309. L’archéologie mise en cartes, avec Marc Bouiron et Muriel Gandelin

Les invité-e-s : Marc Bouiron, directeur scientifique et technique de l’INRAP ; Muriel Gandelin, archéologue à l’INRAP

Le livre : Marc Bouiron, Dominique Garcia (dir.), Atlas archéologique de la France, Paris, Tallandier, 2023, cartes d’Aurélie Boissière

La discussion :

  • Introduction (00 :00)
  • Le projet d’un atlas archéologique, synthétisant 20 ans de travail de l’INRAP (1:00)
  • Un atlas de la France et donc des outre-mer (5:40)
  • Le paradoxe d’un atlas qui projette dans le passé les frontières actuelles (7:45)
  • Expliquer la répartition des sites archéologiques, en lien avec l’aménagement du territoire (12:00)
  • Le renouvellement des connaissances en archéologie (16:15)
  • La fabrique des cartes (20:00)
  • La répartition des sites, des objets, des flux au néolithique (25:00)
  • Ethnologie et archéologie (34:45)
  • Le visible et l’invisible en archéologie (37:00)
  • Le monde celtique, ses interactions et ses villes (42:40)
  • Un atlas discret sur la fin du monde antique (46:15)
  • Fin des villes ou renouvellement des villes au début du Moyen âge ? (49:50)
  • Comment cartographier des évolutions ? (53:30)
  • Les châteaux manquants de la carte du Moyen âge (56:10)

245. Urbex, archives et sciences sociales, avec Nicolas Offenstadt

Pétition à signer pour défendre la possibilité de la recherche à la BNFL’invité: Nicolas Offenstadt, maître de conférences à l’université Paris-I

Le livre: Urbex. Le phénomène de l’exploration urbaine décrypté, Paris, Albin Michel, 2022.

La discussion:

  • Introduction (00:00)
  • Un intérêt croissant pour l’urbex (1:00)
  • Généalogie de l’urbex, depuis la fascination pour les ruines jusqu’à l’archéologie industrielle (3:00)
  • L’urbex, fruit des réseaux sociaux où se construisent des communautés dans les années 2000 (6:45)
  • Le milieu de l’urbex, à la fois libertaire et normé (10:25)
  • Leave footprints, take photos, le mantra de l’urbex (13:15)
  • Le discours politique de l’urbex: accès à une ville moins cadenassée ? (17:00)
  • L’urbex risque-t-elle de faire porter un regard romantique sur un passé industriel difficile ? (21:00)
  • Le lieu d’un possible croisement disciplinaire au sein des sciences sociales (géographie, sociologie, urbanisme, archéologie, histoire…) (25:00)
  • Que peut-on faire des archives trouvées en urbex ? (27:15)
  • Les aspects concrets d’une urbex: équipement, risques, etc. (33:45)
  • La pire frayeur en urbex (37:00)
  • Le plus impressionnant: la salle d’archives (40:00)
  • Le lieu pas encore urbexé (43:20)

Les références citées dans l’émission (par ordre d’apparition):

220. L’archéologie en questions, avec Anne Lehoërff

L’invitée : Anne Lehoërff, archéologue, professeure à CY université, présidente du CNRA

Le livre : Dictionnaire amoureux de l’archéologie, Paris, Plon, 2021.

La discussion :

  • Comment le dictionnaire a été conçu et comment il a été écrit (1:20)
  • Un livre sur la dimension personnelle de l’archéologie, et le rapport aux matières telles que le bronze, la céramique… (2:45)
  • L’importance de considérer tout le passé humain, et donc de mettre à distance le concept de « (grande) civilisation » (4:35)
  • Qu’est-ce qu’une civilisation « moins visible » ? (6:20)
  • L’exemple des trous de poteaux (7:00)
  • La question d’une évolution « linéaire » des sociétés humaines (7:45)
  • Quels sont les sous-entendus idéologiques des gens qui présentent des vestiges archéologiques comme extra-terrestres ? (10:00)
  • Les changements de la discipline archéologique, depuis l’époque d’un « patron » sur « son » chantier (12:00) ; la sensibilisation à la question des violences ou des abus sexuels (14:00)
  • Les atteintes aux matériaux archéologiques par les détectoristes ou les pilleurs (15:00) mais aussi au moment de la fouille ou de la découverte (exemple d’Ötzi, 16:00)
  • La part du hasard dans la découverte archéologique (19:00)
  • Les rapports entre histoire et archéologie (22:00)

Questions des auditrices et des auditeurs

  • « Comment mieux intégrer l’archéologie dans les cours au secondaire, et ce, pas seulement pour les (rares) cours d’antique restants? » (26:30)
  • « On parle souvent du rôle des engrais (acidifiant ou alcalinisant) dans la détérioration des artefacts et je me demandais si c’est vraiment un pbm ou si c’est anecdotique ? » (28:00) Plus largement, la préservation exceptionnelle d’artefacts dans des milieux extrêmes (30:00)
  • « Est-ce qu’on sait de combien d’animaux étaient composées les fermes néolithiques, et de quelle espèce : mouton, cochon, chèvres, vaches ; ou tout ensemble ? » (31:00)
  • « L’archéologue, du fait des matériaux étudiés, doit-il fait preuve d’une plus grande imagination que son collège historien pour déterminer la vérité historique ? » (32:00)
  • « À quel point Indiana Jones est éloigné du métier d’archéologue ? » (34:20)
  • « L’archéologue est-il confronté à un dilemme moral lorsqu’il ouvre une tombe (respect des morts) et lorsqu’il prélève de l’ADN (respect de l’intégrité du corps) ? » (36:20)
  • « Existe-il un changement de paradigme, postcolonial, du domaine ? Que faire avec les œuvres trouvées et qu’en est-il de leur lien avec le lieu où elles sont découvertes ? » (39:00)
  • « Selon vous, qu’est-ce qui fait un bon musée ou une bonne exposition archéologique ? » (40:15)
  • « Existe-t-il encore beaucoup de sites à fouiller en Europe occidentale ? » (42:00)
  • « Est-ce qu’on va trouver un jour un moustique dans de l’ambre pour faire Jurassic park ? »

Le conseil de film : The Dig (Simon Stone, 2021)

181. Filmer l’archéologie: The Dig, avec Quentin Rochet

L’invité : Quentin Rochet, archéologue, médiéviste, responsable d’opération pour Archeodunum (opérateur d’archeologie préventive) et chercheur associé à l’UMR ArAr 5138 (Lyon).

Le film : The Dig (Simon Stone, 2021)

La discussion :

  • Un film réussi, qui évoque l’archéologie et non la chasse au trésor (2:00)
  • Un film sensible, qui évoque le rapport à la mort et au temps qui passe (3:00)
  • L’approche de la Seconde Guerre mondiale qui donne une tonalité plus sombre au film  (3:40)
  • Le trésor de Sutton Hoo, presque pas montré à l’écran (5:00)
  • Que sait-on de la tombe de Sutton Hoo ? (8:30) quelle place des anglo-saxons dans l’imaginaire national britannique ? (10:10)
  • L’importance accordée à l’époque aux anglo-saxons « cultivés » par opposition aux Vikings « sauvages » (11:30)
  • Les personnages du film, leur histoire réelle, en partant du principal fouilleur Basil Brown (16:00)
  • Une archéologie « prestigieuse » à l’arrière-plan, avec la référence à Howard Carter (19:45)
  • La représentation du travail et des techniques archéologiques dans le film (21:45)
  • L’importance de l’objet archéologiques à l’époque, et la mise en scène de leur fragilité (25:30)
  •  Bâcher, débâcher, lors des intempéries : le quotidien de l’archéologie (30:40)
  • Des tensions dans le monde archéologique : hommes / femmes, amateurs / professionnels… (32:00)
  • Un film conçu comme une réhabilitation de Basil Brown (33:00)
  • La représentation des tensions hommes / femmes sur cette fouille, qui tend à gommer les personnages féminins de l’histoire (35:30)
  • À qui appartiennent les objets découverts lors de cette fouille ? Les différences entre Grande-Bretagne et France du point de vue de la législation sur le patrimoine et l’archéologie (38:00)
  • Refermer / reboucher un site (43:00)
  • Une piste de recherche actuelle : retravailler les archives de fouilles plus anciennes (45:50)

Le conseil de lecture :

Edward C. Harris, Principes de la Stratigraphie Archéologique, 2eme édition, traduction par Anne-Sophie Murray

Bibliographie (établie par Quentin Rochet) :

  • Digging the dirt: The true story behind The Dig – National Trust
  • Sue Brunning, Inside ‘The Dig’: how the star-studded film squares with reality of Sutton Hoo, British Museum
  • Un lien intéressant pour le grand public, la partie “Histoire de l’Archéologie” sur le site de l’INRAP
  • Comprendre les méthodes de l’archéologie (et leur histoire) : Demoule J.-P., Giligny F., A. Lehoërff, A. Schnapp, Guide des méthodes de l’archéologie, ed la découverte, 2009
  • Une référence sur le monde anglo saxon : Nicholas J. Higham and Martin J. Ryan, The Anglo-Saxon World, New Haven: Yale University Press, 2013
  • L’historiographie anglaise et la place des anglo-saxons dans cette dernière : J.-F. Dunyach et A. Mairey, Les âges de Britannia, Repenser l’histoire des mondes britanniques (Moyen Âge-XXIe siècle), Presses universitaires de Rennes, 2015
  • Les archéologues anglais mentionnés hors équipe de Sutton Hoo : Mortimer Wheeler, Archaeology From the Earth, Oxford University Press, 1954. V. Gordon Childe, The Dawn of European Civilization, 1925 Kathleen Kenyon, Beginning in Archaeology, 1952
  • Notices biographiques de ces dernier.e.s : Ève Gran-Aymerich, Les Chercheurs de passé. 1798–1945. Aux sources de l’archéologie, CNRS Éditions, Paris, 2007

 

178. Archéologie du genre, avec Isabelle Algrain

L’invitée : isabelle Algrain, archéologue, chercheuse à l’Université Libre de Bruxelles

Le livre : Archéologie du genre. Construction sociale des identités et cultures matérielles, Bruxelles, Université des femmes, 2021.

La discussion :

  • Le genre, un outil conceptuel pour les sciences sociales et l’archéologie en particulier (1:00)
  • L’archéologie du genre, un champ de recherches né dans le monde anglophone dans les années 1970 (3:30)
  • La question du sexisme dans la discipline archéologique, et la féminisation partielle du métier (4:50)
  • Des questions qui se sont posées plus tardivement dans le monde francophone (7:20)
  • Le parcours de recherche d’Isabelle Algrain et ce qui l’a conduite à ces questions (8:50)
  • La lecture genrée des rôles et des objets, ancienne dans l’archéologie (10:50)
  • Relire les résultats de l’archéologie funéraire grâce aux analyses du sexe biologique des individus (12:15), comme pour la tombe de Vix (13:00)
  • Un champ de recherche qui vient parfois compliquer des raisonnements circulaires (16:00)
  • La tombe de Birka en Suède et la « guerrière viking » supposée (16:50)
  • Le genre, critère d’analyse qui n’est pas forcément l’outil principal ou le plus pertinent de l’étude (19:00)
  • Les « amants de Modène » qui n’en sont pas (20:00)
  • L’association textes / fouilles au prisme du genre (21:20)
  • Comment la question du genre peut se poser dans d’autres contextes que celui de l’archéologie funéraire (24:40)
  • La place de la comparaison dans ces questionnements (27:20)
  • Le réflexivité nécessaire dans ce champ de recherche pour ne pas plaquer des présupposés archéologiques sur le passé (30:30)
  • L’archéologie du genre est-elle prise au sérieux aujourd’hui dans la discipline ? (31:50)

Les références citées dans l’émission

153. Les vies rêvées d’Heinrich Schliemann, avec Annick Louis

L’invitée : Annick Louis, professeure à l’université de Franche-Comté

Le livre : L’invention de Troie. Les vies rêvées d’Heinrich Schliemann, Paris, éditions de l’EHESS, 2020.

Télécharger le diaporama d’images et de cartes réalisé par Annick Louis, accompagnant la discussion (format pdf).

La discussion :

  • Un travail sur Heinrich Schliemann, au croisement de l’histoire et d’une approche littéraire de son parcours et de son écriture (1’)
  • Les apports de Schliemann à l’archéologie, et ses contributions majeures même s’il a romancé sa vie (4’10)
  • Les grandes étapes de la vie de Schliemann (6’45)
  • La « découverte » de Troie, qui s’inscrit en fait dans un débat plus ancien, suite aux travaux de Calvert notamment (9’)
  • Les archives Schliemann à Athènes et leurs particularités (11’40)
  • Des archives partiellement numérisées (15’)
  • Le mariage de Schliemann avec une jeune femme grecque, corollaire de son investissement dans la recherche sur la région (16’20)
  • Les quatre autobiographies de Schliemann (20’50), avec la célèbre anecdote du récit paternel sur Troie (25’)
  • Schliemann écrivain, usant des tropes narratifs de son époque (27’20)
  • Quand et comment Schliemann bascule-t-il vers l’archéologie, à travers son séjour parisien en particulier ? (29’)
  • Une sociabilité scientifique en voie de professionnalisation, entre cours publics et sociétés savantes (32’)
  • France, Allemagne, Grande-Bretagne, trois univers savants différents dans ces années 1860-1870 (36’)
  • Au final, un échec relatif de Schliemann en France (39’30)
  • Un autodidacte parlant douze langues (43’45)

Le conseil de lecture :

  • Arlette Farge, Des vies oubliées, Paris, La découverte, 2019.

133. Histoires de Tintin #9 : Tintin au pays des sciences humaines, avec Matthieu de Oliveira

L’invité : Matthieu de Oliveira, MCF à l’université de Lille

Le Sceptre d’Ottokar (c) Hergé / Moulinsart

Le thème : Tintin, les sciences humaines, et la représentation de la recherche

La discussion :

  • Des albums qui mettent en scène une démarche de recherche (1’)
  • Le sceptre d’Ottokar, un album qui met en scène la recherche à travers la sigillographie (2’)
  • Les règles et conditions d’accès aux documents dans l’album (6’)
  • L’héraldique et les éléments médiévalisants de l’album (10’15)
  • La représentation des savants dans l’univers d’Hergé (13’)
  • Le secret de la Licorne et le Trésor de Rackham le rouge, deux albums structurés par le motif de la recherche (18’45)
  • Les archives familiales du capitaine Haddock (21’30)
  • L’archéologie pratiquée par Haddock et Tintin sur l’île (26’)
  • Le trésor archivistique découvert dans l’épave (30’)
  • Les albums liés aux Incas, et leurs enjeux : recherche archéologique, éthique des fouilles et de la collecte d’objets… (33’)
  • Tintin, amateur de livres (38’)
  • Tintin, fact-checker (39’30)
  • Tintin, capable de décrypter énigmes et de reconstituer des fragments (42’40)
  • Tintin et le « paradigme de l’indice » (46’30)

Les références citées dans l’émission :

75. Numismatique antique, avec Anthony Hostein

L’invité : Anthony Hostein, directeur d’études à l’EPHE

Antonio de Pereda y Salgado, Vanitas (1634). Vienne, Kunsthistorisches Museum.

Le thème : la numismatique, son histoire, ses apports à l’étude de l’antiquité

La discussion :

  • Comment est née la numismatique comme discipline, bien avant d’autres branches du savoir historique, à partir de la Renaissance (1’30)
  • Commentaire de tableaux : vanité de Salgado (3’40)
  • L’autonomisation de la numismatique sur le plan savant, avec son vocabulaire (« droit », « revers »), sous l’impulsion de Joseph Hilarius Eckhel en particulier (5’30)
  • Les liens maintenus, et parfois ambigus, entre numismatique savante et marchande (11’20)
  • Le fléau des détectoristes qui font disparaître les données (13’30)
  • La rocambolesque affaire du « trésor de Lava », ces monnaies trouvées près d’Ajaccio (16’45)
  • Les effets des conflits et troubles géopolitiques (au Proche-Orient notamment) sur les fouilles et le marché des monnaies, comme le site de Doura-Europos, « perdu pour la science » (21′)
  • Les origines de la monnaie, instrument territorialisé, qui sert seulement dans un second temps à des échanges (23′)
  • La complexité des opérations de datation des monnaies, et d’estimation des ordres de grandeur monétaires (27′)
  • Le regard des numismates sur les débats sur l’économie antique, entre « primitivistes » et « modernistes », et sur l’iconographie (29’55)
  • Les enseignements de la numismatique sur les rapports entre les hommes et les dieux (33’40)
  • Le médaillon de Ticinum frappé sous Constantin en 315, le premier comportant un symbole chrétien, et son contexte (37’10)
  • Relativiser la fonction de « propagande » de la monnaie (42′)
  • Le tournant fondamental du numérique pour les numismates, permettant de constituer des bases de données (43′)
  • Les défis interprétatifs et horizons de recherche en numismatique : construire des corpus, comprendre des monnaies singulières comme celle qui comporte une vache dans un arbre… (49’15)
  • Encore des progrès à faire dans la communication entre numismates, historiens, archéologues !

Les références citées et conseillées dans l’émission :

Quelques noms d’illustres précurseurs (avant le XIXe siècle)

Guillaume Budé [1467-1540], De asse et partibus eius (1515) ; Andrea Fulvio [c. 1470-1527], Illustrium imagines (1517) ; Hubert Goltzius [1526-1583] ; Charles Patin [1633-1693], Histoire des médailles (1695) ; Joseph Pellerin [1684-1782], vend en 1776 ses 32499 monnaies grecques au roi ; Joseph Hilarius Eckhel [1737-1798], Doctrina Numorum Veterum, 8 vol. (1792-1798)

Choix d’ouvrages en français

  • Amandry (M.) dir., Dictionnaire de numismatique, Paris : Larousse, 2001.
  • Morrisson (C.), La numismatique, Paris : QSJ ? n°2638, 1992.
  • Amandry (M.) dir., La monnaie antique [concerne la monnaie grecque et romaine, rien sur les monnaies celtiques], Paris : Ellipses, 2017.

Choix de sites internet

– Monnaies hellénistiques

Monnayages des rois de Macédoine

Monnayages des Lagides d’Egypte

Monnayages des Séleucides

– Monnaies romaines

Monnayages républicains : Roman Republican Coinage (RRC) en ligne : cf. projet « CRRO – Coinage of the Roman Republic Online »

Monnayages impériaux : Roman Imperial Coinage (RIC) en ligne : cf. projet « OCRE – Online Coins of the Roman Empire »

Monnayages provinciaux (émis pour l’essentiel par les cités de l’Empire) : Roman Provincial Coinage (RPC) en ligne : cf. projet « RPC – Roman Provincial Coinage » sur le site de l’Ashmolean Museum d’Oxford

Sites des principaux musées dans le monde

American Numismatic Society, New York

Cabinet des médailles, Bibliothèque Nationale, Paris [les collections sont en partie accessibles sur le catalogue Gallica de la BNF]

Bodemuseum, Münzkabinett, Berlin

KunsthistorischesMuseum, Vienne

The British Museum

The Ashmolean Museum

La législation en matière de découvertes monétaires

Ministère de la culture

HAPPAH (association de lutte contre le pillage du patrimoine)

 

73. Archéologie du XIXe siècle, avec Manuel Charpy et Stéphanie Sauget

Les invité-e-s : Stéphanie Sauget, professeure à l’université de Tours ; Manuel Charpy, chargé de recherche au CNRS

La parution : Histoire et archéologie : que faire du XIXe siècle ?, n°58/2019 de la Revue d’histoire du 19e siècle

La discussion :

  • L’exemple des fouilles du cimetière des Crottes à Marseille pour illustrer l’intérêt de la démarche archéologique appliquée au XIXe siècle, pour mesurer notamment les écarts entre normes et pratiques (1′)
  • Un XIXe siècle paradoxal, qui a légué objets et monuments, et dont l’archéologie ne peut se limiter à l’enfoui, à la fouille (4’15)
  • Le travail de Daniel Sayers, archéologue américain, sur le « grand marais lugubre » (great dismal swamp), et les traces qu’il y repère de communautés d’anciens esclaves en fuite autonomes (5’20)
  • Les parcours ayant amené Stéphanie Sauget et Manuel Charpy à travailler sur la culture matérielle, via les enjeux spatiaux ou ceux concernant les objets du XIXe siècle (8′)
  • La difficulté paradoxale de trouver des objets « ordinaires », et les fonds désormais accessibles de l’INPI (11′)
  • L’évolution de la démarche archéologique et historienne, qui ne cherche plus seulement le « bel objet »
  • L’établissement du dialogue entre historien-ne-s et archéologues : que fait-on de la « couche XIXe », récente, lors des fouilles ? (15’10)
  • La naissance de l’« archéologie générale » autour de Philippe Bruneau à la fin des années 1970, une démarche développée également dans les « pays neufs » comme les États-Unis et le Brésil, et en France en lien avec les préoccupations sur le patrimoine industriel (18’30)
  • L’archéologie qui permet de saisir la vie – la biographie ? – des objets (25′)
  • L’archéologie de la Grande Guerre et son essor à partir de 1991, et les problèmes (juridiques, moraux, éthiques) que posent les fouilles de terrains funéraires récents : « j’ai fouillé un soldat de 14 comme j’aurais fouillé du mérovingien ! » (26’15)
  • Comment faire l’archéologie d’une tombe qu’on ne peut pas fouiller ? à partir de l’article de Bruno Bertherat sur la tombe de Jeanne Moyaux morte en 1877 (28’40)
  • Extrait audio : Lucien Febvre, “vers une autre histoire”, 1949, in Combats pour l’histoire (lu par Jeanne Omhover, 32’55)
  • Le paradoxe d’un XIXe siècle qui est partout, mais absent en même temps, ou transformé, même dans les espaces dits préservés (35’40)
  • Des archives utiles pour parler de ceux qui ne parlent (n’écrivent) pas (40’30)

Les références citées dans l’émission :

  • Maurice Agulhon, « Esquisse pour une archéologie de la République. L’allégorie civique féminine », Annales. Économies, Sociétés, Civilisations, 28e année, n° 1, 1973, p. 5-34.
  • Thierry Bonnot, « La biographie d’objets : Une proposition de synthèse », Culture & Musées [En ligne], 25 | 2015
  • Jacques-Olivier Boudon, Le plancher de Joachim. L’histoire retrouvée d’un village français, Paris, Belin, 2018.
  • Manuel Charpy, Intérieurs parisiens. De l’atelier aux appartements, XVIIIe-XXe siècles, Paris, Flammarion, catalogue d’exposition, 2014.
  • Revue RAMAGE
  • Nicolas Offenstadt, Urbex RDA, Paris, Albin Michel, 2019.
  • Stéphanie Sauget, À la recherche des pas perdus. Une histoire des gares parisiennes, Paris, Tallandier, 2009

Les conseils de lecture :

26. Alésia, de la controverse à la preuve, avec Vivien Barrière et Clément Salviani

Les invités : Vivien Barrière, maître de conférences en histoire et archéologie à l’Université de Cergy-Pontoise ; Clément Salviani, doctorant contractuel chargé de recherches à l’INHA

L’enjeu : opposant les troupes de Vercingétorix et de César, le siège d’Alésia en 52 avant notre ère est bien connu, l’histoire et l’archéologie ayant permis de le localiser précisément, à Alise Sainte-Reine (actuel département de la Côte-d’Or). Pourtant, des gens s’obstinent à soutenir des alter-Alesiae en d’autres lieux comme le Jura au mépris d’un consensus scientifique parfaitement établi. Cela pose la question plus large de la vérité en histoire.
La discussion : le contexte entourant la bataille et le siège d’Alésia, au sein de la guerre des Gaules racontée par César (1’50) ; l’engouement pour les Gaulois dans la France du XIX siècle dans un contexte d’intense intérêt pour le passé lié à la construction des États-nations (4’40) ; les premières fouilles sur le site d’Alésia (actuellement Alise-Sainte-Reine) sous le Second Empire avec une implication directe de Napoléon III (7’55) ; les techniques de fouille hier et aujourd’hui (10’35) ; les premières controverses sur la localisation d’Alésia, et la difficulté plus générale de localiser des sites mentionnés par des auteurs de l’antiquité (11’45) ; le parcours d’André Berthier, le personnage singulier qui fut le principal tenant d’une Alésia située dans le Jura (15’05) ; l’idée selon laquelle le site (réel) d’Alise serait indigne d’un personnage de Vercingétorix (19’20) ; l’erreur de lecture du texte de César sur lequel repose l’erreur de localisation (20’00) ; les caractéristiques du site alternatif de Chaux-des-Crotenay dans le Jura, et la définition d’un oppidum (21’25) ; la stratégie de Vercingétorix à replacer dans les conditions du monde gaulois du premier siècle avant notre ère, et de l’opposition formidable donnée par César (27’00) ; les renouvellements apportés par les fouilles menées dans les années 1990 sur le site d’Alise Sainte-Reine (30’10) ; un récapitulatif de tous les éléments (textes, armes, monnaies, vestiges, inscriptions…) attestant la localisation d’Alésia et ne faisant sens que dans ce cadre (31’55) ; les erreurs des défenseurs d’une autre Alésia, venant d’un rapport à la fois littéral et hyper-critique aux textes antiques (35’40) ; l’économie du texte de César, qui n’écrit pas un guide topographique d’Alésia mais construit un récit à destination de l’aristocratie romaine (39’10) ; le refus pour certain-e-s d’admettre le consensus scientifique sur Alésia, et le rapport compliqué à la vérité que cela révèle, proche du complotisme (43’20) ; Wikipedia comme lieu où cette question est discutée (46’50) ; la différence entre critique des sources et hypercritique infondée (51’40) ; si une autre Alésia existait, on l’aurait trouvée (53’30) ; le paradoxe qui veut qu’autant de lieux revendiquent d’être le site d’une défaite (55’15).

Les conseils de lecture et références pour aller plus loin :

Manifeste des archéologues contre les confusions sur la localisation d’Alésia (2016)
–  Jean-Louis Brunaux, Nos ancêtres les Gaulois, Paris, Seuil, “Points”, 2015.
– Christian Goudineau, Le dossier Vercingétorix, Paris, Actes Sud – Errance, 2001.
– Michel Reddé, Alésia. L’archéologie face à l’imaginaire, Paris, Errance, 2e éd., 2012.