284. Sciences sociales et mémoires collectives (discussion enregistrée en public le 7 avril 2023)

Discussion enregistrée en public le 7 avril 2023 à Sciences-Po

Les intervenantes et intervenants :

  • Sarah Gensburger, sociologue, CNRS (codirectrice du livre)
  • Alexandra Oeser, sociologue, université Paris-Nanterre
  • Gérôme Truc, sociologue, CNRS, université Paris-Nanterre
  • Philippe Mesnard, littérature comparée, université Clermont-Auvergne
  • Audrey Célestine, politiste, Université de Lille
  • Fabien Jobard, politiste, CNRS, université Paris-Saclay

Le livre : Sarah Gensburger, Sandrine Lefranc, La mémoire collective en question(s), Paris, PUF, 2022.

 

La discussion :

  • Introduction (00:00)
  • Présentation du livre par Sarah Gensburger (2:00)
  • Y-a-t-il une mémoire collective des attentats ? par Gérôme Truc (8:40)
  • La mémoire collective est-elle une chose sérieuse ? par Alexandra Oeser (12:00)
  • Le tourisme de mémoire est-il nécessairement macabre ? par Philippe Mesnard (17:45)
  • Qui porte la mémoire de l’esclavage ? par Audrey Célestine (27:30)
  • Quelle mémoire des violences policières et des mobilisations dans les banlieues ? par Fabien Jobard (35:00)
  • Est-ce que les chercheurs et chercheuses peuvent ou doivent prescrire des politiques mémorielles ? (45:00)
  • Comment enquêter sur la mémoire avec les outils des sciences sociales ? (58:00)
  • La mémoire d’une institution comme la police, et celle de la mort de Malik Oussekine (1:10:20)
  • La dimension spatiale et locale des études de mémoire (1:14:00)
  • L’internationalisation des enjeux mémoriels (1:17:30)

 

281. Expériences de guerres civiles, avec Jérémie Foa et Quentin Deluermoz

Emission enregistrée à la BIS (Bibliothèque de la Sorbonne, salle Jacqueline de Romilly) le 29 mars 2023 dans le cadre des “Nocturnes de l’histoire”

Les invités : Jérémie Foa, MCF à l’université Aix-Marseille, et Quentin Deluermoz, professeur à l’université Paris-Cité.

Le livre : Les épreuves de la guerre civile, éditions de la Sorbonne, 2022.

La discussion :

  • Introduction (00:00)
  • Le sens du titre, les « épreuves » de la guerre civile (1:45)
  • L’origine du livre et du colloque dont il est le résultat (5:40)
  • Des terrains historiques variés pour poser des questions de sciences sociales: qu’est-ce qui fait tenir une société ? (10:00)
  • L’article de Laurent Gayer et Nida Karmani sur Karachi (15:30)
  • La guerre civile, une situation dans laquelle on doit raisonner par indices (19:30)
  • L’importance des apparences corporelles (27:00)
  • Le « checkpoint », lieu de vérification en période de guerre civile (30:00)
  • Quelles transformations entre la période moderne et l’époque contemporaine ? (34:00)
  • Cadre rural, cadre urbain (39:30)
  • La durée de la guerre civile, et les traces que cela produit (42:30)
  • La guerre civile au présent (47:30)
  • La guerre civile, préférable à la guerre extérieure ? (53:00)

266. Socio-histoire du foot, avec Manuel Schotté

L’invité : Manuel Schotté, professeur de sociologie à l’université de Lille

Le livre : La Valeur du footballeur. Socio-histoire d’une production collective, Paris, éd. du CNRS, 2022.

La discussion :

  • Introduction (00:00)
  • Le paradoxe de salariés d’origine modeste captant une part énorme de la valeur (1:15)
  • Un questionnement sociologique et pas économique (4:15) et une démarche de socio-histoire (6:20)
  • Comment le football s’impose – ou pas – en tant que sport dans un pays (9:30)
  • La construction précoce d’un cadre homogène pour le football (15:00)
  • Le modèle salarial comme mode d’organisation du sport (21:00)
  • Le rôle des médias dans la construction du succès footballistique (23:00)
  • La télévision, source de financement qui n’a pas toujours été évidente (27:00)
  • La croissance de l’intérêt pour le spectacle sportif (31:00)
  • La grève des footballeurs de 1972 et le basculement contractuel qui en a découlé (40:00)
  • La question du salaire « trop » élevé qui émerge dans les années 1980 (45:00)
  • L’arrêt Bosman de 1995, une rupture qui n’en est pas une (49:00)
  • Pourquoi Maradona en couverture du livre ? (52:00)
  • Les conditions de possibilité d’écriture du livre (53:25)

Le conseil de lecture : Randall Collins, Interaction ritual chains

233. Histoire et sociologie de l’alpinisme, avec Delphine Moraldo

L’invitée : Delphine Moraldo, docteure en sociologie, professeure en classes préparatoires

Le livre : L’esprit de l’alpinisme, une sociologue de l’excellence du XIXe au XXIe siècles, Lyon, ENS éditions, 2021.

La discussion :

  • Introduction (00:00)
  • L’intérêt d’étudier l’alpinisme, activité échappant aux catégories sociologiques habituelles (1:30)
  • Une démarche croisant questionnement sociologique et périodisation (4:00)
  • Un regard sur « l’excellence » des « grands alpinistes » (5:00)
  • Les paradoxes d’un alpinisme né dans un pays non alpin, la Grande-Bretagne (7:00)
  • Une activité liée à la formation des élites britanniques (8:30)
  • Pas tout à fait un sport : des règles non écrites (9:45)
  • Le profil social des alpinistes et les bases de données constituées pour le cerner (11:00)
  • Qu’est-ce qu’une « belle ascension » à la fin du XIXe siècle ? (15:00)
  • La place des guides de montagne, indispensables mais passant au second plan (19:00)
  • Des femmes exclues dans un alpinisme présenté comme « conquête » virile (21:40)
  • Un alpinisme britannique concurrencé au début du XXe siècle par la France et l’Allemagne (27:30)
  • L’alpinisme et ses enjeux géopolitiques dans l’entre-deux-guerres (29:30)
  • Des alpinistes issus des milieux populaires dans les années 1930 (32:00) et dans les années 1950 avec l’expédition Paragot-Bérardini sur l’Aconcagua (36:45)
  • L’esprit de l’alpinisme à l’épreuve des ascensions himalayennes (39:00)
  • Extrait : Catherine Destivelle réagit à l’ascension hivernale du K2 par Nirmal Purja (42:00)
  • Un paradoxe : la recherche de la pureté alpinistique, mais la nécessité de financements et de médiatisation (45:00)
  • La nostalgie des alpinistes britanniques (47:00)

Le conseil de lecture : Andy Cave, L’ombre et la lumière

212. Écrire l’histoire du capitalisme, avec Pierre François et Claire Lemercier

Les invité-e-s : Pierre François, directeur de recherche en sociologie au CNRS ; Claire Lemercier, directrice de recherche en histoire au CNRS

Le livre : Sociologie historique du capitalisme, Paris, La découverte, 2021.

La discussion :

  • La genèse d’un livre qui est un manuel et se veut accessible, mais ne se limite pas à ce format (2:15)
  • Un livre qui assume de ne pas être écrit pour les économistes ni avec leur type de formalisation (5:30)
  • Le capitalisme, un objet pouvant susciter l’unité des sciences sociales ? (8:00)
  • Que met-on sous le terme « capitalisme » ? (9:45)
  • Pourquoi peut-on situer l’entrée du capitalisme à la fin du XVIIe siècle ? (14:00)
  • Une lecture non techniciste de cette genèse du capitalisme (16:15)
  • La place du travail contraint et des colonies « laboratoires » du capitalisme (ou non) à l’époque moderne (19:00)
  • Pas d’incompatibilité entre Ancien régime et capitalisme ! (21:15)
  • Les trois âges du capitalisme (23:20)
  • L’âge de l’usine, entre 1880 et 1980 environ (26:30)
  • Pourquoi le passage à l’âge de la finance, au début des années 1980 (28:00)
  • Les conflits comme moteurs de cette histoire (31:00)
  • La place de l’État dans l’histoire du capitalisme (36:30)
  • Pourquoi le libéralisme de 2021 n’est pas celui de 1821 (39:00)
  • Quelle place pour l’événement dans les trois âges du capitalisme ? (40:15)
  • Une conjonction de tournants entre 1860 et 1890 ? (43:00)

 

Les conseils de fin d’émission :

210. Les prénoms, la guerre, l’histoire, avec Baptiste Coulmont et Nicolas Todd

Les invités :

  • Baptiste Coulmont, professeur de sociologie à l’ENS-Saclay
  • Nicolas Todd, chercheur au centre Roland Mousnier

La publication : « Naming for Kin during World War I: Baby Names as Markers for War », The Journal of Interdisciplinary History (2021) 52 (1): 55–67 (résumé en français) 

La discussion :

  • L’histoire s’intéresse-t-elle assez aux prénoms ? (1:30)
  • L’origine de l’étude, une attention aux orphelins de la Grande Guerre (3:25)
  • Une sur-transmission des prénoms des pères au début de la guerre en 1914… (6 :15)
  • …mais qui ne s’observe pas pour l’ensemble des hommes mobilisés (7:30)
  • Le prénom, un marqueur du deuil ? (9:50)
  • Comment on travaille sur les données numériques massives ? (11:30)
  • La base de données collaborative qui a servi de source à l’enquête, et les perspectives ouvertes par des bases comme celle des « morts pour la France » (13:50)
  • La recherche de Nicolas Todd sur les effets psychologique de la guerres chez les orphelins (15:30)
  • L’espérance de vie plus faible des orphelins prénataux (20:00)
  • Que fait la Grande Guerre aux modes de nomination, aux choix de prénoms ? (22:15)
  • Quels autres événements historiques ont déclenché des changements de prénoms ? (25:00)
  • Et ceux comme la Révolution française ou la naissance de l’URSS qui créent de nouveaux prénoms ? (26:00)
  • Les cycles temporels de retour ou de chute des prénoms (28:20)
  • La nomination suivant les parrains ou marraines, une pratique traditionnelle (30:00)
  • Le sens et l’apparition du binôme nom-prénom au Moyen âge (32:00)
  • Enjeux identitaires et conflictuels des prénoms (33:30)
  • Les trajectoires de familles immigrées lisibles sur plusieurs générations à travers les prénoms (35:30)
  • Esclavage et abolition, des phénomènes marquants pour les prénoms et changements d’identité (38:45)
  • Pourquoi s’intéresser au prénom en lien avec les propriétés sociales des individus (40:00)

 

Les références citées dans le podcast :

  • Baptiste Coulmont et Patrick Simon, « Quels prénoms les immigrés donnent-ils à leurs enfants en France ? », Population et Sociétés, n°565, avril 2019, p.1-4
  • Todd, N., Valleron, A. J., & Bougnères, P. (2018). The naming of orphans in France during World War One: A study of a nationwide cohort of pupilles de la Nation. Historical Methods, 51(2), 82-91.
  • Todd, N., Valleron, A. J., & Bougnères, P. (2017). Prenatal loss of father during World War One is predictive of a reduced lifespan in adulthood. Proceedings of the National Academy of Sciences, 114(16), 4201-4206.

 

Les conseils de lecture :

  • John Levi Martin, Thinking Through Statistics, University of Chicago Press, 2021.
  • Richard McElreath, Statistical Rethinking. A Bayesian Course with Examples in R and STAN, Routledge, 2020.

179. Le Moyen âge de Norbert Elias, avec Étienne Anheim

L’invité : Etienne Anheim, directeur d’études à l’EHESS et des éditions de l’EHESS

Le livre : Norbert Elias, Moyen âge et procès de civilisation, traduction d’Anne-Marie Pailhès, Paris, Éditions de l’EHESS, 2021.

La discussion :

  • Une nouvelle collection de poche pour les sciences sociales aux éditions de l’EHESS (1’)
  • Un texte inédit en français, ce qui s’inscrit dans la réception longue et complexe des travaux d’Elias (2:00)
  • Ce qui explique en partie une réception moins forte de l’œuvre d’Elias chez les médiévistes (5:00)
  • Les problèmes qu’Elias cherche à résoudre en s’emparant du Moyen âge : l’origine de la société de cour et de la modernité (8:30)
  • La thèse forte du livre, qui fait de la cour l’instance intermédiaire ou le « chaînon manquant » entre monde féodal et société moderne capitaliste (10:30)
  • L’idée que la cour permet de commencer à réguler la violence « féodale » dès le Moyen âge central (15:30)
  • L’absence de l’Église dans l’argumentation et ses raisons (18:00)
  • La façon de travailler d’Elias et les matériaux dont il dispose, en tant que sociologue, dans les années 1930 (20:00)
  • Une démarche de sociologie historique qui amène Elias à penser les causes sociales des phénomènes et à « défataliser » l’histoire nationale, en lien avec d’autres courants intellectuels issus notamment de la sociologie (25:30)
  • Le « grand Moyen âge » de Norbert Elias, proche du « long Moyen âge » de Jacques Le Goff (30:30)
  • Repenser le Moyen âge au regard de l’histoire globale (34:00)

Les références citées durant l’émission (par ordre alphabétique) :

  • Étienne Anheim, « De l’usage de l’œuvre de Norbert Elias en histoire médiévale », publié en avril 2013, en ligne : www.menestrel.fr/?-elias-
  • Dominique Barthélemy, L’an mil et la Paix de Dieu. La France chrétienne et féodale 980-1060, Paris, Fayard, 1999.
  • Jérôme Baschet, La civilisation féodale : de l’an mil à la colonisation de l’Amérique, Paris, Aubier, 2004.
  • Marc Bloch, La société féodale, Paris, Albin Michel, 1939-1940.
  • Quentin Deluermoz (dir.), « Norbert Elias et le XXe siècle. Le processus de civilisation à l’épreuve », numéro thématique, Vingtième siècle. Revue d’histoire, 2010, no 106.
  • Claude Gauvard, « De grace especial ». Crime, État et société en France à la fin du Moyen Âge, Paris, Publications de la Sorbonne, 1991.
  • Alain Guerreau, Le féodalisme, un horizon théorique, Paris, le sycomore, 1980.
  • Dominique Iogna-Prat, La Maison Dieu. Une histoire monumentale de l’Église au Moyen Âge, 800-1200, Paris, Seuil, 2006
  • Marc Joly, Devenir Norbert Elias. Histoire croisée d’un processus de reconnaissance scientifique : la réception française, Paris, Fayard, 2012.
  • Michel Lauwers, Naissance du cimetière. Lieux sacrés et terre des morts dans l’Occident médiéval, Paris, Aubier, 1999.
  • Jacques Le Goff, « Pour un autre Moyen Âge », Europe, no 654, 1983, p. 19-24, repris dans L’imaginaire médiéval, Paris, Gallimard, 1985, p. 7-13.
  • Florian Mazel, L’évêque et le territoire. L’invention médiévale de l’espace, Paris, Seuil, 2016.
  • Michael Mitterauer, Why Europe? The Medieval Origins of Its Special Path, Chicago, University of Chicago Press, 2010.
  • Stephen White, Feuding and Peace-making in Eleventh-century France, Aldershot, Ashgate, 2004.