207. Intellectuels à l’épreuve, avec Brigitte Gaïti et Nicolas Mariot

Les invité-e-s : Brigitte Gaïti (professeure de science politique à Paris-I) et Nicolas Mariot (directeur de recherches au CNRS)

Le livre : Intellectuels empêchés, ou comment penser dans l’épreuve, Paris, ENS éditions, 2021, disponible en ligne sur Open edition.

La discussion :

  • Qu’est-ce qu’un intellectuel « empêché », en prison, en guerre, malade, en camp…? (1:00)
  • Un livre qui ne cherche pas à montrer que le travail intellectuel fait « tenir » dans l’épreuve (5:30)
  • Empêchement subi, empêchement choisi (7:30)
  • Une clé de lecture de l’empêchement intellectuel : la « skholê » platonicienne (et bourdieusienne) (12:15)
  • Le paradoxe de l’empêchement : Sartre n’a jamais autant travaillé que sous l’uniforme durant la « drôle de guerre » (15:00)
  • Les captivités productives de Norbert Elias et Fernand Braudel (17:00)
  • Des phénomènes que l’on peut qualifier de « régression vers l’habitus ? » (18:25)
  • L’importance de la mémoire dans l’activité intellectuelle (24:30)
  • L’empêchement, expérience inaugurale, fondatrice pour certaines œuvres : Braudel, Barthes, Goody… (26:15)
  • Une ressource des intellectuels empêchés : la discipline (29:10)
  • L’empêchement, c’est les autres : le cas de Jean Malaquais en 1939-1940 (34:00)
  • Les intermittences de l’intellectualité dans des situations extrêmes (38:30)
  • Un livre qui rejoint l’historiographie du travail intellectuel dans sa matérialité, contre la pure histoire des idées (41:00)
  • L’envers de l’empêchement : les tâches intellectuelles accomplies et non reconnues par des épouses (44:00)
  • Des étapes parfois sous-estimées dans les biographies d’intellectuels (46:00)

Les références citées durant l’émission (par ordre alphabétique) :

  • Bruno Bettelheim, Le cœur conscient. Comment garder son autonomie et parvenir à l’accomplissement de soi dans une société de masse [The Free Press, 1960], Paris, Robert Laffont, 1972
  • Marc Bloch, « Réflexions d’un historien sur les fausses nouvelles de la guerre » [Revue de synthèse historique, 1921], Paris, Allia, 1999.
  • Paule Braudel, « Les origines intellectuelles de Fernand Braudel : un témoignage », Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 47ᵉ année, N. 1, 1992, p. 237-244.
  • Jean Cassou, Trente-trois sonnets composés au secret, Paris, Mercure de France, 1962.
  • Muriel Darmon, Réparer les cerveaux, Sociologie des pertes et des récupérations post-AVC, Paris, La découverte, 2021.
  • Jack Goody, « Curiosité d’anthropologue. Entretien avec Jack Goody », Politix, vol. 9, no 34, 1996, p. 204-221.
  • Christophe Granger, Joseph Kabris. Les possibilités d’une vie, Paris, Anamosa, 2020.
  • Jean Guéhenno, La jeunesse morte, Paris, Claire Paulhan, 2008.
  • Ruth Klüger, Refus de témoigner. Une jeunesse [Weiter leben, 1992], Paris, Viviane Hamy, 1997.
  • Jean Malaquais, Journal de guerre suivi de Journal du métèque, Paris, Phébus, 1997.
  • Nicolas Mariot, Tous unis dans la tranchée ? 14-18, les intellectuels rencontrent le peuple, Paris, Seuil, 2013.
  • Michael Pollak, L’expérience concentrationnaire. Essai sur le maintien de l’identité sociale, Paris, Métailié, 1990.
  • Tiphaine Samoyault, Roland Barthes, Paris, Seuil, 2015.
  • Anne-Marie Thiesse, Le roman du quotidien. Lecteurs et lectures populaires à la Belle Époque, Paris, Seuil, 1984.
  • Travaux de Françoise Waquet.

Les conseils de lecture :

  • Nicolas Mathieu, Leurs enfants après eux, Arles, Actes Sud, 2018.
  • Claire Andrieu, Tombés du ciel

188. Histoire et mémoire du spartakisme, avec Nicolas Offenstadt

L’invité: Nicolas Offenstadt (MCF HDR Université Paris-I)

Le livre: Gilbert Badia, Le spartakisme. Les dernières années de Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht, Ivry, éditions Otium, 2021 [1967]

La discussion :

  • Pourquoi lire cette réédition d’un livre de 1967 ? (1:00)
  • Le parcours de Gilbert Badia, germaniste, résistant, militant communiste, passeur de la RDA en France… (4:00)
  • Quelle position pouvait avoir un intellectuel communiste dans les années 1950-1980 dans le monde universitaire ? (8:30)
  • Les rapports de Gilbert Badia au régime de la RDA et à ses organes de sécurité (12:10)
  • Un livre marqué par les questionnements politiques des années 1960 sur la révolution et l’organisation révolutionnaire (17:30)
  • À l’arrière-plan de l’ouvrage, le questionnement sur la « trahison » de la social-démocratie (21:15)
  • Le spartakisme, né du rejet de la Grande Guerre (24:30)
  • La figure marquante de Karl Liebknecht (27:00)
  • La naissance du spartakisme et son développement à partir de 1916 (29:30)
  • Nuancer la place des spartakistes dans la révolution allemande (34’)
  • Le rôle des socialistes majoritaires en partie réévalué (38:30)
  • Les commémorations de la révolution allemande en 2018-2019 (42:00)
  • Quelles traces, quels monuments du spartakisme dans l’Allemagne contemporaine ? (51:00)

Principaux ouvrages de de Gilbert Badia:

  • La fin de la République allemande, 1929-1933, éditions sociales, Paris, 1958.
  • Histoire de l’Allemagne contemporaine, 2 volumes, éditions sociales, 1962, rééd. 1964, 1975.
  • Les spartakistes, 1918, l’Allemagne en révolution, Collections archives, Julliard, 1966.
  • Le Spartakisme, les dernières années de Rosa Luxemburg et de Karl Liebknecht, L’Arche, 1967.
  • Rosa Luxemburg : Journaliste, polémiste, révolutionnaire, éditions sociales, 1975.
  • (dir.) Les barbelés de l’exil, Presses universitaires de Grenoble, 1979.
  • Feu au Reichstag : l’acte de naissance du régime nazi, éditions sociales, 1983.
  • (dir.) Les Bannis de Hitler, EDI-Presses universitaires de Vincennes, 1984.
  • Clara Zetkin, féministe sans frontières, Éditions de l’Atelier, 1993.
  • Rosa Luxemburg, épistolière, Éditions de l’Atelier, 1995.
  • Ces Allemands qui ont affronté Hitler, Éditions de l’Atelier, 2000.

Notice biographique de Gilbert Badia

La chanson de fin: Ernst Buch, Das Lied der Matrosen, tiré du film du même nom, par Kurt Maetzig et Günter Reisch (1958)

 

11. Autour de Gérard Noiriel, avec Nicolas Offenstadt

L’invité : Nicolas Offenstadt, maître de conférences HDR à l’université Paris-I

L’événement : colloque autour de Gérard Noiriel, à l’EHESS, jeudi 14 et vendredi 15 juin 2018

La discussion : une présentation du colloque et de l’importance de Gérard Noiriel (0’30), les constantes dans l’œuvre de Gérard Noiriel, dont un éloge de son écriture claire et réflexive (3’), de sa réflexion sur la construction des objets (5’40), ses premiers travaux sur les ouvriers de Longwy (6’45), le lien entre histoire des ouvriers, histoire de l’immigration (8’), ouvrant la voie à une histoire de l’État, de l’identification, des catégorisations (10’20), ses apports à une histoire constructiviste de la nation (12’20), le lien noué avec la sociologie et la mise en avant de la socio-histoire (13’), appuyée sur une réflexion historiographique (Sur la « crise » de l’histoire, 1996)  suivie de la création de lieux institutionnels pour avancer ces conceptions : une collection de livres chez Belin et une revue, Genèses (15’50), le dialogue intellectuel et la confrontation critique avec des traditions intellectuelles variées, de Marx à Bourdieu et Elias (20’50), la réflexion de Gérard Noiriel sur les intellectuels et les différentes modalités (militantes, critiques, pédagogiques) du rôle qu’il joue lui-même dans l’espace public (22’), ses formes d’intervention originales : le CVUH fondé en 2005 (28’) ainsi que son travail théâtral, à travers notamment l’histoire du clown Chocolat (33’).

Les conseils de lecture : tous les livres de Gérard Noiriel dans l’ordre ou dans le désordre !

Les autres références citées dans le podcast :
-Revue Genèses
-Christian Topalov, Naissance du chômeur 1880-1910, Paris Albin Michel, 1994
-Ingrid Hayes, Radio Lorraine cœur d’acier, 1979-1980. Les voix de la crise, Paris, Presses de Sciences Po, 2018 (à paraître le 15 juin)