25. Soldats indiens de la Grande Guerre, avec Claude Markovits

L’invité : Claude Markovits, directeur de recherche émérite au CNRS

Le livre : De l’Indus à la Somme. Les Indiens en France pendant la Grande Guerre, Paris, éditions de la Maison des sciences de l’homme, 2018.
La discussion : les origines de l’armée recrutée aux Indes britanniques, ses missions avant la Grande Guerre, son recrutement en fonction des « races martiales » (0’45) ; l’envoi d’une partie de ces troupes sur le front ouest lorsque débute la Première Guerre mondiale, en lien avec les pertes du corps expéditionnaire britannique (3’30) ; le nombre d’hommes envoyés et le rythme de leur arrivée (5’30) ; le déficit historiographique sur cette question (6’20) ; les réactions de l’Allemagne à cet emploi de troupes coloniales, condamnant un usage « non civilisé » de la guerre (7’45) ; la source de l’étude : le contrôle postal, et ses spécificités pour ces troupes qui n’écrivent pas en anglais (8’45) ; les peurs des dirigeants britanniques quant à la subversion pouvant viser ces troupes, par des révolutionnaires indiens ou sous l’effet de l’appel au « Jihad » des Ottomans (9’35) ; la création précoce d’un bureau de censure pour les soldats indiens (11’20) ; un autre filtre de la source : les scribes qui ont rédigé les courriers de soldats très majoritairement illettrés (11’55) ; le groupe des censeurs et traducteurs (14’25) ; le choc et la sidération des soldats indiens devant une guerre d’un type nouveau, et les raisons de leur ténacité, dont le sens de l’honneur (16’15) ; la rencontre entre Indiens et Français, et pour ces derniers un rendez-vous manqué (19’45) ; un recours à l’exotisme dans la presse française (22’20) ; à l’inverse, un « occidentalisme » dans les lettres des soldats confrontés à l’occident, en débutant par l’analyse intellectuelle de cette catégorie (en partie symétrique de l’« orientalisme ») (23’10) ; les aspects valorisés du séjour en France de ces soldats, liés principalement à la place des femmes dans la société, qui les stupéfie (25’50) ; des épisodes de rencontres sexuelles ou amoureuses (28’45) ; des aspects dévalorisés ou rejetés, en lien avec les questions religieuses notamment (32’30) ; la postérité modeste de cette expérience (34’40), et ses mises en mémoire différenciées en Inde et au Pakistan (36’00).

Le conseil de lecture : Mulk Raj Anand, Across the Black Waters

23. Le néolithique, avec Jean-Paul Demoule

(voir le second volet de la discussion)

L’invité : Jean-Paul Demoule, professeur émérite de protohistoire européenne à l’Université de Paris I-Panthéon Sorbonne.

Le livre : Les dix millénaires oubliés qui ont fait l’histoire. Quand on inventa l’agriculture, la guerre et les chefs, Paris, Fayard, 2018.
La discussion : l’origine du livre et la volonté d’écrire de façon accessible et thématique sur le néolithique (2’20), la préhistoire et le néolithique en partie “zappés” des programmes scolaires (5’05), les raisons pour lesquelles les millénaires décisifs du néolithique ont été en partie négligés, et l’origine de ce terme (6’30), l’idée de “révolution néolithique” mise en avant notamment par Gordon Childe, et les nuances qu’il faut lui apporter (8’05), la complexité des stades et des passages entre les chasseurs-cueilleurs et les agriculteurs (10’20), une affirmation provocatrice : le mode de vie rural inchangé pour l’essentiel du néolithique jusqu’au XIXe siècle (11’40), la naissance de la métallurgie du fer (14’15), les évolutions et migrations du néolithique liées aux contraintes du nombre et de l’espace (17’35), la tension entre déterminisme et histoire ouverte sur d’autres possibles (20’15), l’installation de la domination masculine au néolithique et la question de son historicité (23’20), une naissance de la guerre au néolithique ? (27’50), l’enseignement du néolithique en Sixième, et les supports à choisir pour en parler (31’45).

Les références citées dans le podcast :
Pascal Semonsut, « La Préhistoire sur les bancs ou au ban de l’école ? Les temps premiers dans les programmes scolaires de la France des années 1940 à 2010 », Revue Historique, 2017/2 (n° 682)
– Présentation de Vere Gordon Childe
– David Graeber, Pour une anthropologie anarchiste, Montréal, Lux Éditeur, 2006
– Françoise Héritier, Masculin, Féminin. La pensée de la différence, Paris, Odile Jacob, 1996.
– Jean Guilaine, Jean Zammit, Le sentier de la guerre. Visages de la violence préhistorique, Paris, Seuil, 2001
– Marylène Patou-Mathis, Préhistoire de la violence et de la guerre, Paris, Odile Jacob, 2013.
– Christophe Darmangeat, « L’art de la guerre en Australie »

16. Hamilton: l’histoire de la Révolution américaine en musique et sur scène

Un mini-documentaire en 6 parties sur la comédie musicale Hamilton, et son rapport à l’histoire, avec quelques petits extraits musicaux.

Lin-Manuel Miranda en vacances au Mexique en 2008, lisant la biographie d’Alexander Hamilton par Ron Chernow qui a inspiré son projet

1) Présentation de “Hamilton” et son succès inouï (0’30)
2) Lin-Manuel Miranda et les origines du projet (2’30), avec son passage à la Maison Blanche en 2009
3) La vie mouvementée d’Alexander Hamilton (6’45)
4) Un spectacle aux choix scéniques et musicaux originaux, avec une dimension politique (12’50)
5) Chez les historiens, enthousiasme et critiques (21′)
6) Leçons finales : l’écart fécond entre spectacle et histoire (30’45)

Parmi les références citées:
présentation en français par Sylvie Bressler
présentation synthétique dans le NYT
portrait de Lin-Manuel Miranda et description du projet dans le New Yorker
-un livre d’histoire interrogeant Hamilton et son succès
commentaire positif par Joseph M. Adelman
-le Founders chic, article de H.W. Brands en 2003 dans The Atlantic
commentaire critique par Lyra Monteiro
commentaire critique par Annette Gordon-Reed
-commentaire par Joanne Freeman
point de vue féministe par Stacy Wolf

Conseil final: Histgeobox pour continuer à réfléchir à l’histoire en musique

3. Enfance et adolescence en guerre, avec Manon Pignot

L’invitée : Manon Pignot, ancienne élève de l’ENS (Fontenay-Saint-Cloud), agrégée d’histoire, maîtresse de conférences à l’université de Picardie-Jules Verne.

Les parutions :
Déflagrations, sous la direction de Zérane S. Girardeau, Paris, Anamosa, 2017.
« “Les enfants ne vont pas au front” : les combattants juvéniles de la Grande Guerre », Le Mouvement Social, dossier : Engagements adolescents en guerres mondiales, n°261, oct-nov. 2017.
La discussion : la force expressive des dessins d’enfants en guerre (à 3 minutes environ), l’archivage des dessins d’enfants et l’intérêt que leur ont porté pédagogues et historiens (8’), l’intérêt du dessin pour échapper aux déterminismes sociaux liés à la maîtrise de l’écriture, mais la difficulté à le contextualiser (10’45), les différences et les ressemblances entre dessins suivant les contextes de guerre (11’45), le caractère plus marquant des dessins d’enfants plus jeunes (14’45). Puis la Première Guerre mondiale, avec les quelques adolescents qui cherchent à rejoindre le front pour combattre (17′),  les causes multiples de leurs engagements souvent contrecarrés par les autorités (18′), l’inscription de ces phénomènes dans le temps long de la scolarisation et de la structuration du sentiment national (21′), les mélange d’inquiétude et de fierté des contemporains devant ces velléités guerrières (23′), leur mémoire ambiguë (26′), les éclairages de cette histoire au regard des “enfants-soldats” et des tentations guerrières pour certains adolescents aujourd’hui (28′)

Parmi les dessins évoqués dans le podcast :
Dessin de Beata, 8 ans, enfant rwandaise au centre pour enfants orphelins ou séparés de Ndera, 1997 (p.103)

Dessin d’un enfant tchadien dans un camp de personnes déplacées par la guerre du Darfour, 2007 (détail, p. 189)

Dessin d’un enfant dans la guerre d’Espagne, 1937 (p.208)

Photo d’un des adolescents-soldats évoqués dans l’article (Imperial War Museum Q11105)

Le conseil de lecture : Anna Hope, Le chagrin des vivants (2016) et La salle de bal (2018).