128. Histoires de Tintin #5 : Hergé, Tintin et le catholicisme, avec Philippe Delisle

L’invité : Philippe Delisle, professeur à l’université Lyon-III

Le thème : Hergé, Tintin, et le catholicisme

La discussion :

  • Les origines d’un travail sur la BD, et la collection « esprit BD » chez Karthala (1’)
  • Le parcours religieux et spirituel d’Hergé, difficile à bien connaître (4’20)
  • Une figure clef : l’abbé Wallez, directeur du Vingtième siècle (8’50)
  • Un Hergé qui s’éloigne du catholicisme strict dans les années 1950-1960, avec la crise de son mariage (10’50)
  • La prégnance du catholicisme dans l’espace public belge dans la première moitié du XXe siècle (12’15)
  • Des réseaux de diffusion catholiques en France également, avec le magazine Cœurs vaillants et les moyens paradoxalement modernes alors utilisés (16’40)
  • Tintin, héros croyant, dans les premières versions de ses aventures (19’)
  • Une représentation chrétienne de la mort, pour les bandits de L’Oreille cassée (23’15) ou Wolff dans On a marché sur la Lune (26’30)
  • Les adversaires de Tintin, qui reflètent ceux du catholicisme de son milieu : bolcheviks, puissances d’argent… (29’45)
  • Le passage d’un Tintin chrétien à un Tintin de culture chrétienne (34’50)
  • Haddock voulant transformer de l’eau en vin : référence chrétienne dans les Sept boules de cristal, non soulignée comme telle (38’)
  • L’album Tintin au Tibet, et son imprégnation spirituelle, témoignant aussi de l’idéal scout (41’)
  • Une déconfessionalisation plus large de la bande dessinée d’après-guerre (44’)
  • Les albums qui intéressent le plus : Tintin au Congo ; Le Lotus bleu (48’15)

Bibliographie

Ouvrages de Philippe Delisle:

  • BD franco-belge et imaginaire colonial, Karthala, 2008
  • Spirou, Tintin et Cie, une littérature catholique?, Karthala, 2010
  • Le missionnaire, héros de la BD belge, Karthala, 2011
  • La BD franco-belge, une littérature antiesclavagiste, Karthala, 2013
  • Petite histoire politique de la BD belge de langue française, Karthala, 2016
  • La BD au crible de l’Histoire. Hergé, Maurras, les jésuites et quelques autres, Karthala, 2019

Luc Révillon, “Cœur Pur et le démon de midi” In : De Socrate à Tintin : Anges gardiens et démons familiers de l’Antiquité à nos jours [en ligne]. Rennes : Presses universitaires de Rennes, 2011.

125. Histoires de Tintin #2 – Publier Tintin, avec Florian Moine

L’invité : Florian Moine, doctorant à Paris-I

 Gérard Casterman supervisant les épreuves de couverture de Coke en Stock, 1958 (c) C. Fromenti

Le thème : l’histoire éditoriale de Tintin

La discussion

  • Pourquoi travailler sur Tintin et sa publication ?  (1’)
  • Un rapport de lecture qui a évolué entre l’enfance et le travail de recherche (2’25)
  • Un travail qui s’inscrit dans le cadre d’une historiographie renouvelée des productions culturelles et de l’édition (3’40)
  • L’histoire éditoriale de Tintin et ses évolutions (5’15)
  • Les archives Casterman, complément aux entretiens donnés par Hergé (7’30)
  • Comment Hergé est-il publié chez Casterman, éditeur catholique initialement influent dans les milieux scolaires ? (10’40)
  • Une stratégie de pénétration du marché français (13’45)
  • L’inscription de Tintin dans le paysage concurrentiel de l’album pour enfants (15’50)
  • La Seconde Guerre mondiale, tournant fondamental avec le passage en couleur de Tintin (17’35)
  • Une mise en couleur qui participe de la standardisation des albums (23’)
  • La façon dont Casterman échafaude des projets pour « l’après-guerre » durant la guerre (25’)
  • Hergé, auteur méticuleux, coloriste précis (26’50)
  • La dimension collective du travail et la naissance du « Studio Hergé » (29’)
  • Les « rendements décroissants » et l’espacement croissant des albums de Tintin dans les années 1950-1960 (32’15)
  • Les contraintes nouvelles de l’après-guerre pour Casterman : loi de 1949, tarifs douaniers… (35’)
  • Le « toilettage » de certains albums dans les années 1950-1960, à l’initiative souvent de l’éditeur (38’10)
  • Une « patrimonialisation » de Tintin réussie par l’éditeur dans les années 1960-1970 (42’)
  • L’album le plus intéressant pour l’histoire éditoriale, L’étoile mystérieuse (48’)

Retrouvez ici des éléments de bibliographie.

124. Histoires de Tintin #1 – la BD, objet historiographique, avec Sylvain Lesage

L’invité : Sylvain Lesage, maître de conférences à l’Université de Lille

Le thème : comment la bande dessinée est devenue un objet historiographique

Affiche de l’exposition Hergé en 1977 lors du Festival d’Angoulême

La discussion :

  • Aux sources d’un regard historiographique sur la BD : la bédéphilie dans les années 1960 1’20)
  • Un mouvement à la fois italien, français et belge, et très masculin (6’40)
  • L’émergence d’une BD plus adulte et autoréférentielle dans les années 1970 (9’)
  • Comment la BD franco-belge intéresse également les bédéphiles (12’20)
  • Les formes d’institutionnalisation de la BD avec l’expression « neuvième art », le festival d’Angoulême… (18’15)
  • La réification de l’auteur, que le phénomène Hergé pousse à son comble (24′)
  • La chronologie de la prise en compte de la BD aux États-Unis, plus précoce (27′)
  • La façon dont la BD est entrée à l’université, d’abord via la sémiotique ou la sociologie, puis pour l’histoire avec Pascal Ory (36′)
  • Le paysage historiographique au milieu des années 2000 (45′)
  • La place singulière de Tintin dans ce paysage, et les limites que la surfocalisation sur cette œuvre implique (51′)

Les références citées dans le podcast

  • L. Boltanski, « La constitution du champ de la bande dessinée », Actes de la Recherche en Sciences Sociales, 1975, 1, p. 37-59
  • Francis Lacassin, Pour un neuvième art : la bande dessinée, Union Générale d’Éditions, 10/18, 1971
  • P. Ory, « Mickey go home !  La désaméricanisation de la bande dessinée (1945-1950) », Vingtième Siècle. Revue d’histoire, 1984, p. 77‑88
  • T. Crépin, Haro sur le gangster ! : la moralisation de la presse enfantine, 1934-1954, Paris, CNRS, 2001

Bibliographie complémentaire

  • O. Mitterrand, L’histoire par la bande : bande dessinée, histoire et pédagogie, Paris, Syros, 1993.
  • P. Ory, Le petit nazi illustré : une pédagogie hitlérienne en culture française: « le Téméraire » (1943-1944), Paris, Nautilus, 2002 (Albatros, 1979).
  • J. Gallego (dir.), La bande dessinée historique: premier cycle: l’Antiquité, Pau, Presses de l’Université de Pau et des Pays de l’Adour, 2015.
  • T. Martine, Le Moyen Âge en bande dessinée, Paris, Karthala, 2016.
  • P. Delisle, Bande dessinée franco-belge et imaginaire colonial : des années 1930 aux années 1980, Paris, Karthala, 2008.
  • M. Porret (dir.), Objectif bulles : bande dessinée & histoire, Genève, Georg, 2009.
  • A. Genoudet, Dessiner l’histoire: pour une histoire visuelle, Paris, Éditions le Manuscrit, 2015.
  • Sylvain Lesage, Publier la bande dessinée. Les éditeurs franco-belges et l’album, 1950-1990 (Presses de l’ENSSIB, 2017)

122. Bande-annonce: histoires de Tintin

Une série d’émissions sur Tintin, le personnage créé par Hergé en 1929, qui permet de réfléchir à l’histoire du XXe siècle et de la bande dessinée, est prévue à partir du 25 mai 2020.

Retrouvez ici les éléments de bibliographie mentionnés durant l’émission, et n’hésitez pas à laisser commentaires ou suggestions.

ELEMENTS DE BIBLIOGRAPHIE

Approches historiennes de la BD
  • O. Mitterrand, L’histoire par la bande : bande dessinée, histoire et pédagogie, Paris, Syros, 1993.
  • P. Ory, Le petit nazi illustré : une pédagogie hitlérienne en culture française: « le Téméraire » (1943-1944), Paris, Nautilus, 2002 (Albatros, 1979).
  •  T. Crépin, Haro sur le gangster ! : la moralisation de la presse enfantine, 1934-1954, Paris, CNRS, 2001
  • P. Ory, « Mickey go home !  La désaméricanisation de la bande dessinée (1945-1950) », Vingtième Siècle. Revue d’histoire, 1984, p. 77‑88
  • J. Gallego (dir.), La bande dessinée historique: premier cycle: l’Antiquité, Pau, Presses de l’Université de Pau et des Pays de l’Adour, 2015.
  • T. Martine, Le Moyen Âge en bande dessinée, Paris, Karthala, 2016.
  • P. Delisle, Bande dessinée franco-belge et imaginaire colonial : des années 1930 aux années 1980, Paris, Karthala, 2008.
  • M. Porret (dir.), Objectif bulles : bande dessinée & histoire, Genève, Georg, 2009.
  • A. Genoudet, Dessiner l’histoire: pour une histoire visuelle, Paris, Éditions le Manuscrit, 2015.
La BD et l’histoire culturelle
  • Sylvain Lesage, Publier la bande dessinée. Les éditeurs franco-belges et l’album, 1950-1990 (Presses de l’ENSSIB, 2017)
Hergé: biographies, entretiens
  • Numa Sadoul, Entretiens avec Hergé : Édition définitive, Tournai, Casterman, coll. « Bibliothèque de Moulinsart », 1989
  • Benoît Peeters, Le Monde d’Hergé, Tournai, Casterman, décembre 1984
  • Pierre Assouline, Hergé, Paris, Gallimard, 1998.
Tintin et tintinophilie (brève sélection)
  • Jean-Marie Apostolidès, Les Métamorphoses de Tintin, Seghers, 1984, 2e édition, Flammarion, 2006.
  • Pierre Fresnault-Deruelle, Les rêves de Tintin. Entre métaphores et métamorphoses, Chêne-Bourg (Suisse), Editeur Georg, 2017.
  • Frédéric Soumois, Dossier Tintin. Sources, Versions, Thèmes, Structures, édition Jacques Antoine, Bruxelles, 1987,
  • Olivier Roche et Dominique Cerbelaud, Tintin. Bibliographie d’un mythe, sans lieu,  Impressions nouvelles, 2014.

112. Quarante ans d’histoire italienne: Nos meilleures années, avec Elisa Vial

L’invitée : Elisa Vial, étudiante en histoire

Le film : La meglio gioventu (Nos meilleures années) de Marco Tullio Giordana (2003)

La discussion :

  • Une fresque historique émouvante racontant cinquante ans d’histoire italienne (2’)
  • Le parcours du personnage principal, le psychiatre Nicola Carati, qui incarne un tournant dans la prise en charge de la maladie mentale, en lien avec Michel Foucault et Franco Basaglia (7’)
  • La représentation des hôpitaux psychiatriques comme lieux d’incarcération, et à l’inverse la volonté des réformateurs de traiter les patients comme des personnes (11’)
  • Les tensions sociales à Turin au début des années 1970 (13’30)
  • La façon dont le film illustre les clivages nord-sud en Italie (16’)
  • La représentation des Brigades rouges (18’)
  • La violence de la mafia et la corruption politique (21’)
  • La famille comme cadre social in fine valorisé sans être idéalisé (28’)

84. La christianisation du monde viking, avec Stéphane Coviaux

L’invité : Stéphane Coviaux, professeur en classes préparatoires littéraires

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Le livre : La fin du monde viking, Paris, Passés composés, 2019.

Un objet mentionné dans le podcast (31′): moule de stéatite trouvé au Danemark, servant à forger des croix et des marteaux de Thor

Hammer

La discussion :

  • La naissance de cette recherche et l’intérêt pour le monde scandinave (1’10)
  • Les langues qu’il faut parler pour mener de telles recherches (2’00)
  • Le fait de travailler sur un objet aussi présent dans la culture populaire (3’45)
  • Le mot « viking » et ses ambiguïtés (4’50)
  • Le cadre spatial large du livre, et son choix (5’55)
  • L’articulation entre sources écrites, généralement postérieures, et sources archéologiques, au cœur de ce champ de recherches (7’20)
  • Les problèmes d’interprétation des données archéologiques (9’40)
  • Un document exceptionnel : la grande pierre de Jelling (10’10)
  • À inscrire dans un type de documents, les pierres runiques (12’40)
  • Des missionnaires au second plan par rapport aux rois dans le processus de christianisation, éminemment politique (14’30)
  • Une conversion sous la menace, avec Olaf Tryggvasson ? (17’15)
  • Quelle grammaire rituelle pour les processus de conversion et les baptêmes ? (18’20)
  • Quelle raison profonde à ces choix de conversion pour les rois nordiques, avec quels éléments préalables de contacts avec des chrétiens ? (20’35)
  • La variété des acteurs concernés : marchands, esclaves…. (22’45)
  • Quelle place pour les reliques dans la christianisation du nord ? (24’05)
  • Le rôle de la papauté dans ce processus, qui interagit en partie avec la Réforme grégorienne (25’15)
  • La place du christianisme oriental, et les influences byzantines, dans le monde nordique (27’00)
  • Les hésitations religieuses et les refus de la nouvelle religion (28’00)
  • Les réemplois et continuités entre dieux scandinaves et christianisme (31’30)
  • Les femmes, gagnantes ou perdantes de la christianisation ? (32’40)
  • Ce que la christianisation a pu changer au quotidien pour les populations nordiques (alimentation, onomastique…) (34’20)
  • Quelles traces visibles aujourd’hui de cette période ? (36’30)

Les références citées dans le podcast et les conseils de lecture :

  • Pierre Bauduin, Le Monde franc et les Vikings (VIIIe-Xe siècle), Paris, Albin Michel, 2009
  • Pierre Bauduin, Histoire des Vikings. Des invasions à la diaspora, Paris, Tallandier, 2019
  • Halldor Laxness, La saga des fiers-à-bras
  • Knut Hamsun, Pan

 

72. Fantômes d’ancien régime, avec Caroline Callard

L’invitée : Caroline Callard, directrice d’études à l’EHESS

Le livre : Le temps des fantômes. Spectralités de l’âge moderne (XVIe-XVIIe siècle), Paris, Fayard, 2019.

La discussion :

  • L’origine de ce travail, et le pullulement des fantômes à l’époque moderne qu’il permet de saisir (1:00)
  • Une enquête au croisement de plusieurs fils historiographiques : histoire de la mort, anthropologie historique des revenants, sociologie pragmatique du surnaturel (3:50)
  • Quelles traces documentaires des fantômes ? Plus facile à trouver dans les imprimés que dans les archives… (6:20)
  • Un vocabulaire pour désigner les fantômes qui n’est pas stabilisé, malgré des efforts de nomenclature (9:50)
  • Une grande variété d’apparences visuelles pour les fantômes hors de tout code de représentation aux XVIe-XVIIe siècles (11:40)
  • Extrait audio commenté : Hamlet, I, 4 (interprétation de Jean Marais)
  • Historiciser le rapport aux fantômes dans une « conjoncture panique » des XVIe-XVIIe siècles (17:30)
  • Les fantômes saisis au prisme du droit, à travers les histoires de maisons hantées (et de rupture de bail) en particulier (18:45)
  • Comment établir une distinction entre rapports médiévaux aux spectres et usages dans la première modernité ? (21:45)
  • La présence genrée des fantômes, lisible dans une apparition à Dole en 1628, dans un contexte pourtant de chasse aux sorcières (27:05)
  • Des fantômes qui agissent et interagissent avec les vivants, sans que la question de la croyance ne soit forcément centrale pour les comprendre (32:00)
  • Les différents registres de la croyance, de la crédulité, du scepticisme et de l’incrédulité (35:20)
  • Le rôle politique des fantômes à travers celui de Concini , tué en 1617 (39:35)

Les références citées dans l’émission :

  • Kathryn A. Edwards and Susie Speakman Sutch (éd.), Leonarde’s ghost. Popular piety and The appearance of a spirit in 1628, (Sixteenth Century Essays & Studies, 82.), Kirksville, Missouri, Truman State University Press, 2008.
  • Jean Bazin, Des clous dans la Joconde, Toulouse, Anacharsis, 2008.
  • Caroline Callard, Le Prince et la République. Histoire, pouvoir et société dans la Florence des Médicis, au XVIIe siècle, Paris, PUPS, 2007.
  • Elisabeth Claverie, Les guerres de la Vierge. Une anthropologie des apparitions, Paris, Gallimard, 2003
  • Colin Dayan, The law is a white dog, Princeton U.P., 2011.
  • Jean-Pascal Gay, Le dernier théologien ? Théophile Raynaud : histoire d’une obsolescence, Beauchesne, collection Théologie historique, n° 127, 2018.
  • Carlo Ginzburg, Les batailles nocturnes, Sorcellerie et rituels agraires en Frioul, XVIe-XVIIe siècles, Lagrasse, Editions Verdier, 1980.
  • Stephen Greenblatt, Shakespearean Negotiations. The Circulation of Social Energy in Renaissance England, University of California Press, 1989.
  • Hamlet in Purgatory, Princeton University Press
  • Sasha Handley, Visions of an Unseen World: Ghost Beliefs and Ghost Stories in Eighteenth-Century England. Pickering & Chatto, 2007.
  • Jean-Claude Schmitt, Les revenants. Les vivants et les morts dans la société médiévale, Paris, Gallimard, « Bibliothèque des Histoires », 1994.
  • Natalie Zemon Davis, « Ghosts, Kin and Progeny: Some Features of Family Life in Early Modern France », Daedalus 106:2 (printemps 1977), p. 87-114.

Les conseils de lecture :

  • Vinciane Despret, Au bonheur des morts. Récits de ceux qui restent, Paris, La Découverte, coll. « Les Empêcheurs de penser en rond », 2015
  • Manuel Vilas, Ordesa, éditions du sous-sol, 2019.
  • Guillaume Cuchet, Les Voix d’outre-tombe. Tables tournantes, spiritisme et société au XIXe siècle, Paris, Éditions du Seuil, coll. « L’Univers historique », 2012

Illustrations :

La descente du Marquis d’Ancre aux Enfers, son combat et son rencontre avec Maistre Guillaume ensemble le dialogue avec la Galligaya, & de Misoquin esprit follet, qui luy emeine son Mary. La rencontre dudict Esprit avec l’Ange Gardien de Monsieur le Prince, Paris, Abraham Saugrain, 1617, p. 15.

Daniel Rabel (1578-1637), album du Ballet du Chasteau de Bicêtre (1632), Seconde et première entrées des fantômes, aquarelle, encre brune, plume (dessin), 28,5×44 cm (Louvre, cabinet des Estampes)

 

 

58. L’iconoclasme politique au XIXe siècle, avec Emmanuel Fureix

L’invité : Emmanuel Fureix, maître de conférences à l’Université Paris-est Créteil

Le livre : L’œil blessé. Politiques de l’iconoclasme après la Révolution française, Champ Vallon 2019.

La discussion :

  • Le titre du livre : de qui l’œil est-il blessé, et par quoi ?
  • Les signes visés par l’iconoclasme politique, et les types d’opérations qui les entourent
  • Une inquiétude envers les signes politiques, qui produit des sources administratives et judiciaires en particulier
  • Des témoignages, qui n’émanent que peu des hommes politiques, qui jugent tout cela dérisoire
  • L’iconoclasme, trace d’autres formes de politisation, et de conceptions de la citoyenneté, que celle qui passe par le vote
  • Une pratique iconoclaste qui ne s’explique pas seulement par des éléments sociologiques (couches populaires vs. élites)
  • La monnaie, où s’inscrit la souveraineté, visée par l’iconoclasme
  • L’imaginaire du régicide visant les Bourbons
  • Les fleurs et leur gamme chromatique indiquant des appartenances politiques
  • La croyance en une puissance performative des signes et des gestes qui les visent
  • La tension entre gestes iconoclastes et sacralisation du patrimoine et de la propriété au XIXe siècle
  • Un iconoclasme chirurgical à lier à la notion d’« iconoclash » (Bruno Latour)
  • Un iconoclasme entre spontanéité et le calcul
  • Le contexte particulièrement troublé des années 1814-1816, et la virulence iconoclaste de la seconde Restauration
  • Un usage paradoxal et risqué de l’iconoclasme du côté des Bourbons et de leurs partisans
  • Une autre dimension de ces conflits autour des signes : le défi masculin dans l’espace public
  • La « recharge iconoclaste » de février 1831
  • Quels sens donner à la scène célèbre du « sac  des Tuileries » en  février 1848 ?
  • Le surprenant iconoclasme de la République conservatrice de 1849-1851
  • Un moment d’iconoclasme un peu oublié : la chute du Second Empire en septembre 1870
  • Le rapport entre Paris et province et les moments de diffusion des nouvelles parisiennes à l’origine de pratiques iconoclastes
  • La violence iconoclaste, substitut à la violence physique ?
  • Une efficacité des gestes iconoclastes qui semble décroître dans le dernier tiers du XIXe siècle
  • La faible circulation internationale de l’iconoclasme, à la différence de la barricade.
  • Les résurgences de l’iconoclasme dans les sociétés contemporaines

Les conseils de lecture :
– Alain Corbin, Le village des cannibales, Paris, Aubier, 1990.
– Emmanuel Fureix, Le siècle des possibles (1814-1914), Paris, PUF, 2014.

51. Délices du feu et morsures du froid dans la France d’Ancien régime, avec Olivier Jandot

L’invité : Olivier Jandot, agrégé et docteur en histoire moderne, enseignant au lycée Gambetta-Carnot d’Arras et à l’Université d’Artois

Le livre : Les délices du feu. L’homme, le chaud et le froid à l’époque moderne, Champ Vallon, 2018.

La discussion : l’effort de contextualisation et d’imagination à produire pour comprendre les notations du passé concernant le froid et l’hiver ; le « grand hiver » de 1709 et les raisons de sa notoriété ; la nécessité de croiser les sources (médicales, du for privé) pour comprendre ce rapport au froid, et l’utilisation des sources iconographiques, en lien avec les travaux des médiévistes ; la vulnérabilité face au froid des sociétés anciennes, illustrée par la régularité des morts de froid ; l’absence d’isolation thermique de l’habitat ancien, compensée par des « espaces gigognes » ; la fracture géographique et culturelle entre cheminées et poêles ; la nécessité d’économiser le bois, et de se chauffer avec des combustibles de substitution ; un enjeu social qui s’aggrave avec une crise forestière perçue au XVIIIe siècle ; les instruments de chauffage portatifs ; la persistance de ce rapport au froid tard au XXe siècle, illustrée par la chanson « Bonhomme » de Georges Brassens (1958, extrait sonore) avec le bois mort, « chauffage du pauvre » ; un rapport à la chaleur socialement différencié mais qui touche aussi les puissants ; a chaleur humaine et animale comme solution face au froid ; l’évolution majeure décelable au XVIIIe siècle à partir notamment de la Mécanique du feu de Nicolas Gauger (1713) ; la circulation des savoirs (Benjamin Franklin) avec une prise en compte scientifique de la chaleur ; un discours critique sur la demande sociale de chaleur, lisible chez Rousseau par exemple.

Musique de générique : Henry Purcell (livret de John Dryden), King Arthur, 1691, interprété par le Deller Consort (Nigel Beavan, basse), acte III, « Air du froid »

COLD GENIUS
What power art thou, who from below
Hast made me rise unwillingly and slow
From beds of everlasting snow?
See’st thou not how stiff and wondrous old,
Far unfit to bear the bitter cold,
I can scarcely move or draw my breath?
Let me, let me freeze again to death.

Les conseils de lecture :
– André Bucher. Déneiger le ciel. Sabine Wespieser, 2007.
– Françoise Waquet, Histoire émotionnelle des savoirs, CNRS, 2019.

 

50. Sport et création artistique à l’époque soviétique, avec Julie Deschepper et Sylvain Dufraisse

Les invités : Julie Deschepper, doctorante à l’Inalco ; Sylvain Dufraisse, maître de conférences à l’Université de Nantes

L’exposition et le livre:

“Rouge. L’art au pays des soviets” (Grand Palais, jusqu’au 22juillet 2019)

Les héros du sport. Une histoire des champions soviétiques (années 1930 – années 1980), Champ Vallon, 2019.

La discussion : pourquoi il faut voir l’exposition « Rouge », d’une grande richesse en termes d’œuvres exposées, et de variété de formes artistiques (1’) ; un art qui ne se réduit pas à ses dimensions officielles ou « totalitaires » (3’) ; parmi ces œuvres, celles consacrées aux corps, allant de la biomécanique de Meyerhold à la promotion de la vigueur physique (5’) ; d’autres qui illustrent la violence stalinienne (7’10) ; la césure muséographique entre 1er niveau de l’exposition (années 1920) et second niveau (années 1930) à interroger (8’50) ; la complexité des années 1930 avec l’ouverture aux loisirs « modernes » comme le parachutisme (10’15) ; le concept moins simple qu’il n’y paraît de « réalisme socialiste » (13’40) ; certaines continuités entre les années 1920 et 1930 en matière de figuration et de représentation (18’40) ; l’accent bienvenu mis sur l’architecture et l’espace public dans l’exposition (21’) ; les reconfigurations de la ville socialiste dans un contexte de pénuries de logements (24’) ; les artistes et sportifs comme « promus » (Nicolas Werth) dans la société soviétique (27’15) ; le concept de kultur’nost ou de « civilisation » soviétique ; les contradictions du sport de compétition dans une société collectiviste (30’) ; la nécessité d’éviter une lecture trop monolithique du régime soviétique, pour comprendre les discussions ou compétitions entre organes (34’35) ; la façon dont l’URSS se construit au contact de l’étranger et de l’Ouest (avec le fait de quitter ou de rejoindre les fédérations sportives « bourgeoises » ou le CIO) (41’30) ; l’URSS qui attire des sportifs « marginaux » comme Jules Ladoumègue dans les années 1930 (43’) ; les problèmes que posent les voyages des sportifs soviétiques à l’étranger (46’) ; un retour critique sur l’idée de « stagnation » à l’ère brejnevienne (51’10), les conseils de lecture.

Les références citées dans l’émission :

« Rouge ! L’art au pays des soviets », documentaire d’Arte (A. Minard)
– Michael David-Fox, Showcasing the Great Experiment. Cultural Diplomacy and Western Visitors to the Soviet Union, 1921‑1941, Oxford University Press, 2012.
– Sabine Dullin, La frontière épaisse. Aux origines des politiques soviétiques (1920-1940), Paris, Éditions de l’EHESS, 2014.
– Marc Elie et Isabelle Ohayon, « L’expérience soviétique à son apogée », Cahiers du monde russe, 54/1-2, 2013.
– Emila Koustova, « Les fêtes révolutionnaires russes entre 1917 et 1920. Des pratiques multiples et une matrice commune », Cahiers du monde russe, 47/4, 2006.
– Cécile Pichon-Bonin, Peinture et politique en URSS : l’itinéraire des membres de la Société des artistes de chevalet (1917-1941), Dijon, Les Presses du réel, 2013.
– Travaux de Valérie Pozner sur le cinéma

Les conseils de lecture :

– Ilf et Petrov, Le veau d’or
– Gianni Haver, Jean-François Fayet, Valérie Gorin, Emilia Koustova (dir.), Le spectacle de la Révolution. La culture visuelle des commémorations d’Octobre, Lausanne, Antipodes, coll. « Univers visuels », 2017
– Sheila Fitzpatrick, Le stalinisme au quotidien. La Russie soviétique dans les années 30, Paris, Flammarion, 2002.