56. Quelle histoire dans les manuels scolaires? avec Sébastien Cote, Carole Greffrath et Emmanuelle Picard

Les invité-e-s : Sébastien Cote, professeur en CPGE et directeur de collection de manuels scolaires ; Carole Greffrath, éditrice chez Nathan ; Emmanuelle Picard, maîtresse de conférences à l’ENS de Lyon

Les livres : S. Cote et E. Picard (dir.), Regards historiques sur les grandes étapes de la formation du monde moderne ; Regards historiques sur Nations empires et nationalités de 1789 aux lendemains de la Première Guerre mondiale (Nathan, à paraître en 2019)

La discussion :

  • L’origine du projet de livre d’accompagnement historiographique aux programmes scolaires dirigé par S. Cote et E. Picard (2:10)
  • L’accès plus facile aujourd’hui aux renouvellements grâce à des ressources électroniques (4:30)
  • Comment relire de façon novatrice des programmes d’apparence très classiques ? (6:35)
  • Peut-on faire des manuels et rester critique envers les réformes et les choix ou le fonctionnement de l’institution scolaire ? (9:35)
  • Les rapports entre monde universitaire et histoire enseignée dans le secondaire, avec des liens transformés et en partie à renouer (12:15)
  • Les enjeux civiques de l’histoire scolaire : usages publics de l’histoire, rapport à la vérité, place de la méthode historique (17:55)
  • Les usages multiples et parfois contradictoires des manuels, transformés encore par le passage au numérique, non sans poser problème (20:30)
  • La distinction à faire entre programmes, manuels, et contenus des cours d’histoire, source de polémiques artificielles (« Verdun ne sera plus enseigné ! ») (25:50)
  • La place des « points de passage et d’ouverture » et la lourdeur des programmes (30:50)
  • La méthode historique et les sources à placer au cœur de la pédagogie ? (36:00)
  • Les contraintes d’écriture et de fabrication d’un manuel (45:25)
  • Comment sont choisis les auteurs ? Quel rôle pour le directeur ? (52’50)
  • La prise en compte des troubles « dys » dans les manuels (56’40)
  • Est-ce que certaines situations d’apprentissage sont testées avant d’être dans les manuels ? (57’50)
  • Les différents métiers (cartographe, iconographe…) impliqués dans la fabrication d’un manuel (1:00:40)
  • Comment rappeler dans un manuel que les femmes sont actrices de l’histoire ? (1:02:25)

54. Émotions dans le monde savant, avec Françoise Waquet

L’invitée : Françoise Waquet, directrice de recherche émérite au CNRS

Le livre : Une histoire émotionnelle du savoir, XVIIe-XXIe siècle, Paris, Éditions du CNRS, 2019.

La discussion :

  • L’histoire des émotions dans le fil d’un parcours de recherche centré sur les savants (1:00)
  • Entrée en matière : l’émotion de l’agrégé de Lettres Pierre-Maurice Masson devant sa thèse achevée en 1916 (2:30)
  • Des émotions situées : avec des collègues, des supérieurs, des instruments, un corps… (4:45)
  • Des émotions malgré un idéal savant d’objectivité, passant par des publications normées avec une façade lisse et dépourvue d’émotions, notamment en sciences « dures » avec le modèle IMRAD (Introduction, materials and methods, results and discussion) pour les articles (6:00)
  • Pour trouver les émotions des chercheurs : deux types de sources : ego-documents (lettres, récits, remerciements…) et rapports sur la condition des chercheurs et chercheuses (10:25)
  • Un « tournant réflexif » des sciences humaines depuis les années 1980, et la multiplication de textes d’« ego-histoire » (15:05)
  • Les émotions, la recherche et la question du masculin / féminin (16:30)
  • Les émotions positives : admirations et chocs devant des rencontres de livres ou de personnalités admirées (19:10)
  • L’attachement aux lieux de travail, comme les laboratoires (21:25)
  • Le choc émotionnel que fut, en France, le passage de l’ancienne Bibliothèque nationale (salle Labrouste, rue de Richelieu) au site de la BNF-Tolbiac (23:00)
  • Les bouleversements liés à l’arrivée de l’ordinateur, entre émerveillement et craintes, puis « computer anxiety » et « computer rage » (29:00)
  • Les émotions négatives liées aux difficultés de recrutement, à travers les campagnes de Marc Bloch et Lucien Febvre au Collège de France (34:20)
  • La perte d’une bibliothèque et de papiers, douleur pour un chercheur ou une chercheuse (41:30)
  • Le manque de reconnaissance des « petites mains » ayant travaillé aux grandes enquêtes collectives des années 1960-1970 (43:45)

Les références citées dans le podcast :
Etienne Anheim, Le travail de l’Histoire, Publications de la Sorbonne, 2018.
– Marc Bloch et Lucien Febvre, Correspondance, édition de Bertrand Müller, Fayard, 3 vol.
– Patrick Boucheron, Faire profession d’historien, Publications de la Sorbonne, 2010.
– Lorraine Daston, Peter Galison, Objectivité, Les presses du réel, 2012.
– Philippe Descola, Les Lances du crépuscule : relations Jivaros. Haute-Amazonie, Paris, Plon, « Terre humaine », 1993.
– Arlette Farge, Le goût de l’archive, Paris, Seuil, 1989.
– François Jacob, La statue intérieure, Paris, Odile Jacob, 1987.
– Michel Perrin, Le chemin des Indiens morts : mythes et symboles guajiro, Payot, 1976.
– Dossier « Bibliothèque nationale de France : expériences vécues », Le Débat, 1999/3 (n° 105)
– Article sur la controverse liée à l’ouverture de la BNF-Tolbiac

Le conseil de lecture :
– Jean Rouaud, Kiosque, Paris, Grasset, 2019.

46. L’histoire comme émancipation, avec Laurence De Cock, Mathilde Larrère et Guillaume Mazeau

Les invité-e-s : Laurence de Cock (professeure en lycée), Mathilde Larrère (MCF à l’Université Paris-Est-Marne-la-Vallée) et Guillaume Mazeau (MCF à l’Université Paris-I)

Le livre : L’histoire comme émancipation, Agone / Aggiornamento Histoire-géographie, 2019.
La discussion : le sens à donner au titre du livre, « l’histoire comme émancipation » (1:00) ; la défense d’une histoire qui peut être à la fois engagée et scientifique (4:30) ; la méthode historique qui peut elle-même être émancipatrice (6:20) ; ne pas substituer un « roman de gauche » au « roman national » (10:00) ; l’importance du travail historique pour faire exister les dominé-e-s ou « invisibilisé-e-s » de l’histoire (12:00) ; les années 1980 comme point de bascule d’une politisation de l’histoire, réactivant une histoire conservatrice (14:00) ; un exemple d’invisibilité récente : l’histoire des paysans (16:45) ; un contexte qui amène à chercher des façons d’opposer des propositions aux récits dominants ou simplificateurs (18:10) ; l’espace de la vulgarisation qu’il ne faut pas abandonner (19:30) ; l’impératif pédagogique, lié à l’émancipation, et qui ne va pourtant pas de soi dans le métier historien (24:30) ; un livre qui constitue à la fois un manifeste et l’exposition de propositions et de tâtonnements (26:20) ; le nécessité pour les historiennes et les historiens de « redistribuer » le capital culturel (28:40) ; pour cela, un travail qui peut se confronter à d’autres formes, comme le travail théâtral (30:50) ; un retour sur la polémique liée à la (fausse) disparition de Verdun dans les programmes scolaires (36:00) ; l’histoire comme mise à distance de soi-même, permettant aussi le désaccord et le débat (40:20).

Les précédentes émissions : sur l’enseignement de l’histoire, avec Laurence De Cock ; autour de 1848, avec Mathilde Larrère et Romain Duplan ; sur le dictionnaire “Maitron” avec Paul Boulland.

28. Le centenaire de la Grande Guerre vu d’Allemagne, avec Arndt Weinrich

L’invité : Arndt Weinrich, chercheur à l’Université Paris-Sorbonne

La discussion : la dimension franco-allemande du 11 novembre 2018 et sa perception en Allemagne (1:00), les crispations que cela suscite et la place de la “victoire” dans les commémorations (3;10), la faible importance du 11 novembre par rapport au 9 novembre en Allemagne (6:40), un bilan global du centenaire allemand (9:05), le succès du livre de Christopher Clark, qui participe d’une « normalisation » du passé allemand (11:00), un parallèle entre le contexte de réception du livre de Daniel Goldhagen sur le nazisme, et celui de Clark sur 1914 (14:35), les parutions marquantes dans le champ historiographique allemand, synthèses plus que monographies (17:00), les variations régionales de la mémoire de la Grande Guerre en Allemagne (20:20), le mémorial franco-allemand du Hartmannswillerkopf (21:25), la mémoire très vive des mutins de la marine en 1918 à Kiel (22:15), le contraste avec les commémorations des mutineries françaises (24:25), la disproportion est-ouest de la mémoire avec la difficulté plus grande de commémorer le front oriental (26:40), l’absence complète de la dimension coloniale dans les mémoires allemandes de la guerre, et le contraste avec le cas français (29:50), la question des civils et du blocus paradoxalement pas très présente non plus (32:25), les formes de révisionnisme historique appliquées à la question des atrocités allemandes lors de l’invasion de la France et de la Belgique (34:30), la question des continuités ou ruptures entre Grande Guerre et nazisme, aujourd’hui envisagée de façon bien moins linéaires, y compris pour la question du traité de Versailles, et le « masochisme français » à ce propos (37:40), la place des historiennes et des historiens dans l’espace public au moment du centenaire, de part et d’autre du Rhin (42:15).

Les lieux et les références citées dans l’émission (par ordre alphabétique d’auteurs, on indique autant que possible les traductions françaises et anglaises d’ouvrages allemands) :

Observatoire du centenaire (Université Paris-I)
Encyclopédie de la Grande Guerre 1914-1918 online
Mémorial franco-allemand du Hartmannswillerkopf

– Christopher Clark, Les Somnambules. Été 1914 : comment l’Europe a marché vers la guerre, Paris, Flammarion, 2013.
– Fritz Fischer, Les Buts de guerre de l’Allemagne impériale, Trévise, 1970 [1961].
– Jörg Friedrich, The Fire: The Bombing of Germany, 1940-1945, Columbia University Press, [2002].
– Daniel Jonah Goldhagen, Hitler’s willing executioners. Ordinary Germans and the Holocaust, New York, Alfred A. Knopf, 1996.
– John Horne, Alan Kramer, Les atrocités allemandes, Paris, Tallandier , 2005 [2001].
Discussion historiographique sur les atrocités allemandes (Potsdam, octobre 2017)
– Laurent Jalabert, Reiner Marcowitz, Arndt Weinrich, La longue mémoire de la Grande Guerre . Regards croisés franco-allemands de 1918 à nos jours, Villeneuve d’Ascq, Presses universitaires du Septentrion, 2018.
– Steven Kaplan, Adieu 89, Paris, Fayard, 1993.
– Gerd Krumeich, Le feu aux poudres, Qui a déclenché la guerre en 1914?, Paris,Belin, 2014.
Tribune de Djordje Kuzmanovic dans Marianne, novembre 2018.
– Jörn Leonhard, Pandora’s Box. A History of the First World War, Cambridge, Harvard University Press, 2018 [2014].
– Herfried Münkler, Der Große Krieg: Die Welt 1914 bis 1918, Rowohlt, Berlin 2013
– Nicolas Offenstadt, Le pays disparu. Sur les traces de la RDA, Paris, Stock, 2018.
– Markus Pöhlmann, Le Centenaire de la première Guerre mondiale en Allemagne. Bilan d’étape, février 2015.
– Arndt Weinrich,”le centenaire 2014 en Allemagne. Un bilan en sept thèses“, janvier 2015.

Les conseils de visite et de lecture :

Exposition du musée de l’armée « à l’est, la guerre sans fin 1918-1923 »
– Jörn Leonhard, Pandora’s Box. A History of the First World War, Cambridge, Harvard University Press, 2018 [2014].
–  mémorial naval de Laboe (baie de Kiel) construit à partir de 1927

20. Rêves, inconscient et histoire, avec Hervé Mazurel

L’invité : Hervé Mazurel, maître de conférences à l’université de Bourgogne

La parution : « la société des rêves », n°4 de la revue Sensibilités, dirigé par Hervé Mazurel et Bernard Lahire

La discussion : ce qui, dans son parcours d’historien, l’a conduit à s’intéresser aux rêves et à l’inconscient (1’00), l’importance du travail de Bernard Lahire pour ouvrir le champ du rêve aux sciences sociales (2’40), la variété des approches et des terrains figurant dans le numéro, du Chili à la Nouvelle-Calédonie (5’30), l’étonnant cas du somniloque américain Dion McGregor [extrait audio] (8’50), un retour sur les rapports compliqués entre histoire et psychanalyse (12’45), l’importance de l’article écrit par Peter Burke en 1973 pour penser historiquement le rêve (15’40), et du livre de Charlotte Beradt, Rêver sous le IIIe Reich (17’45), les difficultés pour les historiens et les limites des sources quant aux rêves (19’10), le rêve médiéval, lieu où se déploie le processus d’individuation sur la longue durée ? (20’15), rêver dans l’empire britannique dans l’entre-deux-guerres (22’50), les objections possibles à des enquêtes historiennes sur les rêves : quelles preuves, quels apports ? (25’00), les rêves ou plutôt les fantasmes des philhellènes dans les années 1820, leurs désillusions (27’55), à relier à la « nostalgie », mal des soldats au XIXe siècle (29’15).

Les références citées dans le podcast (classées par date) :

– Charlotte Beradt, Rêver sous le IIIe Reich, Paris, Rivages, 2002 [1966].
– Emmanuel Le Roy Ladurie, Les paysans de Languedoc, Paris, Flammarion, 1969.
– Alain Besançon, Histoire et expérience du Moi, Paris, Flammarion, 1971 ; L’Histoire psychanalytique : une anthologie, Paris / La Haye, École des hautes études / Mouton, 1974.
– Peter Burke, « L’histoire sociale des rêves », Annales ESC, 28/2, 1973, p. 329-342.
– Jacques Le Goff, « Les rêves dans la culture et la psychologie collective de l’Occident médiéval », Pour un autre Moyen Âge, Paris, Gallimard, 1977.
– Saul Friedländer, Histoire et psychanalyse, Paris, Seuil, 1978.
– Michel de Certeau, Histoire et psychanalyse entre science et fiction, Paris, Gallimard, 1987.
– Norbert Elias, Au-delà de Freud. Sociologie, psychologie, psychanalyse, trad. de l’allemand par Nicolas Guilhot, Marc Joly et Valentine Meunier, Paris, La découverte, coll. Textes à l’appui, 2010.
– Jérôme Baschet, Corps et âmes. Une histoire de la personne au Moyen Âge, Paris, Flammarion, 2016.
– Hervé Mazurel, Vertiges de la guerre. Byron, les philhellènes et le mirage grec, Paris, Les Belles lettres, 2013.
– Bernard Lahire, L’interprétation sociologique des rêves, Paris, La découverte, 2017.
– Jean-Claude Schmitt, Gisèle Besson, Rêver de soi: les songes autobiographiques au Moyen Âge, Toulouse, Anacharsis, 2017.
– Thomas Dodman, What Nostalgia Was: War, Empire, and the Time of a Deadly Emotion, Chicago, University of Chicago Press, 2018.

Les enregistrements du somniloque Dion McGregor sont notamment à écouter ici.

Lire ici les extraits de l’interview de Nabokov (1966) citée en introduction

Les conseils de lecture :
Roger Bastide, Le rêve, la transe, la folie, Paris, Flammarion, 1972.
– Daniel Bergez, Peindre le rêve, Paris, Citadelles / Mazenod, 2017.

19. Sur les traces de la RDA, avec Nicolas Offenstadt

L’invité : Nicolas Offenstadt, maître de conférences (HDR) à l’université Paris-I, membre de l’IHMC

Le livre : Le pays disparu. Sur les traces de la RDA, Paris, Stock, 2018.La discussion : trouver des archives dans des bâtiments abandonnés de l’ex-RDA (2’05), avec ces archives, retrouver une vie de RDA, et ses à-coups, celle de Heidrun (7’05), la nécessité de dépasser une image de la RDA réduite à la dictature et à la répression (11’), de même pour le terme « Ostalgie » qui déforme le rapport au passé, suivant un grand récit valorisant la réunification (14’35), les traces du passé socialiste, valorisées à l’époque de la RDA, et en voie d’effacement (18’45), l’enquête de terrain qui permet de comprendre la disparition de mémoriaux ou de plaques portant cette mémoire (22’10), l’exploration urbaine (Urbex) et ses enjeux pour l’histoire (24’10), les gisements d’objets, dont la biographie peut s’écrire historiquement (29’05), la spécificité du rapport à l’objet dans le passé est-allemand (31’40), le débat sur l’effacement plus ou moins grand du passé et de ses lieux symboliques (34’40), la muséographie spécifique de la RDA et la multitude de petits musées faisant exister ce passé (38’10), l’origine du travail sur la RDA et le goût pour l’histoire des lieux (40’30), les liens à interroger entre passé est-allemand, et montée contemporaine du racisme et de l’extrême-droite dans l’est de l’Allemagne (44’10).

Archives éparpillées dans l’usine chimique abandonnée à Bernsdorf évoquée à 7’40 (cliché NO)

Les références citées dans le podcast :
-Sonia Combe, Une société sous surveillance. Les intellectuels et la Stasi, Paris, Albin Michel, 1999.
-Emmanuel Droit, Vers un homme nouveau ? L’éducation socialiste en RDA (1949-1989), Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2009.
-Sandrine Kott, Le communisme au quotidien. Les entreprises d’État dans la société est-allemande, Paris, Belin, 2001.
-Bradley Garrett, Explore Everything. Place-Hacking the City, Londres, Verso, 2013.
-Leonie Beiersdorf, Die Doppelte Krise. Ostdeutsche Erinnerungszeichen nach 1989, Berlin, Deutscher Kunstverlag, 2015.

Le conseil de lecture : Eugen Ruge, Quand la lumière décline, 2012.

Usine abandonnée à Bernsdorf

18. Festival “1848, des peuples en révolution”, avec Romain Duplan et Mathilde Larrère

Les invités : Romain Duplan (chargé de recherches au musée national d’histoire de l’immigration) et Mathilde Larrère (MCF en histoire contemporaine à l’UPEM)

L’événement : Festival « Secousse ! 1848, des peuples en révolution », Paris, 21-23 septembre 2018, organisé par la Boîte à histoire

La discussion : présentation du festival « 1848, des peuples en révolution » (1’15), la place mémorielle assez modeste de 1848 (2’25), la relative faiblesse de l’événement dans l’espace public (4’05), la notion d’« histoire publique » encore peu développée en France (4’50), mais en essor (6’50), les rapports pas évidents entre pratiques ludiques de l’histoire (jeu, reconstitution costumées…) et universitaires (7’50), la nécessité de ne pas laisser l’histoire publique aux récits médiatiques dominants (9’40), l’évocation des femmes de 1848 via twitter durant le festival (12’), la dimension participative du festival (13’40), les barricades de 1848, objet d’histoire (15’35), 1848, un événement international (18’05), le procès de Cavaignac – ou de Louis-Napoléon ? (20’20), ne pas réduire 1848 à la question du suffrage universel masculin (22’30), les renouvellements historiographiques sur 1848, hors d’une téléologie républicaine (24’40), la musique de Verdi et l’histoire révolutionnaire (28’).

Les références mentionnées durant le podcast :
Master d’histoire publique (Créteil)
-Olivier Ihl, La barricade renversée. Histoire d’une photographie, Paris 1848, Paris, Éditions du Croquant, coll. « Champ social », 2016.
-Mark Traugott, The Insurgent Barricade, Berkeley (Cal.), University of California Press, 2011
-Maurice Agulhon, 1848 ou l’apprentissage de la République, Paris, Seuil, 1973
-Michèle Riot-Sarcey, Maurizio Gribaudi, 1848, la révolution oubliée, Paris, La découverte, 2008.

Les conseils de lecture :
De Mathilde Larrère :
-Louis Ménard, 1848, prologue d’une révolution
-Daniel Stern (Marie d’Agout), Histoire de la Révolution de 1848
-Victor Hugo, Les Misérables

De Romain Duplan :
-Jean Anouilh, La sauvage ; L’invitation au château
-Ray Bradbury, Chroniques martiennes

L’air final : extrait de « Va pensiero », chœur des Hébreux tiré de Nabucco (1842) de Verdi, air symbolique pour l’idée nationale italienne

16. Hamilton: l’histoire de la Révolution américaine en musique et sur scène

Un mini-documentaire en 6 parties sur la comédie musicale Hamilton, et son rapport à l’histoire, avec quelques petits extraits musicaux.

Lin-Manuel Miranda en vacances au Mexique en 2008, lisant la biographie d’Alexander Hamilton par Ron Chernow qui a inspiré son projet

1) Présentation de “Hamilton” et son succès inouï (0’30)
2) Lin-Manuel Miranda et les origines du projet (2’30), avec son passage à la Maison Blanche en 2009
3) La vie mouvementée d’Alexander Hamilton (6’45)
4) Un spectacle aux choix scéniques et musicaux originaux, avec une dimension politique (12’50)
5) Chez les historiens, enthousiasme et critiques (21′)
6) Leçons finales : l’écart fécond entre spectacle et histoire (30’45)

Parmi les références citées:
présentation en français par Sylvie Bressler
présentation synthétique dans le NYT
portrait de Lin-Manuel Miranda et description du projet dans le New Yorker
-un livre d’histoire interrogeant Hamilton et son succès
commentaire positif par Joseph M. Adelman
-le Founders chic, article de H.W. Brands en 2003 dans The Atlantic
commentaire critique par Lyra Monteiro
commentaire critique par Annette Gordon-Reed
-commentaire par Joanne Freeman
point de vue féministe par Stacy Wolf

Conseil final: Histgeobox pour continuer à réfléchir à l’histoire en musique

15. Femmes et prostitution durant la Révolution, avec Clyde Plumauzille

L’invitée : Clyde Plumauzille, chargée de recherches au CNRS, membre du LabEx EHNE

Le livre : Prostitution et révolution. Les femmes publiques dans la cité républicaine (1789-1804), Paris, Champ Vallon, 2016.

La discussion : un état des lieux de l’univers prostitutionnel à Paris à la veille de la Révolution, et son cadre légal contraignant (2’), la place spécifique de la prostitution dans les cahiers de doléances (4’45), les caractéristiques sociales des femmes arrêtées comme prostituées sous la Révolution (5’50) et l’importance méthodologique de ne pas réifier la catégorie « prostituées », d’envisager un « continuum de pratiques » (6’50), une filiation historiographique qui n’est pas seulement celle d’Alain Corbin, mais aussi de Jill Harsin, pour en faire une histoire sociale (9’30), l’intégration de l’histoire de la prostitution dans une histoire du travail (10’50), comment combiner une “agency” (capacité d’agir) de ces femmes, avec l’existence de contraintes et de dominations (13’), l’univers social dans lequel évoluent ces femmes, avec des clients / amants / amis / souteneurs (ces derniers assez rares) (14’55), la source très rare que constitue le journal d’Alexandre Brongniart racontant ses relations avec des prostituées (17’30), le Palais-Royal comme lieu central de la prostitution sous la Révolution (18’30), les plaintes des riverains attestant d’une « lutte des places » parmi les classes populaires dans l’espace urbain (20’30), le contrôle policier adossé à une crainte des maladies vénériennes (22’30), le paradoxal silence des législateurs révolutionnaires sur la prostitution, avec une dépénalisation silencieuse (24’35), un tournant hostile à la prostitution et plus largement aux femmes dans l’espace public en 1793 (27’50), une distinction entre droit de cité et droit à la cité qui montre la citoyenneté « diminuée » de femmes désignées comme prostituées, encore vérifiable aujourd’hui (31’), face à ces contraintes, la ressource de l’écriture, pour des femmes incarcérées après la Terreur (33’45).

Les références citées dans le podcast :
Gérard Noiriel, Introduction à la socio-histoire, Paris, La découverte », « Repères », 2006.
– Alain Corbin, Les filles de noce, Misère sexuelle et prostitution (XIXe et XXe siècles), Paris, Aubier Montaigne, 1978.
– Jill Harsin, Policing Prostitution in Nineteenth Century Paris, Princeton, Princeton University Press, 1985
– Arlette Farge, La vie fragile, violences, pouvoirs et solidarités à Paris au XVIIIe siècle, Paris, Hachette, 1986.
– Anne Simonin, Le déshonneur dans la République. Une histoire de l’indignité 1791-1958, Paris, Grasset, 2008.
-Emmanuel Blanchard, La police parisienne et les Algériens (1944-1962), Paris, éd. Nouveau monde, 2011, 448 p.

Le conseil de lecture : Park Mun-wung, Mémoires d’un frêne, d’après une nouvelle de Choi Yong-tak, Rue de l’échiquier, 2018.

 

11. Autour de Gérard Noiriel, avec Nicolas Offenstadt

L’invité : Nicolas Offenstadt, maître de conférences HDR à l’université Paris-I

L’événement : colloque autour de Gérard Noiriel, à l’EHESS, jeudi 14 et vendredi 15 juin 2018

La discussion : une présentation du colloque et de l’importance de Gérard Noiriel (0’30), les constantes dans l’œuvre de Gérard Noiriel, dont un éloge de son écriture claire et réflexive (3’), de sa réflexion sur la construction des objets (5’40), ses premiers travaux sur les ouvriers de Longwy (6’45), le lien entre histoire des ouvriers, histoire de l’immigration (8’), ouvrant la voie à une histoire de l’État, de l’identification, des catégorisations (10’20), ses apports à une histoire constructiviste de la nation (12’20), le lien noué avec la sociologie et la mise en avant de la socio-histoire (13’), appuyée sur une réflexion historiographique (Sur la « crise » de l’histoire, 1996)  suivie de la création de lieux institutionnels pour avancer ces conceptions : une collection de livres chez Belin et une revue, Genèses (15’50), le dialogue intellectuel et la confrontation critique avec des traditions intellectuelles variées, de Marx à Bourdieu et Elias (20’50), la réflexion de Gérard Noiriel sur les intellectuels et les différentes modalités (militantes, critiques, pédagogiques) du rôle qu’il joue lui-même dans l’espace public (22’), ses formes d’intervention originales : le CVUH fondé en 2005 (28’) ainsi que son travail théâtral, à travers notamment l’histoire du clown Chocolat (33’).

Les conseils de lecture : tous les livres de Gérard Noiriel dans l’ordre ou dans le désordre !

Les autres références citées dans le podcast :
-Revue Genèses
-Christian Topalov, Naissance du chômeur 1880-1910, Paris Albin Michel, 1994
-Ingrid Hayes, Radio Lorraine cœur d’acier, 1979-1980. Les voix de la crise, Paris, Presses de Sciences Po, 2018 (à paraître le 15 juin)