63. Un autre Risorgimento. L’Italie du sud au premier XIXe siècle, avec Pierre-Marie Delpu

L’invité: Pierre-Marie Delpu, chercheur au laboratoire Telemme

Le livre: Un autre Risorgimento.La formation du monde libéral dans le Royaume des Deux-Siciles (1815-1856), École française de Rome, 2019.

La discussion:

  • Le Royaume des Deux-Siciles, un espace politique original au sud de l’Italie (1′)
  • Les paradoxes de la Restauration en 1815, qui n’efface pas entièrement le passé du decennio francese (3′)
  • La question des sources : comment étudier sociétés secrètes et conspirations ? (9’50)
  • La façon de tirer parti historiquement des Mémoires de révolutionnaires comme Guglielmo Pepe (12’45)
  • L’exil et la prison, deux expériences politiques fondamentales pour les libéraux du XIXe siècle, avec la construction de la figure du « martyr » (14’10)
  • La question de la politisation populaire du XIXe siècle : « descente vers les masses » de la politique ou autonomie des pratiques et représentations ? (20′)
  • La place des martyrs politiques dans la politisation populaire (22’20)
  • L’articulation entre grandes révolutions et épisodes en apparence plus ordinaires ou routiniers (24’20)
  • Les images attachées au mezzogiorno, et son supposé déficit de « modernité », dès le XVIIIe siècle, et qui alimente des préjugés très durables (27’35)
  • Quels autres possibles en 1860 que le rattachement au Royaume d’Italie ? (33’20)

Les conseils de lecture :
– Emmanuel Fureix, L’œil blessé. Politiques de l’iconoclasme après la Révolution française, Champ Vallon 2019.
– Olivier Grenouilleau, Nos petites patries. Identités régionales et État central, en France, des origines à nos jours, Paris, Gallimard, « Bibliothèque des histoires », 2019.

62. La construction des nations au XIXe siècle, avec Pierre-Marie Delpu

L’invité: Pierre-Marie Delpu, chercheur au laboratoire Telemme

Le thème: L’Europe entre restauration et révolution / La France et la construction de nouveaux États par la guerre et la diplomatie (programmes de Première 2019), à travers le chapitre dans le livre d’historiographie dirigé par Sébastien Cote et Emmanuelle Picard.

La discussion :

  • Quelles réactions d’un historien du XIXe siècle à ces nouveaux programmes, assez franco-centrés ? (1′)
  • Le vocabulaire de la « nation » et du « nationalisme » au XIXe siècle (4’15)
  • Le passage d’une conception historiographique de « l’éveil » des nationalités à la « construction » des nations, à travers l’exemple du « Risorgimento » (6’30)
  • Les désaccords et conflits au sein de chaque projet national (modèle monarchique, fédératif, républicain…) (9′)
  • L’importance paradoxale des circulations transnationales pour construire les projets nationaux au premier XIXe siècle, avec la Grèce pour « laboratoire » (11’30)
  • Les expériences militaires napoléoniennes réinvesties dans les luttes libérales dans les années 1820 (15’20)
  • La question polonaise, grande cause nationale et libérale au XIXe siècle, qui conduit aussi à relativiser le rôle initiateur de la France dans les révolutions européennes (18’20)
  • Réinscrire la question nationale dans une longue durée, à travers le « long Risorgimento » par exemple (22’30)
  • Le rattachement de la Savoie à la France, « point de passage et d’ouverture » du programme de Première (25′)
  • Difficultés, inachèvement, résistances à la construction nationale, à travers notamment l’exemple des mafias en Italie méridionale (28’30)
  • Bismarck et sa conception de la nation allemande (32’10)
  • L’intérêt pour les collègues d’utiliser l’iconographie au moment où les images jouent un rôle majeur dans l’acculturation politique et nationale des populations (35’30)

Les références citées dans le podcast :

– Benedict Anderson, L’imaginaire national. Réflexions sur l’origine et l’essor du nationalisme, Paris, La Découverte, 1996 [1983].
– Walter Bruyère-Ostells, La grande armée de la liberté, Paris, Tallandier, 2009
– Olivier Grenouilleau, Nos petites patries. Identités régionales et État central, en France, des origines à nos jours, Paris, Gallimard, « Bibliothèque des histoires », 2019.
– Sandrine Kott, Bismarck, Paris, Presses de la Fondation nationale des Sciences politiques, collection « Facettes », 2003
– Anne-Marie Thiesse, La création des identités nationales. Europe, XVIIIe-XXe siècle, Paris, Seuil, 1999

59. Revisiter la IIIe République, avec Mathieu Marly

L’invité: Mathieu Marly, chercheur post-doctoral et secrétaire du LabEx EHNE.

Le thème : le projet républicain 1870-1914 (nouveaux programmes de Première)

La discussion:

  • Une histoire prise dans des « fantasmes nostalgiques »
  • La nuance entre « modèle » et « projet » républicain
  • La tension propre à la IIIe République, entre défense de l’ordre, et défense des libertés
  • Ne pas idéaliser l’acte de vote sous la IIIe République
  • La dimension militaire du régime, qui participe de son modèle genré
  • Une sociabilité politique favorisée par la loi sur les débits de boisson de 1880
  • Les meetings politiques (extrait de la chanson de Mac-Nab, « Le grand métingue du métropolitain », par Marc Ogeret)
  • Un système scolaire à la fois universel et inégalitaire, révélateur des contradictions d’un « habitus national » méritocratique
  • Une histoire de l’échec scolaire qui reste à faire sous la IIIe République
  • Une sphère politique qui reste peu ouverte socialement
  • L’armée comme outil pour discipliner le corps social, à travers notamment ses bagnes coloniaux
  • La loi de 1905 comme révélateur non seulement du conflit religieux mais aussi de formes d’accommodement entre les catholiques et la République
  • L’inscription physique et symbolique de la République dans l’espace, et à travers des cérémonies et rituels
  • Un commentaire de deux documents du début des années 1880 (tableaux d’Alfred Roll et Edouard Detaille, p. 176-177 du manuel Nathan / S. Cote 1e)
  • Le lien entre République et patriotisme
  • L’efficacité du projet républicain visible lors de la mobilisation de 1914

Les références citées dans le podcast :

– Jean-François Chanet, L’École républicaine et les petites patries, préface de Mona Ozouf, Paris, Aubier, 1996
– Christophe Charle, Les élites de la République, 1880-1900, Paris, Fayard, 1987.
– Christophe Charle, La Crise des sociétés impériales. Allemagne, France, Grande-Bretagne (1900-1940). Essai d’histoire sociale comparée, Paris, Seuil, 2001.
– Paula Cossart, Le meeting politique. De la délibération à la manifestation (1868-1939), Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
– Alain Garrigou, Histoire sociale du suffrage universel en France (1848-2000), Paris, Seuil, 2002.
– Dominique Kalifa, Biribi. Les bagnes coloniaux de l’armée française, Paris, Perrin, 2009.
– Nicolas Mariot, Bains de foule. Les voyages présidentiels en province, 1888-2002, Belin, coll. « socio-histoires », 2006
– Mathieu Marly, Distinguer et Soumettre. Une histoire sociale de l’armée française (1872-1914), à paraître aux Presses Universitaires de Rennes en août 2019.

Le conseil de lecture :
– Nicolas Mariot, Tous unis dans la tranchée ? 1914-1918, les intellectuels rencontrent le peuple, Éd. du Seuil, coll. « L’Univers historique », 2013.

 

58. L’iconoclasme politique au XIXe siècle, avec Emmanuel Fureix

L’invité : Emmanuel Fureix, maître de conférences à l’Université Paris-est Créteil

Le livre : L’œil blessé. Politiques de l’iconoclasme après la Révolution française, Champ Vallon 2019.

La discussion :

  • Le titre du livre : de qui l’œil est-il blessé, et par quoi ?
  • Les signes visés par l’iconoclasme politique, et les types d’opérations qui les entourent
  • Une inquiétude envers les signes politiques, qui produit des sources administratives et judiciaires en particulier
  • Des témoignages, qui n’émanent que peu des hommes politiques, qui jugent tout cela dérisoire
  • L’iconoclasme, trace d’autres formes de politisation, et de conceptions de la citoyenneté, que celle qui passe par le vote
  • Une pratique iconoclaste qui ne s’explique pas seulement par des éléments sociologiques (couches populaires vs. élites)
  • La monnaie, où s’inscrit la souveraineté, visée par l’iconoclasme
  • L’imaginaire du régicide visant les Bourbons
  • Les fleurs et leur gamme chromatique indiquant des appartenances politiques
  • La croyance en une puissance performative des signes et des gestes qui les visent
  • La tension entre gestes iconoclastes et sacralisation du patrimoine et de la propriété au XIXe siècle
  • Un iconoclasme chirurgical à lier à la notion d’« iconoclash » (Bruno Latour)
  • Un iconoclasme entre spontanéité et le calcul
  • Le contexte particulièrement troublé des années 1814-1816, et la virulence iconoclaste de la seconde Restauration
  • Un usage paradoxal et risqué de l’iconoclasme du côté des Bourbons et de leurs partisans
  • Une autre dimension de ces conflits autour des signes : le défi masculin dans l’espace public
  • La « recharge iconoclaste » de février 1831
  • Quels sens donner à la scène célèbre du « sac  des Tuileries » en  février 1848 ?
  • Le surprenant iconoclasme de la République conservatrice de 1849-1851
  • Un moment d’iconoclasme un peu oublié : la chute du Second Empire en septembre 1870
  • Le rapport entre Paris et province et les moments de diffusion des nouvelles parisiennes à l’origine de pratiques iconoclastes
  • La violence iconoclaste, substitut à la violence physique ?
  • Une efficacité des gestes iconoclastes qui semble décroître dans le dernier tiers du XIXe siècle
  • La faible circulation internationale de l’iconoclasme, à la différence de la barricade.
  • Les résurgences de l’iconoclasme dans les sociétés contemporaines

Les conseils de lecture :
– Alain Corbin, Le village des cannibales, Paris, Aubier, 1990.
– Emmanuel Fureix, Le siècle des possibles (1814-1914), Paris, PUF, 2014.

56. Quelle histoire dans les manuels scolaires? avec Sébastien Cote, Carole Greffrath et Emmanuelle Picard

Les invité-e-s : Sébastien Cote, professeur en CPGE et directeur de collection de manuels scolaires ; Carole Greffrath, éditrice chez Nathan ; Emmanuelle Picard, maîtresse de conférences à l’ENS de Lyon

Les livres : S. Cote et E. Picard (dir.), Regards historiques sur les grandes étapes de la formation du monde moderne ; Regards historiques sur Nations empires et nationalités de 1789 aux lendemains de la Première Guerre mondiale (Nathan, à paraître en 2019)

La discussion :

  • L’origine du projet de livre d’accompagnement historiographique aux programmes scolaires dirigé par S. Cote et E. Picard (2:10)
  • L’accès plus facile aujourd’hui aux renouvellements grâce à des ressources électroniques (4:30)
  • Comment relire de façon novatrice des programmes d’apparence très classiques ? (6:35)
  • Peut-on faire des manuels et rester critique envers les réformes et les choix ou le fonctionnement de l’institution scolaire ? (9:35)
  • Les rapports entre monde universitaire et histoire enseignée dans le secondaire, avec des liens transformés et en partie à renouer (12:15)
  • Les enjeux civiques de l’histoire scolaire : usages publics de l’histoire, rapport à la vérité, place de la méthode historique (17:55)
  • Les usages multiples et parfois contradictoires des manuels, transformés encore par le passage au numérique, non sans poser problème (20:30)
  • La distinction à faire entre programmes, manuels, et contenus des cours d’histoire, source de polémiques artificielles (« Verdun ne sera plus enseigné ! ») (25:50)
  • La place des « points de passage et d’ouverture » et la lourdeur des programmes (30:50)
  • La méthode historique et les sources à placer au cœur de la pédagogie ? (36:00)
  • Les contraintes d’écriture et de fabrication d’un manuel (45:25)
  • Comment sont choisis les auteurs ? Quel rôle pour le directeur ? (52’50)
  • La prise en compte des troubles « dys » dans les manuels (56’40)
  • Est-ce que certaines situations d’apprentissage sont testées avant d’être dans les manuels ? (57’50)
  • Les différents métiers (cartographe, iconographe…) impliqués dans la fabrication d’un manuel (1:00:40)
  • Comment rappeler dans un manuel que les femmes sont actrices de l’histoire ? (1:02:25)

55. Páscoa et son procès : une esclave entre Afrique et Brésil au XVIIe siècle, avec Charlotte de Castelnau-L’Estoile

L’invitée : Charlotte de Castelnau-L’Estoile, professeure d’histoire moderne à l’université Paris-Diderot

Le livre : Páscoa et ses deux maris. Une esclave entre Angola, Brésil et Portugal, Paris, PUF, 2019.

La discussion :

  • La vie et la condamnation pour bigamie d’une esclave (1:00), avec sa marge de liberté (“agency”)
  • Un cas trouvé dans les sources inquisitoriales (3:15)
  • L’inquisition portugaise, machine implacable et minutieuse (5:35)
  • Les regards critiques portés par les voyageurs étrangers à l’époque moderne sur la société brésilienne, remarquant la prégnance d’une religiosité baroque et de l’esclavagisme (9:15)
  • La structure de l’empire portugais entre Europe, Afrique et Brésil (10:35)
  • Les spécificités de l’esclavage en Angola, et ce qu’on peut savoir du statut de Páscoa (13:45)
  • L’Angola, dans un entre-deux linguistique et culturel (19:50)
  • La bigamie comme véritable « crime de l’empire » du fait des circulations dans cet espace (22:20)
  • Pourquoi l’Église et l’Inquisition accordent-elles tant d’importance au mariage des esclaves ? (23:35)
  • Les actions et réactions de Páscoa qui fait face à la procédure dirigée contre elle : contre-enquête, réactivation de réseaux, capacité à bâtir une défense et une argumentation (26’35)
  • La contradiction entre conception économique de l’esclavage (comme chose) et le mariage des esclaves (sacrement indissoluble) (28:40)
  • La fin de cette histoire avec le retour de Páscoa au Brésil, et dans sa condition d’esclave (30:35)
  • Les enjeux éthiques et méthodologiques qu’implique l’écriture de cette histoire (33:15)

Les conseils de lecture :
– Le “roman documentaire” de Thorkild Hansen en trois volumes, dont deux traduits (Actes sud): La Côte des esclaves (1990), Les bateaux négriers (1996).
– Gisli Palsson, L’homme qui vola sa liberté. Odyssée d’un esclave, Gaïa éditions, 2018.

 

52. L’esclavage médiéval, avec Sandrine Victor

L’invitée : Sandrine Victor, maître de conférences à l’institut universitaire d’Albi

Le livre : Les fils de Canaan. L’esclavage au Moyen âge, Paris, Vendémiaire, 2019.

La discussion :
Sur l’esclavage médiéval – l’origine du livre et la curiosité pour la présence des esclaves sur les chantiers médiévaux ; la présence parfois effacée de l’esclavage dans l’historiographie ; les grands débats portant sur le Moyen âge comme sortie de l’antiquité esclavagiste ; l’ambiguïté fondamentale du vocabulaire médiéval de l’esclavage et les difficultés qu’il pose aux historien·ne·s ; la phase initiale du Haut moyen âge où les codes barbares attestent le maintien de l’esclavage ; une définition de l’esclavage et les distinctions à faire avec le servage, en particulier de provenance géographique ; la distinction entre société esclavagiste et société à esclaves ; la difficile quantification de la part des esclaves ; le regard porté sur la Méditerranée médiévale, central pour le dossier de l’esclavage, et la géographie du trafic avec ses plaques tournantes (Verdun, Gênes…) ; les continuités entre esclavage médiéval et traite moderne se développant au XVIe siècle ; la place des esclaves dans la vie économique, en ville en particulier ; les justifications données à l’esclavage, sur le plan religieux notamment ; les possibilités d’affranchissement, limitées par un stigmate persistant ; la rareté des révoltes serviles.

Sur l’incendie de Notre-Dame – le choc provoqué par l’incendie ; les possibilités qu’il offre pour renouveler les connaissances ; la nécessité de prendre le temps de l’étude, de la réflexion et du débat pour savoir que qui pourra / devra être reconstruit.

Les conseils de lecture :
-Olivier Grenouilleau, Qu’est-ce que l’esclavage? Une histoire globale, Paris, Gallimard, 2014.
-Fabienne Guillen, Salah Trabelsi (dir.), Les esclavages en Méditerranée. Espaces et dynamiques économiques, Madrid, Casa de Velazquez, 2012.
-Philippe Bernardi, Bâtir au Moyen âge, Paris, CNRS éditions, 2011.

50. Sport et création artistique à l’époque soviétique, avec Julie Deschepper et Sylvain Dufraisse

Les invités : Julie Deschepper, doctorante à l’Inalco ; Sylvain Dufraisse, maître de conférences à l’Université de Nantes

L’exposition et le livre:

“Rouge. L’art au pays des soviets” (Grand Palais, jusqu’au 22juillet 2019)

Les héros du sport. Une histoire des champions soviétiques (années 1930 – années 1980), Champ Vallon, 2019.

La discussion : pourquoi il faut voir l’exposition « Rouge », d’une grande richesse en termes d’œuvres exposées, et de variété de formes artistiques (1’) ; un art qui ne se réduit pas à ses dimensions officielles ou « totalitaires » (3’) ; parmi ces œuvres, celles consacrées aux corps, allant de la biomécanique de Meyerhold à la promotion de la vigueur physique (5’) ; d’autres qui illustrent la violence stalinienne (7’10) ; la césure muséographique entre 1er niveau de l’exposition (années 1920) et second niveau (années 1930) à interroger (8’50) ; la complexité des années 1930 avec l’ouverture aux loisirs « modernes » comme le parachutisme (10’15) ; le concept moins simple qu’il n’y paraît de « réalisme socialiste » (13’40) ; certaines continuités entre les années 1920 et 1930 en matière de figuration et de représentation (18’40) ; l’accent bienvenu mis sur l’architecture et l’espace public dans l’exposition (21’) ; les reconfigurations de la ville socialiste dans un contexte de pénuries de logements (24’) ; les artistes et sportifs comme « promus » (Nicolas Werth) dans la société soviétique (27’15) ; le concept de kultur’nost ou de « civilisation » soviétique ; les contradictions du sport de compétition dans une société collectiviste (30’) ; la nécessité d’éviter une lecture trop monolithique du régime soviétique, pour comprendre les discussions ou compétitions entre organes (34’35) ; la façon dont l’URSS se construit au contact de l’étranger et de l’Ouest (avec le fait de quitter ou de rejoindre les fédérations sportives « bourgeoises » ou le CIO) (41’30) ; l’URSS qui attire des sportifs « marginaux » comme Jules Ladoumègue dans les années 1930 (43’) ; les problèmes que posent les voyages des sportifs soviétiques à l’étranger (46’) ; un retour critique sur l’idée de « stagnation » à l’ère brejnevienne (51’10), les conseils de lecture.

Les références citées dans l’émission :

« Rouge ! L’art au pays des soviets », documentaire d’Arte (A. Minard)
– Michael David-Fox, Showcasing the Great Experiment. Cultural Diplomacy and Western Visitors to the Soviet Union, 1921‑1941, Oxford University Press, 2012.
– Sabine Dullin, La frontière épaisse. Aux origines des politiques soviétiques (1920-1940), Paris, Éditions de l’EHESS, 2014.
– Marc Elie et Isabelle Ohayon, « L’expérience soviétique à son apogée », Cahiers du monde russe, 54/1-2, 2013.
– Emila Koustova, « Les fêtes révolutionnaires russes entre 1917 et 1920. Des pratiques multiples et une matrice commune », Cahiers du monde russe, 47/4, 2006.
– Cécile Pichon-Bonin, Peinture et politique en URSS : l’itinéraire des membres de la Société des artistes de chevalet (1917-1941), Dijon, Les Presses du réel, 2013.
– Travaux de Valérie Pozner sur le cinéma

Les conseils de lecture :

– Ilf et Petrov, Le veau d’or
– Gianni Haver, Jean-François Fayet, Valérie Gorin, Emilia Koustova (dir.), Le spectacle de la Révolution. La culture visuelle des commémorations d’Octobre, Lausanne, Antipodes, coll. « Univers visuels », 2017
– Sheila Fitzpatrick, Le stalinisme au quotidien. La Russie soviétique dans les années 30, Paris, Flammarion, 2002.

48. Intimités catholiques au XIXe siècle, avec Caroline Muller

L’invitée : Caroline Muller, maîtresse de conférences à l’Université de Rennes-2.

Le livre : Au plus près des âmes et des corps. Une histoire intime des catholiques au XIXe siècle, Paris, PUF, 362 p., 2019.

La discussion : la direction de conscience, une pratique sociale et religieuse qui se constitue au XIXe siècle ; une Église très préoccupée des « mauvaises lectures » ; la constitution d’un corpus de sources et ses difficultés, à travers notamment les fonds de l’Association pour l’autobiographie ; la façon de décrypter les correspondances formant le matériau de l’ouvrage, et les vertus de la lassitude dans la lecture des sources ; faire l’histoire du catholicisme en devant s’approprier de l’extérieur les codes et les vocabulaires de la religion ; le paradoxe d’une pratique religieuse qui ouvre des marges de liberté aux femmes qui y ont recours ; l’ancrage social de ce travail au sein des élites sociales ; des ressemblances avec la relation contemporaine à un « psy » ; la complexité des relations ainsi nouées entre ces hommes et ces femmes, et le cas de l’exubérante Marie Rakowska ; l’importance des arrangements matrimoniaux, et la place attribuée au mariage d’« amour » ; les problèmes de sexualité qui affleurent dans ces sources ; le comptage (des coïts, des masturbations…) comme instrument de l’écriture de soi ; les évolutions diachroniques décelables dans le corpus ; les choix d’écriture qui ont présidé à la thèse et au livre.

Les références citées dans le podcast :
– Loïc Artiaga, Des torrents de papier. Catholicisme et lectures populaires au xixe siècle, Limoges, Presses universitaires de Limoges, 2007.
– Guillaume Cuchet, Faire de l’histoire religieuse dans une société sortie de la religion, Paris, Publications de la Sorbonne (« Itinéraires », 4), 2013.
– Isabelle Matamoros, Mais surtout, lisez !

Le conseil de lecture : Hélène Dumas, Le génocide au village. Le massacre des Tutsi au Rwanda, Paris, Seuil, 2014.

47. Pleurer dans l’antiquité romaine, avec Sarah Rey

L’invitée : Sarah Rey, maître de conférences en histoire antique à l’Université de Valenciennes.

Le livre : Les larmes de Rome. Le pouvoir de pleurer dans l’Antiquité, Paris, Anamosa, 2018.La discussion : l’origine du travail, dans une lecture continue de Tacite ; Le vocabulaire latin des larmes, très varié ; les difficultés méthodologiques pour accéder aux pleurs réels via des textes ; la faible figuration iconographique des larmes ; la figure de Cornelia, la mère des Gracques, capable de ne pas pleurer ; le deuil (funus) et l’impératif des pleurs ; des larmes inappropriées, comme celles de l’empereur Hadrien sur Antinoüs ; une législation sur les larmes ?; des larmes de Rome au miroir de celles des Grecs ; une « diplomatie des larmes » entre Rome et les autres peuples ; un idéal aristocratique de mesure des larmes ; une « transparence affective » réussie par Auguste ; l’art oratoire comme manière de déployer ou de susciter des larmes ; une mort romaine réussie, lorsque les larmes sont correctement retenues ; quelles évolutions diachroniques dans la façon de pleurer ?; la christianisation des larmes et des codes émotifs à la fin de l’antiquité.

Les conseils de lecture : Piroska Nagy, Le don des larmes au Moyen Age. Un instrument spirituel en quête d’institution, Ve-XIIIe siècle, Paris, Albin Michel, 2000 ; Dominique Noguès, L’interruption, Paris, Flammarion, 2018.