297. Les résonances mondiales de 1848

Les invité-e-s:

  • Fabrice Bensimon (Professeur, Paris-Sorbonne)
  • Edward Blumenthal (MCF, Sorbonne Nouvelle)
  • Julie Marquet (MCF, Université du littoral-Côte-d’Opale)
  • M’hamed Oualdi (Professeur, Sciences Po Paris)
  • Emmanuelle Perez-Tisserand (MCF, université de Toulouse)
  • Romy Sanchez (CR au CNRS)

Le livre: Q. Deluermoz, E. Fureix, C. Thibaud (dir.), Les mondes de 1848. Au-delà du Printemps des peuples, Champ Vallon, 2023.

La discussion :

  • Introduction (00:00)
  • Cuba en 1848 avec Romy Sanchez (2:00)
  • Les résonances de 1848 en Amérique latine avec Edouard Blumenthal (7:40)
  • Les chartistes, l’empire britannique et 1848 avec Fabrice Bensimon (13:00)
  • Les établissements français de l’Inde en 1848, avec Julie Marquet (20:00)
  • L’empire ottoman en 1848, avec M’hamed Oualdi (30:50)
  • Le 1848 californien, avec Emmanuelle Perez-Tisserand (36:00)

 

203. Justiciers sommaires, avec Laurent Gayer et Gilles Favarel-Garrigues

Les invités : Laurent Gayer et Gilles Favarel-Garrigues, directeurs de recherche au CNRS (CERI-Sciences Po)

Le livre : Fiers de punir. Le monde des justiciers hors-la-loi, Paris, Seuil, 2021.

La discussion :

  • Le sujet du livre, l’auto-justice et ses différentes formes, pratiquée par des acteurs variés (1:40)
  • Un exemple de ces figures de « justicier », un encounter specialist de la police de Karachi, Rao Anwar (4:30)
  • Des actes d’auto-justice entre secret et médiatisation (6:50)
  • La violence punitive comme phénomène global aujourd’hui, avec des traductions en France (9:40)
  • Des éléments historiques pour penser ces actes : le charivari (11:30), l’« économie morale » (14:30)
  • Le double phénomène né aux États-Unis du lynchage (16:00) et du vigilantisme (21:20)
  • L’auto-justice, absente des États solidement installés, ayant réussi à obtenir le « monopole » weberien de la violence légitime ? (26:40)
  • Le recours à des peines ou supplices spectaculaires, en rupture avec la « sobriété punitive » identifiée par Michel Foucault ? (34:00)
  • Les contextes d’épuration et de sortie de guerre, propices à des formes d’auto-justice ? (35:50)
  • Les années 1970, moment de diversité maximale des « justiciers » autoproclamés (39:00)
  • Les déclinaisons culturelles de ces figures : Foxy Brown, Taxi Driver, The Punisher… dont les créateurs ont pris leurs distances avec les usages délétères du personnage (42:30)
  • Racines et logiques du vigilantisme contemporain, d’abord en Amérique latine (47:30) puis avec le tournant numérique (51:00)

Les références citées durant l’émission (par ordre alphabétique) :

  • James Allen (et. al.), Without Sanctuary – Lynching Photography in America, Palms Publishers, 2000
  • Tal Bruttmann et André Loez, « Watchmen, l’envers de l’histoire américaine », Paroles d’histoire n° 110, 15 avril 2020.
  • Michel Foucault, Surveiller et punir. Naissance de la prison, Paris, Gallimard, 1975.
  • Laurent Fourchard, Trier, exclure et policer. Vies urbaines en Afrique du Sud et au Nigeria, Presses de Sciences Po, « Académique », 2018.
  • David Garland, The Culture of Control : Crime and Social Order in Contemporary Society, Oxford, Oxford University Press, 2001.
  • Romain Le Cour Grandmaison, « « Vigilar y Limpiar ». Identification et auto-justice dans le Michoacán, Mexique [1] », Politix, 2016/3 (n° 115), p. 103-125. URL :
  • Dominique Linhardt, “Un monopole sous tension: les deux visages de la violence d’Etat”, 2019
  • Harel Shapira, Waiting for José: The Minutemen’s Pursuit of America, Princeton, N.J.: Princeton University Press, 2013.
  • Edward P. Thompson, « The moral economy of the English crowd in the Eighteenth Century », Past & Present, 50, 1971, p. 76-136, trad., « L’économie morale de la foule dans l’Angleterre du XVIIIe siècle », dans E. P. Thompson, Florence Gauthier, Guy-Robert Ikni et al. (éd.), La guerre du blé au XVIIIe siècle : la critique populaire contre le libéralisme économique, Montreuil, Éditions de la passion, 1988, p. 31-92; cf. D. Fassin « Les économies morales revisitées », Annales. Histoire, Sciences Sociales, 2009/6 (64e année), p. 1237-1266.
  • Edward P. Thompson, « “Rough Music” : le charivari anglais », Annales. Économies, Sociétés, Civilisations, 27ᵉ année, n°2, 1972, p. 285-312.

Les conseils de nos invités :

  • Atreyee Sen, Shiv Sena Women. Violence and Communalism in a Bombay Slum, Indiana University Press, 2007.
  • Mathew Heineman, Cartel land, film documentaire de 2015.

184. Histoires connectées de l’antiquité, avec Maurice Sartre

L’invité : Maurice Sartre, professeur émérite à l’université de Tours

Le livre : Le bateau de Palmyre. Quand les mondes anciens se rencontraient, VIe s. av. J-C, VIe s. ap. J-C, Paris, Tallandier, 2021.

La discussion :

  • Le projet du livre, qui prend ses distances avec l’idée d’une « mondialisation antique » (1:15)
  • Les origines de ce travail, lié à des renouvellements historiographiques et à des expériences personnelles, comme les fouilles d’Aï Khanoum (4:15)
  • La structure du livre, appuyé sur des sources, et sur une présentation géographique (8:20)
  • La postérité d’une historiographie d’époque coloniale (12:20)
  • Les difficultés à retrouver aujourd’hui les toponymes anciens (14:50)
  • Les cartes inédites accompagnant le livre (18:15)
  • Des sources fragmentaires et incomplètes pour certains récits de voyage, et le rapport spécifique à la géographie que dessinent ces documents (20:45)
  • Des voyages antiques qui présentent des difficultés pratiques, expliquant des connexions limitées (25:30)
  • Les « routes de la soie », une idée reçue à nuancer (30:20)
  • Les apports de l’archéologie pour penser ces connexions (34:20)
  • L’absence de monnaies romaines en Chine (37:50)
  • Voyages individuels et politiques d’État (39:40)
  • Les rythmes chronologiques de ces contacts (43:15)

Le conseil de lecture : Pline, Strabon, le Périple de la Mer Érythrée

Un épisode de In Our Time sur Strabon à écouter en complément

25. Soldats indiens de la Grande Guerre, avec Claude Markovits

L’invité : Claude Markovits, directeur de recherche émérite au CNRS

Le livre : De l’Indus à la Somme. Les Indiens en France pendant la Grande Guerre, Paris, éditions de la Maison des sciences de l’homme, 2018.
La discussion : les origines de l’armée recrutée aux Indes britanniques, ses missions avant la Grande Guerre, son recrutement en fonction des « races martiales » (0’45) ; l’envoi d’une partie de ces troupes sur le front ouest lorsque débute la Première Guerre mondiale, en lien avec les pertes du corps expéditionnaire britannique (3’30) ; le nombre d’hommes envoyés et le rythme de leur arrivée (5’30) ; le déficit historiographique sur cette question (6’20) ; les réactions de l’Allemagne à cet emploi de troupes coloniales, condamnant un usage « non civilisé » de la guerre (7’45) ; la source de l’étude : le contrôle postal, et ses spécificités pour ces troupes qui n’écrivent pas en anglais (8’45) ; les peurs des dirigeants britanniques quant à la subversion pouvant viser ces troupes, par des révolutionnaires indiens ou sous l’effet de l’appel au « Jihad » des Ottomans (9’35) ; la création précoce d’un bureau de censure pour les soldats indiens (11’20) ; un autre filtre de la source : les scribes qui ont rédigé les courriers de soldats très majoritairement illettrés (11’55) ; le groupe des censeurs et traducteurs (14’25) ; le choc et la sidération des soldats indiens devant une guerre d’un type nouveau, et les raisons de leur ténacité, dont le sens de l’honneur (16’15) ; la rencontre entre Indiens et Français, et pour ces derniers un rendez-vous manqué (19’45) ; un recours à l’exotisme dans la presse française (22’20) ; à l’inverse, un « occidentalisme » dans les lettres des soldats confrontés à l’occident, en débutant par l’analyse intellectuelle de cette catégorie (en partie symétrique de l’« orientalisme ») (23’10) ; les aspects valorisés du séjour en France de ces soldats, liés principalement à la place des femmes dans la société, qui les stupéfie (25’50) ; des épisodes de rencontres sexuelles ou amoureuses (28’45) ; des aspects dévalorisés ou rejetés, en lien avec les questions religieuses notamment (32’30) ; la postérité modeste de cette expérience (34’40), et ses mises en mémoire différenciées en Inde et au Pakistan (36’00).

Le conseil de lecture : Mulk Raj Anand, Across the Black Waters