figure de Jeanne d’Arc même trente ans après sa mort (6:00)
  • Le supplice du feu pour Jeanne et son sens (8:00)
  • Le procès d’inquisition, ses particularités, et le rôle de l’évêque Cauchon (10:00)
  • Hérésie, sorcellerie, et crainte de l’envoûtement (14:15)
  • Un procès ordinaire et extraordinaire à la fois (17:30)
  • La hantise de la prison au Moyen âge (22:00)
  • Les apparitions de Jeanne et leur interprétation: venant du diable, ou de Dieu ? (24:20)
  • L’aveu (26:00)
  • En quelle langue se comprend-on durant le procès ? (27:00)
  • Les conceptions identitaires et d’appartenance au royaume, construites notamment par l’appartenance aux confins (29:00)
  • Quelle compétence politique du peuple au bas Moyen âge ? (31:20)
  • Larmes, émotions, opinions des habitants de Rouen lors du supplice (33:20)
  • Une femme portant l’habit d’homme, signe condamnable d’orgueil (34:10)
  • Une prophétesse, confrontée à l’échec de ses prophéties (38:00)
  • Les choix d’écriture du livre (40:00)
  • Le procès en réhabilitation tardif de Jeanne (43:00)

181. Filmer l’archéologie: The Dig, avec Quentin Rochet

L’invité : Quentin Rochet, archéologue, médiéviste, responsable d’opération pour Archeodunum (opérateur d’archeologie préventive) et chercheur associé à l’UMR ArAr 5138 (Lyon).

Le film : The Dig (Simon Stone, 2021)

La discussion :

  • Un film réussi, qui évoque l’archéologie et non la chasse au trésor (2:00)
  • Un film sensible, qui évoque le rapport à la mort et au temps qui passe (3:00)
  • L’approche de la Seconde Guerre mondiale qui donne une tonalité plus sombre au film  (3:40)
  • Le trésor de Sutton Hoo, presque pas montré à l’écran (5:00)
  • Que sait-on de la tombe de Sutton Hoo ? (8:30) quelle place des anglo-saxons dans l’imaginaire national britannique ? (10:10)
  • L’importance accordée à l’époque aux anglo-saxons « cultivés » par opposition aux Vikings « sauvages » (11:30)
  • Les personnages du film, leur histoire réelle, en partant du principal fouilleur Basil Brown (16:00)
  • Une archéologie « prestigieuse » à l’arrière-plan, avec la référence à Howard Carter (19:45)
  • La représentation du travail et des techniques archéologiques dans le film (21:45)
  • L’importance de l’objet archéologiques à l’époque, et la mise en scène de leur fragilité (25:30)
  •  Bâcher, débâcher, lors des intempéries : le quotidien de l’archéologie (30:40)
  • Des tensions dans le monde archéologique : hommes / femmes, amateurs / professionnels… (32:00)
  • Un film conçu comme une réhabilitation de Basil Brown (33:00)
  • La représentation des tensions hommes / femmes sur cette fouille, qui tend à gommer les personnages féminins de l’histoire (35:30)
  • À qui appartiennent les objets découverts lors de cette fouille ? Les différences entre Grande-Bretagne et France du point de vue de la législation sur le patrimoine et l’archéologie (38:00)
  • Refermer / reboucher un site (43:00)
  • Une piste de recherche actuelle : retravailler les archives de fouilles plus anciennes (45:50)

Le conseil de lecture :

Edward C. Harris, Principes de la Stratigraphie Archéologique, 2eme édition, traduction par Anne-Sophie Murray

Bibliographie (établie par Quentin Rochet) :

  • Digging the dirt: The true story behind The Dig – National Trust
  • Sue Brunning, Inside ‘The Dig’: how the star-studded film squares with reality of Sutton Hoo, British Museum
  • Un lien intéressant pour le grand public, la partie “Histoire de l’Archéologie” sur le site de l’INRAP
  • Comprendre les méthodes de l’archéologie (et leur histoire) : Demoule J.-P., Giligny F., A. Lehoërff, A. Schnapp, Guide des méthodes de l’archéologie, ed la découverte, 2009
  • Une référence sur le monde anglo saxon : Nicholas J. Higham and Martin J. Ryan, The Anglo-Saxon World, New Haven: Yale University Press, 2013
  • L’historiographie anglaise et la place des anglo-saxons dans cette dernière : J.-F. Dunyach et A. Mairey, Les âges de Britannia, Repenser l’histoire des mondes britanniques (Moyen Âge-XXIe siècle), Presses universitaires de Rennes, 2015
  • Les archéologues anglais mentionnés hors équipe de Sutton Hoo : Mortimer Wheeler, Archaeology From the Earth, Oxford University Press, 1954. V. Gordon Childe, The Dawn of European Civilization, 1925 Kathleen Kenyon, Beginning in Archaeology, 1952
  • Notices biographiques de ces dernier.e.s : Ève Gran-Aymerich, Les Chercheurs de passé. 1798–1945. Aux sources de l’archéologie, CNRS Éditions, Paris, 2007

 

179. Le Moyen âge de Norbert Elias, avec Étienne Anheim

L’invité : Etienne Anheim, directeur d’études à l’EHESS et des éditions de l’EHESS

Le livre : Norbert Elias, Moyen âge et procès de civilisation, traduction d’Anne-Marie Pailhès, Paris, Éditions de l’EHESS, 2021.

La discussion :

  • Une nouvelle collection de poche pour les sciences sociales aux éditions de l’EHESS (1’)
  • Un texte inédit en français, ce qui s’inscrit dans la réception longue et complexe des travaux d’Elias (2:00)
  • Ce qui explique en partie une réception moins forte de l’œuvre d’Elias chez les médiévistes (5:00)
  • Les problèmes qu’Elias cherche à résoudre en s’emparant du Moyen âge : l’origine de la société de cour et de la modernité (8:30)
  • La thèse forte du livre, qui fait de la cour l’instance intermédiaire ou le « chaînon manquant » entre monde féodal et société moderne capitaliste (10:30)
  • L’idée que la cour permet de commencer à réguler la violence « féodale » dès le Moyen âge central (15:30)
  • L’absence de l’Église dans l’argumentation et ses raisons (18:00)
  • La façon de travailler d’Elias et les matériaux dont il dispose, en tant que sociologue, dans les années 1930 (20:00)
  • Une démarche de sociologie historique qui amène Elias à penser les causes sociales des phénomènes et à « défataliser » l’histoire nationale, en lien avec d’autres courants intellectuels issus notamment de la sociologie (25:30)
  • Le « grand Moyen âge » de Norbert Elias, proche du « long Moyen âge » de Jacques Le Goff (30:30)
  • Repenser le Moyen âge au regard de l’histoire globale (34:00)

Les références citées durant l’émission (par ordre alphabétique) :

  • Étienne Anheim, « De l’usage de l’œuvre de Norbert Elias en histoire médiévale », publié en avril 2013, en ligne : www.menestrel.fr/?-elias-
  • Dominique Barthélemy, L’an mil et la Paix de Dieu. La France chrétienne et féodale 980-1060, Paris, Fayard, 1999.
  • Jérôme Baschet, La civilisation féodale : de l’an mil à la colonisation de l’Amérique, Paris, Aubier, 2004.
  • Marc Bloch, La société féodale, Paris, Albin Michel, 1939-1940.
  • Quentin Deluermoz (dir.), « Norbert Elias et le XXe siècle. Le processus de civilisation à l’épreuve », numéro thématique, Vingtième siècle. Revue d’histoire, 2010, no 106.
  • Claude Gauvard, « De grace especial ». Crime, État et société en France à la fin du Moyen Âge, Paris, Publications de la Sorbonne, 1991.
  • Alain Guerreau, Le féodalisme, un horizon théorique, Paris, le sycomore, 1980.
  • Dominique Iogna-Prat, La Maison Dieu. Une histoire monumentale de l’Église au Moyen Âge, 800-1200, Paris, Seuil, 2006
  • Marc Joly, Devenir Norbert Elias. Histoire croisée d’un processus de reconnaissance scientifique : la réception française, Paris, Fayard, 2012.
  • Michel Lauwers, Naissance du cimetière. Lieux sacrés et terre des morts dans l’Occident médiéval, Paris, Aubier, 1999.
  • Jacques Le Goff, « Pour un autre Moyen Âge », Europe, no 654, 1983, p. 19-24, repris dans L’imaginaire médiéval, Paris, Gallimard, 1985, p. 7-13.
  • Florian Mazel, L’évêque et le territoire. L’invention médiévale de l’espace, Paris, Seuil, 2016.
  • Michael Mitterauer, Why Europe? The Medieval Origins of Its Special Path, Chicago, University of Chicago Press, 2010.
  • Stephen White, Feuding and Peace-making in Eleventh-century France, Aldershot, Ashgate, 2004.