249. Révolutionner l’école après 1789, avec Laurence De Cock et Côme Simien (les mercredis des révolutions)

Les mercredis des révolutions, Université populaire de la société d’histoire de 1848 en partenariat avec Politis – Séance du 11 mai 2022 à la mairie du 18e arrondissement de Paris

Hérités des Lumières, les débats sur l’éducation se sont intensifiés pendant la Révolution française. Les révolutionnaires ont fait de la question éducative, et plus particulièrement de celle de la scolarisation du peuple, un enjeu social et politique majeur, d’autant qu’on accorde alors à l’éducation le pouvoir de transformer radicalement la société. « Après le pain, l’éducation est le premier besoin du peuple » (Danton, 1793)

Avec Laurence de Cock (docteure en sciences de l’éducation) et Côme Simien (maître de conférences en Histoire moderne à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne), séance animée par Carole Christen (professeure à l’Université du Havre).

La discussion :

  • Introduction (00:00)
  • Présentation par Carole Christen (01:15)
  • L’école des révolutionnaires, à partir de 1789 (Côme Simien, 6:00)
  • Quels prolongements de leurs idées au XIXe et au début du XXe siècle ? L’éducation « nouvelle » est-elle révolutionnaire ? (Laurence De Cock, 34:00)
  • La place de l’enseignement de l’histoire dans les débats éducatifs, sous la Révolution et au XIXe siècle (1:00:00)

248. Passé familial, enquête historienne, avec Camille Lefebvre

L’invitée : Camille Lefebvre, directrice de recherche au CNRS

Le livre : À l’ombre de l’histoire des autres, Paris, éditions de l’EHESS, 2022.

La discussion :

  • Introduction (00 :00)
  • À l’ombre de l’histoire familiale (1:00)
  • Un livre faisant suite à des enquêtes historiennes et familiales de plus en plus nombreuses (2:30)
  • Une démarche qui teste les limites du travail historique (6:00)
  • Les différentes strates de documentation et leurs ambiguïtés (8:00)
  • Les paradoxes du vrai et du faux des archives officielles et familiales (12:00)
  • Extrait : portrait de Mariano Peña Hernando, lu par Anna Kubišta (17:00)
  • Les surprises documentaires et biographiques en cours d’enquête (18:30)
  • Un rapport au passé intense à la génération des parents (26:30)
  • La question des langues, transmises ou non transmises, au cœur de l’enquête (28:00)
  • Une enquête nourrie par l’entraide et l’apprentissage d’autres historiographies (31:00)
  • Quatre familles confrontées à des logiques brutales de modernisation dans le dernier tiers du XIXe siècle (33:00)
  • Les rapports familiaux à la judéité et au communisme, longtemps très structurants (36:15)
  • Peut-on avoir peur de ce qu’on va trouver aux archives ? (41:00)

Les références citées dans l’émission :

  • Ivan Jablonka, Histoire des grands-parents que je n’ai pas eus, Paris, Seuil, 2012.
  • Mark Mazower, Ce que mon père n’a pas dit. Un passé russe, Paris, Seuil, 2021.
  • Daniel Mendelsohn, Les disparus, Paris, Flammarion, 2007.
  • Stéphane Audoin Rouzeau, Quelle histoire ! Un récit de filiation (1914-2014), Paris, EHESS-Gallimard-Seuil, 2013.
  • Jonathan Safran Foer, Tout est illuminé, 2003

Les conseils de Camille Lefebvre :

  • Collection « aparté » des éditions de l’EHESS
  • Jonathan Safran Foer, Tout est illuminé
  • Ruth Zylberman, 209 rue Saint-Maur, Paris Xe. Autobiographie d’un immeuble, Paris, Seuil, 2020 ; adapté du documentaire Les Enfants du 209 rue Saint-Maur

247. Presse et révolutions, avec Pierre Serna et Edwy Plenel (les mercredis des révolutions)

Les mercredis des révolutions, Université populaire de la société d’histoire de 1848 en partenariat avec Politis – Séance du 6 avril 2022 à la mairie du 18e arrondissement de Paris

Médaille de colporteur de journaux n°19. (1789). LA PUBLICITÉ EST LA SAUVEGARDE DU[...] | lot 24 | Collection Alain Bouny chez Adjug'art | Auction.fr

Médaille de colporteurs de journaux, 1789

Presse et révolutions avec Pierre Serna, historien et Edwy Plenel, président de Médiapart

Séance animée par Claudine Ducol

De la Révolution française aux Printemps arabes, chaque moment révolutionnaire est caractérisé par un essor (parfois éphémère) de la presse. Celle-ci est intrinsèquement liée à la démocratie et chaque période d’atteinte aux droits voit aussi son reflux ou sa remise en cause.

Dans le même temps la presse, au XIXe siècle comme aujourd’hui, est souvent accusée de vénalité. Cette séance reviendra sur les relations entre presse et révolutions et s’interrogera sur sa capacité à promouvoir effectivement « le droit de savoir contre l’opacité des pouvoirs »

 

246. Biographie d’un livre d’histoire au XIXe siècle, avec Jean-Charles Geslot

L’invité : Jean-Charles Geslot, MCF à L’Université Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines

Le livre : Histoire d’un livre. L’Histoire de France de Victor Duruy, Paris, CNRS éditions, 2022.

La discussion :

  • Introduction (00:00)
  • Pourquoi faire la biographie d’un livre ? (1:30)
  • Qui est Victor Duruy en 1857 ? (3:15)
  • Duruy, entre Michelet et Lavisse (4:55)
  • Où en est le genre « Histoire de France » à ce moment ? (7:30)
  • Les historiens romantiques et le recours aux documents: les débuts d’une histoire scientifique ? (9:50)
  • La rigueur discutable de Victor Duruy pour ses notes de bas de page et ses références (13:15)
  • Quel est le quotidien d’un historien au milieu du XIXe siècle ? (14:35)
  • Qui a écrit l’Histoire de France ? Le rôle des femmes d’historiens au XIXe s. (19:00)
  • Une Histoire de France pas si stéréotypée, et pas très monarchique (19:50)
  • Le XIXe siècle, sujet sensible politiquement (24:00)
  • Faire l’histoire d’un livre qui serait comme le « Pinagot » des ouvrages historiques (27:00)
  • Les difficultés de l’enquête, les apports et limites des sources (29:45)
  • À quoi ressemble matériellement ce livre ? (32:35)
  • Les multiples formes et déclinaisons du livre au XIXe siècle (35:00)
  • Des éditions pirates (37:00)
  • Le contrat chez Hachette avec des droits d’auteur très importants (38:25)
  • Un livre qui se vend bien quand l’historien est ministre… (39:50)
  • Lenteur et complexité de la composition typographique (43:00)
  • Diffusion coloniale et mondiale du livre (45:00)

Les conseils de lecture :

  • Camille Creyghton, Résurrections de Michelet, Paris, EHESS, 2019.
  • Nathalie Richard, La Vie de Jésus de Renan. La fabrique d’un best-seller, Rennes, Presses universitaires de Rennes, coll. « Histoire », 2015.

245. Urbex, archives et sciences sociales, avec Nicolas Offenstadt

Pétition à signer pour défendre la possibilité de la recherche à la BNFL’invité: Nicolas Offenstadt, maître de conférences à l’université Paris-I

Le livre: Urbex. Le phénomène de l’exploration urbaine décrypté, Paris, Albin Michel, 2022.

La discussion:

  • Introduction (00:00)
  • Un intérêt croissant pour l’urbex (1:00)
  • Généalogie de l’urbex, depuis la fascination pour les ruines jusqu’à l’archéologie industrielle (3:00)
  • L’urbex, fruit des réseaux sociaux où se construisent des communautés dans les années 2000 (6:45)
  • Le milieu de l’urbex, à la fois libertaire et normé (10:25)
  • Leave footprints, take photos, le mantra de l’urbex (13:15)
  • Le discours politique de l’urbex: accès à une ville moins cadenassée ? (17:00)
  • L’urbex risque-t-elle de faire porter un regard romantique sur un passé industriel difficile ? (21:00)
  • Le lieu d’un possible croisement disciplinaire au sein des sciences sociales (géographie, sociologie, urbanisme, archéologie, histoire…) (25:00)
  • Que peut-on faire des archives trouvées en urbex ? (27:15)
  • Les aspects concrets d’une urbex: équipement, risques, etc. (33:45)
  • La pire frayeur en urbex (37:00)
  • Le plus impressionnant: la salle d’archives (40:00)
  • Le lieu pas encore urbexé (43:20)

Les références citées dans l’émission (par ordre d’apparition):

244. Artémise et l’enjeu du pouvoir féminin dans le monde grec antique, avec Violaine Sebillotte Cuchet

L’invitée : Violaine Sebillotte Cuchet, professeure d’histoire grecque à l’université Paris-I Panthéon-Sorbonne

Le livre : Artémise, une femme capitaine de vaisseaux en Grèce antique, Paris, Fayard, 2022.

La discussion:

  • Introduction (00:00)
  • Qui est Artémise d’Halicarnasse ? (1:00)
  • Le nom Artémise et le lien avec Artémis ainsi que l’Asie mineure (3:00)
  • Un travail qui n’est pas une biographie classique (4:20)
  • Pourquoi faire sortir ce personnage des seconds rôles ? (5:20)
  • Une figure « normale » dans le récit d’Hérodote ? (7:15)
  • L’importance du contexte d’écriture d’Hérodote pour comprendre son ambivalence envers Athènes (10:40), et le tour joué par Artémise aux Athéniens dans la bataille (11:30)
  • Artémise, une Amazone ? (15:00)
  • La diversité des régimes de genre dans l’Antiquité grecque, que l’athénocentrisme des sources fait perdre de vue (17:00)
  • Antiquité et stéréotypes de genre (18:30)
  • Clivages de sexe et autres clivages sociaux (20:00)
  • Halicarnasse, une cité de « middle ground » (21:20)
  • Relativiser et complexifier la coupure Grecs / barbares (24:00)
  • La question du pouvoir féminin à repenser dans l’ensemble du monde grec (29:30)
  • Relire ces enjeux grâce aux inscriptions (33:00)
  • Remettre en cause l’idée de la cité comme « club d’hommes » (36:30)
  • Quels sont les contours d’une communauté politique grecque ? Faut-il suivre le modèle défini par Aristote ? (39:30)

Les références évoquées dans le podcast:

  • Richard White, Le Middle Ground. Indiens, Empires et Républiques dans la région des Grands Lacs, 1650-1815 · Toulouse, Anacharsis, 2009 [1991]
  • Travaux sur le « middle ground » dans l’antiquité d’Irad Malkin
  • John Myres, Herodotus, father of history, Oxford, Clarendon Press, 1953.
  • Projet Eurykléia
  • Archéologie du genre

Le conseil de lecture: Virginie Despentes, King Kong Théorie

243. Faire de l’histoire en Belgique, avec Pieter Lagrou et Amandine Lauro

Émission enregistrée le 17 mars 2022 à l’Université Libre de Bruxelles. Merci à Margaux van Uytvanck et Maxime Jottrand pour l’organisation de l’enregistrement.

Les invité-e-s :

  • Pieter Lagrou, professeur à l’ULB
  • Amandine Lauro, chercheuse au FNRS

La discussion :

  • Introduction (00:00)
  • Les études d’histoire de Pieter Lagrou et Amandine Lauro (1:00)
  • L’internationalisation des carrières, condition devenue naturelle pour faire de l’histoire en Belgique (3:00)
  • Un paysage universitaire encore marqué par la division entre établissements catholiques et « libres » (6:30)
  • Une évolution parallèle avec celle de l’université française, avec précarité et recherches sur projet (7:30)
  • Une historiographie au contact des traditions universitaires allemande et française (10:40)
  • Le paysage éditorial belge francophone: éditeurs, revues… (13:00)
  • Un monde universitaire avec très peu de chercheurs (17:00)
  • Le clivage linguistique français / néerlandais et ses origines (19:20)
  • Le bilinguisme en pratique et dans les cursus (24:50)
  • Un clivage linguistique qui n’a paradoxalement pas de traduction historiographique (30:00)
  • Un clivage à nuancer par l’histoire locale et celle des identités régionales (32:05)
  • L’essor de l’histoire coloniale en Belgique (36:05) et les débats publics qui l’accompagnent (38:30)
  • Le rôle public des historiennes et des historiens en Belgique (41:00)
  • Qu’est-ce qui fait consensus dans le paysage historique belge ? (48:00)

Les conseils de lecture :

  • Jennifer Richards, Il est à toi ce beau pays
  • Sophie de Schaepdrijver, De Groote Oorlog (NB contrairement à ce qui a été dit dans l’émission, l’ouvrage existe en traduction française : La Belgique et la Première Guerre mondiale, Peter Lang, 2004)
  • série d’émissions Statues contestées

 

 

242. Métamorphoses du livre antique et médiéval, avec Filippo Ronconi

L’invité : Filippo Ronconi, maître de conférences à l’EHESS

Le livre : Aux racines du livre. Métamorphoses d’un objet de l’Antiquité au Moyen âge, Paris, éditions de l’EHESS, 2022.

La discussion:

  • Introduction (00:00)
  • La « généalogie académique » d’un byzantiniste, paléographe-codicologue, philologue (1:00)
  • L’inscription institutionnelle de la paléographie, et la divergence entre versant latin et versant grec (9:00)
  • La numérisation des manuscrits, enjeu contemporain fondamental (18:00)
  • Les mutations du livre dans les sociétés anciennes, déclenchées par les « lecteurs moyens » ? (26:10)
  • Le passage du rouleau (volumen) au livre relié (codex), plus précoce qu’on ne l’avait dit (32:40)
  • Le statut de l’auteur, lui aussi bouleversé par ce changement matériel (38:25)
  • La fin de l’antiquité, fin du lecteur moyen ? (44:30)
  • Comment le parchemin remplace le papyrus ? (49:20)

Les émissions sur des sujets proches:

Les références citées dans le podcast:

  • Umberto Eco, De bibliotheca, 1981.
  • Henri-Irénée Marrou, Décadence romaine ou antiquité tardive ?, Paris, Seuil, 1977.
  • Bryan Ward-Perkins, La chute de Rome, Paris, Alma, 2014.

Le conseil de lecture : Roger Chartier, Guglielmo Cavallo, Histoire de la lecture dans le monde occidental, Paris : Éd. du Seuil, 1997.

241. Réprimer les révolutionnaires (les mercredis des révolutions)

Les mercredis des révolutions, Université populaire de la société d’histoire de 1848 en partenariat avec Politis – Séance du 17 mars 2022 à la mairie du 18e arrondissement de Paris

Une rue de Paris en 1871 (Maximilien Luce, entre 1903 et 1906)

Le massacre de la rue Transnonain d’avril 1834, les fusillades de juin 1848, la Semaine Sanglante de 1871… L’histoire des révolutionnaires est aussi celle de répressions terribles. De nos jours, les armes ne sont plus si létales, et fort heureusement, les bilans humains moins atroces, mais la répression toujours s’abat sur celles et ceux qui veulent renverser l’ordre. Aussi sera-t-il intéressant de faire dialoguer ensemble une historienne qui a travaillé sur une des forces de l’ordre du 19e siècle, Mathilde Larrère, et le journaliste, romancier, lanceur d’alerte des violences policières pendant le mouvement des Gilets jaunes et auteur du documentaire Un pays qui se tient sage, David Dufresne. Comment documenter la répression, comment administrer la preuve ? Qui frappe, qui est frappé ? Comment expliquer, justifier, légitimer, mettre en récit ou en image la violence d’État ? Autant de questions qui permettent de faire dialoguer passé et présent.

Avec David Dufresne et Mathilde Larrère, séance animée par Philippe Darriulat

La discussion

  • Introduction, par Philippe Darriulat (00:00)
  • Quelles sources pour l’histoire de la répression au XIXe siècle ? (2:00)
  • La difficulté à obtenir des documents sur les répressions contemporaines (9:00)
  • La nouveauté des réseaux sociaux du point de vue de la profusion des photos ou récits (18:00)
  • Armée, gendarmerie, garde nationale… La diversité des acteurs de la répression au XIXe siècle (21:00)
  • Qui maintient l’ordre aujourd’hui, avec quelles pratiques, quel usage de la violence ? (30:30)
  • Les victimes de la répression et les catégories ciblées (38:00)
  • Les victimes au XIXe siècle: quelle place des femmes en particulier ? (43:00)
  • La question de la violence d’État, et de la mise en récit de la répression (51:00)
  • Les explications à donner à la violence, et le paradoxe d’une répression républicaine en 1848 et 1871 (1:05:00)
  • Mot de la fin par Philippe Darriulat (1:18:00)

 

240. Difficile dénazification allemande, avec Marie-Bénédicte Vincent

L’invitée : Marie-Bénédicte Vincent, professeure d’histoire contemporaine à l’université de Franche-Comté

Le livre : La dénazification des fonctionnaires en Allemagne de l’ouest, Paris, éditions du CNRS, 2022.

La discussion :

  • Introduction (00:00)
  • Pourquoi faire l’histoire de la dénazification ? (1:20)
  • Les fonctionnaires, un bon objet d’étude ? (3:00)
  • La littérature s’est emparée de la dénazification avant l’histoire (5:00)
  • Où en est l’historiographie de la dénazification ? (6:00)
  • Comment mettre à distance un sujet qui provoque des réactions vives ? (8:00)
  • L’apport de l’histoire sociale pour l’étude de la question (10:20)
  • Le sens des mots: épuration, dénazification, désépuration (12:00)
  • L’article 131, clef du processus d’épuration-désépuration des fonctionnaires (14:45)
  • Comment définir les « anciens nazis » ? (18:00) Avec quelle sémantique ? (21:00)
  • Le consensus pour la réintégration d’anciens nazis, et ses limites (25:00)
  • La tension RFA / RDA sur la question de la nazification (30:00)
  • Les acteurs et lobbies militant pour la réintégration d’anciens nazis (31:15)
  • Le registre de la victimisation d’anciens nazis (33:20)
  • La façon dont les historiens, dont l’Institut fur Zeitgeschichte de Munich, sont impliqués dans les procédures (41:00)
  • Comment prend fin la réintégration des anciens nazis dans les années 1960-1970 (44:00)