206. L’histoire autrement #5 : un webdoc historique avec Isabelle Heullant-Donat et Olivier Lambert

L’histoire n’appartient pas qu’aux historiennes et aux historiens : la série d’émissions #HistoireAutrement fait porter le regard sur des pratiques non académiques de l’histoire.

Les invité-e-s : Isabelle Heullant-Donat, professeure d’histoire médiévale à l’université de Reims ; Olivier Lambert, producteur (Lumento)

Le thème : le webdocumentaire Le cloître et la prison issu du programme de recherche Enfermements

 

La discussion :

  • Le choix d’un webdocumentaire pour prolonger un projet de recherche (1:00)
  • Le lien entre univers monastique et carcéral, à travers le site de Clairvaux en particulier (2:30)
  • Du côté de la production, l’intérêt pour l’histoire et pour les projets interactifs (9:30)
  • Le webdocumentaire, un type de projet non directif, qui rompt avec les habitudes des historiens et des historiennes (13:45)
  • Les atouts du webdoc par rapport à d’autres supports (BD, documentaire classique…) (18:00)
  • La pérennité d’un support numérique (20:30)
  • On n’écrit pas un webdoc comme on écrit un livre (26:00), et les usagers en font des usages variés (31:00)
  • Les vertus du « tournant spatial » des sciences humaines (36:15)
  • Un travail inscrit dans la durée (40:00)
  • Les financements et soutiens du projet (44:45)
  • Les incertitudes de la réception d’un tel projet, dans le champ académique (50:00) et en ligne (55:00)

204. L’histoire autrement #4 : la recherche est (vraiment) un sport de combat, avec Pierre-Henry Bas et Stéphane Hadjeras

L’histoire n’appartient pas qu’aux historiennes et aux historiens : la série d’émissions #HistoireAutrement fait porter le regard sur des pratiques non académiques de l’histoire.

Les invités : Pierre-Henry Bas, docteur en histoire et praticien d’Arts martiaux historiques européens ; Stéphane Hadjéras, docteur en histoire et entraîneur de boxe, auteur de Georges Carpentier, l’incroyable destin d’un boxeur devenu star (Paris, Nouveau monde, 2021).

Codex Wallerstein, Augsburg, Cod.I.6.4º.2 folio 107v, ca. 1400

Le thème : activité de recherche en histoire et pratique des sports de combat

La discussion :

  • Le centenaire du combat Carpentier-Dempsey (1:45) inscrit dans une modernité médiatique de la boxe au début du XXe siècle (3:00)
  • Le parcours de Stéphane Hadjéras entre boxe et recherche (5:00)
  • Le parcours de Pierre-Henry Bas entre escrime et recherche (7:00)
  • Que sont les « arts martiaux historiques européens » (AMHE) ? (10:00) quelles différences avec le « Béhourt » (13:00) ?
  • L’intérêt des sciences sociales pour la boxe, à travers notamment les travaux de Loïx Wacquant (17:00)
  • Les similarités dans la vie et le rythme de travail d’un boxeur et d’un chercheur (18:40)
  • Le regard porté sur les doctorants par les sportifs, et inversement (22:15)
  • Les seuils de douleur et de résistance physique ont-ils une histoire ? (26:20)
  • La codification des geste de combat au Moyen âge (33:00)
  • Comment passer des sources à la reconstitution des gestes ? (37:00)
  • Les différences et ressemblances entre la boxe actuelle et celle d’il y a un siècle (42:00)
  • Des pratiques masculines dans l’histoire, en voie de féminisation dans la société (49:00)
  • La valorisation de ces activités et des AMHE (54:00)

 

198. Le manuscrit d’un couturier médiéval, avec Julie Claustre

L’invitée : Julie Claustre, maîtresse de conférences en hostoire médiévale à l’université Paris-1

Le livre : Faire ses comptes au Moyen âge. Les mémoires de besogne de Colin de Lormoye, Paris, Les Belles Lettres, 2021.

La discussion :

  • Le caractère exceptionnel du livre d’un artisan du Paris médiéval (0:45)
  • L’histoire du manuscrit, retrouvé au début du XXe siècle, dans une reliure (2:00)
  • Une façon à l’époque courante de retrouver des manuscrits médiévaux (4:00)
  • Un livre écrit sur papier, ce qui est courant au XVe siècle (5:45)
  • Dans quel état se trouve le manuscrit aujourd’hui ? (6:30)
  • Une écriture propre aux marchands et aux artisans ? (8:10)
  • Comment cerner Colin de Lormoye, dans d’autres archives ? (11:50)
  • Quel type de scripteur était ce couturier parisien ? (14:50)
  • Une lecture du texte, pour donner une idée de sa nature (18:45)
  • Les différents types de notices du texte (factures, quittances…) (20:00)
  • Un texte dépourvu de notations politiques ou autobiographiques (24:00)
  • La temporalité du texte, à lire en filigrane dans des indices du texte (26:30)
  • Un document qui tranche avec les schémas et controverses (Weber/Sombart) sur la « naissance » du capitalisme au Moyen âge (30:00)
  • La place ambiguë des couturiers médiévaux (34:30)
  • Le vocabulaire et les pratiques du travail de Colin (37:15)
  • Quelle iconographie de ce métier au Moyen âge ? (39:45)

Le conseil de lecture : François Héran, Lettre aux professeurs sur la liberté d’expression, Paris, La découverte, 2021.

 

193. Épées médiévales, avec Martin Aurell

L’invité : Martin Aurell, professeur d’histoire médiévale à l’université de Poitiers

Le livre : Excalibur, Durendal, Joyeuse. La force de l’épée, Paris, PUF, 2021.

La discussion :

  • La point de départ du livre, un article devenu livre (1:00)
  • Un corpus d’épées dans les textes, dans les images, et issu de l’archéologie (2:00)
  • Les savoirs sur l’épée renouvelés par l’archéologie expérimentale (4:30)
  • Les différences entre épées antiques, du haut Moyen âge, et du Moyen âge central (7:00), en lien avec des évolutions de la société et de la guerre (8:00)
  • Le coût élevé des épées et leur valeur sociale ainsi que familiale (10:20)
  • Être enterré avec son épée, une pratique qui décline au Moyen âge central (11:50)
  • Une tension et des différences entre récits d’origine germanique, valorisant la figure du forgeron, et littérature en langue romane (13:50)
  • La christianisation de l’épée au Moyen âge central (16:45)
  • Des épées en forme de croix, mises en scène comme telles dans des récits (18:50)
  • Le rapport exceptionnel entre Roland et son épée Durandal (21:30)
  • Épées incassables, épées fragiles (23:05)
  • L’association de l’eau et de l’épée (25:20)
  • L’épée masculine, prolongement phallique ? (27:00)
  • L’importance d’Excalibur (30:30)
  • L’épée comme preuve de l’ancienneté de sa famille : Jean de Warenne en 1279 (33:20)
  • Le déclin de l’épée à la fin du Moyen âge (35:20)
  • La place de l’épée médiévale dans la culture contemporaine (38:00)

Le conseil de lecture : Georges Duby, Guillaume le maréchal, le meilleur chevalier du monde

Voir également : Excalibur ; la christianisation des Vikings ; Tolkien

181. Filmer l’archéologie: The Dig, avec Quentin Rochet

L’invité : Quentin Rochet, archéologue, médiéviste, responsable d’opération pour Archeodunum (opérateur d’archeologie préventive) et chercheur associé à l’UMR ArAr 5138 (Lyon).

Le film : The Dig (Simon Stone, 2021)

La discussion :

  • Un film réussi, qui évoque l’archéologie et non la chasse au trésor (2:00)
  • Un film sensible, qui évoque le rapport à la mort et au temps qui passe (3:00)
  • L’approche de la Seconde Guerre mondiale qui donne une tonalité plus sombre au film  (3:40)
  • Le trésor de Sutton Hoo, presque pas montré à l’écran (5:00)
  • Que sait-on de la tombe de Sutton Hoo ? (8:30) quelle place des anglo-saxons dans l’imaginaire national britannique ? (10:10)
  • L’importance accordée à l’époque aux anglo-saxons « cultivés » par opposition aux Vikings « sauvages » (11:30)
  • Les personnages du film, leur histoire réelle, en partant du principal fouilleur Basil Brown (16:00)
  • Une archéologie « prestigieuse » à l’arrière-plan, avec la référence à Howard Carter (19:45)
  • La représentation du travail et des techniques archéologiques dans le film (21:45)
  • L’importance de l’objet archéologiques à l’époque, et la mise en scène de leur fragilité (25:30)
  •  Bâcher, débâcher, lors des intempéries : le quotidien de l’archéologie (30:40)
  • Des tensions dans le monde archéologique : hommes / femmes, amateurs / professionnels… (32:00)
  • Un film conçu comme une réhabilitation de Basil Brown (33:00)
  • La représentation des tensions hommes / femmes sur cette fouille, qui tend à gommer les personnages féminins de l’histoire (35:30)
  • À qui appartiennent les objets découverts lors de cette fouille ? Les différences entre Grande-Bretagne et France du point de vue de la législation sur le patrimoine et l’archéologie (38:00)
  • Refermer / reboucher un site (43:00)
  • Une piste de recherche actuelle : retravailler les archives de fouilles plus anciennes (45:50)

Le conseil de lecture :

Edward C. Harris, Principes de la Stratigraphie Archéologique, 2eme édition, traduction par Anne-Sophie Murray

Bibliographie (établie par Quentin Rochet) :

  • Digging the dirt: The true story behind The Dig – National Trust
  • Sue Brunning, Inside ‘The Dig’: how the star-studded film squares with reality of Sutton Hoo, British Museum
  • Un lien intéressant pour le grand public, la partie “Histoire de l’Archéologie” sur le site de l’INRAP
  • Comprendre les méthodes de l’archéologie (et leur histoire) : Demoule J.-P., Giligny F., A. Lehoërff, A. Schnapp, Guide des méthodes de l’archéologie, ed la découverte, 2009
  • Une référence sur le monde anglo saxon : Nicholas J. Higham and Martin J. Ryan, The Anglo-Saxon World, New Haven: Yale University Press, 2013
  • L’historiographie anglaise et la place des anglo-saxons dans cette dernière : J.-F. Dunyach et A. Mairey, Les âges de Britannia, Repenser l’histoire des mondes britanniques (Moyen Âge-XXIe siècle), Presses universitaires de Rennes, 2015
  • Les archéologues anglais mentionnés hors équipe de Sutton Hoo : Mortimer Wheeler, Archaeology From the Earth, Oxford University Press, 1954. V. Gordon Childe, The Dawn of European Civilization, 1925 Kathleen Kenyon, Beginning in Archaeology, 1952
  • Notices biographiques de ces dernier.e.s : Ève Gran-Aymerich, Les Chercheurs de passé. 1798–1945. Aux sources de l’archéologie, CNRS Éditions, Paris, 2007

 

179. Le Moyen âge de Norbert Elias, avec Étienne Anheim

L’invité : Etienne Anheim, directeur d’études à l’EHESS et des éditions de l’EHESS

Le livre : Norbert Elias, Moyen âge et procès de civilisation, traduction d’Anne-Marie Pailhès, Paris, Éditions de l’EHESS, 2021.

La discussion :

  • Une nouvelle collection de poche pour les sciences sociales aux éditions de l’EHESS (1’)
  • Un texte inédit en français, ce qui s’inscrit dans la réception longue et complexe des travaux d’Elias (2:00)
  • Ce qui explique en partie une réception moins forte de l’œuvre d’Elias chez les médiévistes (5:00)
  • Les problèmes qu’Elias cherche à résoudre en s’emparant du Moyen âge : l’origine de la société de cour et de la modernité (8:30)
  • La thèse forte du livre, qui fait de la cour l’instance intermédiaire ou le « chaînon manquant » entre monde féodal et société moderne capitaliste (10:30)
  • L’idée que la cour permet de commencer à réguler la violence « féodale » dès le Moyen âge central (15:30)
  • L’absence de l’Église dans l’argumentation et ses raisons (18:00)
  • La façon de travailler d’Elias et les matériaux dont il dispose, en tant que sociologue, dans les années 1930 (20:00)
  • Une démarche de sociologie historique qui amène Elias à penser les causes sociales des phénomènes et à « défataliser » l’histoire nationale, en lien avec d’autres courants intellectuels issus notamment de la sociologie (25:30)
  • Le « grand Moyen âge » de Norbert Elias, proche du « long Moyen âge » de Jacques Le Goff (30:30)
  • Repenser le Moyen âge au regard de l’histoire globale (34:00)

Les références citées durant l’émission (par ordre alphabétique) :

  • Étienne Anheim, « De l’usage de l’œuvre de Norbert Elias en histoire médiévale », publié en avril 2013, en ligne : www.menestrel.fr/?-elias-
  • Dominique Barthélemy, L’an mil et la Paix de Dieu. La France chrétienne et féodale 980-1060, Paris, Fayard, 1999.
  • Jérôme Baschet, La civilisation féodale : de l’an mil à la colonisation de l’Amérique, Paris, Aubier, 2004.
  • Marc Bloch, La société féodale, Paris, Albin Michel, 1939-1940.
  • Quentin Deluermoz (dir.), « Norbert Elias et le XXe siècle. Le processus de civilisation à l’épreuve », numéro thématique, Vingtième siècle. Revue d’histoire, 2010, no 106.
  • Claude Gauvard, « De grace especial ». Crime, État et société en France à la fin du Moyen Âge, Paris, Publications de la Sorbonne, 1991.
  • Alain Guerreau, Le féodalisme, un horizon théorique, Paris, le sycomore, 1980.
  • Dominique Iogna-Prat, La Maison Dieu. Une histoire monumentale de l’Église au Moyen Âge, 800-1200, Paris, Seuil, 2006
  • Marc Joly, Devenir Norbert Elias. Histoire croisée d’un processus de reconnaissance scientifique : la réception française, Paris, Fayard, 2012.
  • Michel Lauwers, Naissance du cimetière. Lieux sacrés et terre des morts dans l’Occident médiéval, Paris, Aubier, 1999.
  • Jacques Le Goff, « Pour un autre Moyen Âge », Europe, no 654, 1983, p. 19-24, repris dans L’imaginaire médiéval, Paris, Gallimard, 1985, p. 7-13.
  • Florian Mazel, L’évêque et le territoire. L’invention médiévale de l’espace, Paris, Seuil, 2016.
  • Michael Mitterauer, Why Europe? The Medieval Origins of Its Special Path, Chicago, University of Chicago Press, 2010.
  • Stephen White, Feuding and Peace-making in Eleventh-century France, Aldershot, Ashgate, 2004.

 

174. Femmes et familles du Quattrocento, avec Christiane Klapisch-Zuber

L’invitée : Christiane Klapisch-Zuber directrice d’études honoraire à l’EHESS

Le livre : Mariages à la florentine. Femmes et vie de famille à Florence (XIVe-XVe siècle), Paris, EHESS / Gallimard / Seuil, coll. « Hautes études », 2020.

La discussion :

  • Un parcours de recherche orienté par Fernand Braudel, de l’histoire économique et sociale vers l’anthropologie historique  (1’10)
  • Un travail fondamental sur le catasto florentin (3’20)
  • Les gisements documentaires extraordinaires de la ville (4’15)
  • L’accès aux familles patriciennes comme à des couches sociales plus modestes (5’)
  • Contrastes et différences entre Florence et Venise (6’15)
  • Le recueil d’articles construit comme un livre ordonné, montrant la vie des femmes mariées (8’20)
  • La notion de « marché matrimonial » à Florence au XVe siècle (9’25)
  • Les calculs familiaux, destinés à marier ou à vouer à l’Église certains enfants (10’40)
  • Des mariages célébrés devant le notaire, plus que devant l’Église (13’30)
  • La dot, clé des relations sociales et matrimoniales (15’15)
  • Le sens à donner aux images de femmes parées et habillées, dans l’iconographie (18’15)
  • Les choix des épouses par leurs futures belles-mères (20’30)
  • Les cycles de vie particuliers des marchands florentins (23’)
  • La chambre nuptiale, ses objets, ses représentations (24’45)
  • Le nombre de naissances, l’importance de la mortalité infantile (27’50)
  • Quels sentiments familiaux, envers les enfants ? (30’)
  • Quel statut pour une veuve, et son « matrimoine » dans la société florentine ? (32’)
  • Quelle transmission du nom par les femmes ? (35’40)
  • La sépulture des femmes et ses enjeux (37’30)
  • Que voir, à Florence, comme traces de cette histoire ? (39’)

Entretien avec Didier Lett retraçant la carrière de Christiane Klapisch-Zuber

Bibliographie et références citées dans l’émission

  • Bellavitis, Anna, « Dot et richesse des femmes à Venise au XVIe siècle », Clio, HFS, 6, 1998, p. 91-100.
  • Chabot, Isabelle, La dette des familles. Femmes, lignage et patrimoine à Florence aux XIVe et XVe siècles, Ecole française de Rome, 2011, coll. de l’EFR 445.
  • Chabot, Isabelle & Anna Bellavitis, « A proposito di ‘Men and Women in Renaissance Venice’ di Stanley Chojnacki », Quaderni storici,  2005, p. 203-238.
  • Frugoni, Chiara, Une journée au Moyen âge, Paris, Les Belles lettres, 2013.
  • Guglielmotti, Paola (dir.), Donne, famiglie e patrimoni a Genova e in Liguria nei secoli XII e XII, Gênes, Società Ligure di storia patria, 2020.
  • Kirshner, Julius, « Pursuing honor while avoiding sin. The Monte delle doti of Florence », Milano, Giuffrè, 1977.
  • Lett, Didier, L’enfant des miracles. Enfance et société au Moyen Âge (XIIe-XIIIe s.), Paris, Aubier, 1997.
  • Molho, Anthony, Marriage alliance in late medieval Florence, Cambridge (Mass.), Harvard University Press, 1994.

Texte de Dante cité à la fin de l’émission

Dante Alighieri, La divine comédie, t. III, Le Paradis, chant XV, v. 97-108, Paris, Flammarion, 1990, trad. Jacqueline Risset. Dante rencontre son trisaïeul Cacciaguida qui lui loue l’état de Florence au XIIe siècle :

« Florence en son antique enceinte

où elle sonne encore la tierce et la none,

était en paix, sobre et pudique.

Elle n’avait ni habits brodés ni ceinture

qui fussent plus à voir que la personne.

La fille, en naissant, ne faisait pas encore

peur à son père, car l’âge et la dot

ne dépassaient ni l’un ni l’autre la mesure.

Elle n’avait pas de maison sans familles,

on n’y rencontrait pas encore Sardanapale,

pour montrer ce qui est permis en la chambre. »

Inscription citée à la fin de l’émission

Epitaphe, Florence, Santa Maria Novella

« Heic jacet in requie Domini/ Septima puella ornatissima/ ***mi de Rubeis Melocchiis patr. pist.  eq. Steph./ et Felicis Mazzettiae flor.  f. /quae virile ingenium studio adepta/ annum agens secundum supra vigesimum/ diuturna hidatidi abdominali ingruente/dum ferrum a quo spes erat salutis/ sensit in sui perniciem conversum/ constans animi et religione potens/ e vita migravit/ III non. Octob. a. r. s. CIϽIϽCCCVII »

Traduction : « Ici repose dans le Seigneur la septième fille très distinguée de ****mo dei Rossi Melocchi son père, chevalier pistoiais de [l’ordre de] Saint-Etienne, et de Felice Mazzetti de Florence, laquelle — ayant acquis par l’étude une intelligence virile, [mais] attaquée à l’âge de vingt-deux ans par une hytadis (infection ?) abdominale persistante, quand le fer où résidait l’espoir de son salut devint sa perte — quitta cette vie le 3 des nones d’octobre 1807. »

*NB : inscription partiellement illisible

172. Les nombres ont une histoire, avec Grégory Chambon

L’invité : Grégory Chambon, directeur d’études à l’EHESS

Le livre : Histoire des nombres, Paris, PUF, « Que-sais-je », 2020.

 

La discussion :

  • Le déchiffrement de l’élamite, une formidable nouvelle (1’40)
  • Un parcours de recherche croisant mathématiques et antiquité orientale (3’40)
  • Que veut dire faire l’histoire des nombres ? (5’30)
  • Les différents champs historiographiques et géographiques mobilisés pour écrire cette histoire (6’45)
  • Le recours méthodologique à l’anthropologie : il n’y a pas que la façon occidentale actuelle de compter (8’)
  • Les apports de la psychologie cognitive (9’50)
  • Les origines des bases de numération, et la dactylonomie [compter avec les doigts] (12’)
  • Nombres, divinités, propriétés symboliques (13’40)
  • Le lien entre nombres et métrologie (15’)
  • Nombres concrets, nombres abstraits (16’40)
  • Est-ce que l’on comptait dans la préhistoire ? (18’40)
  • Le besoin de compter, à l’origine de l’écriture ? (21’)
  • Comment un chercheur compte-t-il avec d’anciens systèmes d’écriture ? (23’30) Et avec quels outils informatiques ? (25’35)
  • La façon dont les Égyptiens notaient les nombres (27’)
  • Les multiples origines et sens du zéro (29’) et des chiffres occidentaux (32’)
  • Compter en Grèce antique (35’)
  • L’abaque médiévale (37’)

Les références citées dans l’émission (par ordre alphabétique) :

  • Denise Schmandt-Besserat, Before Writing, Vol. I: From Counting to Cuneiform, Austin, University of Texas Press, 1992.
  • Peter Damerow, « The Material Culture of Calculation : A Theoretical Framework for a Historical Epistemology of the Concept of Number », in U. Gellert, E. Jablonka (dir.), Mathematisation and Demathematisation : Social, Philosophical and Educational Ramifications, Rotterdam, Sense Publishers, 2007, p. 19-56.
  • Stanislas Dehaene, The Number Sense : How the Mind Creates Mathematics, Oxford, Oxford University Press, 1997.
  • Danièle Dehouve, L’imaginaire des nombres chez les anciens Mexicains, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2011.
  • Jean-Jacques Glassner, Écrire à Sumer. L’invention du cunéiforme, Paris, Seuil, 2000.
  • K.A. Overmann, « Updating the Abstract-Concrete Distinction in Ancient Near Eastern Numbers », Cuneiform Digital Library Journal, no 1 (2018).
  • J. Ritter, « Metrology and the prehistory of fractions », in P. Benoit, K. Chemla, J. Ritter (dir.), Histoire de fractions. Fractions d’histoire, Bâle, Boston et Berlin, Birkhaüser, 1992, p. 9-34.
  • Bernard Vitrac, Jim Ritter, « Pensée grecque et pensée “orientale” », in J.-F. Mattéi (dir.), Encyclopédie philosophique universelle, Paris, Puf, 1998, p. 1233-1250, vol. 4.
  • Claudia Zaslavsky, Africa Counts: Number and Pattern in African Culture, Boston : Prindle, Weber, and Schmidt, 1973.

Le conseil de lecture : Eliette Abécassis, Le palimpseste d’Archimède

 

171. Le travail et ses cadences, dans la longue durée, avec Corine Maitte et Didier Terrier

L’invitée, l’invité : Corine Maitte, professeure d’histoire moderne à l’université Gustave-Eiffel ; Didier Terrier, professeur émérite d’histoire à l’université polytechnique des Hauts-de-France

Le livre : Les rythmes du labeur. Enquête sur le temps de travail en Europe occidentale XIVe-XIXe siècle, Paris, La dispute, 2020.

 

La discussion :

  • Une enquête au long cours, inspirée par la sociologie (1’30)
  • Les chantiers précédents : notamment sur les verriers italiens à l’époque moderne (5’)
  • Un travail à la fois empirique et historiographique, dans la longue durée, avec la difficulté de jongler entre historiographies (7’15)
  • Un travail portant sur les travailleurs manuels vivant le travail dans le cadre de rapports de domination (9’50)
  • Décoder les sources de périodes différentes (11’30)
  • Parmi les lieux communs historiographiques à nuancer : le « temps du marchand » remplaçant le « temps de l’Église » à la fin du Moyen âge (12’30)
  • Une référence clef à discuter, l’article d’E. P. Thompson en 1967(13’45)
  • La ponctualité n’est pas née avec Calvin au XVIe siècle (16’30)
  • La contrainte horaire n’est pas qu’un instrument de domination (18’)
  • Le cliché d’une Europe catholique moins travailleuse que le monde protestant, avec la question plus complexe qu’il n’y paraît des jours fériés / chômés (18’30)
  • La critique radicale des moyennes et calculs horaires de l’économétrie (23’50)
  • Penser par cas, pour approcher le temps de travail (27’)
  • Une source extraordinaire : une enquête sur les gestes d’un ouvrier en 1848 (29’)
  • Une source extraordinaire (2) : la comptabilité médicéenne (32’20)
  • Le lien entre intensité du travail et formes de rémunération (34’35)
  • L’idée de la « révolution industrieuse » émise par Jan de Vries, méritant également d’être nuancée (36’40)
  • Quels savoirs positifs, une fois les lieux communs déconstruits ? Que change le machinisme ? (40’11)
  • Le travail des femmes, constamment sous-estimé (46’11)
  • Pourquoi s’arrêter aux années 1890 ? (48’)
  • Faire attention à l’âge des travailleurs (51’)

Les références citées dans le podcast (par ordre chronologique)

  • Edward P. Thompson, « Time, Work-Discipline, and Industrial Capitalism », Past & Present, no. 38, 1967, pp. 56–97.
  • Jacques Le Goff, Pour un autre Moyen âge. Temps, travail et culture en Occident, Paris, Gallimard, 1977.
  • Jan De Vries, « The industrial revolution and the industrious revolution », Journal of Economic History, 54-2, 1994, p. 249-270.  1994 ; id., The industrious revolution : Consumer behavior and the household economy, 1650 to the present, Cambridge, Cambridge University Press, 2008 (lire le compte-rendu par Jean-Yves Grenier)
  • Jens Thoemmes, Vers la fin du temps de travail?. Paris, Presses Universitaires de France, 2000.
  • Hans-Joachim Voth, Time and work in England, 1750-1830, Oxford, Charandon Press, 2000.
  • Max Engamarre, L’ordre du temps. L’invention de la ponctualité à Genève au XVIe siècle, Genève, Droz, 2004.
  • Leonard N. Rosenband, La fabrication du papier dans la France des Lumières. Les Montgolfier et leurs ouvriers, 1761-1805, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2005
  • Desfontaines, Hélène. «  Apprentissage des normes temporelles du travail salarié, un nouveau défi pour les chauffeurs routiers », Daniele Linhart éd., Le travail nous est compté, La Découverte, 2005, pp. 190-214.
  • Jean Claude Passeron & Jacques Revel, Penser par cas, Paris, éditions de l’EHESS, 2005.
  • « Temps de travail », dossier dirigé par C. Maitte et D. Terrier, Genèses, 85, déc. 2011.
  •  Mathieu Arnoux, Le temps des laboureurs. Travail, ordre social et croissance en Europe XIe-XIVe siècles, Paris, Albin Michel, 2012.
  • C. Maitte et D. Terrier, Les temps du travail. Normes, pratiques, évolutions, XIVe-XIXe siècles, Rennes, PUR, 2014.

Le conseil de lecture : Enzo Traverso, Passé singulier. Le « je » dans l’écriture de l’histoire, Lux, 2020.

168. Conseils de lecture et coups de cœur 2020

Dessin d’Ethel Taylor, 1920

Retrouvez les conseils 2019 et 2018

Les conseils des antiquisants Vivien Barrière (MCF CY université) et Clément Salviani (ATER Université Bordeaux-Montaigne)            

Les conseils de la médiéviste Catherine Rideau-Kikuchi (MCF Université de Versailles-Saint-Quentin)

  • Pierre Monnet, Charles IV, Paris, Fayard, 2020.
  • Écrits spirituels du Moyen âge, textes réunis par Cédric Giraud, Paris, Gallimard, « Pléïade », 2020.
  • Florian Besson et Justine Breton, Un moyen âge de fer et de sang, Paris, PUF, 2020.
  • Miri Rubin, Cities of strangers. Making Lives in Medieval Europe, Cambridge University Press, 2020.
  • Renaud Adam, Le théâtre de la censure (XVIe et XXIe siècles). De l’ère typographique à l’ère numérique, Bruxelles, Académie royale, 2020.
  • Céline Bessière et Sibylle Gollac, Le genre du capital: Comment la famille reproduit les inégalités, Paris, La découverte, 2020.

Les conseils de la moderniste Pauline Lemaigre-Gaffier (MCF Université de Versailles-Saint-Quentin)

  • Anne Perrin Khelissa, Luxe intime. Essai sur notre lien aux objets précieux, Paris, CTHS, 2020.
  • Maria Pia Donato, Les archives du monde. Quand Napoléon confisqua l’histoire, Paris, PUF, 2020.
  • Nicolas Schapira, Maîtres et secrétaires (XVIè – XVIIIè siècles), Paris, Albin Michel, 2020.
  • Flavie Leroux, Les maîtresses du roi, Seyssel, Champ Vallon, 2020.
  • Série Histoire dessinée de la France: tomes 9 (En âge florissant, par ¨Pascal Brioist et Anne Simon) et 10 (Sacrées guerres, par Jérémie Foa et Pochep)
  • Nicolas Le Roux (dir.), Faire de l’histoire moderne, Paris, Garnier, 2020.

Les conseils de la contemporanéiste Caroline Muller (MCF Rennes-II)

  • Hervé Mazurel, Kaspar l’obscur, Paris, La découverte, 2020.
  • Bibia Pavard, Florence Rochefort et Michèle Zancarini-Fournel, « Ne nous libérez pas, on s’en charge ! », Paris, La découverte, 2020.
  • Nastassja Martin, Croire aux fauves, Gallimard, « Verticales », 2020.
  • Pierre Singaravélou, Sylvain Venayre (dir.), Le magasin du monde, Paris, Fayard, 2020.
  • Xavier Bougarel, La division Handschar. Waffen-SS de Bosnie, 1943-1945, Paris, Passés composés, 2020.
  • Sarah Gensburger et Gérôme Truc (dir.), Les mémoriaux du 13 novembre, Paris, éditions de l’EHESS, 2020.

Les livres mentionnés par André Loez (Paroles d’histoire)