155. Saint Louis et les musulmans convertis, avec Jacques Dalarun

L’invité: Jacques Dalarun, directeur de recherche au CNRS

Le livre: William Chester Jordan, La prunelle de ses yeux. Convertis de l’islam sous le règne de Louis IX, Paris, éditions de l’EHESS, 2020 (écouter le second volet de l’entretien avec Jacques Dalarun, sur son activité de traducteur)

La discussion :
  • L’auteur du livre, et sa place parmi les médiévistes américains, dans la généalogie de Haskins et Strayer (1’)
  • Le propos très neuf du livre, sur les musulmans convertis sous Louis IX, grâce à un travail inventif sur le plan méthodologique (4’)
  • Un livre qui articule preuves, indices hypothèses et suppositions (8’)
  • La question de la conversion, dans son cadre médiéval (10’15)
  • Les apports du livre à l’historiographie du règne de Louis IX (12’)
  • Le contexte de la VIIe croisade, et le profil des musulmans qui seront convertis en 1253-1254 (16’)
  • Un épisode qui a laissé peu de traces iconographiques (20’)
  • La stratégie d’installation de ces populations au nord du royaume, de façon dispersée (21’30)
  • Des cas d’installation « exemplaire » : Dreux de Paris, ou encore des convertis inscrits à l’Université de Paris (24’)
  • Les traces plus fragmentaires des difficultés vécues par ces convertis (28’)
  • Le devenir au XIVe siècle de ces individus et de ces familles (30’)
  • Un livre qui fait réfléchir sur le présent (32’45)

 

Les références citées dans le podcast

  • William Chester Jordan, Louis IX and the Challenge of the Crusade: A Study in Rulership, Princeton University Press, 1980.
  • Marie Dejoux, Les enquêtes de Saint Louis. Gouverner et sauver son âme, Paris, Presses Universitaires de France, 2014.

Le conseil de lecture

  • Salimbene de Adam de Parme, Chronique. Traduction, introduction et notes sous la direction de Gisèle Besson et Michèle Brossard-Dandré d’après l’édition du texte latin de Giuseppe Scalia ; préface de Jean-Claude Schmitt, Paris, Honoré Champion, 2016, 2 volumes, 1324 p., 95 €

135. Églises en ruine, avec Mathieu Lours

L’invité : Mathieu Lours, professeur en CPGE

Le livre : Églises en ruine, des invasions barbares à l’incendie de Notre-Dame, Paris, Cerf, 2020.

La discussion :

(cliquer ici pour écouter l’entretien avec Mathieu Lours sur Notre-Dame et les ruines du XXe siècle)

  • Une évocation d’Alain Erlande-Brandenburg, récemment disparu (1’)
  • L’arpentage des ruines, à l’origine de cette enquête (2’)
  • La ruine, objet singulier, entre anéantissement complet et préservation pour d’autres usages (3’)
  • La distinction entre église en ruine et église déconsacrée (5’)
  • Les ruines du haut Moyen âge, aujourd’hui rares (5’30)
  • La charpente théologique qui fait penser les ruines (6’45)
  • Le passage célèbre de Raoul Glaber qui évoque l’embellissement des églises au Moyen âge central (8’)
  • La « concurrence » entre ruines antiques et ruines d’église (9’20)
  • La Réforme, moment marquant de la destruction d’églises, suivant différentes logiques (11’)
  • Comment détruit-on une église ? (14’30)
  • La ruine d’église, un non-sujet pour la peinture classique
  • Deux destructions emblématiques : le grand incendie de Londres, la destruction de Port-Royal (18’)
  • Comment reconstruit-on des ruines ? une question qui commence à se poser au lendemain des guerres de religion (19’45)
  • La ruine d’église associée à la beauté à partir du préromantisme au XVIIIe siècle (21’30)
  • Le tableau de Caspar David Friedrich, Abbaye dans une forêt de chênes (1809-1810), emblématique de ce mouvement (24’)
  • Les destructions de la Révolution, plus complexes qu’on ne le pense parfois (26’)
  • La patrimonialisation des églises en ruine, au premier XIXe siècle (29’)
  • Les ruines d’église liées aux guerres mondiales, aux sens différents suivant les pays (30’30)
  • Où aller, pour voir les ruines ? abbaye de la pointe Saint-Mathieu, Saint-Félix de Montceau (33′)

Caspar David Friedrich, Abbaye dans une forêt de chênes (1809-1810), Berlin, Alte Nationalgalerie

128. Histoires de Tintin #5 : Hergé, Tintin et le catholicisme, avec Philippe Delisle

L’invité : Philippe Delisle, professeur à l’université Lyon-III

Le thème : Hergé, Tintin, et le catholicisme

La discussion :

  • Les origines d’un travail sur la BD, et la collection « esprit BD » chez Karthala (1’)
  • Le parcours religieux et spirituel d’Hergé, difficile à bien connaître (4’20)
  • Une figure clef : l’abbé Wallez, directeur du Vingtième siècle (8’50)
  • Un Hergé qui s’éloigne du catholicisme strict dans les années 1950-1960, avec la crise de son mariage (10’50)
  • La prégnance du catholicisme dans l’espace public belge dans la première moitié du XXe siècle (12’15)
  • Des réseaux de diffusion catholiques en France également, avec le magazine Cœurs vaillants et les moyens paradoxalement modernes alors utilisés (16’40)
  • Tintin, héros croyant, dans les premières versions de ses aventures (19’)
  • Une représentation chrétienne de la mort, pour les bandits de L’Oreille cassée (23’15) ou Wolff dans On a marché sur la Lune (26’30)
  • Les adversaires de Tintin, qui reflètent ceux du catholicisme de son milieu : bolcheviks, puissances d’argent… (29’45)
  • Le passage d’un Tintin chrétien à un Tintin de culture chrétienne (34’50)
  • Haddock voulant transformer de l’eau en vin : référence chrétienne dans les Sept boules de cristal, non soulignée comme telle (38’)
  • L’album Tintin au Tibet, et son imprégnation spirituelle, témoignant aussi de l’idéal scout (41’)
  • Une déconfessionalisation plus large de la bande dessinée d’après-guerre (44’)
  • Les albums qui intéressent le plus : Tintin au Congo ; Le Lotus bleu (48’15)

Bibliographie

Ouvrages de Philippe Delisle:

  • BD franco-belge et imaginaire colonial, Karthala, 2008
  • Spirou, Tintin et Cie, une littérature catholique?, Karthala, 2010
  • Le missionnaire, héros de la BD belge, Karthala, 2011
  • La BD franco-belge, une littérature antiesclavagiste, Karthala, 2013
  • Petite histoire politique de la BD belge de langue française, Karthala, 2016
  • La BD au crible de l’Histoire. Hergé, Maurras, les jésuites et quelques autres, Karthala, 2019

Luc Révillon, “Cœur Pur et le démon de midi” In : De Socrate à Tintin : Anges gardiens et démons familiers de l’Antiquité à nos jours [en ligne]. Rennes : Presses universitaires de Rennes, 2011.

87. Autour de Jean Delumeau, avec Guillaume Cuchet et Isabelle Poutrin

Le thème : Jean Delumeau (1923-2020), son œuvre et sa place dans l’historiographie

Jean Delumeau dans “Apostrophes” en 1978

Les invité-e-s : Isabelle Poutrin, Professeure d’histoire moderne à l’université de Reims ; Guillaume Cuchet, Professeur d’histoire contemporaine à l’université de Paris-est Créteil.

La discussion :

  • La place majeure tenue par Jean Delumeau dans l’historiographie (1’)
  • Un parcours universitaire qui conduit à Rome et à l’histoire moderne (4’)
  • À l’origine, loi du religieux, un historien de l’économie et de la société, sur les lancées de Fernand Braudel (6’)
  • Extrait : Jean Delumeau et l’alun de Rome (8′)
  • Un historien des grands mouvements et de la longue durée (11’30)
  • Extrait : le choix d’écrire un volume de la Nouvelle Clio sur la Réforme (13′)
  • Un historien soucieux d’œcuménisme (15’)
  • Jean Delumeau participant de la construction d’une légitimité de l’histoire religieuse, longtemps marginale ou cléricale (16’)
  • Un historien des « mentalités » (18’)
  • Un talent du texte et de la citation (21’)
  • Comment articuler l’histoire des croyances, et celles des pratiques sociales ? (25’)
  • Une carrière singulière, au Collège de France, avec des enquêtes collectives (29’)
  • Extrait : la peur en occident (introduction de la 2e partie, lue par Héloïse Chéronnet, 28’30)
  • Un historien de la peur, mais pas seulement, en lien dialectique avec une dimension rassurante de l’Église et du paradis (31’)
  • Des prolongements aux idées de Delumeau, sur le « contexte panique » du XVIe siècle, chez Denis Crouzet ou Caroline Callard (33’)
  • Jean Delumeau, essayiste catholique, aux prises avec la « déchristianisation » (34’)
  • Les liens entre passé et présent dans son œuvre, et la question du degré de christianisation du Moyen âge (37’)
  • Les critiques adressées par Jean Delumeau à l’Église et à son rigorisme (39’)
  • Une (légère) ouverture à l’histoire des femmes (42′)
  • Un livre collectif questionnant L’historien et la foi (1996) (44′)
  • Quelle postérité ?

Liens et bibliographie :

Références citées durant l’émission et prolongements :

84. La christianisation du monde viking, avec Stéphane Coviaux

L’invité : Stéphane Coviaux, professeur en classes préparatoires littéraires

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Le livre : La fin du monde viking, Paris, Passés composés, 2019.

Un objet mentionné dans le podcast (31′): moule de stéatite trouvé au Danemark, servant à forger des croix et des marteaux de Thor

Hammer

La discussion :

  • La naissance de cette recherche et l’intérêt pour le monde scandinave (1’10)
  • Les langues qu’il faut parler pour mener de telles recherches (2’00)
  • Le fait de travailler sur un objet aussi présent dans la culture populaire (3’45)
  • Le mot « viking » et ses ambiguïtés (4’50)
  • Le cadre spatial large du livre, et son choix (5’55)
  • L’articulation entre sources écrites, généralement postérieures, et sources archéologiques, au cœur de ce champ de recherches (7’20)
  • Les problèmes d’interprétation des données archéologiques (9’40)
  • Un document exceptionnel : la grande pierre de Jelling (10’10)
  • À inscrire dans un type de documents, les pierres runiques (12’40)
  • Des missionnaires au second plan par rapport aux rois dans le processus de christianisation, éminemment politique (14’30)
  • Une conversion sous la menace, avec Olaf Tryggvasson ? (17’15)
  • Quelle grammaire rituelle pour les processus de conversion et les baptêmes ? (18’20)
  • Quelle raison profonde à ces choix de conversion pour les rois nordiques, avec quels éléments préalables de contacts avec des chrétiens ? (20’35)
  • La variété des acteurs concernés : marchands, esclaves…. (22’45)
  • Quelle place pour les reliques dans la christianisation du nord ? (24’05)
  • Le rôle de la papauté dans ce processus, qui interagit en partie avec la Réforme grégorienne (25’15)
  • La place du christianisme oriental, et les influences byzantines, dans le monde nordique (27’00)
  • Les hésitations religieuses et les refus de la nouvelle religion (28’00)
  • Les réemplois et continuités entre dieux scandinaves et christianisme (31’30)
  • Les femmes, gagnantes ou perdantes de la christianisation ? (32’40)
  • Ce que la christianisation a pu changer au quotidien pour les populations nordiques (alimentation, onomastique…) (34’20)
  • Quelles traces visibles aujourd’hui de cette période ? (36’30)

Les références citées dans le podcast et les conseils de lecture :

  • Pierre Bauduin, Le Monde franc et les Vikings (VIIIe-Xe siècle), Paris, Albin Michel, 2009
  • Pierre Bauduin, Histoire des Vikings. Des invasions à la diaspora, Paris, Tallandier, 2019
  • Halldor Laxness, La saga des fiers-à-bras
  • Knut Hamsun, Pan

 

82. Derniers siècles romains, avec Claire Sotinel

Émission en partenariat avec Chemins d’histoire, podcast de Luc Daireaux, enregistrée dans les studios de Radio Clype (réalisation Margot Leutard).

L’invitée : Claire Sotinel, professeure d’histoire à l’université Paris-est-Créteil

Rome, la fin d'un empire - <p><span style="font-size:12px">En 212, l’empereur Caracalla accorde la citoyenneté romaine à tous les habitants libres de l’Empire. Cette mesure couronne une évolution séculaire vers un empire politiquement unifié et culturellement universel.</span></p> <p><span style="font-size:12px">Près de trois siècles plus tard, l’avènement du roi ostrogoth Théodoric marque la fin d’un processus au terme duquel les provinces occidentales et l’Italie elle-même ont échappé à l’administration impériale. En Orient, Constantinople est la capitale d’un Empire romain désormais byzantin.</span></p> <p><span style="font-size:12px">La période qui se déploie dans cet ouvrage est le cadre d’impressionnantes transformations : la fin d’une société d’ordres, l’implantation de populations exogènes, la déconstruction politique de l’Empire, la diffusion du christianisme devenu religion impériale, la vitalité maintenue d’une culture latine qui produit les grandes œuvres d’Ammien Marcelin ou de saint Augustin…</span></p> <p><span style="font-size:12px">L’Antiquité tardive est aujourd’hui le sujet de vifs débats entre les historiens, certains tenant au « déclin de la civilisation » et d’autres évoquant la notion moins pessimiste de transition. Nourri des études les plus neuves, ce livre restitue, loin des clichés et des idées reçues, toute la richesse et la complexité de ces années tourmentées : il interroge la notion de crise qui se révèle d’une singulière fécondité, notamment par l’inventivité mise en œuvre pour maintenir, voire renforcer l’unité de l’Empire confronté aux pires menaces intérieures et extérieures.</span></p> <p><span style="font-size:12px">En plus de 650 pages richement illustrées, Claire Sotinel, spécialiste de l’Antiquité tardive, retrace, au plus près des événements, la longue histoire, entièrement revisitée, de cette fin de l’Empire romain qui ne fut pas une agonie mais bien plutôt une effervescente recomposition politique, économique, sociale et culturelle.</span></p>

Le livre : Rome, la fin d’un empire, de Caracalla à Théodoric (212 à la fin du Ve siècle), Paris, Belin, collection « Mondes anciens », 2019.

La discussion :

  • Quels choix pour ce troisième volume consacré à Rome dans la série « Mondes anciens » ? (1’45)
  • L’édit de Caracalla en 212, point de départ de l’ouvrage, et transformation profonde du monde romain (5’05)
  • La réussite même de l’empire, qui l’amène à se transformer et prépare les conditions de sa disparition (6’30)
  • Les choix iconographiques de l’ouvrage, et la double lecture qu’ils permettent (8’45)
  • Le poids d’une question historiographique ancienne, liée à l’idée de « déclin » et de « décadence » (11’50)
  • Des visions concurrentes de la fin de l’antiquité suivant le champ de l’histoire étudié : transition culturelle avec Peter Brown ou Henri-Irénée Marrou, chute brutale avec Bryan Ward-Perkins… (16’05)
  • La question des transitions économiques entre Antiquité et Moyen âge (21’50)
  • Comment penser la christianisation du monde antique, passage d’une religion civique à « une religion de la personne et de la communauté » (23’45)
  • La « crise du IIIe siècle » en lien avec des reconfigurations géopolitiques majeures (26’50)
  • La difficulté à lire l’Histoire Auguste, seule source narrative suivie pour cette période (30′)
  • Héliogabale / Antonin le jeune, prototype des personnages dont l’histoire est simplifiée par cette source (33’25)
  • Les difficultés rencontrées à l’époque de Valérien et de Gallien (34’45)
  • La réinvention de l’empire à l’époque de la tétrarchie (36’45)
  • Une idée reçue à effacer dans l’historiographie : le « partage » de l’empire entre Orient et Occident après Théodose (41’25)
  • La conversion de Constantin, et les interprétations que l’on peut en donner ; son établissement d’un « langage impérial de neutralité religieuse » (44’30)
  • Le règne de Julien et les contradictions de sa politique religieuse (50’00)
  • La complexité des rapports aux barbares, à la fin de la période, et la nécessité d’en percevoir la diversité (53’35)
  • La fin de l’empire romain, fin d’un modèle politique, mais « ce n’est pas la fin du monde » (58’30)

Les références évoquées dans le podcast (par ordre alphabétique)

  • Peter Brown, Le monde de l’Antiquité tardive, de Marc Aurèle à Mahomet, Bruxelles, éd. de l’Université de Bruxelles, 2011.
  • André Chastagnol, L’évolution politique, sociale et économique du monde romain, de Dioclétien à Julien : la mise en place du régime du Bas-Empire, 284-363, Paris, SEDES, 3e éd., 1997.
  • François Chausson, Stemmata aurea : Constantin, Justine, Théodose. Revendications généalogiques et idéologie impériale au IVe siècle, Rome, Erma di Bretschneider, 2007.
  • Michel Christol, Les Règnes de Valérien et de Gallien (253-268) : travaux d’ensemble, questions chronologiques, Berlin, W. de Gruyter, 1975.
  • Andrea Giardina, « Esplosione di tardoantico », Studi Storici, vol. 40, n°1 (janv.-mars 1999), pp. 157-180.
  • Peter Heather, Rome et les barbares. Histoire nouvelle de la chute d’un empire, Paris, Alma, 2017.
  • François Jacques, Les cités de l’occident romain, Paris, Les Belles Lettres, 1990.
  • Claude Lepelley (dir.), La fin de la cité antique et le début de la cité médiévale de la fin du IIIe siècle à l’avènement de Charlemagne, Bari, Edipuglia, 1996.
  • J.H.W.G. Liebeschuetz, The decline and fall of the Roman city, Oxford, Oxford University Press, 2001
  • Henri-Irénée Marrou, Décadence romaine ou Antiquité tardive  ? iiie-vie siècle, Paris, Seuil, 1977.
  • Bryan Ward-Perkins, La chute de Rome. Fin d’une civilisation, Paris, Alma, 2014

 

80. Histoire médiévale et bande dessinée, avec Fanny Madeline et Valérie Theis

Les invitées : Fanny Madeline, maître de conférences à l’université Paris-I ; Valérie Theis, professeur à l’ENS (Paris)

Les parutions : Croisades et cathédrales, d’Aliénor à Saint Louis ; À la vie, à la mort, des rois maudits à la guerre de cent ans (t. 7 et 8 de l’Histoire dessinée de la France, éditions La découverte / La revue dessinée)

La discussion :

  • Comment s’est fait le travail de coordination au sein de la collection, et entre les deux volumes ? (1’30)
  • Une collection qui a une identité forte, et qui fait souvent usage de narrateurs placés au sein du récit : le choix, ici, de la Mort comme narratrice pour le tome 8 (4’00), et de deux voyageurs pour le tome 7 (6’00)
  • Le jeu avec les représentations médiévales et le « médiévalisme », avec des clins d’œil aux Monty Python ou au Septième sceau (7’10)
  • Les représentations de la peste (10’00)
  • À quels lecteurs-lectrices s’adressent les albums, avec quels niveaux de lecture ? (12’40)
  • Les codes graphiques très différents des deux livres, et ce qu’ils permettent de montrer du Moyen âge ; comment s’est fait le travail avec les artistes (17’20)
  • Les dessins de paysages et de villes médiévales du tome 7 (22’30)
  • Des images qui prennent parfois le contrepied des clichés sur un Moyen âge crasseux ou obscurantistes (27’15)
  • Une narration dans le tome 7 qui est davantage géographique que chronologique (30’10)
  • La restitution des débats autour de l’hérésie et des cathares (31’30)
  • Les débats historiographiques présents dans le tome 8 : genèse de l’État moderne et du sentiment national (33’40)
  • La façon de montrer les crises économiques des XIIIe-XIVe siècles (37’40)
  • La place de l’Église et des clercs dans ces albums (40’45)

Les conseils de lecture :

77. Faire l’histoire médiévale du “Saint Suaire”, avec Nicolas Sarzeaud

L’invité : Nicolas Sarzeaud, médiéviste, doctorant à l’EHESS

Négatif de la photographie du suaire prise en 1898 par Secondo Pia

L’objet : le suaire conservé à Turin, et les controverses qu’il alimente

La discussion :

  • Le statut et la façon de nommer l’objet connu comme « suaire de Turin », et les problèmes de qualification que cela pose : suaire, linceul, relique, drap, image, « saint suaire »… ?
  • L’existence d’une « discipline » propre à l’étude de cet objet, la « sindonologie », qui vise à prouver que le suaire est authentiquement celui qui entourait le Christ, avec des méthodes para- ou pseudo-scientifiques
  • La page wikipédia du suaire de Turin, reflet de cette tension entre partisans de l’authenticité, et chercheurs attachés à la datation établie au XIVe siècle
  • Un débat paradoxal : l’objet est très bien connu, beaucoup plus que beaucoup d’autres artefacts du Moyen âge, et très peu « mystérieux » en réalité
  • Le nombre étonnant des reliques du Christ au Moyen âge : environ 80 suaires !
  • Un débat dont les données se nouent à la toute fin du XIXe siècle, à travers les photographies du suaire par Secondo Pia qui ont assuré sa popularité, en tant que « négatif » de l’image du Christ, à un moment déterminant pour l’histoire des images
  • La remise en cause de l’authenticité du suaire par Ulysse Chevalier au début du XXe siècle, avec les outils de la critique documentaire, et les violents débats que cela suscite
  • Les stratégies discursives des « sindonologues » pour étayer l’idée de l’authenticité du suaire
  • Pour « remédiévaliser » le suaire, tour d’horizon des sources contemporaines du XIVe siècle, et des premiers conflits qui entourent l’objet
  • Des conflits qui impliquent le roi de France et la papauté
  • La valeur de l’objet et les litiges qui continuent de l’entourer au XVe siècle
  • Comment inscrire le suaire dans un questionnement plus général sur les reliques médiévales ?

Bibliographie (établie par Nicolas Sarzeaud) :

Pour les italianophones, l’ouvrage le plus complet sur l’histoire du saint Suaire depuis le xive siècle est celui d’Andrea Nicolotti, Storia e leggende di una reliquia controversata, Turin, Einaudi, 2015. Il a aussi produit plusieurs autres livres sur les théories sindonologiques, notamment en anglais From the Mandylion of Edessa to the Shroud of Turin. The Metamorphosis and Manipulation of a Legend, Leyde, Brill, 2014.

En français, les références sont plus anciennes mais on peut lire la très belle réflexion d’Odile Cellier sur l’histoire du saint Suaire et sa place dans le catholicisme contemporain, Le Signe du linceul, Paris, Cerf, 1992. Une synthèse en ligne ancienne mais de très bonne qualité a été publiée par l’archiviste André Perret, « Essai sur l’histoire du Saint Suaire du XIVe au XVIe siècle. De Lirey (Aube) à Chambéry », Mémoires de l’Académie Des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Savoie, IV, 1960, p.49-121 :

L’étude du saint Suaire dans une perspective d’histoire sociale est récente et en pleine expansion. On peut citer pour l’époque moderne un ouvrage italien de Paolo Cozzo, La geografia celeste dei duchi di Savoia. Religione, devozioni e sacralità in uno stato di età moderna, Bologne, Mulino, 2006 et la publication d’un colloque récent : Paolo Cozzo, Andrea Merlotti, Andrea Nicolotti (dir.), The Shroud at Court. History, Usages, Places and Images of a Dynastic Relic, Leyde, Brill, 2019

Pour se pencher sur un autre suaire à l’œuvre au Moyen Âge, celui de Cadouin-Toulouse a été remarquablement étudié par Michelle Fournié dans plusieurs articles, notamment celui-ci : «Les miracles du suaire de Cadouin-Toulouse et la folie de Charles VI », Revue d’Histoire de l’Église de France, t. 99, Paris, 2013, p. 25-52.  A l’heure de l’enregistrement du podcast se tenait un colloque sur la Sainte-Coiffe de Cahors, autre suaire méridional, dont on attend la publication.

Sur la question de la position de l’historien face aux croyances, Jean-Claude Schmitt a écrit des articles fondamentaux, notamment « Les “superstitions” », dans Jacques Le Goff et René Rémond (dir.), Histoire de la France religieuse, tome I, Des dieux de la Gaule à la papauté d’Avignon, Paris, Éditions du Seuil, 1988, p. 425 ou encore « ‘Religion populaire’ et culture folklorique (note critique) », Annales, 31e année, n°5, 1976, p.941-953. Un merveilleux exemple de cette démarche au travail est Le saint lévrier. Guinefort, guérisseur d’enfants depuis le XIIIe siècle, Paris, Flammarion, 2004 (1ère éd. 1979).

A propos des croyances contemporaines et de la difficulté qu’ont les sciences humaines à se saisir sans préjuger des dévotions du proche, le sociologue Pierre Lagrange donne un point de vue stimulant dans, “Pourquoi les croyances n’intéressent-elles les anthropologues qu’au-delà de deux cents kilomètres ?”, Politix, 2012/4 (n° 100), p. 201-220.

Les autres références citées dans l’émission :

  • Roland Barthes, La chambre claire. Note sur la photographie, Paris, gallimard, 1980.
  • Pierre-Olivier Dittmar, « La mécanique des suaires », 2012
  • Patrick J. Geary, Le vol des reliques au Moyen âge : furta sacra, Paris, Aubier, 1993.
  • Andrea Nicolotti, Il processo negato. Un inedito parere della Santa Sede sull’autenticità della Sindone, Rome, Viella, 2015.
  • Catherine Vincent, Fiat Lux. Lumière et luminaires dans la vie religieuse du XIIIe au XVe siècle, Paris, Cerf, 2004.

67. Écrit, pouvoirs et société en occident XIIe-XIVe s. (question d’agrégation 2020), avec Antoine Destemberg

L’invité : Antoine Destemberg, maître de conférences à l’université d’Artois

Charte de Philippe Auguste, 1203, commentée en ligne sur le site THELEME

Le thème : nouvelle question au programme de l’agrégation d’histoire et du CAPES d’histoire-géographie pour 2020 : « écrit, pouvoirs et société en occident début XIIe fin XIVe (France, Angleterre, péninsule italienne, péninsule ibérique) »
Consulter l’émission portant sur la question d’histoire antique.

Avertissement : l’entretien, réalisé à titre individuel, et les conseils donnés, ne reflètent pas une position officielle du jury de l’agrégation externe d’histoire.

La discussion :

  • Une histoire à la fois sociale, culturelle et politique de l’écrit, qui a connu de forts renouvellements (1’45)
  • La coupure entre lettrés et illettrés désormais relativisée suite aux travaux de Jack Goody notamment (3’01)
  • Le lien entre accroissement du recours à l’écrit et affirmation des pouvoirs (5’40)
  • La perte des archives de Philipe Auguste à la bataille de Fréteval (1194) comme marqueur d’une prise de conscience d’une importance de l’écrit pour le pouvoir royal (7’40)
  • L’importance du droit et de l’outil juridique s’insérant dans les relations sociales à partir du XIIe s. (9’10)
  • Le recours de l’Église et des pouvoirs laïcs à des professionnels de l’écrit souvent formés dans les universités et les écoles (11’40)
  • Des compétences scripturaires encore rares dans une « société du manuscrit » (14’15)
  • Les différents types d’écoles qui ouvrent l’accès à l’écrit (15’20)
  • Différentes cultures de l’écrit dans les différents espaces géographiques au programme ? (17’15)
  • L’impossibilité de quantifier le recours à l’écrit, même si on réévalue à la hausse la proportion de la population urbaine lettrée (20’50)
  • L’accès au texte sacré de la Bible comme enjeu de pouvoir au Moyen âge (22’10)
  • L’écrit hagiographique comme enjeu, à travers l’exemple de François d’Assise (24’45)
  • Quelle périodisation pour cette question ? Pour la « révolution de l’écrit », l’essor de l’écrit pratique, du papier ? (27’)
  • Conseils de lecture (33’)

Les références citées et les lectures suggérées :

Manuels généraux et par espaces géographiques
– Histoire de France (collection Belin, volumes de Florian Mazel, Jean-Christophe Cassard, Boris Bove)
– Franck Collard, Pouvoirs et culture politique dans la France médiévale (Ve-XVe siècle), Paris, Hachette, « Carré histoire », 1999.
– Philippe Contamine, Histoire de la France politique, Paris, Seuil, coll. »Points », 2006.
– Jean-Pierre Delumeau et Isabelle Heullant-Donat, L’Italie au Moyen âge, Ve-XVe siècle, Paris, Hachette, « Carré histoire », 2000.
– François Menant, L’Italie des communes, 1100-1350, Paris, Belin, 2005.
– Denis Menjot, Les Espagnes médiévales, 409-1474, Paris, Hachette, « Carré histoire », 1996.
– Jean-Philippe Genet, Les îles britanniques au Moyen âge, Paris, Hachette, « Carré histoire », 2005.

Manuels et synthèses permettant d’aborder la question
Jean-Philippe Genet, La mutation de l’éducation et de la culture médiévales. Occident chrétien (XIIe-milieu du XVe siècle), 2 vol., Paris, Seli Arslan, 2000.
– Nathalie Gorochov et Cédric Giraud, Histoire culturelle du Moyen âge en occident, Paris, Hachette, 2019.
– Michel Sot, Anita Guerreau-Jalabert, Jean-Patrice Boudet, Histoire culturelle de la France, t. 1 : Le Moyen âge, Paris, Seuil, coll. « Points », 2005.

Articles
Paul Bertrand, « À propos de la révolution de l’écrit (Xe-XIIIe s.). Considérations inactuelles »
– Pierre Chastang, « L’archéologie du texte médiéval. Autour des travaux récents sur l’écrit au Moyen âge »
– Joseph Morsel, « Ce qu’écrire veut dire au Moyen âge. Observations préliminaires à une étude de la scripturalité médiévale »

Ouvrages spécialisés, approches des sources
Antoine Destemberg, L’honneur des universitaires au Moyen Âge. Étude d’imaginaire social, Paris, PUF, «Le nœud gordien», 2015.
– Paul Bertrand, Les écritures ordinaires : Sociologie d’un temps de révolution documentaire (entre royaume de France et Empire, 1250-1350), Paris, Publications de la Sorbonne, 2015.
– Michael T. Clanchy, From Memory to written record. England 1066-1337, Oxford, Blackwell, 1979.
– Étienne Anheim, Clément VI au travail. Lire, écrire, prêcher au xive siècle, Paris, Publications de la Sorbonne, 2014 (compte-rendu par Marie Lezowski)
– Didier Lett, Un procès de canonisation au Moyen Âge. Essai d’histoire sociale, Paris, Presses Universitaires de France («  Le nœud gordien  »), 2008 (compte-rendu par A. Destemberg)
– Olivier Guyotjeannin, Les sources de l’histoire médiévale, Paris, Le livre de poche, 1998.
– Olivier Guyotjeannin, Jacques Pycke et Benoît-Michel Tock, Diplomatique médiévale, Turnhout, Brepols, 1993, rééd., 2006.

Sites internet :

MENESTREL
Theleme (Techniques pour l’historien médiéviste)
Base des manuscrits enluminés
Le livre médiéval, exposition virtuelle de la BNF

 

64. Bibliothèque idéale et participative (1) : Mondes anciens

Premier épisode d’une série réalisée grâce aux contributions des auditrices et des auditeurs du podcast, qui ont envoyé un bref éloge d’un livre d’histoire les ayant marqués. Dans ce premier volet sont évoqués les mondes anciens de l’Afrique, de la Méditerranée, ou encore de l’Europe médiévale. Merci pour ces envois!

Le second volet porte sur les temps modernes (du XVIe au XVIIIe siècle), le troisième sur l’époque contemporaine et l’historiographie.

Les livres présentés :

– François-Xavier Fauvelle, L’Afrique ancienne, de l’Acacus au Zimbabwe, Paris, Belin, 2018 (par Anthony Guyon)

– Pierre Vidal-Naquet, Le chasseur noir, formes de pensée et formes de société dans le monde grec, Paris, F. Maspero, 1981, rééd. La Découverte, 2005 (par Cadensia)

– Yann Le Bohec, Histoire des guerres romaines, Paris, Tallandier, 2017 (par Gildas le Quentrec)

– Johann Chapoutot, Le national-socialisme et l’Antiquité, Paris, PUF, 2008 (par Krokogyptienne)

– Karol Modzelewski, L’Europe des barbares. Germains et Slaves face aux héritiers de Rome, Paris,  Aubier, 2006 (par Emilie Mitsakis)

– Anders Winroth, Au temps des Vikings, Paris, La découverte, 2018 (par Ragenold)

– Jacques Dalarun, Dieu changea de sexe, pour ainsi dire. La religion faite femme, XIe-XVe siècle, Paris, Fayard, 2008 (par Noémie Marijon).