107. Rambo, ou le rude retour du Vietnam, avec Marjolaine Boutet

L’invitée :  Marjolaine Boutet, Maîtresse de Conférences en Histoire contemporaine à l’UPJVLe film :  Rambo, first blood (Ted Kotcheff, 1982)

La discussion :

  • Rambo, un film assez méconnu, à relier au cinéma indépendant du « nouvel Hollywood » des années 1970 (1’30)
  • Résumé de ce « huis clos à ciel ouvert » qui oppose un vétéran du Vietnam au shérif d’une petite ville (3’35)
  • Le basculement du film lorsque Rambo revit le traumatisme du Vietnam (5’10)
  • Rambo « bon sauvage » mais expert du combat (8’00)
  • La tension entre les facettes du personnage : vulnérable et dangereux, marqué par la guerre (10’40)
  • La violence de Rambo, à réinsérer dans la représentation des vétérans dans le cinéma des années 1970-1980, et les codes des films d’action des années 1980-1990 (13’40)
  • Le fameux monologue de Rambo : « rien n’est terminé… c’était pas ma guerre » (16’30)
  • Rambo, symbole du désarroi d’une génération (19’)
  • Un film qui amorce un retournement conservateur de la mémoire du Vietnam, stigmatisant les pacifistes, le féminisme… (22’)
  • Le déni de la défaite du Vietnam, à travers la critique néoconservatrice de l’État et des institutions (24’50)
  • Quelle réception pour le film, préparée par des séries comme Magnum, PI à partir de 1980 ? (26’45)
  • Le mémorial du Vietnam et sa symbolique (30’45)
  • L’ami de Rambo victime de l’« agent orange » et la prise en charge lacunaire des vétérans (33’00)
  • L’absence des Vietnamiens dans la représentation américaine du Vietnam (35’20)

 

Articles de Marjolaine Boutet pour aller plus loin :

 

Conseils de lecture :

  • JEFFORDS, Susan, The Remasculinization of America : Gender and the Vietnam War, Bloomington (Ind.), Indiana University Press, 1989.
  • ANDEREGG, Michael (ed.), Inventing Vietnam, the War in Film and Television, Philadelphie, Temple University Press, 1991.
  • DITTMAR, Linda, MICHAUD, Gene, From Hanoi to Hollywood : the Vietnam War in American Film, New Brunswick, Rutgers University Press, 1990.
  • FERRO Marc, Cinéma et histoire, Gallimard, Folio, 1993.
  • VAÏSSE Justin, Histoire du néoconservatisme aux États-Unis, Odile Jacob, 2008.

104. La série ‘Peaky Blinders’, avec Victor Faingnaert

L’invité: Victor Faingnaert

La série: Peaky Blinders

La discussion :

  • Les origines et buts de la série, et de son créateur Steven Knight
  • Les rapports compliqués entre cet auteur et les historiens, quant à la représentation des classes populaires
  • Une contre-image de la Grande-Bretagne
  • Les origines du nom « Peaky Blinders » et les faits réels à l’origine de la série
  • Le style visuel de la série, Birmingham comme ville industrielle qui fait aussi référence aux décors de western
  • L’univers politique et social de la série, une lutte des classes tempérée par la volonté d’embourgeoisement des Shelby
  • Les origines variées des personnages, telles que la série les met en scène : italiens, juifs, gitans, noirs britanniques…
  • La place accordée à la question irlandaise
  • Une série plus juste sur le plan sociologique qu’historique ?
  • Les rôles féminins de la série, en écho aux femmes des classes populaires britanniques
  • La réception enthousiaste de la série et ses effets en Grande-Bretagne, avec une mode « Peaky »

 

102. Le siècle d’or espagnol à l’écran: Alatriste, avec Alexandre Jubelin et Mehdi Girard

Le film : Alatriste (2006) d’Agustin Diaz Yanes, d’après les romans d’Arturo Perez Reverte

La discussion avec Alexandre Jubelin (podcast Le collimateur) :

  • Une adaptation des romans d’Arturo Perez-Reverte, qui représente le siècle d’or espagnol et ses guerres
  • Les guerres menées aux Pays-Bas comme arrière-plan du film
  • Une représentation de la guerre à l’époque moderne, dans ses différentes formes (siège, bataille…)
  • La façon dont le film fait des allusions visuelles aux tableaux de Velasquez
  • La représentation des armes, des détails matériels, particulièrement juste
  • Intrigues de cour et jeux nobiliaires
  • La bataille de Rocroi (1643), fin des mythiques « tercios » espagnols

La suite de la discussion avec Mehdi Girard (étudiant en histoire) :

  • L’intérêt du film
  • Le parcours du comte-duc d’Olivares, et sa représentation plutôt positive dans l’œuvre, comme ministre réformateur / rationalisant l’État
  • Un siècle d’or espagnol également montré dans ses splendeurs artistiques, à travers l’évocation de la rivalité entre les écrivains Quevedo et Góngora

Pour aller plus loin:

  • Les romans d’Arturo Perez Reverte
  • Bartolomé Bennassar, Un siècle d’or espagnol (vers 1525-vers 1648), Paris, Robert Laffont, 1982.
  • B. Lavallé, L’Amérique espagnole, de Colomb à Bolivar, Paris, Belin, 1993

 

95. Les “vitrioleuses” au XIXe siècle, avec Karine Salomé

L’invitée : Karine Salomé, historienne du XIXe siècle et professeure en lycée

Le livre : Vitriol. Les agressions à l’acide du XIXe siècle à nos jours, Paris, Champ Vallon, 2020.

La discussion :

  • Le point de départ de l’enquête
  • Les sources et leur croisement, avec un dépouillement de la presse en particulier
  • Quelles surprises dans ces sources ?
  • Le contexte social des agressions au vitriol, une conflictualité de « l’interconnaissance »
  • La question du « crime passionnel », notion en réalité ambiguë
  • Une forte proportion des acquittements, qui renvoie aux rôles assignés aux femmes au XIXe siècle
  • Crime passionnel ou prémédité ?
  • Un processus de correctionnalisation des affaires de vitriol
  • L’idée d’un geste opéré par contagion, de la presse ou de la littérature qui l’évoque
  • Deux affaires célèbres et archétypales : la veuve Gras et la comtesse de Tilly
  • L’agression au vitriol, symptôme d’une reconfiguration des rapports de couple
  • Les dimensions politiques du vitriol, associé aux femmes insurgées en 1848 et 1871, ou à des conflits sociaux comme en 1907
  • L’agression au vitriol, irruption féminine dans l’espace public ?
  • Le dessin d’Albert Robida en 1880, « Le coup d’état féminin »
  • Le « moment vitriol » comme période d’interrogation sur les rapports entre les sexes
  • La comparaison avec la pratique des balafres (sfregio) à Naples
  • Le déclin des agressions au vitriol, difficile à expliquer
  • Les résurgences contemporaines, en Asie du sud particulièrement, avec une inversion genrée

Les références citées dans le podcast et le conseil de lecture :

  • Thomas Bouchet, Le roi et les barricades, une histoire des 5 et 6 juin 1832, Paris, Seli Arslan, 2000.
  • (conseil) Anne-Emmanuelle Demartini, Violette Nozière, la fleur du mal. Une histoire des années trente, Ceyzérieu, Champ Vallon, 2017.
  • Dominique Kalifa, Les bas-fonds, histoire d’un imaginaire, Paris, Seuil, 2013.
  • Myriam Tsikounas, Éternelles coupables. Les femmes criminelles de l’Antiquité à nos jours, Paris, Éd. Autrement, 2008.
  • Katherine Watson, « Love, Vengeance and Vitriol: An Edwardian True-Crime Drama » in Kilday A-M, Nash D (ed.), Law, Crime and Deviance since 1700: Micro-Studies in the History of Crime, Bloomsbury, 2016.

Dessin d’Albert Robida, 1880 (à consulter en haute définition ici)
https://bibliotheques-specialisees.paris.fr/in/dz/thumb/512/b63/442/8ef/49405-3.jpg

74. Méditerranée médiévale et festival “Secousse 1099”, avec Florian Besson et Iris Pupella-Noguès

Les invité-e-s : Florian Besson (médiéviste, co-animateur du site Actuel Moyen âge) et Iris Pupella-Noguès (cofondatrice de la Boîte à histoire)

L’événement : Festival « Secousse 1099 » organisé le 28 septembre 2019 à Paris

La discussion :

  • Les origines du festival « Secousse 1099 » (1′)
  • La forme du festival, avec une dimension ludique et participative (4′)
  • Les problèmes posés par un festival sur la Première croisade, événement a priori moins ludique et émancipateur que 1848, objet de la première édition du festival (7′)
  • L’importance de faire entendre une parole historienne sur des événements pouvant être « brûlants » comme les croisades (9’20)
  • La Méditerranée médiévale, au cœur de débats et de l’enseignement (programme de 2nde, concours d’agrégation interne), avec le risque d’y projeter sans recul les identités ou affrontements religieux contemporains (11’45)
  • La controverse ayant entouré la parution du livre de Sylvain Gouguenheim, Aristote au Mont Saint-Michel, en 2008, et ce qu’elle révèle des usages idéologiques de la Méditerranée médiévale (14’40)
  • À l’inverse, la lecture critique qu’on adopte désormais envers l’idée d’une « tolérance » ou convivencia entre communautés confessionnelles au Moyen âge (18’45)
  • Les différentes strates historiographiques concernant la Méditerranée médiévale, et les paradigmes successifs de son étude, de Pirenne à Braudel et après (21’40)
  • Le rôle du livre d’Amin Maalouf, Les croisades vues par les Arabes, paru en 1983 (26’10)
  • Les apports de l’archéologie, mis en valeur au festival « Secousse 1099 » (30′)
  • Une suggestion de documents permettant d’illustrer en cours de 2nde la notion de transferts culturels : les traités d’optique arabes (33′)
  • La mise en scène des croisades dans le cinéma, au prisme du médiévalisme (33’40)

Les conseils de lecture :

  • John Tolan, Mahomet l’européen: Histoire des représentations du Prophète en Occident, Paris, Albin Michel, 2018.
  • Gérard Noiriel, Le venin dans la plume. Édouard Drumont, Éric Zemmour et la part sombre de la République, Paris, La Découverte, 2019.
  • Dennis Lehane, Un pays à l’aube, Paris, Rivages, 2008.

La bibliographie et les références citées dans le podcast (par ordre chronologique) :

  • Henri Pirenne, Mahomet et Charlemagne, préface de Bruno Dumézil, Paris, Tallandier, 2005 [1937].
  • Fernand Braudel, La Méditerranée et le Monde méditerranéen à l’époque de Philippe II, Paris, Armand Colin, 1949.
  • Joshua Prawer, Histoire du Royaume latin de Jérusalem, 2 vol., Paris, éd. du CNRS, 1970.
  • Jonathan Riley-Smith, Les Croisades, Paris, Pygmalion, 1990.
  • Amin Maalouf, Les croisades vues par les Arabes, Paris, J.-C. Lattès, 1983.
  • David Nirenberg, Violence et minorités au Moyen Âge, trad. de l’anglais par Nicole Genet, préf. de Claude Gauvard, Paris, PUF, coll. « Le nœud gordien », 2001.
  • Sylvain Gouguenheim, Aristote au Mont-Saint-Michel. Les racines grecques de l’Europe chrétienne, Paris, Seuil, 2008 [compte-rendu par Blaise Dufal]
  • Anneliese Nef, Conquérir et gouverner la Sicile islamique aux XIe et XIIe siècles (B.E.F.A.R.), Rome, 2011.
  • Claire Soussen, Judei Nostri. Juifs et chrétiens dans la Couronne d’Aragon à la fin du Moyen Âge, Toulouse, Méridiennes, 2011.
  • Christophe Cailleaux, « Chrétiens, juifs et musulmans dans l’Espagne médiévale. La convivencia et autres mythes historiographiques », Cahiers de la Méditerranée [En ligne], 86 | 2013, mis en ligne le 15 décembre 2013, consulté le 24 septembre 2019. URL :
  • Florian Besson et al., Chrétiens, juifs et musulmans – Pouvoirs et minorités dans l’espace méditerranéen – XIe-XVe siècles, Neuilly, Atlande, 2018.
  • Collectif, Actuel Moyen âge, l’aventure continue, Paris, Arkhê, 2019.

66. Bibliothèque idéale et participative (3) : époque contemporaine

Dans ce troisième épisode d’une série réalisée grâce aux contributions des auditrices et des auditeurs du podcast, qui ont envoyé un bref éloge d’un livre d’histoire les ayant marqués, sont évoqués les luttes et les drames de l’histoire contemporaine: Grande Guerre,Shoah, guerre d’Algérie, combats des minorités noires aux États-Unis… Mais aussi de belles tentatives pour reconstruire le monde d’individus connus ou inconnus.

Vus pouvez également écouter le premier volet de cette série portant sur l’antiquité et le moyen âge, et le second consacré à l’époque moderne  (du XVIe au XVIIIe siècle).

Les livres conseillés :

  • Alain Corbin, Le monde retrouvé de Louis-François Pinagot, sur les traces d’un inconnu, 1798-1876, Paris, Flammarion, 1998 (par Jérôme Lamy)
  • Gérard Noiriel, Les ouvriers dans la société française, xixe-xxe siècle, Paris, Le Seuil, 1986 (par Mathilde Larrère)
  • Timothy Tackett, Par la volonté du peuple. Comment les députés de 1789 sont devenus révolutionnaires, Paris, Albin Michel, 1997 (par Mathilde Larrère)
  • Patrick Cabanel, Le protestantisme français : la belle histoire, Nîmes, Alcide, 2017 (par Stéphane Zehr)
  • Michelle Perrot, George Sand à Nohant. Une maison d’artiste, Paris, Seuil, 2018 (par Mathilde Castanié)
  • Stéphane Audoin-Rouzeau, Annette Becker, 14-18, Retrouver la guerre, Paris, Gallimard, 2000 (par Nathan Menez)
  • Emmanuel Debruyne, « Femmes à boches ». Occupation du corps féminin dans la France et la Belgique de la Grande Guerre, Paris, Les Belles Lettres, 2018 (par Nicolas Charles)
  • Calel Perechodnik, Suis-je un meurtrier ?, Paris, Liana Levi, 1998 (par Théo Bonin)
  • Caroline Rolland-Diamond, Black America. Une histoire des luttes pour l’égalité et la justice (XIXe-XXIe siècle), Paris, La Découverte, 2016 (par Véronique Servat)
  • Alain Dewerpe, Charonne, 8 février 1962. Anthropologie historique d’un massacre d’État, Paris, Gallimard, 2006 (par Théophile Leroy)
  • Etienne Anheim, Le travail de l’histoire, Paris, Publications de la Sorbonne, 2018 (par Aurore Denmat-Léon)
  • Patrick Boucheron, Comment se révolter ?, Bayard, Montrouge, 2016 (par Marie-Cécile Pineau)

25. Soldats indiens de la Grande Guerre, avec Claude Markovits

L’invité : Claude Markovits, directeur de recherche émérite au CNRS

Le livre : De l’Indus à la Somme. Les Indiens en France pendant la Grande Guerre, Paris, éditions de la Maison des sciences de l’homme, 2018.
La discussion : les origines de l’armée recrutée aux Indes britanniques, ses missions avant la Grande Guerre, son recrutement en fonction des « races martiales » (0’45) ; l’envoi d’une partie de ces troupes sur le front ouest lorsque débute la Première Guerre mondiale, en lien avec les pertes du corps expéditionnaire britannique (3’30) ; le nombre d’hommes envoyés et le rythme de leur arrivée (5’30) ; le déficit historiographique sur cette question (6’20) ; les réactions de l’Allemagne à cet emploi de troupes coloniales, condamnant un usage « non civilisé » de la guerre (7’45) ; la source de l’étude : le contrôle postal, et ses spécificités pour ces troupes qui n’écrivent pas en anglais (8’45) ; les peurs des dirigeants britanniques quant à la subversion pouvant viser ces troupes, par des révolutionnaires indiens ou sous l’effet de l’appel au « Jihad » des Ottomans (9’35) ; la création précoce d’un bureau de censure pour les soldats indiens (11’20) ; un autre filtre de la source : les scribes qui ont rédigé les courriers de soldats très majoritairement illettrés (11’55) ; le groupe des censeurs et traducteurs (14’25) ; le choc et la sidération des soldats indiens devant une guerre d’un type nouveau, et les raisons de leur ténacité, dont le sens de l’honneur (16’15) ; la rencontre entre Indiens et Français, et pour ces derniers un rendez-vous manqué (19’45) ; un recours à l’exotisme dans la presse française (22’20) ; à l’inverse, un « occidentalisme » dans les lettres des soldats confrontés à l’occident, en débutant par l’analyse intellectuelle de cette catégorie (en partie symétrique de l’« orientalisme ») (23’10) ; les aspects valorisés du séjour en France de ces soldats, liés principalement à la place des femmes dans la société, qui les stupéfie (25’50) ; des épisodes de rencontres sexuelles ou amoureuses (28’45) ; des aspects dévalorisés ou rejetés, en lien avec les questions religieuses notamment (32’30) ; la postérité modeste de cette expérience (34’40), et ses mises en mémoire différenciées en Inde et au Pakistan (36’00).

Le conseil de lecture : Mulk Raj Anand, Across the Black Waters

23. Le néolithique, avec Jean-Paul Demoule

(voir le second volet de la discussion)

L’invité : Jean-Paul Demoule, professeur émérite de protohistoire européenne à l’Université de Paris I-Panthéon Sorbonne.

Le livre : Les dix millénaires oubliés qui ont fait l’histoire. Quand on inventa l’agriculture, la guerre et les chefs, Paris, Fayard, 2018.
La discussion : l’origine du livre et la volonté d’écrire de façon accessible et thématique sur le néolithique (2’20), la préhistoire et le néolithique en partie “zappés” des programmes scolaires (5’05), les raisons pour lesquelles les millénaires décisifs du néolithique ont été en partie négligés, et l’origine de ce terme (6’30), l’idée de “révolution néolithique” mise en avant notamment par Gordon Childe, et les nuances qu’il faut lui apporter (8’05), la complexité des stades et des passages entre les chasseurs-cueilleurs et les agriculteurs (10’20), une affirmation provocatrice : le mode de vie rural inchangé pour l’essentiel du néolithique jusqu’au XIXe siècle (11’40), la naissance de la métallurgie du fer (14’15), les évolutions et migrations du néolithique liées aux contraintes du nombre et de l’espace (17’35), la tension entre déterminisme et histoire ouverte sur d’autres possibles (20’15), l’installation de la domination masculine au néolithique et la question de son historicité (23’20), une naissance de la guerre au néolithique ? (27’50), l’enseignement du néolithique en Sixième, et les supports à choisir pour en parler (31’45).

Les références citées dans le podcast :
Pascal Semonsut, « La Préhistoire sur les bancs ou au ban de l’école ? Les temps premiers dans les programmes scolaires de la France des années 1940 à 2010 », Revue Historique, 2017/2 (n° 682)
– Présentation de Vere Gordon Childe
– David Graeber, Pour une anthropologie anarchiste, Montréal, Lux Éditeur, 2006
– Françoise Héritier, Masculin, Féminin. La pensée de la différence, Paris, Odile Jacob, 1996.
– Jean Guilaine, Jean Zammit, Le sentier de la guerre. Visages de la violence préhistorique, Paris, Seuil, 2001
– Marylène Patou-Mathis, Préhistoire de la violence et de la guerre, Paris, Odile Jacob, 2013.
– Christophe Darmangeat, « L’art de la guerre en Australie »

21. Revoir “La Reine Margot”, avec Jérémie Foa

L’invité: Jérémie Foa, maître de conférences à l’université d’Aix-Marseille

Le film: La Reine Margot, de Patrice Chéreau (1994)
La discussion: voir et revoir La Reine Margot pour un spécialiste du XVIe siècle (2’00); retour sur les origines du film, un projet porté par le producteur Claude Berri (3’30); les sources d’inspiration du cinéaste, et les liens avec le roman de Dumas (5’55); un ton plus sombre dans le film que dans le roman (7’45); une esthétique opposant le rouge catholique et le noir protestant, loin des réalités de la période (8’45); les responsabilités de la Saint-Barthélémy, et la tradition de diabolisation de Catherine de Médicis dont s’éloigne en partie Chéreau (9’40); la place de l’expédition des Flandres comme arrière-plan au massacre (14’45); filmer la violence de la Saint-Barthélémy, entre images contemporaines et réalités d’époque (16’35); l’astrologie (20’15) et le poison (22’20) comme thèmes clefs (et pour le poison, profondément révélateur: arme de la guerre civile) pour la représentation de la Renaissance ; l’importance de la chasse à la cour de Charles IX et dans le film (24’25); la conversion forcée d’Henri de Navarre et le sens d’une telle pratique (26’05), le rapprochement de Coconnas et La Mole, illustration d’une possible cohabitation entre catholiques et protestants? (28’45); la question de la succession royale, obsession des contemporains (33’30); la place de la sexualité dans le film et dans l’image des Valois (36’00); l’absence du peuple, de la dimension de proximité des violences, dans le film de Chéreau, centré sur les grands (40’20)

Les conseils de lecture et références pour aller plus loin:
– Denis Crouzet, Les guerriers de Dieu, la violence au temps des troubles de religion, vers 1525-vers 1610, Seyssel, Champ Vallon, 1990.
– Denis Crouzet, Le haut cœur de Catherine de Médicis, Paris, Albin Michel, 2005.
– Gaspard Delon, Sandra Provini, La Reine Margot de Patrice Chéreau, Neuilly, Atlande, 2015.
– Jérémie Foa, Le tombeau de la paix. Une histoire des édits de pacification, Limoges, Presses universitaires de Limoges, 2015.
– Jérémie Foa, “Protestants et catholiques n’ont-ils rien en commun? Politisations ordinaires au temps des guerres civiles de Religion”, Politix, 2017/3 (n° 119)
– Arlette Jouanna, La Saint-Barthélemy. Les mystères d’un crime d’État, Paris, Gallimard, 2007.
– Violette Rouchy-Lévy, La Reine Margot de Patrice Chéreau. Genèse et réalisation d’un film historique, Thèse de l’Ecole des Chartes, 2006
– Eliane Viennot, Marguerite de Valois. « La reine Margot », Paris, Perrin, 2005, coll. « Tempus », 660 pages.
– émission “Rembobinage” sur Radio Aligre

17. Condamner à mort au Moyen âge, avec Claude Gauvard

L’invitée : Claude Gauvard, Professeur émérite d’histoire du Moyen Âge à l’université Paris-I Panthéon-Sorbonne.

Le livre : Condamner à mort au Moyen âge, Paris, PUF, 2018.La discussion : un livre écrit entre passé et présent, avec en tête les questionnements contemporains sur la peine de mort (1:30), la condamnation, préoccupation importante pour les hommes et les femmes du Moyen âge,pour les juges comme pour le peuple (2:40), les difficultés de quantification liées aux sources (4:50), le nécessaire décodage des textes et des images faisant allusion à la peine capitale et aux supplices (6:40) , la tension entre principes punitifs hérités du droit romain et valorisation de la miséricorde dans une société  chrétienne (7:44), le pouvoir de gracier du roi, “coup de génie” (9:45), la volonté de réguler la violence et de limiter les exécutions par des transactions et compositions (10:29), une justice militaire (déjà) plus sévère (11:45), la figure du bourreau, moins marginale qu’on ne l’a dit (13:20), une grammaire des exécutions (pendaison, noyade…) différente suivant le genre, les crimes ou la réputation (14:50), la difficulté d’interpréter certains rituels (17:00), la “male mort”, peine la plus infamante, ici-bas et dans l’au-delà (17:44), la tension entre justice ordinaire et condamnations spectaculaires voulues par la justice royale (pour trahison, hérésie…) (19:50), la notion de “crime énorme” qui permet cet accroissement du champ de la justice royale (22:50), le caractère non linéaire de cette évolution vers un “monopole de la violence physique légitime” par le roi, avec les résistances des justices urbaines (24:35),la place et la participation du peuple, et l’idée de son “consentement” aux condamnations (27:10), la stigmatisation de criminels marginaux, lépreux, aux “enfances mauvaises” (28:30), une évolution comparable dans les autres espaces et États de l’occident médiéval (31:45).

Les références citées dans l’émission:
Association française pour l’histoire de la justice
– sur la torture au Moyen âge: travaux de Faustine Harang
– sur la justice militaire médiévale: travaux de Loïc Cazaux
– sur les valets de ville et crieurs : Nicolas Offenstadt, En place publique: Jean de Gascogne, crieur du XVe siècle, Paris, Stock, 2013.
– sur la justice de l’Angleterre médiévale : Barbara Hanawalt, Crime and Conflict in English Communities, 1300-1348, Cambridge (MA), Harvard University Press, 1979.
– sur celle des villes italiennes : Andrea Zorzi, “Aspects de la justice criminelle dans les villes italiennes à la fin du Moyen âge“, Déviance et société, 15, 1991, p. 439-454.

Le conseil de lecture : les discours de Jaurès, les écrits de Michelet