31. Ecclésiastiques en débauche à Paris au XVIIIe siècle, avec Myriam Deniel Ternant

L’invitée : Myriam Deniel Ternant, docteure en histoire, enseignante.

Le livre : Ecclésiastiques en débauche, Ceyzérieu, Champ Vallon, 2017.

La discussion : les origines du travail, entre représentations littéraires de la sexualité des ecclésiastiques et curiosité pour les mutations religieuses du XVIIIe siècle (1’30), le thème de l’inconduite sexuelle du clergé, qui existe depuis le Moyen âge (5’50), la difficulté d’une mesure diachronique de la « débauche » ou de la « moralisation » du clergé (6’50), le travail mené sur les sources policières parisiennes, et leurs spécificités (8’25), des registres plus ou moins loquaces, au langage inégalement policé (9’20), Paris, observatoire des mœurs et lieu de convergence de clercs d’horizons variés (12’20), les normes de chasteté qui sont censées être observées par le clergé (14’50), une « chasse aux abbés » autour de 1750, aux causes multiples, discutées et compliquées dont le conflit autour du jansénisme (17’30), un arrière-plan troublé par l’attentat de Damiens en 1757 (20’30), le vocabulaire assez vague des rapports d’arrestation et la difficulté d’une étude sérielle (22’15), un corpus où clergé régulier et haut clergé restent peu visibles (23’30), une géographie de la prostitution centrée sur le Palais-Royal, et dont des ecclésiastiques s’échangent les adresses (24’35), un rapport particulier au corps et à la nudité (26’10), des pratiques sexuelles marquées par les attouchements, par la flagellation parfois (27’10), des rapports sexuels avec des prostituées qui alternent avec des pratiques de couple ou de concubinage (29’30), les réactions de la société à ce qui est perçu, parfois, comme déviance ou scandale, et les éléments déclencheurs d’éventuelles poursuites (31’30), les liens entre ces déviances du clergé et la thèse discutée d’une “déchristianisation” au XVIIIe siècle (36’45), la difficulté de mener de front une thèse et l’enseignement dans le secondaire (38′).

Sources et références mentionnées dans le podcast :
– Boyer d’Argens, Thérèse philosophe, in Patrick Wald Lasowski, Romanciers libertins du xviiie siècle, Paris, Gallimard, 2000 [1748].
– Louis-Sébastien Mercier, Tableau de Paris, Genève, Slatkine Reprints, 1979 [1782]
– Erica-Marie Benabou, La Prostitution et la police des mœurs au xviiie siècle, Paris, Perrin, 1987.
– Robert Muchembled, Les Ripoux des Lumières. Corruption policière et Révolution, Paris, Seuil, 2011.
– Clyde Plumauzille, Prostitution et révolution, Paris, Champ Vallon, 2016.

Les conseils de lecture :
Sylvie Steinberg (dir.), Une histoire des sexualités, Paris, PUF, 2018.
Katrina Kalda, Arithmétique des dieux, Paris, Gallimard, 2013.

 

22. Histoire populaire de la France, avec Gérard Noiriel

Les intervenants : Gérard Noiriel, directeur d’études à l’EHESS ; Philippe Olivera, historien, enseignant, éditeur (Agone)

Le livre : Une histoire populaire de la France, de Jeanne d’Arc à nos jours, Marseille, Agone, 2018
La discussion : Les origines du livre, au regard du genre « histoire de France » et de l’ouvrage d’Howard Zinn, Histoire populaire des États-Unis (1’00) ; le « populaire » comme catégorie prise dans les relations entre dominés et dominants (5’20) ; l’idée d’écrire pour un public plus large que celui de la profession historienne (7’00) ; l’importance de s’approprier des objets comme l’histoire de France parfois monopolisés par des auteurs réactionnaires (11’20) ; le point de départ de cette histoire et le choix de démarrer à la fin du Moyen âge, en lien avec la construction d’un État monarchique (12’45) ; les singularités de la construction nationale française au regard des exemples britannique et allemand (15’50) ; le choix d’écrire une histoire sociale, et de faire de la question sociale la clef de lecture fondamentale des évolutions, par rapport aux questions identitaires (19’30) ; l’application de cet angle d’approche pour le XVIe siècle : les guerres de religion comme expression d’enjeux sociaux (26’25) ; les césures mises en lumière dans cette histoire de France (30’20) : les années 1750 (32’30), les années 1880 avec la Grande Dépression et les débuts de la IIIe République (34’25), l’attention portée dans le livre aux regards portés sur l’autre (colonisé, domestique, ouvrier, paysan…) et la question de la reconnaissance de l’autre, qui permet de « se rendre étranger à soi-même » (39’50), la capacité à toucher d’autres publics en sortant de ses habitudes historiennes, en travaillant avec des artistes (43’50).

Une évocation plus large du travail de Gérard Noiriel, par Nicolas Offenstadt, est à écouter dans l’épisode 11 du podcast.

21. Revoir “La Reine Margot”, avec Jérémie Foa

L’invité: Jérémie Foa, maître de conférences à l’université d’Aix-Marseille

Le film: La Reine Margot, de Patrice Chéreau (1994)
La discussion: voir et revoir La Reine Margot pour un spécialiste du XVIe siècle (2’00); retour sur les origines du film, un projet porté par le producteur Claude Berri (3’30); les sources d’inspiration du cinéaste, et les liens avec le roman de Dumas (5’55); un ton plus sombre dans le film que dans le roman (7’45); une esthétique opposant le rouge catholique et le noir protestant, loin des réalités de la période (8’45); les responsabilités de la Saint-Barthélémy, et la tradition de diabolisation de Catherine de Médicis dont s’éloigne en partie Chéreau (9’40); la place de l’expédition des Flandres comme arrière-plan au massacre (14’45); filmer la violence de la Saint-Barthélémy, entre images contemporaines et réalités d’époque (16’35); l’astrologie (20’15) et le poison (22’20) comme thèmes clefs (et pour le poison, profondément révélateur: arme de la guerre civile) pour la représentation de la Renaissance ; l’importance de la chasse à la cour de Charles IX et dans le film (24’25); la conversion forcée d’Henri de Navarre et le sens d’une telle pratique (26’05), le rapprochement de Coconnas et La Mole, illustration d’une possible cohabitation entre catholiques et protestants? (28’45); la question de la succession royale, obsession des contemporains (33’30); la place de la sexualité dans le film et dans l’image des Valois (36’00); l’absence du peuple, de la dimension de proximité des violences, dans le film de Chéreau, centré sur les grands (40’20)

Les conseils de lecture et références pour aller plus loin:
– Denis Crouzet, Les guerriers de Dieu, la violence au temps des troubles de religion, vers 1525-vers 1610, Seyssel, Champ Vallon, 1990.
– Denis Crouzet, Le haut cœur de Catherine de Médicis, Paris, Albin Michel, 2005.
– Gaspard Delon, Sandra Provini, La Reine Margot de Patrice Chéreau, Neuilly, Atlande, 2015.
– Jérémie Foa, Le tombeau de la paix. Une histoire des édits de pacification, Limoges, Presses universitaires de Limoges, 2015.
– Jérémie Foa, “Protestants et catholiques n’ont-ils rien en commun? Politisations ordinaires au temps des guerres civiles de Religion”, Politix, 2017/3 (n° 119)
– Arlette Jouanna, La Saint-Barthélemy. Les mystères d’un crime d’État, Paris, Gallimard, 2007.
– Violette Rouchy-Lévy, La Reine Margot de Patrice Chéreau. Genèse et réalisation d’un film historique, Thèse de l’Ecole des Chartes, 2006
– Eliane Viennot, Marguerite de Valois. « La reine Margot », Paris, Perrin, 2005, coll. « Tempus », 660 pages.
– émission “Rembobinage” sur Radio Aligre