395. L’attentat contre Marx Dormoy en 1941 (Un meurtre, une société 5)

Montélimar, nuit du 25 au 26 juillet 1941. L’explosion d’une bombe secoue le tranquille hôtel Le relais de l’empereur. L’ancien ministre du front populaire Marx Dormoy, assigné à résidence sur place par Vichy, haï par toutes les composantes du fascisme français, est tué sur le coup.

Dans ce cinquième épisode de la série d’été « Un meurtre, une société », l’historien de la Shoah et de l’antisémitisme Tal Bruttmann explique l’arrière-plan et les responsabilités, personnelles et idéologiques, de cet assassinat politique de premier plan sous l’Occupation, trois ans avant ceux de Jean Zay et Georges Mandel.

Pour aller plus loin : Gayle K. Brunelle et Annette Finley-Croswhite, L’assassinat de Marx Dormoy : enquête sur la Cagoule, Paris, Nouveau Monde éditions, coll. « Histoire », 2024.

Une série de Paroles d’histoire, podcast créé et produit par André Loez, distribué par Binge audio. Contact pub : project@binge.audio

Musique de générique : Neil Young, Cortez the Killer.

Titre de la série en référence au livre de Bernard Guénée sur 1407.

 

389. À l’écoute des grévistes en temps de guerre, avec Ariane Mak

L’invitée : Ariane Mak, MCF à l’université Paris cité

Le livre : En guerre et en grèves, enquêtes dans les cités minières britanniques (1939-1945), Paris, éditions de l’EHESS, 2025.

La discussion :

  • Présentation du livre, des grèves de 1942-1944, et de leur historiographie (1:00)
  • Le mythe de la « People’s war » et d’une Grande-Bretagne unie durant la guerre (6:50)
  • Des grèves interdites en temps de guerre… en théorie (9:00)
  • Les enquêtes du « Mass observation », matériau d’une extrême richesse pour l’enquête (14:10)
  • Extraits 1 et 2 : Tom Harrison, cofondateur du « Mass observation » au micro de la BBC en 1939
  • Le recours à l’enquête orale auprès d’anciens mineurs (25:30)
  • Extrait 3 : Les malentendus linguistiques rencontrés par Geoff Rose, apprenti mineur
  • L’enjeu salarial et l’économie morale des grèves (32:00)
  • Extrait 4 : George Brinley Evans traité de « bloody bolshie » par son patron en 1942 (2015)
  • Légitimer les grèves (40:50)
  • Les « Bevin boys », jeunes hommes découvrant le métier de mineur à la fin de la guerre (44:00)
  • Extrait 5 : Denys Owen, un « Bevin boy », affecté à la mine en 1944 ; extrait 6 : Harry Parkes présentant l’attitude des mineurs envers eux et la difficulté d’acquérir le “pit sense”.
  • La guerre, occasion de saisir le quotidien des classes populaires, et la place de l’humour en particulier (51:15)
  • Les rapports de genre, enjeu omniprésent dans le monde de la mine (55:00)

Le conseil de lecture : Melanie Tebbutt, Women’s Talk?: A Social History of ‘Gossip’ in Working-Class Neighbourhoods, 1880-1960 (1995)

350. Les guerres d’Antoine Prost

L’invité : Antoine Prost (photographie Bruno Charoy)

Les livres : Carnets d’Algérie (Tallandier, 2005) ; Les Français d’une guerre à l’autre (Gallimard, 2024)

La discussion :

  • Une enfance dans la Seconde Guerre mondiale et la Libération (1:30)
  • Officier et témoin des violences en Algérie (24:45)
  • Travailler sur et avec les Anciens combattants de la Grande Guerre (42:10)

342. La passivité du Vatican face à la Shoah, avec Nina Valbousquet

L’invitée : Nina Valbousquet, historienne

Le livre : Les âmes tièdes. Le Vatican face à la Shoah, Paris, La découverte, 2024.

La discussion :

  • Les archives du Vatican nouvellement accessibles (2:00)
  • Dépasser la focalisation sur la personne du pape Pie XII (10:30)
  • La passivité du Vatican et ses raisons (17:00)
  • Le Vatican face aux protestations des prélats français en 1942, et aux rafles effectuées à Rome (35:00)
  • Une mémoire autosatisfaite du Vatican (45:00)

Le conseil de lecture : Georges Didi-Huberman, Eparses. Voyage dans les papiers du ghetto de Varsovie, Minuit, 2020.

 

294. Michel Borwicz et l’écriture de la Shoah, avec Judith Lyon-Caen

L’invitée : Judith Lyon-Caen, directrice d’études à l’EHESS

Le livre : Michel Borwicz, Écrits des condamnés à mort sous l’occupation nazie, Paris, Gallimard, « Tel », 2023 [1954].

La discussion :

  • Introduction. Un livre oublié ? (00:00)
  • Une bifurcation polonaise dans un parcours de recherche ? (2:00)
  • Préparer l’édition critique du livre de Michel Borwicz (8:00)
  • La vie de Michel Borwicz avant l’occupation nazie (11:45)
  • Les nazis à Lwow, l’enfermement et l’entrée en résistance (17:45)
  • La collecte d’informations sur le génocide dans la Pologne de 1944-1945 (29:00)
  • La Shoah, la langue et la poésie (33:00)
  • Départ vers la France et choix de la sociologie (39:00)
  • Un livre qui évoque la résistance ET montre la spécificité du sort des Juifs (44:00)
  • La réception de la thèse et du livre (47:30)
  • Une figure de l’émigration polonaise et de la mémoire de la guerre (52:00)

Les références citées dans le podcast et le conseil de lecture :

  • Dinah Ribard, Judith Lyon-Caen, L’historien et la littérature, Paris, La découverte, « Repères », 2010.
  • Annette Wieviorka, L’ère du témoin, Paris, Plon, 1998.
  • Laura Jockusch, Collect and Record ! Jewish Holocaust Documentation in Early Postwar Europe, Oxford, Oxford University Press, 2012.
  • Simon Perego, Pleurons-les. Les Juifs de Paris et la commémoration de la Shoah (1944-1967), Champ Vallon, 2020.
  • Pierre Seghers, La résistance et ses poètes, 2 vol. Seghers, 2022.

292. Sur les traces du Buhara et d’un père résistant, avec Isabelle Neuschwander

L’invitée : Isabelle Neuschwander, ancienne directrice des Archives Nationales

 Le livre : L’aventure du Buhara. Résistance et déportation – 1940-1945, Nonant, OREP éditions, 2023.

La discussion :

  • Présentation (00:00)
  • Un long travail entre des enregistrements en 1987 puis une enquête d’archiviste (1:30)
  • Retrouver les lieux et les acteurs de cette histoire (5 :00)
  • Archives publiques, archives privées (7:45)
  • Une enquête intime et scientifique à la fois (10:45)
  • La fiabilité du témoignage oral (13:00)
  • Louis Delabruyère, un élève-pilote face à la défaite de 1940 (14:15)
  • La naissance d’une volonté de résister (17:40)
  • Un projet de Résistance enraciné en Bretagne (22:15)
  • L’échec du projet et l’arraisonnement par un navire allemand (25:50)
  • Les mécanismes de la répression allemande (31:00)
  • Le rôle des femmes autour du groupe du « Buhara » (34:45)
  • Le sort des deux fusillés, Jean Magloire Dorange et Pierre Devouassoud (37:00)
  • La déportation, le bagne (38:00), la solidarité avec des prisonniers politiques allemands (43:00)
  • Un retour différé en France (50:00)
  • Comment qualifier l’aventure du « Buhara » et son lien avec la Résistance ? (52:30)
  • Les échos de cet épisode en Normandie et en Bretagne (54:30)

Les ouvrages cités dans l’émission et les conseils de lecture :

  • Agnès Humbert, Notre guerre, souvenirs de résistance, Paris, Tallandier, 2004.
  • Camille Lefevbre, à l’ombre de l’histoire des autres, Paris, EHESS, 2022.
  • Annette Wieviorka, Tombeaux, Paris, Seuil, 2022.
  • Annette Wievorka, 1945 La découverte, Paris, Seuil, 2015.
  • Olga Wormser-Migot, Le Retour des déportés : quand les alliés ouvrirent les portes, Paris, Archidoc, 2020.

 

284. Sciences sociales et mémoires collectives (discussion enregistrée en public le 7 avril 2023)

Discussion enregistrée en public le 7 avril 2023 à Sciences-Po

Les intervenantes et intervenants :

  • Sarah Gensburger, sociologue, CNRS (codirectrice du livre)
  • Alexandra Oeser, sociologue, université Paris-Nanterre
  • Gérôme Truc, sociologue, CNRS, université Paris-Nanterre
  • Philippe Mesnard, littérature comparée, université Clermont-Auvergne
  • Audrey Célestine, politiste, Université de Lille
  • Fabien Jobard, politiste, CNRS, université Paris-Saclay

Le livre : Sarah Gensburger, Sandrine Lefranc, La mémoire collective en question(s), Paris, PUF, 2022.

 

La discussion :

  • Introduction (00:00)
  • Présentation du livre par Sarah Gensburger (2:00)
  • Y-a-t-il une mémoire collective des attentats ? par Gérôme Truc (8:40)
  • La mémoire collective est-elle une chose sérieuse ? par Alexandra Oeser (12:00)
  • Le tourisme de mémoire est-il nécessairement macabre ? par Philippe Mesnard (17:45)
  • Qui porte la mémoire de l’esclavage ? par Audrey Célestine (27:30)
  • Quelle mémoire des violences policières et des mobilisations dans les banlieues ? par Fabien Jobard (35:00)
  • Est-ce que les chercheurs et chercheuses peuvent ou doivent prescrire des politiques mémorielles ? (45:00)
  • Comment enquêter sur la mémoire avec les outils des sciences sociales ? (58:00)
  • La mémoire d’une institution comme la police, et celle de la mort de Malik Oussekine (1:10:20)
  • La dimension spatiale et locale des études de mémoire (1:14:00)
  • L’internationalisation des enjeux mémoriels (1:17:30)

 

277. Un album d’Auschwitz, avec Tal Bruttmann

L’invité : Tal Bruttmann, historien

Le livre : Tal Bruttmann, Stefan Hördler et Christoph Kreutzmüller, Un album d’Auschwitz. Comment les nazis ont photographié leurs crimes, Paris, Seuil, 2023.

La discussion :

  • Introduction (00:00)
  • La découverte de photos en partie inédites prises par Zbigniew Leszek Grzywaczewski lors de la révolte du ghetto de Varsovie en 1943 (2:30)
  • Biographie d’un objet: l’album de Lili Jacob (5:00)
  • Le rôle clef de Serge Klarsfeld dans sa transformation en document pour l’histoire… (10:15)
  • …mais l’absence de regard proprement historien sur des photos utilisées comme illustrations, souvent de façon erronée ou décontextualisée (11:45)
  • Un livre collectif, avec une répartition des rôles et des compétences entre les trois auteurs (15:20)
  • Les méthodes de travail (17:30)
  • Auschwitz, un lieu qui ne constitue pas un secret (24:00)
  • Est-ce plus éprouvant de travailler sur des photos ? (27:15)
  • Un album structurellement trompeur sur ce qu’il montre et ne montre pas de l’assassinat des Juifs (28:30)
  • Discussion de la photo 118 (32:00)
  • Des photos qui comme la langue nazie mêlent efficacité et euphémisation (33:00)
  • Le contexte spécifique du printemps 1944, avec les tensions et contradictions de la politique nazie (36:00)
  • Les photographes SS de l’album, Walter et Hoffmann (39:00)
  • Le travail de contextualisation et d’identification: personnes, wagons, convois… (43:00)
  • Un album reprenant les codes de l’antisémitisme nazi (47:45)
  • La violence derrière l’euphémisation (49:00)
  • Le tri et la « valorisation » des « effets », une partie intégrante du processus d’assassinat (52:30)
  • Photographie et « déshumanisation » (53:30)
  • La spécificité irréductible du contexte de cet album: ce ne sont pas des photos génériques de la Shoah (57:15)
  • Contre l’idée d’une absence d’images de la Shoah: la profusion des documents iconographiques (1:01:15) parmi lesquels des dessins (1:05:00)
  • Analyse de la photo 27 (1:10:00)

 

271. Repolitiser l’histoire de Vichy, avec Anne-Sophie Anglaret

L’invitée: Anne-Sophie Anglaret, docteure en histoire, traductrice

Le livre: Au service du Maréchal ? La légion française des combattants (1940-1944), Paris, CNRS, 2023.

La discussion:

  • Introduction (00:00)
  • Présentation de la Légion, seule organisation de masse de Vichy (1:00)
  • Le choix du sujet, à partir d’un questionnement sur la mémoire (2:15)
  • Faire une thèse sur un sujet pour lequel il y a déjà un travail de référence (3:30)
  • Le dialogue avec le travail d’Antone Prost (4:30)
  • Travail quantitatif, rareté des sources narratives, usage de la presse et lexicométrie, difficultés des sources iconographiques (6:00)
  • Une légion peu militarisée: pas un équivalent français des SA ou chemises noires (10:00)
  • La Légion comme critère du fascisme de Vichy (11:00)
  • Extrait audio: discours de Pétain du 17 juin 1940, « sûr de l’affection des anciens combattants… »
  • Retour critique sur la notion de « maréchalisme » (14:00)
  • La naissance de la Légion, et les indices des désaccords politiques que cela suscite (16:30)
  • La question des continuités entre Vichy et IIIe République, visibles pour une partie des anciens combattants (19:00)
  • Le PSF (ex- Croix de feu), pas un « bouclier » républicain (20:00)
  • Les activités de la Légion (21:30)
  • Une Légion valorisée, mais marginalisée (25:15)
  • La Milice, émanation de la Légion (27:00)
  • Les anciens combattants juifs, en partie marginalisés dans la Légion (29:15)
  • Une organisation tout sauf « apolitique » (30:00)
  • Légion et délation (32:00)
  • Légion et résistance (33:40)
  • L’Allemagne, un non-sujet (35:00)
  • Presque pas d’épuration (38:00) mais des attentats ciblés de la Résistance (40:00)
  • La sémantique particulière de la « Légion », plus militariste que pour les anciens combattants de l’entre-deux-guerres (41:00)
  • Repolitiser l’histoire de l’occupation (43:00)

Les travaux cités dans le podcast:

  • Jean-Paul Cointet, La Légion française des combattants, 1940-1944. La tentation du fascisme, Paris, Albin Michel, 1995.
  • Laurent Joly, Dénoncer les Juifs sous l’Occupation, Paris, éditions du CNRS, 2021.
  • Antoine Prost, Les anciens combattants et la société française 1914-1939, Paris, Presses de la FNSP, 1977
  • François Rouquet et Fabrice Virgili, Les Françaises, les Français et l’épuration. De 1940 à nos jours, Paris, Gallimard, « Folio histoire », 2018.

Le conseil de lecture: Léon Werth, Déposition

250. La rafle du “Vel d’hiv”, avec Laurent Joly

L’invité : Laurent Joly, directeur de recherche au CNRS

Le livre : La rafle du Vel d’Hiv. Paris, juillet 1942, Paris, Grasset, 2022.

La discussion:

  • Introduction (00:00)
  • La place marquante de la rafle du « Vel d’Hiv » dans l’histoire (01:00)
  • Les différentes strates historiographiques ayant abordé l’événement (4:00)
  • Un événement central mais sur lequel des idées fausses circulent encore (6:40)
  • Les sources policières et leurs lacunes (10:00)
  • Le fichier des « agents capteurs », document manquant (16:00)
  • La place donnée aux victimes dans l’écriture du livre (17:30)
  • Les logiques qui sont à l’origine de la rafle (24:00)
  • La politique Laval-Bousquet (26:00) et sa violation du droit (27:30)
  • Les fausses « exemptions » agissant comme des « soupapes morales » (29:00)
  • La précarité matérielle qui fragilise les victimes de la rafle (31:30)
  • Le paradoxe d’un événement meurtrier, de manière massive, mais qui échoue dans ses objectifs (33:35)
  • L’expérience concrète de la rafle et son organisation policière (38:10)
  • L’obéissance routinière de policiers, en dépit de marges de manœuvre (41:00)
  • Le chaos indescriptible qui suit la rafle et les conditions atroces qui en résultent, dont la séparation des enfants et leur déportation (44:00)
  • La « rafle après la rafle » de l’été 1942 à 1944 (46:30)
  • L’unique photo de la rafle et son histoire (51:00)

 Les conseils de lecture et les ouvrages cités dans l’émission :

  • Claude Lévy et Paul Tillard, La grande rafle du vel d’hiv, Paris, Robert Laffont, 1967.
  • Serge Klarsfeld, Vichy-Auschwitz. Le rôle de Vichy dans la « solution finale » de la question juive en France. 1942, Paris, Fayard, 1983
  • Georges Horan-Koiransky, Journal d’un interné. Drancy 1942-1943, Ivry, Créaphis, 2017 ; ’Le camp de Drancy, seuil de l’enfer juif’’ .Dessins et estampes 1942-1947, Ivry, Créaphis, 2017.
  • Lise Foisneau, Les nomades face à la guerre, 1939-1946, Paris, Kincksieck, 2022.
  • Alexandre Doulut, La déportation des juifs de France : changement d’échelle, thèse, université Paris-I, 2021.
  • Annette Muller, La petite fille du Vel d’hiv, Denoël, 1991.