11. Autour de Gérard Noiriel, avec Nicolas Offenstadt

L’invité : Nicolas Offenstadt, maître de conférences HDR à l’université Paris-I

L’événement : colloque autour de Gérard Noiriel, à l’EHESS, jeudi 14 et vendredi 15 juin 2018

La discussion : une présentation du colloque et de l’importance de Gérard Noiriel (0’30), les constantes dans l’œuvre de Gérard Noiriel, dont un éloge de son écriture claire et réflexive (3’), de sa réflexion sur la construction des objets (5’40), ses premiers travaux sur les ouvriers de Longwy (6’45), le lien entre histoire des ouvriers, histoire de l’immigration (8’), ouvrant la voie à une histoire de l’État, de l’identification, des catégorisations (10’20), ses apports à une histoire constructiviste de la nation (12’20), le lien noué avec la sociologie et la mise en avant de la socio-histoire (13’), appuyée sur une réflexion historiographique (Sur la « crise » de l’histoire, 1996)  suivie de la création de lieux institutionnels pour avancer ces conceptions : une collection de livres chez Belin et une revue, Genèses (15’50), le dialogue intellectuel et la confrontation critique avec des traditions intellectuelles variées, de Marx à Bourdieu et Elias (20’50), la réflexion de Gérard Noiriel sur les intellectuels et les différentes modalités (militantes, critiques, pédagogiques) du rôle qu’il joue lui-même dans l’espace public (22’), ses formes d’intervention originales : le CVUH fondé en 2005 (28’) ainsi que son travail théâtral, à travers notamment l’histoire du clown Chocolat (33’).

Les conseils de lecture : tous les livres de Gérard Noiriel dans l’ordre ou dans le désordre !

Les autres références citées dans le podcast :
-Revue Genèses
-Christian Topalov, Naissance du chômeur 1880-1910, Paris Albin Michel, 1994
-Ingrid Hayes, Radio Lorraine cœur d’acier, 1979-1980. Les voix de la crise, Paris, Presses de Sciences Po, 2018 (à paraître le 15 juin)

8. Images, usages et mésusages d’Alexandre le grand, avec Pierre Briant

Cliquer ici pour accéder au premier volet de l’entretien.

L’invité : Pierre Briant, professeur émérite au Collège de France (chaire d’Histoire et civilisation du monde achéménide et de l’empire d’Alexandre)

Les livres :
Histoire de l’empire perse, Paris, Fayard, 1996.
Darius dans l’ombre d’Alexandre, Paris, Fayard, 2003.
Lettre ouverte à Alexandre le grand, Arles, Actes sud, 2008.
Alexandre des Lumières, Paris, Gallimard, NRF essais, 2012.
Alexandre. Exégèse des lieux communs, Paris, Gallimard, « Folio histoire », 2016.

La discussion : comment les Perses se sont appropriés et ont réinventé Alexandre / Iskender sous un double visage, via le Roman d’Alexandre (1’), comment, à l’inverse, il a été utilisé par les Byzantins et comme précurseur des croisades (7’20), Alexandre mobilisé dans la querelle politique contemporaine entre Grèce et « Macédoine », Athènes et Skopje, et les origines du conflit (10’10), les jugements des dirigeants et historiens nazis sur le conquérant et sa politique (17’40), Alexandre héros colonisateur et civilisateur dans l’historiographie française et britannique au début du XXe siècle selon un modèle légué par Plutarque (20’55), l’importance de Johann Gustav Droysen (1808-1884) pour l’historiographie d’Alexandre (25’15), Alexandre dépeint du côté des colonisés, et afin de s’émanciper, dans l’Inde britannique (28’), le film d’Oliver Stone, Alexandre (2004), et ses angles morts (32’), quels choix documentaires les enseignants peuvent faire pour enseigner l’histoire d’Alexandre et de l’empire perse (36’50).

Les références citées dans le podcast :
Johann Chapoutot, Le nazisme et l’antiquité, Paris, PUF, « Quadrige », 2012.
P. Briant, « Alexandre et les « Katarraktes » du Tigre », Pallas. Revue d’études antiques, Année 1986
P. Briant, « Impérialisme antique et idéologie coloniale dans la France contemporaine : Alexandre modèle colonial », Dialogues d’histoire ancienne, 5 (1979), p. 283-29
J. G. Droysen, Geschichte Alexanders des Großen, Hambourg, Perthes, 1833.

Films cités dans le podcast:
Le film Sikandar de Sorhab Modi (1941)
L’entrée d’Alexandre à Babylone dans le film d’Oliver Stone (2004) ; regard critique par P. Briant sur le film

Les documents cités dans le podcast :
Plutarque, De fortuna alexandri (IIe s. ap. J-C)
Le « sarcophage d’Alexandre » au Musée d’Istanbul
Tablette astronomique babylonienne (extrait des p. 166-167 de P. Briant, Alexandre, de la Grèce à l’Inde, Gallimard, “Découvertes”, 2004) :

5. Sur l’enseignement de l’histoire, avec Laurence de Cock

L’invitée : Laurence de Cock, qui enseigne en lycée et à l’université Paris-Diderot ; elle est la fondatrice du collectif aggiornamento histoire-géo qui travaille à repenser l’enseignement de l’histoire et de la géographie.

Le livre : Laurence de Cock, Sur l’enseignement de l’histoire, Paris, Libertalia, 2018, 329 p., 17€.

La discussion : présentation de l’ouvrage ; la figure souvent caricaturée d’Ernest Lavisse et son originalité comme savant et pédagogue (à 3 minutes environ), la difficulté (et la nécessité) d’ouvrir la porte de la salle de classe pour étudier les pratiques scolaires  et pas seulement les programmes ou les manuels (5 min.), le renouvellement des questionnements autour de l’enseignement de l’histoire après la Première Guerre mondiale, en lien notamment avec la naissance (1929) de la revue Annales d’histoire économique et sociale de Lucien Febvre et Marc Bloch (9 min.), le contexte particulier des années 1960-1970 où fourmillent les projets (13 min.), l’inertie des pratiques ordinaires pour beaucoup de profs loin des avant-gardes pédagogiques (16 min.) le tournant du début des années 1980 et les cris d’alarme d’Alain Decaux sur l’enseignement de l’histoire (18 min.), la difficulté de l’histoire scolaire et de sa finalité intellectuelle dans un contexte où l’immigration et sa vision « culturaliste » polarise les débats (20 min.), la question du jugement dans l’histoire et dans la salle de classe (23 min.), comment faire une scolaire émancipée et émancipatrice sans substituer un « roman de gauche » au « roman national » (26 min.), le carcan horaire des programmes (28 min.), et enfin les bonnes raisons de devenir prof d’histoire (30 min.).

Les références citées dans le podcast :

  • Suzanne Citron, Le mythe national. L’histoire de France revisitée, Paris, éditions de l’Atelier, 2008.
  • Annie Bruter, « Un laboratoire de la pédagogie de l’histoire. L’histoire sainte à l’école primaire (1833-1882) », Revue de l’histoire de l’éducation, n° 114, 2007.
  • Evelyne Héry, Un siècle de leçons d’histoire. L’histoire enseignée au lycée 1870-1970, Rennes, PUR, 1999.
  • Olivier Loubes, « “L’incommode image exacte” du Petit Lavisse. Brève histoire régressive des écritures scolaires du récit national (2013-1913) », in Etienne Bourdon et al., Lavisse : le roman national comme patrimoine scolaire, Éditions de l’œil, 2016.
  • Antoine Prost, Histoire de l’enseignement et de l’éducation depuis les années 1930, Perrin, 2004.

Le conseil de lecture : Gérard Noiriel, Une histoire populaire de la France, Marseille, Agone, à paraître en septembre 2018.